Psychanalyse et idéologie

Psi . le temps du non

Micheline Weinstein 

Du “Lobbying”

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Il est plus facile d’élever un temple que d’y faire descendre l’objet du culte

Samuel Beckett • « L’Innommable »

Cité en exergue au « Jargon de l’authenticité » par T. W. Adorno • 1964

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Personne n’a le droit de rester silencieux s’il sait que quelque chose de mal se fait quelque part. Ni le sexe ou l’âge, ni la religion ou le parti politique ne peuvent être une excuse.

Bertha Pappenheim

Micheline Weinstein
9 décembre 2007

Du “Lobbying”...

À la différence des désignations par clan, coterie, secte..., “Lobby” est un vocable, un anglicisme, qui se présente comme plus raffiné.

Au plus simple et à l’origine, “lobby”, nom commun sans majuscule, signifie “vestibule”, “promenoir” d’un tribunal. Il semblerait que le terme ait évolué et se soit fixé en “Groupe de pression” vers 1954.

Si raffiné, qu’étrangement, “on” ne l’applique pas au “show-biz”, à la “com.”, aux “pipeuls”, ni plus généralement aux médias, dont les personnalités sont pourtant friandes.

Les “Lobbies” existent, il suffit de se reporter au Who’s Who ou au Bottin Mondain, qui en témoignent. 

La puissance implicite d’un groupe de pression, la crainte que suscite sa redoutable influence, excluent naturellement de ses modes publics d’expression verbale les épais calembours du type d’avant, de pendant et d’après-table.

Comme je l’ai écrit encore récemment, j’avais soutenu la candidature de l’actuel Président de la République, consternée par la campagne antisémite ouverte, parallèle à la campagne présidentielle, prenant ainsi le contre-pied de mes sympathies de toujours. D’autant que les discours de ladite campagne présidentielle contrastaient nettement avec ces éructations, ils étaient d’un niveau littéraire et humain assez élevés.

Auparavant, j’avais retraduit le rêve de Freud où ses associations le conduisent à rincer tel Hercule les “Étables d’Augias”, tel Gargantua à compisser Paris du haut des tours de Notre-Dame et tel Gulliver, par le même procédé, à circonscrire le gigantesque incendie survenu chez les Lilliputiens. Et avais conclu que si le candidat Président n’était pas à la hauteur de la tâche, d’un gigantesque ménage, il serait toujours temps d’en changer.

Seulement voilà, côté discours, j’ai été bluffée. Je ne doutais pas (cf. « Candide » !) puisqu’il l’avait affirmé publiquement, que le Président aujourd’hui en fonctions eût écrit ses discours lui-même, que sa pensée était donc en adéquation avec ce qu’il lisait sur le prompteur ou le document qui lui servaient de supports.

J’espérais également, au su de ces discours, que ce nouveau Gouvernement  ménagerait enfin une place légitime à la psychanalyse, en acceptant d’appuyer un projet de colloque sur l’éthique, basé sur un hommage à Freud et à ses authentiques représentants français, à la faveur du centième anniversaire de naissance de Françoise Dolto. Laquelle manifestation permettrait à son tour d’envisager une Charte précise, indépendante, sur la pratique de la psychanalyse.

Un tel projet est, cela lui est inhérent, absolument désintéressé, dépourvu de contrepartie financière, il ne souffre aucune pression “lobbyiste”. Toutefois, des moyens assez importants pour sa mise en œuvre lui seraient utiles.

À l’expérience citoyenne des actes et propos publics, après 7 mois d’exercice, j’ai l’impression - elle n’engage qu’une perception personnelle -, que le Président est plus préoccupé à se débarrasser, exécutoirement et sans aucun ménagement de style, des personnes et personnalités, de tous bords, les “débauchés volontaires” au même titre que les “membres de sa famille politique”, qui ne se plient pas aux rituels effrénés qu’exige “Dieu-Argent”. “Roi-Dollar” était la formule de Freud en son temps, mais aujourd’hui l’argent, s’il n’a jamais connu de frontières, n’est plus stigmate particulier de tel ou tel pays riche !

“On” dit que le Président “s’agite” beaucoup. Je n’emploierais pas un verbe aussi négatif, qui rappelle Céline et son “agité du bocal”. Il me semble qu’il est tout simplement claustrophobe, autrement dit qu’il ne se supporte pas dans un lieu clos. Si tel était le cas, ce verbe ne devrait pas s’entendre ni circuler dans les jugements portés, qui seraient alors des attaques directes à la personne et non aux actes et aux discours - comme les tests ADN attentent au corps biologique de l’être humain, autrement dit au plus intime, au plus originaire, de la liberté d’exister.

M. W.

9 décembre 2007

P. S. • Ce terme de “repentance” d’où-c’est-y-qu’il-sort ? D’un bénitier ?

ψ  [Psi] • LE TEMPS DU NON
cela ne va pas sans dire
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