Psychanalyse et idéologie
 
Il est plus facile d’élever un temple que d’y faire descendre l’objet du culte
Samuel Beckett • « L’Innommable »
												      
Cité en exergue au « Jargon de l’authenticité » par T. W. Adorno • 1964

© René Wolfin / ψ  [Psi] • LE TEMPS DU NON 1997

Livre disponible uniquement en version papier

René Wolfin

Nouvelles

À L’ATTENTION DU LECTEUR


Dans ces quelques pages qui n’ont pas la prétention d’être littéraires, j’ai essayé de faire vivre quelques êtres particulièrement hors du commun, que j’ai eu l’occasion de rencontrer au cours de mes longues années de médecine en banlieue parisienne. Y figurent également certains souvenirs personnels de l’un d’entre eux, qui m’est cher.
Je n’ai introduit, dans ces courts récits, rien de vraiment personnel. J’ai relaté, par ailleurs, mes aventures au cours de la guerre 1939-1940, dite drôle de guerre. Mais, ma vie entière, j’ai trop souffert de la folie meurtrière des hommes pour qu’il me soit possible, sans de bien pénibles souffrances, d’évoquer la mémoire de ce qui vient hanter mes nuits d’insomnie.
C’est donc d’un ordre de souvenirs que, obligé du fait de la pesanteur des années, d’interrompre une activité médicale qui m’était, chère, je vais essayer, en ces quelques récits, d’évoquer pour vous. Nous sommes, dans notre profession, très près de nos patients et à même de les observer physiquement et moralement, d’où une certaine connaissance de l’homme et de ses comportements.
J’ai entrepris ce travail d’écriture pour meubler les loisirs forcés et interminables d’une retraite obligatoire et non souhaitée.
Peut-être vais-je être taxé d’outrecuidance, pour avoir osé aborder un genre aussi difficile que la nouvelle, dans lesquel des auteurs anglosaxons, entre autres, se sont essayés avec plus ou moins de bonheur et où seul Guy de Maupassant a excellé mais, je le répète, ces récits sont sans prétention, comme je n’ai pas celle d’être un écrivain.

R. W.

Préface

Je ne m’attarderai pas ici sur la meilleure définition possible du mot Nouvelles, mais retenons simplement qu’en français il correspond à l’italien Novella et en anglais à Novel où il est utilisé pour désigner un genre littéraire qui se distingue du roman de chevalerie. Il n’y a plus guère, et depuis longtemps, de chevaliers dans notre monde. Seul Borgès a cru en voir derrière le masque des dictateurs argentins. Mais si Borgès a lui aussi écrit des nouvelles, il n’est pas le seul écrivain talentueux à s’être parfois trompé sur son époque et à n’avoir pas choisi le meilleur combat.
Voici quelques nouvelles écrites par René Wolfin, né en 1909. On y lira les récits, souvenirs et témoignages de personnes qui ont vécu et lutté en ce siècle, militants syndicaux et politiques, des histoires de familles, d’un médecin vivant en milieu hostile, de médecins ne disposant pas encore de thérapeutiques efficaces, des histoires d’amour, des histoires de truands, celles des riches et des “mendiants sublimes”. Mais il affleure dans presque tous ces récits, la question de l’infâme, dont l’internement de l’auteur à Drancy et sa déportation à Auschwitz.
Alors, si la question se pose encore : “Quelle littérature après Auschwitz ?”, pour ouvrir à l’une des possibles réponses, qu’il me soit permis ici de citer Georges Pérec :
“L’indicible n’est pas tapi dans l’écriture, il est ce qui l’a bien avant déclenché [...] je n’écris pas pour dire que je ne dis rien, je n’écris pas pour dire que je n’ai rien à dire. J’écris : j’écris parce que nous avons vécu ensemble, parce que j’ai été un parmi eux, ombre parmi leurs ombres, corps près de leurs corps.”


Saïd Bellakhdar
ψ  [Psi] • LE TEMPS DU NON
cela ne va pas sans dire
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