Psychanalyse et idéologie

Extraits d’entretiens entre Pierre Assouline et Lucien Combelle

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Il est plus facile d’élever un temple que d’y faire descendre l’objet du culte

Samuel Beckett • L’innommable

Cité en exergue au « Jargon der Eigentlichkeit » par T. W. Adorno • 1964

It is easier to raise a temple than to bring down there the worship object

Samuel Beckett  « The Unspeakable one »

Underlined in « Jargon of the authenticity » by T. W. Adorno • 1964

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Personne n’a le droit de rester silencieux s’il sait que quelque chose de mal se fait quelque part. Ni le sexe ou l’âge, ni la religion ou le parti politique ne peuvent être une excuse.

Nobody has the right to remain quiet if he knows that something of evil is made somewhere. Neither the sex or the age, nor the religion or the political party can be an excuse.

Bertha Pappenheim

Il faut une infinie patience pour attendre toujours ce qui n'arrive jamais

Infinite patience is required to those always waiting for what never happens

Pierre Dac

point

ψ  = psi grec, résumé de Ps ychanalyse et i déologie. Le NON de ψ [Psi] LE TEMPS DU NON s’adresse à l’idéologie qui, quand elle prend sa source dans l’ignorance délibérée, est l’antonyme de la réflexion, de la raison, de l’intelligence.

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© Micheline Weinstein

 

 

Suite Journal ininterrompu par intermittence 1967-2021

 

Ich will Zeugnis ablegen bis zum letzten

[Je veux témoigner jusqu’au dernier jour]

Victor Klemperer • Journal 1933-1947

 

15 août 2021

 

 

Abrégé remarquable au sujet de l’idéologie d’une partie d’intellectuels, journalistes et autres têtes pensantes françaises sous l’Occupation

 

À voix nue • Entretiens Pierre Assouline - Lucien Combelle

 

France Culture du 25 au 27 juillet 1988

 

Rediffusions in Les Nuits de France Culture • Juillet 2021

https://www.franceculture.fr/emissions/les-nuits-de-france-culture/voix-nue-lucien-combelle-12-parties-1-3-1ere-diffusion-du-25

https://www.franceculture.fr/emissions/les-nuits-de-france-culture/voix-nue-lucien-combelle-22-parties-4-et-5-1ere-diffusion-28

 

[N. B. Sur la biographie de Lucien Combelle, se reporter à https://www.bedetheque.com/auteur-7611-BD-Combelle-Lucien.html]

 

Extraits

 

Apostille

 

Je laisse sciemment à la sagacité des lectrices et lecteurs éventuels la loisible pertinence d’interpréter l’honnête autopsie que décrit de lui-même Lucien Combelle. M. W.

 

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P. A. Dans votre livre Prisons de l’espérance […] Le ciment de tous ces groupuscules, c’était d’abord l’antibolchevisme, beaucoup moins l’antisémitisme.

 

L. C. Vous savez, quand je suis passé à Apostrophes pour Péché d’Orgueil, Bernard Pivot m’a posé la question : « Étiez-vous antisémite ? ». Il m’a été très facile de lui répondre, et ça a vraiment jailli sans la moindre hésitation, ni plus ni moins, que tous les Français, et je répète d’ailleurs la même chose maintenant : l’antisémitisme en France existe partout, plus ou moins accentué, mais il est il est là, incontestablement.

 

P. A. Oui, mais il y a 40 ans, être antisémite avait une résonance particulière…

 

L. C. Ah, mais bien sûr, bien sûr ! N’oubliez pas, et j’en profite pour le répéter, malgré l’incrédulité de gens, nous avons été, je parle des journalistes, faut croire que nous étions tout de même pas très bien informés, nous ignorions complètement l’histoire des camps. […] Je ne dis pas tous les journalistes, je dis, en tous cas, moi, j’ai fait partie des journalistes qui ignoraient l’existence des camps. On n’ignorait pas les déportations, mais pour nous, les déportations devaient alors aboutir à des camps, des camps d’internement, comme il y en avait d’ailleurs en France pour les Espagnols, par exemple Noé.

 

P. A. Mais déjà, les camps d’internement, ça ne vous paraissait pas… révoltant ?

 

L. C. Question très insidieuse, parce que vous savez bien que je ne pouvais pas vous répondre que ça n’était pas révoltant. Seulement, à situation aussi exceptionnelle qu’une guerre, on se dit que tout est possible, y compris les internements [… devenir des déportés ...] Je pensais qu’on les faisait travailler […], mais s’étonner des déportés israélites, ce serait aussi s’étonner du non-retour des déportés en Sibérie de la Russie communiste. C’est-à-dire qu’on vivait dans une époque où la déportation, un peu partout dans le monde, commençait à sévir, quels que soient les régimes. On déportait, et quand on ne déportait pas, de toute façon, on internait. les internés ne revenaient pas, même s’ils étaient en France. On ne connaît pas, par exemple, d’internés espagnols qui soient revenus librement dans leurs familles, non, ce n’était pas possible, les internés, les déportés étaient des gens qui ne revenaient pas. […] c’était monstrueux, mais qui n’est pas, qui n’est pas dans une période comme ça, qui ne pouvait pas être monstrueux…

 

P. A. […] Vous jugez que c’est monstrueux, mais vous n’avez jamais écrit à l’époque […].

 

L. C. Vous voulez implicitement me dire que, ne l’écrivant pas, je l’approuvais. […] L’idéologie m’a fait beaucoup de mal, bien sûr, mais elle m’a fait prendre des positions aujourd’hui absurdes […]. Je suis coupable, Pierre Assouline, en fin de compte, je n’ai pas trahi la France parce que la notion de patrie m’a toujours échappé, je dois l’avouer, j’ai trahi la littérature en m’engageant dans la collaboration, car enfin de compte mon histoire politique est une sorte de transfert de ma passion de l’écriture, écrire pour moi est une chose importante. La politique montrait brusquement que, justement, je savais écrire ce que je n’avais écrit jusqu’alors. Eh bien, rien ne fera plus plaisir que de lire dans une lettre de Céline, Céline me disant que j’avais un talent authentiquement révolutionnaire. Venant de lui, c’était vraiment un compliment pour moi, disons, sans bavure et sans discussion. Bon, c’est vrai, l’écriture chez moi a été un démon.

 

[… Au complet par Internet, dont Youtube]

 

 

ψ  [Psi] • LE TEMPS DU NON
cela ne va pas sans dire
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