ψ  = psi grec, résumé 
                                de Ps ychanalyse 
                                et i déologie. 
                                Le NON                                de ψ [Psi]  LE 
                              TEMPS DU NON s’adresse à l’idéologie 
                                qui, quand elle prend sa source dans l’ignorance 
                                délibérée, 
                                est l’antonyme de la réflexion, de la raison, 
                                de l’intelligence.
                              ø                              
                               © Micheline
                                Weinstein / Novembre-Décembre 2014-1er Janvier 2015
                                  
                               
                              Cannevas pour un autoportrait
                              Commentaires de « Résistances à la psychanalyse » 
                              
                                
                                
                                
                                  
                                
                              Présentation
[Résumé des travaux, documents, références, passés, publiés
                                ou/et placés sur notre site depuis 25 ans, et en cours de mise à jour… On peut
                                y trouver également chaque nom de destinataire, cité ou évoqué ici, dans des
                                textes et les intitulés « Lettre ouverte
                                à… », datés]
                                
                                
                                
                                
                                
                                
                                
                                
                                 
                              
                                  
                                
                                
                                27 novembre 2014
                                
                                
                              
                              Reçu
                                par mail le courrier suivant,
                                
                              
                              
                              bonjour,
                                
                              
                              
                                 
                              
                              je ne sais pas si vous
  êtes toujours en recherche de travaux à relayer sur votre site, je viens de
                                mettre sur [mon site] un texte sur le déni de réalité auquel j’ai envie de
                                donner de l’audience. Si cela vous intéressait de le publier, je serais
                                d’accord. Je le trouve en prise directe avec l’actualité... laquelle ne donne
                                pas trop envie de rigoler...
  
                              
                              Cordialement
                                
                              
                              Signature
                                
                              
                              
                              auquel j’ai répondu brièvement, la vélocité
  électronique ne se prêtant guère, sauf impondérable, aux échanges épistolaires
                                de fond. Je le complète aujourd’hui,
  
                              
                              
                              Chère ***,
                                
                              
                              
                                 
                              
                              J’ai lu votre texte, qui est un travail de
                                réflexion sérieux et approfondi, selon votre approche des concepts philosophiques,
                                ce pourquoi notre site vous a publiée à deux reprises en 2012.
  
                              
                              Je dois toutefois vous préciser que, depuis
                                près de 30 ans, nous ne sommes pas “en recherche de travaux à relayer” :
                                les textes, les documents, se proposent d’eux-mêmes, nous laissant le loisir de
                                les relayer.
  
                              
                              Or, pour ce qu’il en est des travaux de la
                                plupart des collègues, celles et ceux dont, dans ce même temps, j’ai suivi le
                                cheminement, je ne les relaie aujourd’hui que rarement, ces collègues n’ayant
                                jamais pris, ni la peine, ni la curiosité, de s’intéresser aux nôtres.
  
                              
                              C’est ainsi que récemment, je n’ai pas été
                                davantage surprise que notre petite troupe professionnelle de théâtre, non-juive, ne trouve que peu d’écho chez celles et ceux
                                d’entre eux qui, dans les médias, dans les institutions publiques et privées,
                                se sont faits les “spécialistes” de la Vernichtung - anéantissement - des Juifs, celles et ceux
                                travaillant à divers titres auprès de l’aide à l’enfance, plus généralement
                                psychanalystes, historiens, philosophes, éducateurs, qui sont parents,
                                grands-parents, bientôt arrière-grands-parents, journalistes... Une majorité
                                conséquente de spectateurs, en trois mois de représentations hebdomadaires de
  « À la bonne adresse », fut non-juive.
                                L’infantile ne connaissant guère de limites, et le contenu n’étant
                                manifestement pas une priorité, à notre proposition, il nous fut préalablement
                                et élégamment répondu par certaines institutions susceptibles de présenter ce
                                spectacle dans leurs auditoriums et bibliothèques : “Nous aussi, nous avons
                                déjà nos propres activités culturelles” ; d’autres, responsables culturels
                                dans les administrations françaises et étrangères : “Je n’ai pas le
                                temps.”
  
                              
                              Notre troupe de baladins s’est attachée à
                                offrir un spectacle de qualité artistique saluée par tous des spectateurs, « Pour une pédagogie de la solidarité, à
                                l’intention des petits, grands, et vieux enfants ».
                              
  
                              
                              N. B. Entendre
  “vieux enfants”, au cas où ce
                                n’aurait pas été clair : adultes, seniors, vétérans…, 2 montages, dont l’un adapté aux plus petits âgés de 8 à 12 ans, ayant été
                                réalisés.
  
                              
                               
                              Par contre Le GrandTOU fut consterné par l’absence d’intérêt, l’absence tout court, des non-spectateurs évoqués ci-dessus. Un aperçu de la qualité
                                de cette Lecture/Spectacle se trouve à                              https://fr-fr.facebook.com/LeGrandtou
                               
                              
                                
                          
                              Enfin, chère***, je rédige actuellement un
                                travail, le plus rigoureux que me le permettent mes moyens, intitulé « Résistances à la psychanalyse »,
                                locution qui, à mon sens, frôle la tautologie, et dont vous avez eu
                                connaissance du début par courrier ou par notre site, ce qui exige une “mise en
                                loge” de la pensée.
                                
                          
                              Bien à vous,
                                
                              
                              Micheline Weinstein
                                
                              
                              
                              1er Décembre 2014
                                
                              
                              
                              La traduction/interprétation d’extraits de
                                quelques textes de Freud portant sur les « Résistances à la
                                psychanalyse » est achevée. Aujourd’hui, par cohérence avec l’[mon] actualité, je commencerai ce canevas par les notes
                                et commentaires 3 et 4 de ce travail. L’ensemble des notes et commentaires
                                figure en fin de texte. Les intéressé/e/s éventuels pourront donc s’y reporter
                                latéralement lors de la lecture des extraits, indépendamment de cet écrit.
                              
                              
                                
                              
                                
                              
  
                              
                              
                              
                              [Une courte incise, au sujet de la célébrité évoquée,
                                aujourd’hui partie visiter l’autre monde. Je l’ai côtoyée pendant plus de
                                trente ans. Je concevais envers elle et son histoire personnelle, de même
                                qu’envers chaque être humain rencontré, croisé, soit directement soit dans mes
                                lectures, le respect et la solidarité dont j’essaie à ma mesure de témoigner.
                                C’est pourquoi, je n’ai pas tu, étape après étape, ce que je pensais de ses
                                propos et agissements qu’elle ne manquait pas de disséminer largement en
                                public. Quand je l’ai écrit, ce fut exclusivement en ce que cela impliquait la
                                psychanalyse et la déportation (cf. sur notre site). Toutefois - ce n’est un
                                secret pour personne dans son vaste entourage -, avec le temps, sans que rien
                                n’altère mon estime, au-delà de ses traits de génie qui me sidéraient, ces
                                propos, ces agissements, ont fini par user la dilection que je lui portais.
                                C’est ainsi que je l’ai directement informée que je n’aurais pas aimé être dans
                                la même baraque qu’elle au camp et plus généralement, puisqu’une génération
                                entière nous distinguait, être sa fille.]
                              
                              Or, si je compte encore
                                parmi les électrices, bien que l’intérêt pour la chose publique commence à
                                fatiguer, je ne suis pas dans ma 94e année, mais appartient à celle
                                d’une génération de personnes toujours en activité, dont les plus en vue de
                                tous horizons. 
                              De temps à autre, des
                                idées saugrenues me traversent l’esprit. J’en ai collecté tout un chapelet.
                                Ainsi ce “mariage pour tous”. Tout d’abord, sur cette appellation de “mariage”…
                                mais laissons de côté la polémique. J’aurais plutôt préconisé le PACS
                                généralisé pour le monde laïc et ce, dans les mairies où
                                qu’elles se trouvent, et aurait conservé le substantif “mariage” à l’usage des
                                croyants dans les lieux de cultes, ce qui eût évité les embrasements… Cependant
                                et en annexe, oser avancer que la différence des sexes est une évidence, ne
                                serait-ce que par la morphologie, laquelle joue considérablement sur les
                                exigences pulsionnelles, expose à être taxée de “puritaine”, c’est-à-dire en
                                clair, sectaire, prude, pourquoi pas psycho-rigide ?
                                De “réac” par la gauche, de gauche par la droite, de “has been” pour une femme,
                                dont l’âge la rend inutilisable par l’intellect, les goûts et éventuelles
                                aptitudes humaines, puisqu’inutilisable sexuellement… ?
                              Je préconisais aussi, au
                                su de mon expérience professionnelle de la fraternité, de remplacer la devise Liberté-Égalité-Fraternité par Liberté-Équité-Solidarité.
                              J’ai maintes fois
                                entendu, tout au long de mon existence professionnelle, mais aussi très jeune,
                                venant de mon analyste lors de mon appel téléphonique pour une première prise
                                de rendez-vous sur coordonnées transmises par Françoise Dolto, éberluée, cette
                                interrogation : “Qui êtes-vous ?”, et me fut transféré par de “chers
                                et estimés collègues” (selon l’expression de Freud) particulièrement celles et
                                ceux que nous avions publiés, deux cents environ, de même que d’institutions ou
                                personnalités diverses, ceci : “Connais pas.”
                              Je bénéficie
                                semblerait-il, auprès de qui me “connait” encore (?), de la réputation d’avoir
                                tourné “à droite” : lire « Le Figaro », en diffuser largement,
                                comme ceux d’autres journaux en général, les articles que j’estime remarquables
                                (cf. en fin de texte), me vaudrait d’être soumise à une idéologie, autrement
                                dit de n’être pas susceptible d’une indépendance d’appréciation. Non seulement
                                je ne lis pas que « Le
                                Figaro », loin s’en faut et suis abonnée par Internet à une demi-douzaine
                                de quotidiens, hebdomadaires, mensuels mais, à l’écoute - ou si l’on “regarde”,
                                comme on dit à la TV -, de la plupart des revues de presse, on conviendra que,
                                quelles que soient les idéologies de leurs commentateurs, elles s’étayent,
                                solidement et parfois non sans hypocrisie, du « Le Figaro », dans
                                lequel par ailleurs il plaît aux politiques et aux intellectuels de tous bords
                                d’être invités à faire connaître leur personnalité privée, à donner leur avis,
  à figurer avec photo. 
                              Longtemps, je fus si fière
                                des personnes bienveillantes qui m’avaient sauvée bébé, ainsi que celles du monde d’avant-hier, particulières,
                                professionnelles, institutionnelles, des réseaux de clandestinité, puis après
                                guerre, en 1954 seulement, grâce aux démarches tenaces durant des années, de Else Schonberg, celles de l’Office National des Anciens
                                Combattants qui me fit Pupille de la Nation… …, et par dette envers elles, de
                                m’être accrochée à la vie…
                              Il y eut, dans les
                                décades qui suivirent la guerre, de nombreux suicides de déportés revenus, mais
                                aussi de jeunes que j’ai connus, fils et filles de déportés non revenus, pour
                                lesquels l’Histoire avaient rendu irréparable la perspective de continuer à
                                vivre… Le suicide de ces jeunes est resté tabou, aussi bien auprès des “psys”.
                              Ce monde d’avant-hier, les rencontres décisives ultérieures qui m’ont
                                façonnée, n’est plus. Les noms, un par un, sont autant d’offrandes gravées dans
                                ma mémoire comme on dit. 
                              Revenons au saugrenu. La
                                féminisation des substantifs masculins, auteur-auteure par exemple, le maire-la maire (pourquoi pas, telle la duchesse, la
                                mairesse ?) laisse dubitative. Incitera-t-elle à la disparition du sexisme
                                ? Ajouter un “e” à auteur fera-t-il, sexués, d’une femme un homme et
                                inversement ? Pourtant, si l’on en croît les Écritures, elles nous content
                                qu’Ève fut extraite d’une côte d’Adam d’où, semblerait-il, l’origine ancestrale
                                d’un vocabulaire issu du “genre”, avec en tête les injures, telles “con”,
  “connerie” - de coñil au Moyen-Âge, “petit
    lapin” (! cf. également à “chatte”)
                                -, “putain”, “fils de pute”, “salope”, “pétasse”… … … ? 
                              Qui suis-je ?
                                Simplement quelqu’une qui, par héritage culturel à jamais insu, demeure coite
                                devant le mépris délibéré pour le
                                goût du savoir, ce vestige de la curiosité infantile.
                              Cela éclairerait-il le
                                fait qu’une Ministre de la Culture estime secondaire le goût de lire chez
                                soi ?
                              Slogans, anathèmes,
                                sigles, qualificatifs offensants, fusent à l’envi, contre qui ne pense pas
                                comme soi, n’agit pas comme soi, n’est pas un reflet de soi… médisances contre
                                Freud, Françoise Dolto, pour n’évoquer que deux noms remarquables, par des
                                intellectuels, parfois même psychanalystes et affidés, qui n’ont, excepté les
  “potins” destructeurs où l’on trouve ce qu’on y cherche avec fougue, tout
                                simplement pas lu, encore moins étudié les textes, quoique, bravement, ils s’en
                                défendent. 
                              Récemment, j’ai demandé,
                                par l’intermédiaire de l’un parmi ses amis, personnalité honnête bien que
                                médiatique (que j’avais publiée), à rencontrer Michel Onfray,
                                auquel j’avais écrit. Ni l’un ni l’autre ont daigné me répondre.
                              Prétendre, avec
                                suffisance, que l’on a lu tout Freud
                                quand on était jeune, aux propos de l’auteur qui les profère (et les écrit),
  évoque l’adolescent qui aurait grappillé sur Internet un dictionnaire de
                                philosophie pour y trouver sa voie, n’y aurait retenu que des clabauderies
                                infâmes - on en trouve, râblées, des antisémites par exemple, chez Kant et
                                Hegel -, des concepts, sans se soucier de leur signification, isolés de leur
                                contexte. 
                              Et puis ces gens traînent
                                leur bave… balancent haros et exhalaisons les plus faisandés… amalgament
                                allègrement la théorie de la libido et le vocabulaire de leurs propres
                                fantasmes pornos. 
                              Quant à répandre en toute
                                ignorance délibérée, la délation
                                contre Dolto, est-il nécessaire de rappeler que, pendant et après guerre,
                                négligeant sa croyance religieuse, elle passa prendre lors de son repli en zone
                                libre, pour l’emmener avec elle, la Juive Sophie Morgenstern. Sophie
                                Morgenstern déclina l’offre et choisit de se suicider à Paris ; c’est
                                aussi elle, Françoise Dolto, qui mit sa pratique au service des enfants de
                                déportés juifs, dont je fus, ainsi que Georges Perec et combien de mômes restés
                                anonymes ; oser qualifier Freud d’“imposteur” et
                                pour faire bref, selon le calembour, Dolto de “Pétain en jupons”, ressemble à
                                s’y méprendre à du Faurisson ou, actuellement, à de
                                l’Aymeric Caron.
                              Voilà qui est et fait
                                dommage. Onfray dit des choses fort justes quand il
                                ne se mêle pas de se prendre pour un penseur universel apte à statuer sur des
                                sujets qui lui sont totalement étrangers, comme lui sont étrangers les Juifs,
                                l’itinéraire d’une psychanalyse personnelle dont il s’est gardé de s’engager.
                              
                              10 décembre 2014
                                
                              
                                
                              
                              Ce devant quoi l’enfant
                                cachée devenue adulte, aujourd’hui antidatée, persiste à demeurer sans défenses est très simple : émanations de
                                personnes se réclamant de la psychanalyse à partir de ragots dont
                                l’informatique abreuve, la méchanceté, l’avarice ou, si l’on préfère, torsion
                                de l’économie libidinale fixée dans l’infantile, jalousie, rivalité, certains “ismes”, cynisme, snobisme... … … bref, autant d’une même
                                pathologie, de maillons d’une seule et même chaîne.
                              Devant aussi cette manie
                                qu’ont les intellectuels, pénétrés de lacanisme, d’écrire l’autre avec un grand
                                A, comme pour attester de leur pieux respect envers autrui. Serait-ce un
                                contresens, si l’on songe à l’agressivité, aux vœux de destruction, à
                                l’intrinsèque ambivalence amour-haine inconscients…
                                masqués par l’hypocrisie des bons sentiments ? 
  
                              Peut-être ai-je mal
                                assimilé chez Lacan son concept d’Autre, avec le grand A. Il m’apparaît
                                néanmoins à l’opposé de la sublimation. Sans doute avais-je compris que
                                l’Autre, avec son grand A, relève de l’abstrait, de l’ordre symbolique, du lieu
                                de la parole, par extension de Dieu, des idéologies…
                              Plus récemment, j’ai
                                trouvé ridicule la question d’interdire les feux de cheminée dans les
                                appartements pour cause de pollution : pourquoi ne pas alors interdire les
                                barbecues à la campagne pendant les week-ends, jours fériés, vacances…? 
                              Plus largement, pourquoi
                                ne pas interdire, établis sur le calendrier chrétien, les congés civils, les
                                commémorations, la terminologie, les mœurs, leurs suites logiques ?
                              Enfin, la consommation
                                effrénée, entonnées par les “communiquants” sous
                                prétexte de “répondre à la demande” (de qui ?) me rendent anorexique. Pour
                                exemples : coffret de 69 CD de Maria Callas, que la publicité, cynique
                                (l’argent), dédaigneuse des goûts de mélomanes envers les interprètes, chefs
                                d’orchestres, formations musicales, d’une pédagogie auprès d’auditeurs
                                potentiels n’ayant pas eu la possibilité culturelle d’y accéder, bombarde en
                                cette période de fêtes de fin d’année… ; orgies de
                                boustifaille à vous flanquer la nausée, quand la faim, dont celle de millions
                                d’enfants - l’avenir des peuples ! -, affiche son déshonneur de monde
                                civilisé, avec ses mille vaches claquemurées dans une ferme-usine…, etc.
                              Il était une fois, voici
                                presque quarante ans, un dialogue avec Françoise Dolto. Nous parlions du
  “narcissisme des petites différences”. Le flux aidant, j’évoquai le fait que
                                nous vivions en France la plus longue période de son histoire sans guerre.
                                Peut-être serait-ce une bombe à retardement ? “Détrompe-toi”, me
                                répondit-elle, “la guerre couve partout, sous forme de terrorisme”. 
                              L’infortune de notre
                                association fut que ses meilleurs auteurs, non estampillés par la chose
                                publique - donner à croire que l’énonciation de “classes sociales” avec leurs
  étanchéités respectives est désuète, quel leurre ! -, avaient plus d’un
                                quart de siècle d’avance sur leur temps. La majorité des thèmes à la mode
                                aujourd’hui étaient déjà travaillés et faisaient alors, dès 1986, l’objet d’une
                                publication papier jusqu’à la mise en place de notre site Internet. Leurs
                                titres, jusqu’en 2006, figurent à l’adresse suivante,
                              
                              http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/archives/Inventaire.html
                                
                              
Les textes intégraux sont
  disponibles sur demande.
                              Ils sont datés, j’en ai
                                dit la cause.
                              Les documents ultérieurs
                                sont directement publiés sur notre site.
                              Pour n’évoquer qu’un seul
                                exemple : Sade, commenté par Lacan en 1963, graphes à l’appui. Comme Saïd Bellakdhar l’avait déjà fait pour le Grand Mufti de
                                Jérusalem pendant la 2e G. M., pour la Dass…,
                                accablé par le succès dont jouissait post-mortem (et
                                jouit encore) ce marquis auprès des lacaniens et leurs disciples littéraires -
                                Sade, rappelons-le trouva sa liberté et son talent littéraire en prison -, Saïd Bellakdhar, en 1993, écrivit un texte dûment
                                documenté, qui ne laissait place à aucun doute sur la réalité incontestable,
                                des crimes de Sade (et de Gilles de Rais).
                              De mon côté, en 1992, mon
                                appréciation de Sade par Lacan fut publiée dans « Travaux
                                1967/1997 ».
                              Mes interrogations sur
                                l’enseignement de Lacan, que je suivais en parallèle avec attention, ne
                                parvinrent pas à trouver réponse. Qu’en était-il en effet d’une transmission de
                                la psychanalyse qui semblait privilégier le sophisme, la mathématisation de la
                                psychose et de la névrose, une théorie de la perversion élevée au faîte d’une
  éthique, le plagiat - [sic] exemple anodin, Lacan : “Je prends mon bien où
                                je le trouve”, il ne s’en privait pas, c’est bien connu, depuis sa thèse en
                                1931 -, l’obscurantisme, l’éloge de la philosophie heidegerrienne,
                                toutes incitations antagonistes à l’itinéraire de Freud qui aspirait (rêvait
                                de ?) à ce que la psychanalyse, avec son vocabulaire propre, précis, soit
                                reconnue en tant que science de l’esprit… … ? En regard de ce que j’avais
                                perçu de l’épistémologie freudienne, les discours de Lacan laissaient planer un
                                malaise, une impression d’“unheimlich”, d’étrange
                                familiarité (traduction de François Perrier), qui commémorerait les temps
                                infantiles de la nature humaine ? Quelles autorisations délivreraient-ils
                                alors au déclenchement sauvage des instincts primitifs, à leur mise en
                                acte ? Où étaient donc passés la prévalence de la parole, l’inconscient
                                dont Lacan scandait qu’il était “structuré comme un langage”, formulation que
                                Perrier qualifiait de tautologie (cf. nos éditions, in « Petit glossaire des concepts freudiens appliqués à la clinique
                                  selon François Perrier », la maîtrise
                                    des pulsions en vue d’accéder à des conduites civilisées ? 
                              Alors, quels lendemains
                                de tels discours sur la pratique analytique quotidienne auprès d’humains en mal
                                d’être ? Quels lendemains pour la transmission d’un style linguistique
                                savant, accessible aux seuls initiés, et qui, propagé par des personnages
                                soucieux de frimer dans des médias, introduit des termes conceptuels auprès
                                d’utilisateurs mal préparés, non curieux, lesquels les répètent ingénument sans
                                en avoir vérifier ni le sens ni la teneur sur Internet ? Cela ne
                                contribue-t-il pas, dans la vie courante, à produire un imbroglio dans lequel permutent alternativement la langue de la sphère privée et
                                celle de l’exhibition publique ?
                              Freud et son entour
                                fidèle étaient intransigeants - était-ce par tradition culturelle
                                héritée ? -, venant des psychanalystes en tous cas, quant à la retenue
                                nécessaire pour que ne soient pas livrées leur vie intime et ses dérisoires
                                foutaises humaines à l’étal public. Autre chose étaient les réunions
                                professionnelles entre analystes en exercice et candidats au métier d’analyste
                                (cf. par exemple les « Minutes de la Société psychanalytique de
                                Vienne »). 
                              Sur la place publique, le
                                privilège de l’indiscrétion était réservé, selon Freud, aux artistes,
  écrivains, aux œuvres de fiction qui pour notre plaisir émaillent le réel,
                                fruits d’un imaginaire singulier qu’il est stupide de vouloir psychologiser, auxquels seuls incombait la liberté
                                naturelle d’indiscrétion (ex. Schnitzler). 
                              Autre chose est l’analyse
                                de l’humain, fût-il artiste.
                              C’est tout simplement la
                                raison pour laquelle Freud, puis ses légataires, s’opposaient (en vain) à la
                                publication de la correspondance privée, nourricière de salacités. Ainsi les
  échanges on ne peut plus intimes entre
    hommes avec Ferenczi où nous lisons quelques fadaises de Freud sur les
                                femmes, sans d’ailleurs épargner la sienne.
                              Quant aux fantaisies de
                                Freud sur les identités de Shakespeare et de Moïse, je les ai évoquées dans
                                plusieurs textes pour conclure que, comme le disait Charcot des hystériques,
                                son Moïse n’empêche pas les Juifs, en tant qu’entité, d’exister (cf. Freud,
  « Le roman familial des névrosés »). 
                              
                              
                              
                              
                              
                              
                              
                              
                              
                              C’est pourquoi la musique m’est
                                indissolublement liée au mélodieux nom de Muses, à l’“art d’harmoniser les sons”, de telle sorte que je suis incapable de désigner par
                                musique toute espèce de brouhaha, surtout quand son rythme est à deux temps, boum-boum, indéfiniment assené sur la tête et dans les
                                oreilles sur des instruments hors de prix, des sonos amplifiées de batterie qui
                                rendent sourds ! 
                              Peut-être alors suis-je “réac” (et, en
                                prime ces dernières années, “sioniste” !) ? Car rétive à ce qui exempte de penser, de se servir de
                                ses mains autrement que pour tapoter convulsivement sur des ustensiles
                                informatiques, à l’accélération frénétique qu’ils imposent  aux
                                rythmes biologiques et, malgré leurs bienfaits manifestes, font artificiellement
                                de nous des dyslexiques, dysorthographiques, maniaques, des sourds, rétive à la
                                surabondance d’images qui vous éclatent à la figure, vous gavent à profusion de
                                réel, à en perdre le sens de la métaphore.
                              Pauvre tête, seul patrimoine auquel je ne
                                permets à personne, pas même un coiffeur, de toucher… et chaque fois que cela
                                me revient à l’esprit, c’est avec une pensée solidaire pour la voix d’Antonin
                                Artaud le décalé en 1947 lors de « Pour en finir avec le jugement de
                                Dieu » : “Et c’est alors que
                                  j’ai tout fait éclater parce qu’à mon corps on ne touche jamais.”
                              
                              
                              
                              
                              
                              
                              
La photo de mon père, Shlomo (prénom de naissance de Freud) figure
  déjà sur notre site.
                              Si bien que la chaîne des signifiants, via les noms propres, attisa ma
                                curiosité.
                              D’après les Renseignements Généraux, n’a
                                subsisté aucune trace de ma mère, excepté son lieu de naissance, Tiraspol, et
                                les prénom et nom de mes grands-parents maternels. Grand-mère maternelle :
                                Bloom (Fleur) Gingins, patronyme qui serait d’origine
                                germanique. N’apparaît dans mes recherches qu’une seule référence au nom de Gingins et sa généalogie. Gingins une jolie localité située dans le canton de Vaud en Suisse, avec son château et
                                son église du XIIe siècle (à vendre), son musée romand de la machine
                                agricole depuis le XVIIIe siècle. La généalogie de la famille Gingins de la Sarraz mentionne une dame Stein ; grand-père
                                maternel : Simon Fuxman, rien d’autre.
                              Grands-parents paternels : Génia Kreitchman et Mosché (Moïse) Weinstein. D’après mes recherches en Israël
                                auprès de personnes qui les avaient connus en Russie au début du XXe siècle, mon grand-père, Moïse donc, aurait été, à Yalta et à Istanbul,
                                Président du Joint - Joint Distribution Committee,
                                  fondé en 1914 pendant la 1re G. M, et longtemps, seule institution
                                  internationale juive laïque.
                              Mais ces nobles et rares documents épars
                                sont beaucoup trop aléatoires pour permettre à une héritière de la déportation
                                des Juifs de France, qui n’a pas eu le temps de bénéficier d’un imaginaire et
                                dont le patrimoine mémoriel remonte seulement à 1941, de s’inventer un “roman
                                familial”. 
                              
                              
                              
                              
                              
                              
                              
                              Je reprends mon pensum biographique. À
                                l’adolescence, je suis allée de moi-même, directement cette fois, à la
                                rencontre de Françoise , puis j’ai travaillé à ses côtés (cf. sur notre
                                site). Elle fut une amie et une préceptrice inaltérables pendant 40 ans,
                                jusqu’à son départ en 1988. C’est à elle que j’ai demandé un nom d’analyste
                                pour entreprendre une analyse personnelle. Mon Mémorial  figure, avec des
                                documents originaux et dans plusieurs textes, sur notre site.
                              Un incident de parcours, qui témoigne du respect dont  témoignent réciproquement quelques de nos collègues : sans en être informée, j’eus la surprise de découvrir, lors de la publication en 2005 du deuxième tome de la correspondance de Françoise Dolto chez Gallimard, que sa lettre/texte manuscrite, qui m’était nommément dédiée en 1983 et que, puisqu’elle ne pouvait se déplacer, j’ai lue à Marseille en fin de ma conférence « De l’embryon à l’homme, la conquête du monde » devant les groupes Balint du sud de la France, était, dans une note de la responsable d’édition, qualifiée de “viatique”. 
                              Cette lettre de Françoise Dolto,  qui est une critique du “Stade du miroir” de Lacan [F. D. écrit en ouverture qu’“il se trompe”], n’a intéressé personne.
                              La lettre manuscrite et ma conférence firent d’abord l’objet d’une édition  papier en 1983 puis d’une publication sur notre site dès 1989.
Pour mon contrôle, j’ai choisi celui que
  je considérais, outre Dolto, comme le meilleur clinicien que la France ait
  connu, François Perrier, et ai ainsi encouru la désapprobation verbale
  extrêmement, pour rester polie, déplaisante, de mon analyste, assise jusqu’à sa
  disgrâce, mais seulement à la gauche, du Maître (Lacan).
                              Qu’écrit Perrier de François Dolto (in « Petit
                                glossaire… ») ?
                              
                              C’est
                                toujours à elle qu’on s’adresse quand on s’aperçoit que quelque chose du côté
                                du corps n’a pas été théorisé. Il faudrait retravailler Dolto au-delà du Cas
                                Dominique, au-delà de tout ça. Enfin, c’est toujours à elle qu’on s’adresse et
                                on s’adresse en même temps à une femme. Si je voulais caractériser le style de
                                Dolto dans ses thérapies et analyse d’enfants,
                                je dirais qu’elle est toujours dans la
                                  métaphore. Ce qui permet en effet aux petits enfants, non pas d’avoir un
                                corps pour remettre en jeu cette question, mais pour ne pas eus par leur corps.
  
                              
                              
                                 
                              
                              N. B. En italiques, c’est moi qui souligne.
                                
                              
                              
                              Née dans l’obligation de sépulcral
                                silence, exclue de parole par le monde extérieur (“on”), j’étais sidérée à
                                l’écoute d’interprétations d’analystes consternantes de sottise. Un exemple, la
                                réponse agacée d’une collègue devant mon affliction après sortie inepte de mon
                                analyste : “Laisse tomber !” Ce à quoi, quasiment commotionnée,
                                j’ai répliqué : “Certainement pas, avec le prix - exorbitant - dont sont
                                honorées ses séances, une analyse me coûte l’achat d’un appartement dans
                                Paris !”
                              Il est évident que mon appréciation de
                                Lacan, depuis 1967 - [en juin, lors de la guerre des six jours en Israël, je
                                n’avais écrit qu’une phrase, “Qu’on rende leurs territoires aux Palestiniens et
                                qu’on n’en parle plus”] - à partir de documents et de propos tenus à ses
                                séminaires, à commencer par ses louanges à Jung et sa proximité avec Heidegger,
                                dont j’étais alors occupée à établir, terme à terme, une analogie entre son
                                Discours du Rectorat et quelques passages éclairants du Mein Kampf d’Hitler, n’a guère favorisé l’“empathie” (ah,
                                l’empathie !) de mon environnement, pas plus que, dans l’une des fameuses
                                corpos analytiques, l’autorisation d’exister… Je ne suis de loin pas la seule à
                                avoir eu droit à la trappe. Ex. Une égérie  de ce milieu me prévint que si je
                                n’aimais pas Lacan, elle ferait tout pour me [sic] “descendre”, dont acte…
                                Hélas, j’avais eu l’imprudence de lui confier que je ne haïssais pas Lacan
                                puisque je ne l’aimais pas…
                              
                              
                              
                              
                              
                              
                              
                              
                              Revenons à Freud. Tout savoir de la vie
                                sexuelle de Freud, de ses espoirs et déceptions, des causes réelles de
                                dissensions transférentielles dans le mouvement analytique, avec et entre ses
  élèves, ses (parfois faux) amis, ses correspondants est parfaitement
                                accessible… Dans sa volumineuse correspondance publiée, sans son autorisation
                                ni celle de ses légataires, Freud évoque honnêtement l’évolution de sa
                                sexualité. Ainsi, nous pouvons y lire les raisons pour lesquelles, par exemple,
                                les potins jouissifs répandus sur une liaison avec sa belle-sœur ne sont
                                que médisances d’ignorants délibérés.
                                Il en est de même, par ailleurs, des potins
                                destinés à faire plaisir aux mouvements homos, quant à une homosexualité
                                effective d’Anna Freud, lesquels invalident grossièrement, sans la moindre
                                critique digne d’être travaillée, la théorie de la bisexualité
biologique originelle du “genre” humain, son évolution anatomique, laquelle différencie le physique de la fille et du garçon avec son incidence réelle sur leur psyché respective. L’humain est “aliéné par son  anatomie en tant qu’il est de toutes façons repéré comme tel”, selon Perrier.
                              Quant aux dissensions et leurs motifs, ils
                                se trouvent, soigneusement décrits, dans les œuvres complètes de Freud, pour
                                n’en citer que trois, par Ferenczi, Schur, Bernfeld… De telle sorte qu’aujourd’hui, la SPP et ses antennes, reconnues d’utilité publique, assurant
                                une formation théorique, technique et clinique - autrement dit thérapeutique -, serait seule habilitée
  à authentifier l’intitulé et la fonction du Psychanalyste,
                                ce qui mettrait fin aux “autorisations de soi-même” prônées par Lacan,
                                lesquelles permettent à tout un chacun, non professionnel, de s’auto-nommer “psychanalyste”, en même temps que d’utiliser
                                le nom propre de Psychoanalyse, créé
                                par Freud l’année de la mort de son père, sans aucune gêne ni considération
                                pour son auteur. Bien que, comme dans toute société humaine, la SPP ne puisse hélas garantir la pratique et les conduites
                                de ses anciens élèves, une fois authentifiés par l’institution.
                              La psychanalyse et sa terminologie, grâce
  à l’influence de la multinationale lacanienne (avec son staff de “Cartels”)
                                auprès des médias, liée au pouvoir de l’argent et des coteries, analogues à
                                toutes les autres, sont devenues en France un objet qui ne prétend à nul service,
                                  qui ne sert à rien ou dont la fonction est si futile qu’on devine bien que sa
                                  création n’a pas été dictée par un besoin, c’est-à-dire un gadget (CNRTL) pour qui n’est pas sensible à l’étymologie ou recherche du vrai.
  
                              Pourtant,
                                la base d’une étude approfondie sur ce thème des coteries, intitulée Deux unités artificielles : Église et
                                  Armée, est accessible depuis 1921, dans la « Massenpsychologie und Ich-Analyse » - « Psychologie des
                                masses et analyse du Moi/Je ».
  
                              
                              Un
                                exemple : après avoir recyclé, épuisé jusqu’à la trame, le terme de
  “paranoïa” à tout bout de champ, les médias, pour rendre compte du concept de
                                clivage, se jettent, en toute ignorance délibérée, sur celui de “schizophrène”.
                                Or, un système, les personnages qu’il anime, qu’il manipule, relèvent, non du
                                morcellement dans la schizophrénie, mais du clivage chez le pervers. 
                              Pourquoi, dès 1967, ai-je été stupéfiée du déni de la théorie freudienne, par
                                les propos tenus, écrits, de Lacan, enrichis
                                  de calembours limites envers la personne de Freud, dont on dirait
                                aujourd’hui que ses affidés les ont “zappés” (Faire disparaître quelqu’un ou quelque chose de son champ de vision,
                                  cesser de lui accorder le moindre intérêt) ? Les lectrices et lecteurs intéressés en trouveront les motifs sur
                                    notre site. Je n’en reproduirai ici que trois
                                    extraits, 
1938
  
                            
                              
                                 
                              
                              Le sublime hasard du génie n’explique
                                peut-être pas seul que ce soit à Vienne - alors centre d’un État qui était le
                                melting-pot des formes familiales les plus diverses, des plus archaïques aux
                                plus évoluées, des derniers groupements agnatiques des paysans slaves aux
                                formes les plus réduites du foyer petit-bourgeois et aux formes les plus
                                décadentes du ménage instable, en passant par les paternalismes féodaux et
                                mercantiles - qu’un fils du patriarcat juif ait imaginé le complexe d’Œdipe.
  
                              
                              
                                 
                              
                              http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/courrier/commentaire.html
                               
                              
                                
                              [D’autres exemples, raillant Freud et certains concepts
                                freudiens, notamment celui de la structure œdipienne, figurent dans ce 
                                commentaire de 1998.]
                                
                                
                                
                              À la
                                suite d’anthropologues, dont Claude Lévy-Strauss,
                                l’existence de l’universalité de l’Œdipe selon Freud
                                dans d’autres civilisations, fut contestée et l’est encore par certains
                                auteurs, censés “l’avoir tout lu”. Félicitations ! À mon grand âge,
                                j’estime devoir encore lire, relire et étudier Freud, ne serait-ce que pour
                                mettre à jour ma faculté de réfléchir et ainsi de faire assez régulièrement le point sur le développement de
                                  mes propres hypothèses…
                                  
                              Freud a établi la structure œdipienne
  à partir de la mythologie grecque, plus précisément dans le théâtre de
                                Sophocle. Or, le mythe selon Freud, ne représente que le support de la fonction
                                du symbolique :
  
                              
                              
                              Les mythes sont des satisfactions
                                symboliques dans lesquelles le regret de l’inceste s’épanche. Ils ne
                                constituent pas la commémoration d’un événement.
  
                              Freud
                                
                              
                              L’Œdipe et le
                                symbolique ne concernent pas la psychose, Freud insiste sur ce point, ils
                                appartiennent à la seule névrose.
                                
                            
                              Le sujet vaut d’être approfondi. L’Œdipe,
                                soit “le désir de l’enfant de coucher avec sa mère” (Diderot), ses substituts
                                si la mère manque ou si l’évolution de l’enfant est confiée à une tierce
                                personne, serait-il donc étranger, encore actuellement, dans certaines
                                populations africaines, chez des enfants dont le sevrage ne s’effectue qu’à
                                l’âge de 4 ans ? Les conséquences de l’Œdipe sur
                                la psyché de l’enfant seraient-elles d’un domaine radicalement étranger à
                                la sexualité ?
  
                              
                              Mais revenons à Lacan.
                                
                              
                              1967
                                
                              
                              
                                 
                              
                              Jacques Lacan
                                
                              
                              
                                 
                              
                              Proposition du 9 octobre 1967 sur le psychanalyste de
                                l’école
  
                              
                              [J’ai mis l’essentiel à mon sens en italiques]
                                
                              
                              
                                 
                              
                              Avant d’être un problème à proposer à
                                quelques cavillations analytiques, ma position de chef d’École est un résultat
                                d’une relation entre analystes, qui depuis dix-sept ans s’impose à nous comme
                                un scandale. Je souligne que je n’ai rien fait en produisant l’enseignement qui
                                m’était confié dans un groupe, ni pour en tirer la lumière à moi, notamment par
                                aucun appel au public, ni même pour trop souligner les arêtes qui auraient pu
                                contrarier la rentrée dans la communauté, laquelle restait pendant ces années
                                le seul souci véritable de ceux à qui m’avait réuni une précédente infortune (soit la sanction donnée par les soins de
                                  Mademoiselle Anna Freud à une sottise de manœuvre, commise elle même sous
                                la consigne que je n’en sois pas averti). […]
  
                              C’est l’avènement, corrélatif de
                                l’universalisation du sujet procédant de la science, du phénomène fondamental,
                                dont le camp de concentration a montré l’éruption. Qui ne voit que le nazisme
                                n’a eu ici que la valeur d’un réactif précurseur. La montée d’un monde organisé
                                sur toutes les formes de ségrégation, voilà à quoi la psychanalyse s’est
                                montrée plus sensible encore, en ne
                                  laissant pas un de ses membres reconnus aux camps d’extermination. Or c’est
                                là le ressort de la ségrégation particulière où elle se soutient elle même, en
                                tant que l’I.P.A. se présente dans cette
                                extraterritorialité scientifique que nous avons accentuée, et qui en fait bien
                                autre chose que les associations analogues en titre d’autres professions,
                                proprement parlé, une assurance prise de trouver un accueil, une solidarité,
                                contre la menace des camps s’étendant à l’un de ses secteurs. L’analyse se trouve ainsi protéger ses
                                  tenants, d’une réduction des devoirs impliqués dans le désir de l’analyste.
                                Nous tenons ici à marquer l’horizon complexe, au sens propre du terme, sans
                                lequel on ne saurait faire la situation de la psychanalyse. La solidarité des
                                trois fonctions majeures que nous venons de tracer, trouve son point de concours dans l’existence des Juifs. Ce qui n’est
                                  pas pour étonner quand on sait l’importance de leur présence dans tout son
                                  mouvement.
  
                              
                                 
                              
                              1974
                                
                              
                              
                                 
                              
                              Intervention
                                de Jacques Lacan au Congrès de Rome
  
                              
                                 
                              
                              Que la femme soit l’objet “a”
                                de l’homme à l’occasion, ça ne veut pas dire du tout qu’elle, elle a du goût à
                                l’être. Mais enfin ça arrive. Ça arrive qu’elle y ressemble naturellement. Il
                                n’y a rien qui ressemble plus à une chiure
                                  de mouche qu’Anna Freud ! Ça doit lui servir !
  
                              
                              3 décembre 2014
                                
                              
                                
                              
                              J’ai assisté aux
                                séminaires de Lacan dès l’âge de 23 ans, je l’ai personnellement rencontré à
                                trois reprises pour lui dire ce que je pensais.
                              Dans sa pratique - aux
                                dires de ses analysant/e/s, de ses élèves et de leurs conduites -, une
                                impression étrange est restée sans réponse depuis, du fait qu’il avait évacué
                                de la psychanalyse les piliers fondamentaux, c’est-à-dire - a) l’analyse des
                                rêves et - b) la sexualité, donc à sa suite l’évolution de la libido (cf.
                                métapsychologie, coexistence de la pulsion sexuelle et de la pulsion du moi - Je, Ich en allemand -, voire leur
                                opposition). Il est vrai que détricoter, décomposer ces deux phénomènes exige,
                                de la part de l’analyste, une patience infinie bienveillante, un long
                                compagnonnage de travail ardu avec l’analysant/e…
                              Cet abandon, mais c’est
                                mon seul point de vue, ne fut pas pour rien dans les slogans débridés de 68 et
                                de son après, qui délivra une sorte d’affidavit à nombre de psychanalystes pour
                                lesquels la pratique psychanalytique n’avait plus rien de commun avec la
                                psychanalyse de Freud. 
                              Outre la rédaction de
                                mes propres travaux, dont des traductions, j’ai écrit réflexions et
                                commentaires des dires et théories de Lacan sur 30 ans, dans un livre publié
                                par notre association en 1987, parfaitement dédaigné par mes contemporains
                                d’hier et d’aujourd’hui, que j’augmente depuis 27 ans. Pour comprendre les
  “mathèmes” (?) et autres supports scientifiques de Lacan, j’ai travaillé les
                                mathématiques, la physique, la cybernétique et tout ce qui plaira, avec
                                François Le Lionnais. Et aussi les algorithmes, chers
  à Lacan, bien utiles aujourd’hui en annexe pour comprendre le nouveau programme
                                d’enseignement légiféré par la Ministre de l’Éducation nationale ! Des
                                algorithmes pour analyser l’inconscient ? Par sigles, formules
                                mathématiques, calculs, sans oublier l’apport original du Maître : les
  “nœuds” (j’épargne ici ma remarque plutôt rabelaisienne, non audible par les
                                enfants et décentes oreilles, à propos d’iceux lors d’un colloque) ?
                              Côté transmission, la pratique psychanalytique, depuis la mort des
                                derniers authentiques freudiens, s’est peu souciée de pédagogie, ne s’est guère
                                attardée sur l’enseignement primaire qui, depuis près d’un demi-siècle, a
                                privilégié les méthodes globales, c’est-à-dire la captation d’ensembles, les
                                images, les sigles, habituant les jeunes générations à une mésestime pour la
                                grammaire, dont la connaissance minimale permet de savoir à qui et à quoi l’on
                                s’adresse…
                              Avec l’avènement de
                                l’informatique et de son usage, par simple dérision devant ce que j’appelle
                                des “pilleurs de troncs”, je date consciencieusement mes travaux depuis leur
                                début, en 1967, ainsi que ceux de tous les auteurs de notre site. 
                              L’on voudra bien m’excuser
                                de ne m’être pas mariée, mon rythme singulier n’ayant pas permis d’administrer
                                une maisonnée, ni au plan privé, de satisfaire aux besoins réguliers d’un
                                partenaire. Ce à quoi j’aurai occupé ma vie ne m’en aura pas laissé le temps.
                                Si bien que je suis littéralement invivable au sein d’un collectif.
                              Par contre, au cours de
                                mon exercice professionnel et à mon insu, possiblement par la grâce d’une
                                troisième oreille, mon contre-transfert échelonné a produit à ce jour 48
                                nouveau-nés, pour la plus grande part non-juifs. Les
                                plus anciens sont aujourd’hui parents de jeunes adultes. Sans doute cet insu
                                désirait-il réparer l’assassinat des enfants, avec ou sans identité, et les déjà ou à venir mères dans les chambres à gaz. 
                              Ce que Freud analyse en
                                tant que narcissisme des petites
                                  différences témoigne de la pérennité de l’ancrage, dans le collectif, de la
                                structure œdipienne chez l’humain individuel, de sa nature laquelle, par
                                définition et quelles que soient les tentatives d’en théoriser une refondation
                                radicale, ne change pas, à moins de croire en une métempsychose, non plus des
  âmes, mais des corps. La base du narcissisme des petites différences, à partir
                                des pulsions inhérentes, s’inscrit d’abord dans la structure de la
                                famille : plus on est proche, plus se fantasment, et souvent se
                                manifestent, voire se mettent en actes et en paroles, jalousies, rivalités,
                                vœux meurtriers…, fixés dans l’infantile, lesquels
                                perdurent tout au long de la vie, engendrent les guerres, internes et externes…
                                Lesquelles familles font alors bloc quand il s’agit de vouer quelqu’un aux gémonies…
                              
                              Il n’est manifestement pas facile aux humains de renoncer à satisfaire
                                leur prédisposition à l’agressivité ; ils ne s’en portent pas mieux pour
                                autant. Il faut se garder de traiter par le mépris [le déni ?] la prédominance de sphères culturelles restreintes,
                                lesquelles ouvrent la voie à la satisfaction de la pulsion d’agression envers
                                toute personne qui lui est extérieure. Il est toujours possible d’unir les uns
                                les autres, par des liens d’amour, une considérable masse de personnes, à la
                                seule condition qu’il en reste d’autres en dehors d’elle pour recevoir les
                                coups de boutoir de l’agressivité. Je me suis occupé jadis de ce phénomène,
                                selon lequel ce sont précisément les communautés adjacentes et même apparentées
                                qui en décousent et se ridiculisent réciproquement ; par exemple Espagnols et
                                Portugais, Allemands du Nord et du Sud, Anglais et Écossais, etc. Je l’ai
                                désigné par « Narcissisme des
                                  petites différences », nom qui ne contribue guère à l’éclairer. Nous
                                pouvons cependant considérer cela comme une satisfaction pratique et
                                relativement inoffensive du penchant à l’agression, grâce à laquelle la
                                cohésion de la communauté est rendue plus facile à ses membres.
  
                              
                              
                                 
                              
                              [N. B. M. W. Ajoutons, autres
                                exemples, tels nombre de Sépharades envers les Ashkenases,
                                de déportées revenues, dont l’une fût-elle psychanalyste, envers les filles de
                                déportés, des institutions et personnalités entre elles, des enfants de
                                déportés entre eux.]
                                
                              
                              
                                 
                              
                              Bref, tout le monde se comporte comme il est de coutume dans la
                                plupart des familles.
                                
                              
                              Quant à nombre de psychanalystes, en groupes fermés ou
                                individuellement, ils ne se distinguent guère, qui privilégient leur Moi/Je,
                                leur place prioritaire dans le social, leur mode de vie personnel, toisent
                                leurs contemporains, fussent-ils collègues, avec condescendance comme ils le
                                font envers des présumés malades, sont, identifiés à leur maître à agir et à
                                ses adeptes, pédants, parangons de la litote, avares pathologiques (par
                                exemple, un tic, emprunté à Lacan : oublier de se munir de sa carte bleue
                                ou de son chéquier lors de sorties communes au restaurant)…
  
                              
                              Sont-ils analysés ces gens-là, qui n’écoutent qu’eux-mêmes par le
                                filtre de la voix de leurs maîtres, lesquels font fonction de grand A, pour
                                lesquels il n’y a pas de petit autre ? Comment peuvent-ils écouter,
                                transmettre quelque chose d’une éthique à leurs analysantes et analysants,
                                lesquels à leur tour, un/e par un/e, devenus analystes ou non, pour celles et
                                ceux ayant simplement réussi à façonner leur vie selon leurs qualités
                                personnelles, insuffleront à leur entour le désir d’une conduite civilisée, sur laquelle repose l’œuvre
                                de Freud ?
  
                              
                              Y aurait-il un regain de tant de violences, de sauvagerie, dans les
                                discours et dans les actes, si la dite illusoire “communauté” psychanalytique
                                s’était souciée d’acquitter sa dette envers Freud pour, au moins, essayer
                                d’apporter son écot à un projet de civilisation ?
  
                              
                              Ah ! Le “devoir de
                                mémoire” (!) expression baroque, admettons inadéquate, d’un Primo Levi au
                                retour du camp, encore utopiste. La mémoire, cette qualité exclusivement
                                individuelle qui ne saurait s’enseigner, participe-t-elle d’un devoir ? Ou
                                s’entretient, se cultive-t-elle ? Autre est la transmission de l’histoire, en famille, à l’école, dans
                                les homes d’enfants, qui laisse à chacun/e de montrer ou non ses réactions
  émotives. Ainsi, c’est au nom du “devoir de mémoire” plutôt que de l’histoire que l’on érige en dur des
  « Mémoriaux », appose des plaques commémoratives, organise des
                                colloques, produit des films… ; si l’on considère que la mémoire appartient à
                                la psyché collective… nous assistons alors, navrés, à la vanité de cette
                                espérance. 
                              Quoique vous disiez,
                                pensiez, agissiez, tentiez, rien ne sert à rien, “ça” insiste, “ça” persiste.
                              Prenons pour exemple l’antisémitisme.
                                L’antisémitisme, au même titre que la jalousie irrépressible et l’avarice, est
  à mon sens comparable à une pathologie grave, inguérissable, indéracinable.
                                Vous dites, même en passant, que vous connaissez bien, d’expérience vécue,
                                l’antisémitisme : vous êtes grossièrement traitée, surtout si vous êtes
                                femme, par la vox populi, de
  “paranoïaque”, sans d’ailleurs que les locuteurs aient la moindre idée de ce
                                que signifie, au plan clinique, une paranoïa, excepté nombre de spécialistes de
                                la psyché, lesquels se joignent sans aucune gêne au vocabulaire de cette vox populi, qu’ils ont eux-mêmes
                                enseignée en le répandant dans les médias.
                              Car la vox populi abrite en son sein des “zélites” pensantes, intellectuelles, professionnelles, de
                                toutes appartenances. Aussi bien juives, celles dont on déplore une “haine de
                                soi”, autre expression approximative. Plutôt que “haine de soi” je traduis “Judenhass” par “haine de sa ou ses lignée/s”, au su, à
                                l’éprouvé, au vécu, de plus de 2 000 ans d’histoire des Juifs, par besoin
                                harassé de se faire accepter, convertir, d’en finir de porter ce poids maudit,
                                qui les stigmatise.
                              Freud se reconnaissait
                                Juif, sans la moindre concession. On attendait qu’un jour, il développe son
                                assertion. Or, jusqu’en 1939 à Londres, l’on fut déçu. Il n’y a rien à
                                expliciter, ni par l’historiographie, ni par la sociologie, pas plus que par
                                une biographie, personnelle ou autorisée, puisque, tout simplement, d’origine, “ça s’est trouvé comme ça”.
                              
                              8-9 décembre 2014
                                
                              
                              
                              Cet état second est le contraire du narcissisme car il suppose à la
                                fois un oubli de soi-même et une très forte concentration, afin d’être réceptif
                                au moindre détail. Cela suppose aussi une certaine solitude. Elle n’est pas un
                                repli sur soi-même, mais elle permet d’atteindre à un degré d’attention et
                                d’hyper lucidité vis-à-vis du monde extérieur pour le transposer dans un roman.
  
                              
                              Patrick Modiano, Stockholm, 7 décembre 2014
                                
                              
Que trois des sœurs de
  Freud, mentionnées dans des ouvrages d’auteurs français, négationnistes, tièdes
  ou de bonne foi, aient été assassinées par les nazis, de même que la
  dislocation effroyable d’un monde jusque-là perçu comme civilisé, avec ses conséquences sur la psyché individuelle et
  son extension en héritage sur le collectif, ne semblent guère avoir ému la
  psychanalyse française “spécialiste” de la déportation des Juifs. 
                              Si j’ai dit et redit,
  écrit et réécrit, qu’une quantité raisonnable d’intitulés psychanalystes se
                                réclamant de Lacan n’ont pas été analysés, c’est que je l’ai croisée de
                                l’intérieur, approchée, écoutée, vue agir, et en ai côtoyé quelques-un/e/s
                                dans le privé. Plusieurs, sur un ton badin, l’on déclaré ouvertement, ornant
                                leur propos de cette boutade, fruit de leur expérience : “Les théories lacaniennes sont inapplicables
                                  au plan thérapeutique.”
                              D’où la question :
                                qu’en est-il de leur pratique thérapeutique que, contrairement aux potins
                                d’arrière-boutiques, Freud n’avait cessé de ciseler jusqu’en 1937, deux ans
                                avant sa mort (cf. ci-joint, « Résistances à la psychanalyse »,
                                extraits de Constructions dans l’analyse) ? 
                              Nous avons toutes et tous
                                fait le triste constat, quand la jeunesse et la maturité nous ont lâchés, mais
                                parfois aussi après un choc émotif d’une grande violence, de l’évanouissement
                                de ce qui constitue la pérennité du désir, de l’enthousiasme, des illusions
                                perdues d’avance… et, cela arrive quelquefois, de la mémoire, pour peu que
                                l’enveloppe charnelle survive trop longtemps grâce aux progrès de la médecine.
                                L’amenuisement, voire la disparition biologique de la sexualité, dont la
                                perspective terrifie tant d’hommes (cf. « Au-delà
                                  de cette limite votre ticket n’est plus valable », de Romain Gary),
                                peut alors laisser place à une partielle ou totale indifférence. Freud, en
                                témoigne qui, dans les dernières années de sa vie, note sa lassitude pour la
                                pratique thérapeutique individuelle, ne s’attardant qu’à peine, dans sa
                                correspondance privée, sur les conséquences physiologiques du cancer qui
                                l’émiette, sur la douleur physique qui entrave sa pensée, sur la surdité qui
                                l’isole, sur la déchéance du corps… 
                              Pour en revenir à nos
                                contemporains lacaniens et à leur pratique, évidée de son noyau à composite
                                d’origine et dont Freud a patiemment construit le fondement d’un ensemble
                                structuré de la psyché, nommément le rêve et la sexualité infantile, en 1953
                                déjà, au cours des furieuses guerres intestines et assassines entre personnes
                                et institutions, Rudoph Loewenstein en exil définitif aux U.S.A. écrivait à Marie Bonaparte le 22 février 1953, 
                              
                              Ce que vous
                                me dites de Lacan est navrant. Il a toujours présenté pour moi une source de
                                conflit, d’une part son manque de qualités de caractère, d’autre part, sa
                                valeur intellectuelle que j’estime hautement, non sans désaccord violent,
                                cependant le malheur est que quoi que nous soyons convenus qu’il continuerait
                                son analyse après son élection, il n’est pas revenu. On ne triche pas sur un
                                point aussi important impunément (ceci entre nous). J’espère bien que ses
                                poulains analysés à la va-vite, c’est-à-dire pas analysés du tout ne seront pas
                                admis.”
  
                              
                              
                              Réponse de Marie Bonaparte, 
                              
                              Il me semble [que les scissionnaires]
                                ne peuvent être agréés par l’Internationale jusqu’à ce qu’on voie quelle
                                technique de formation des candidats ils emploient. C’est-à-dire que la
                                question ne devrait se poser que dans deux ans et pas à Londres ; car le
                                lacanisme risque de s’étendre : loi du
                                  moindre effort (c’est Marie qui souligne). Je trouve fâcheux que Lagache
                                ait suivi ce fou… 
  
                              
                              
                              En annexe, il serait intéressant de se
                                reporter à la lettre assez malveillante pour ses contemporains que Lacan, ne
                                doutant aucunement de sa célébrité future dans l’histoire de la psychanalyse et
                                n’ayant aucune idée des appréciations de Loewenstein et Marie Bonaparte, écrivit, en égal, à son “cher Loew”
                                le 14 juillet 1953.
                              Trente-deux ans plus tard, en 1985, sur le
                                même sujet, voici ce qu’écrivait François Perrier dans ses « Voyages
                                extraordinaires en Translacanie », 
                                
                                On a vu
                                  errer, dans les milieux analytiques, des gens complètement dévastés, acculés à
                                  se refabriquer un narcissisme d’emprunt, ficelé avec
                                  les concepts lacaniens ; à se faire une vie libidinale d’emprunt, de type
                                  pervers, dans la recherche de l’excitation ou du donjuanisme, et qui se sont
                                complètement exilés d’eux-mêmes.
                              […]
                                
                              
                              De fait, l’enjeu de [la Passe] se trouvait, du côté
                                de Lacan, au service de sa formidable volonté de scruter les secrets de
                                l’analyse et d’aller plus loin que Freud dans l’élaboration de la doctrine.
                                Dans cette logique, les élèves devaient nourrir la pensée du maître et la
                                revigorer par leur apport : la Passe permettait de filtrer ce matériel, et
                                fonctionnait comme une banque de sang pour un laboratoire extrêmement
                                sophistiqué, indifférent à l’identité des donneurs. [...]
  
                              
                              Telle était
                                l’économie de cette circulation de discours : elle alimentait la passion épistémologique de Lacan mobilisait
                                la naïve ardeur des disciples, - et aussi la froide ambition des élèves. Par
                                ailleurs, et réciproquement, il devenait possible de “voir” (sic) comment le discours de Lacan avait
  été digéré par ses patients - et par les patients de ses patients - et comment
                                il était “restitué”. [...]
  
                              
                              Certains,
                                dans leur analyse, soutenaient à leur insu cette jouissance-là, et ils
                                fournirent à l’examen la “matière la plus louable”, leur propre langue abjurée
                                en faveur de Sa parole. [...]
  
                              
                              Ainsi
                                l’institution dressée autour de Lacan avait-elle transformé ce travail démesuré
                                en système de sélection ou de fixation des élèves à des fins politiques, sur
                                des critères d’orthodoxie et de mimétisme pratique. Il s’agissait de constituer un corps de serviteurs de la doctrine,
                                et non plus une élite d’audacieux chercheurs. [...]
  
                              
                              Les membres
                                du jury s’en rendaient compte, mais ils n’avaient pas la force de se soustraire
  à cette complicité. La jouissance du secret partagé, l’attente du pouvoir, la
                                peur de contrarier Lacan, la dépossession de toute référence extérieure et le
                                désespoir dont ils étaient imprégnés leur fournissaient assez d’arguments en
                                forme de rationalisations pour qu’ils soutinssent le cynisme exigé d’eux. Ils
                                animaient donc ce scénario tout entier ordonné à des jouissances de voir, de
                                savoir et de pouvoir, qui procura, au dire de certains des “juges”, la
                                révélation la moins avouable de toutes parmi les multiples secrets qui
                                cimentaient ce pouvoir : nombre de candidats démontraient qu’il
                                  n’y avait pas eu d’analyse. Pas plus d’ouverture de l’inconscient que
                                d’effets psychiques de la cure. Aucune chance de bénéfice thérapeutique, mais
                                une vocation à l’endoctrinement qu’il suffisait ensuite de théoriser comme
                                analyse postfreudienne. C’est pourquoi, peut-être, Lacan a parlé d’échec de la
                                Passe : sa matière n’était pas louable. [...]
  
                              
                              Bien sûr,
                                d’autres vous diraient que cette épreuve leur a fait vivre des moments
                                privilégiés, qu’elle les a relancés dans l’analyse, qu’elle a fondé des
                                amitiés. D’autres vont réfléchissant et théorisant sur de futures institutions
                                où cette Passe garderait son rôle de formation et de sélection. Leur nostalgie
                                de ce partage indique peut-être la consistance du lien qui les voua au projet
                                de Lacan. Plus il y avait d’amour et de désir d’être aimé dans cette démarche,
                                plus un “passeur” risquait de donner sa vie, réellement, à son insu, ou
                                symboliquement, en renonçant à lui-même, parce que ce scénario permettait
                                d’aller jusqu’au bout d’une tendance masochiste, dont l’issue était la
                                destruction de soi en offrande à l’Autre.  
                              
20 décembre
  2014
  
                              
                                
                                      Courrier adressé
                                à la SPP et à faire suivre à l’intéressé non nommé.
                                
                            
                              
                                 
                              Chère A.
                                
                              
                              Il restait
                                une coquille (corrigée). A., pouvez-vous imprimer cette lettre à la SPP et l’envoyer par la poste au Dr A. L. de ma part : pas
                                d’adresse mail sur ses coordonnées.
                                
                            
                              Je ne l’ai
                                pas nommé sur le courrier à la SPP, ce n’est pas mon
                                style, mais tiens à ce qu’il soit tenu au courant.
  
                              W.
                                
                              
                              
                                 
                              
                              Objet : FW: À SPP
                                
                              
                              Date : mercredi 20
                                décembre 2014 12:25
  
                              
                              De : fr <sitassoc@orange.fr>
                                
                              
                              À : SPP/Copie à l’intéressé
                                
                              
                              
                                 
                              
                              À SPP
                                
                              
                              J’ai été très surprise qu’une jeune femme, amenée à
                                consulter, pour la seconde fois, un psychiatre (que je ne connais pas) de son
                                arrondissement parisien, pour un problème sérieux de harcèlement dans une
                                entreprise internationale, me communique le résultat des deux entretiens
                                qu’elle eut avec lui.
  
                              
                              Se réclamant de son habilitation de psychanalyste relevant
                                de la SPP, il se serait permis, non seulement une
                                légèreté de ton, mais de lui poser des questions plus qu’indiscrètes sur son
                                analyse et son analyste. Contre quoi, il occupa sa consultation à dénigrer et
                                démolir le travail et la personne de l’analyste auquel je l’avais adressée, à
                                vouloir savoir de quelle école il dépendait, à expliquer par le menu à cette
                                jeune femme ce qu’était une “véritable analyse” - pratique ancienne bien connue
                                chez des collègues de tous bords pour récupérer des analysants à leurs profits,
                                au pluriel. Mais ce, s’en tenant exclusivement au dispositif palpable, nombre
                                de séances hebdomadaires et durée des séances. Quant à ses honoraires, ils sont
                                d’un psychiatre avec dépassement, peu remboursés si l’on n’a pas les moyens de
                                bénéficier d’une mutuelle onéreuse.
  
                              
                              S’étant fait fermement rabrouer par cette jeune femme qui,
                                je le répète, consultait un psychiatre et non un psychanalyste, elle est
                                repartie sans avoir obtenu d’attestation de consultation (bien qu’incident
                                désagréable, il n’est pas dramatique, je lui ai passé les coordonnées d’un
                                psychiatre qui a toute ma confiance).
  
                              
                              Il n’aurait pas été difficile pour ce docteur A. L., entre
                                la première et la seconde consultation, de se reporter par Internet aux nom et
                                travaux du site de son analyste : 40 pages sur Google.
  
                              
                              Toutefois,
                                il semblerait que j’aie surestimé l’éthique de certains professionnels issus de
                                la SPP, que je ne rends en rien responsable des
                                agissements de ses membres.
  
                              
                              
                                 
                              
                              Micheline Weinstein
                                
                              
                              http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/
                                
                              
                                
                              
                              
                              
                              
                              
                              26
                                décembre 2014
  
                              
                              
                               Les “post-it”
                                d’apostilles innombrables s’amoncèlent sur mon bureau en un tas dodu, il est
                                temps que j’en termine. J’entreprendrai dorénavant de revenir sur, améliorer,
                                mettre à jour, l’ensemble des mes travaux depuis 1967. Oui, je sais, cela
                                diffuse un petit air de testament, lequel vaudra une guigne avec cet alexandrin
                                que j’emprunte à Racine, Acte III, Scène dernière d’Esther, dont je remplace le sujet d’un tout autre contexte*. Il me
                                semble être une épitaphe, simple, superbe, universelle : Elle n’a fait que passer, elle n’était déjà plus.
                                
                              
                              * Énoncé par une femme du chœur dans le
                                texte de Racine au sujet d’Aman : “Il n’a fait que passer, il n’était déjà
                                  plus” (d’après le Psaume XXXVII, verset 36, Bible Osti).
  
                              
                              
                              Ainsi, je bouclerai
                                aujourd’hui cette séquence sur ce que j’ai essayé de transmettre des
  « Résistances à la psychanalyse ». 
                              Les lectrices et
                                lecteurs intéressés trouveront en pièce jointe les notes de la
                                traduction/interprétation d’extraits de Freud.
                              M. W.
                                
                              1er janvier 2015
                                    
                              
                              16 janvier 2015
                                
                            
                              
                                 
                              
                              Extrait du compte-rendu de la Lecture / Spectacle
                                
                              
                              « À la bonne adresse » au Théâtre Essaïon
                                
                              
                              à
                                l’intention de la
  
                              
                              Fondation pour la Mémoire de la Shoah 
                                
                              
                              
                                 
                              
                              […]
                                
                              
                              Bilan globalement plus que positif
                                quant aux retours très chaleureux et encourageants des spectateurs, émus… Cf.
                                Les nombreux commentaires des spectateurs, dont 6 exemples de lettres, choisies
                                par le professeur, parmi celles reçues des élèves des 3 classes de 3e du
                                collège de Bobigny, également ci-joints, 
  
                              et sur 
                                
                              
                              https://fr-fr.facebook.com/LeGrandtou
                                
                              
                              http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/letteleves.html
                                
                              
                               
                                
                              
                              Cette Lecture / Spectacle, programmée selon
                                les disponibilités de l’Essaïon, est hélas tombée au
                                pire moment, qui perdure, de l’actualité.
  
                              
                              Si bien que la fréquentation certainement due
  à un concours de circonstances a été loin de la hauteur de nos espérances - fêtes
                                juives de la mi-septembre jusqu’à début octobre, rentrée théâtrale, vacances
                                scolaires, manifestations et mouvements sociaux répétés, et surtout pour notre
                                tristesse, intérêt plus que réservé des institutions et médias quant aux
                                contenu et message du spectacle…
  
                              
                              Nous remercions la Fondation pour la Mémoire de la Shoah de son soutien financier pour la réalisation des représentations de la Lecture
                                / Spectacle « À la bonne adresse » au
                                Théâtre Essaïon, et, par avance, pour le versement du
                                  solde restant dû.
  
                              Veuillez recevoir, Mesdames, Monsieur,
                                l’assurance de notre entière considération.
  
                              
                              […] 
                                
                              
                              Micheline Weinstein
                                
                              
                              Vice-P. de l’association Le GrandTOU
                                
                              
                              
                                 
                              
                              Rassemblement du 11 janvier 2015
                                
                              
                              http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/rass_11_01_15.html
                                
                              
                              
                                 
                              
                              18
                                janvier 2015
                                
                              
                              
                                 
                              
                              Si je
                                reste, sans restriction, solidaire de Charlie, je ne me suis pas jointe au
                                rassemblement national du 11 janvier 2015.
                                
                              
                              S’associer
  à une célébration où défilaient au premier rang des chefs d’État les
                                représentants de la Turquie, du Hamas et autres antisémites, au prétexte
                                d’antisionisme, n’était pas envisageable.  Encore moins aux accolades
                                chaleureuses à iceux dispensées.
  
                              
                              Dès le
                                lendemain, nous avons pu lire et entendre leurs déclarations antisémites, dont
                                appels au meurtre des Juifs et assister, via les médias, à leurs actes.
  
                              
                              À la
                                lecture du « Canevas pour un autoportrait
  », on aura compris qu’“adhérer”, quels que soient
                                les cas de figure, m’a été de tous temps incompatible. Ma conception de la
                                liberté de penser et de dire ce que je pense est in-adhérable, an-adhérente, il me faut réfléchir d’abord.
  
                              
                              
                                 
                              
                              Ce
                                rassemblement national traduisait-il le nouvel engouement pour l’usage du
                                concept d’“empathie” ?
  
                              
                              
                                 
                              
                              Nous avons déjà perçu que le lien
                                réciproque entre les individus conglutinés en une masse est de même nature que
                                l’identification qui prend sa source dans une communauté affective importante,
                                et nous pouvons présumer que cette communauté réside dans le type de lien qui
                                rattache au meneur. Un autre indice nous porte à dire que nous sommes bien loin
                                d’avoir épuisé le problème de l’identification et que nous nous trouvons devant
                                ce processus appelé “intuition” [“Einfühlung” = identification, intuition, empathie] par
                                la psychologie, qui occupe la plus grande part de notre perception de ce qu’il
                                y a d’étranger à notre moi chez l’autre. 
                              Freud
                                
                              
                              Psychologie
                                de masse et analyse du moi
                                
                              
                              
                                 
                              
                              m. w. 
                                
                            
                                
                              
                              ø
                                
                            
                              
                              Résistances à la psychanalyse
                                
                              
                              privées, publiques, didactiques…
                                
                              
                              ou
                                
                              
                              De la dénégation, une autre
  « théologie de la substitution »1
  
                              
[Les lectrices et lecteurs intéressés pourront, s’ils le souhaitent,
  trouver ici quelques extraits de ma lecture - à distinguer de traduction -
  des Résistances à la psychanalyse, à
  partir de trois écrits de Freud en allemand2. 
                              Déconcertée par le sort dévolu à la théorie freudienne et à son
                                auteur, lequel continue, depuis un demi-siècle, de faire l’objet d’un
                                ostracisme vulgaire en France3. De mon côté, je l’apparente à un
                                négationnisme, en ce qu’il a réussi à annuler la discipline en tant que
                                science, fût-elle humaine - si l’on excepte de nos jours auprès de la SPP4. Il m’est en effet apparu qu’après un siècle écoulé, ces résistances étaient
                                restées fixées au stade infantile propre au « Complexe d’Œdipe » du monde d’avant-hier.
                              Les réflexions, commentaires, notes, arguments plus étoffés… figurent
                                dans une apostille annexe, disjointe de ce travail, laissant à la lectrice ou
                                au lecteur éventuels la liberté de s’y reporter ou non.]
                              
                              ø
Freud
  
                              
                                
                            
                                
                              
                              Il
                                est possible que nombre d’entre nous aient du mal à renoncer à la croyance
                                qu’il existe, inhérente à l’humain, une pulsion de perfectionnement qui a porté
                                de nos jours son esprit à ce haut niveau de performance et de sublimation
  éthique, dont on pourrait espérer que son évolution obtienne qu’il accède au
                                surhomme. Seulement, je ne crois pas en une telle pulsion intrinsèque et ne
                                vois aucun moyen de cultiver cette apaisante illusion.
  
                              
                              […]
                                
                              
                              La pulsion
                                refoulée ne cesse jamais de chercher à obtenir entière satisfaction, qui ne
                                serait que la répétition d’une expérience de satisfaction initiale.
  
                              
                              Freud • Au-delà du principe de plaisir
                                
                              
                              
                              ø
                                
                              
                              
                              Sur
                                l’histoire du mouvement analytique • 1914
                                
                            
                                
                              
                              [Plus d’un siècle après la désignation par
                                Freud du nom propre « Psychoanalyse »5, la copule “et” entre
                                les termes “résistances” et “psychanalyse” pourrait s’apparenter à une
                                tautologie6…
                                Par ailleurs, J.-B. Pontalis, dans sa préface
  à « Sur l’histoire du mouvement… » évoque ainsi Ferenczi :]
  
                               
                              
                                 
                                « Pathologie des
                                associations » - [Ferenczi] sait, qu’il s’agisse de groupements politiques, sociaux ou
                                  scientifiques, qu’y règne la “mégalomanie puérile, la vanité, le respect des
                                  formules creuses, l’obéissance aveugle et l’intérêt personnel”. Il souligne, sans
                                  mâcher ses mots, l’analogie entre tout groupe humain et la famille : ici
                                  comme là, amour et haine pour le père, qu’on est prêt à évincer, à anéantir, à
                                  enterrer […] ; rivalité et jalousie entre les frères ; tentatives de
                                  tous ordres pour obtenir les faveurs du père. […] Ferenczi pressent même que,
                                  dans les sociétés psychanalytiques, les choses n’iront pas mieux, tout au
                                  contraire : les passions, transferts et identifications aidant, risquent
                                  fort d’y être exacerbées, les conflits plus violents…
                                  
                                
                                
                              
                              […] 
                              C’est ainsi que, le temps passant, je me
                                suis délibérément refusé le plaisir sans égal de lire les œuvres de Nietzsche,
                                ne voulant être entravé d’aucune façon par quelque idée préconçue pour élaborer
                                ce que la psychanalyse m’avait enseigné. Pour ce faire, je devais être disposé
                                - et je le suis sans difficulté - à renoncer à toute revendication de priorité
                                dans les cas fréquents où la laborieuse investigation psychanalytique ne peut
                                que ratifier les points de vue acquis intuitivement par les philosophes.
                              La théorie du refoulement est donc le
                                pilier d’angle sur lequel repose l’édifice de la psychanalyse, autrement dit
                                son principe fondamental, qui n’est en soi rien d’autre que la formulation
                                théorique d’une expérience reproductible à volonté, laquelle agit auprès d’un
                                névrosé sans que l’on ait recours à l’hypnose. C’est alors que se manifeste une
                                résistance qui s’insurge devant le travail analytique, alléguant, pour lui
                                faire échec, une perte de mémoire. Et c’est vraisemblablement cette résistance
                                que camoufle l’usage de l’hypnose ; c’est pourquoi, ce n’est qu’après
                                l’innovation technique du renoncement à l’hypnose que commence véritablement
                                l’histoire de la psychanalyse en tant que telle. Reconnaître théoriquement la
                                spécificité selon laquelle cette résistance coïncide avec une amnésie, mène
                                alors inéluctablement à l’hypothèse d’une activité psychique inconsciente,
                                laquelle est spécifique à la psychanalyse et qui, pour le moins, se différencie
                                nettement des spéculations philosophiques sur l’inconscient. Ainsi, l’on peut
                                dire de la théorie psychanalytique qu’elle vise à rendre intelligible deux
                                processus qui se manifestent de façon singulière et inattendue chez un névrosé,
                                pour faire remonter à leur source les symptômes morbides émanant de son
                                historique personnel : le fait du transfert et celui de la résistance.
                                Tout axe de recherche qui reconnaît ces deux faits et les admet comme base de
                                son travail est en droit de se nommer psychanalyse, même s’il aboutit à
                                d’autres résultats que les miens. Mais il sera malavisé pour celui qui aborde
                                le problème par d’autres voies et déroge à ces deux conditions préalables, s’il
                                persiste après cela à se nommer psychanalyste, de se soustraire au blâme de
                                détournement de la propriété par “mimicry” [mimétisme].
                              […]
                              Ce que j’avais de sensibilité personnelle
                                s’émoussa à mon avantage au cours de ces années. Toutefois, si l’amertume me
                                fut épargnée, ce fut grâce à un contexte qui ne privilégie pas toujours les
                                promoteurs7 esseulés. Ceux-ci sont généralement taraudés par le besoin d’élucider les
                                causes de l’indifférence ou du rejet qui émanent de leurs contemporains, et
                                qu’ils perçoivent comme une lourde résistance à la solidité de leur propre
                                conviction. Je n’avais pas besoin de cela, puisque la théorie psychanalytique
                                me permettait de concevoir cette posture de l’environnement comme une
                                conséquence inévitable des hypothèses fondamentales de l’analyse. S’il était
                                exact que les interrelations que j’avais découvertes étaient maintenues à
                                l’écart du conscient chez les névrosés par des résistances affectives internes,
                                alors ces résistances apparaissaient à l’identique chez les bien portants, dès
                                que quelqu’un d’extérieur les amenait à prendre connaissance de ce qui était
                                refoulé.
                              ø
                                
                              
                                
                              Les
                                résistances à la psychanalyse • 19258
  
                                
                              
                              
                                
                                  Aujourd’hui pas plus
                                    qu’hier, je n’ai l’intention de donner en exemple préséance à ma personne,
                                    surtout pas comme modèle, encore moins comme Vénérable • Freud
                              
                              [Extrait de sa lettre du 10 mai 1909 à Oskar Pfister, en exergue de
                                l’introduction de Ilse Grubrich-Simitis à Selbstdarstellung, Sigmund Freud Lebensgeschichte und die
                                  Anfänge der Psychoanalyse]
                                
                          
                              
                              Quand
                                le nourrisson dans les bras de sa nurse se détourne en hurlant à la vue d’un
                                visage étranger, quand le pratiquant célèbre chaque laps de temps par une
                                prière et salue d’une bénédiction les prémices de l’année, de même, quand le
                                paysan refuse d’acheter une faux sous prétexte qu’elle ne porte pas la marque
                                de fabrique habituelle de ses parents, il semble alors logique, devant ces
                                situations d’une diversité au premier coup d’œil évidente,
                                d’attribuer à chacune d’entre elles des causes distinctes.
  
                              
                              C’est
                                ainsi que nous avons tort de ne pas prendre en compte ce qu’elles ont de
                                commun. Dans chaque cas, se manifeste un déplaisir (une aversion ?9)
                                de même nature : chez l’enfant, il se formule de façon rudimentaire ;
                                chez le pratiquant, il se manifeste par un apaisement factice ; pour le
                                paysan, il sert de prétexte à sa décision. Or, la source de cette aversion témoigne
                                de la dépense d’énergie psychique qu’exige ce qui est nouveau pour la vie de l’esprit, à laquelle s’associe une intranquillité intellectuelle qui développe une attente
                                chargée d’angoisse. La réaction psychique devant ce qui est nouveau en tant que
                                tel devrait nous inciter à faire l’analyse de la chose, car dans certains
                                contextes moins sommaires, l’on peut observer un mode d’être opposé,
                                c’est-à-dire le désir de se jeter sur tout ce qui est inédit, tout simplement
                                parce que c’est nouveau.
  
                              
                              Dans
                                le domaine des sciences, il ne devrait y avoir aucune place pour la peur de l’inédit.
  
                              
                              La
                                science, dans son insuffisance et sa perpétuelle incomplétude, exige d’espérer
                                son salut dans de nouvelles découvertes et une nouvelle herméneutique10.
                                Afin de n’être pas stupidement déçue, elle a avantage à s’armer de scepticisme
                                et à n’entériner ce qui se présente comme nouveau qu’après l’avoir d’abord
                                sérieusement mis à l’épreuve. Il arrive incidemment que ce scepticisme mette en
  évidence deux caractéristiques inattendues. Il se dresse violemment contre ce
                                qui est nouveau, tout en ménageant avec grand respect ce qui est déjà reconnu
                                et tenu pour vrai, et ainsi se contente, sans la moindre investigation
                                préalable, de le récuser11. C’est alors que, ce faisant, ce
                                scepticisme se révèle comme n’étant qu’un prolongement de cette réaction de
                                défense contre ce qui est nouveau, obscurantiste, primitive, afin de la
                                maintenir. C’est bien connu : combien de fois, dans l’histoire de la
                                recherche scientifique, est-il arrivé que la nouveauté se heurte à une
                                résistance opiniâtre et intense, dont le cours des choses a montré par la suite
                                qu’elle était sans aucun fondement, alors que cette nouveauté recelait une
                                valeur de première importance. Ce qui provoquait la résistance était, dans
                                l’ensemble, dû à certains facteurs propres à la nouveauté en soi, alors que par
                                ailleurs, des facteurs latéraux essayaient d’agir de concert pour rendre
                                possible l’ouverture d’une brèche dans la réaction primitive.
  
                              
                              La psychanalyse, que l’auteur avait entrepris de développer à
                                partir des découvertes de Joseph Breuer, presque 30 ans auparavant à Vienne,
                                sur l’origine des symptômes névrotiques, se heurta à un accueil
                                particulièrement désagréable. On ne peut contester son caractère de nouveauté,
                                bien qu’elle ait exploité quantité de matériaux déjà largement connus se
                                référant à l’enseignement du grand neuropathologiste Charcot, ainsi que des indices propres au domaine des phénomènes hypnotiques.
                                Visant à créer une méthode nouvelle et efficace de traitement des affections
                                névrotiques, la portée de la psychanalyse fut, à l’origine, exclusivement
                                thérapeutique. Mais des interactions que l’on n’avait tout d’abord pas décelées
                                lui permirent de dépasser de loin son objectif initial. Elle put enfin faire
                                valoir qu’elle avait procuré une base nouvelle à notre conception de la vie
                                psychique et prendre ainsi une place éminente dans tous les domaines d’un
                                savoir fondé sur la psychologie. Après avoir été complètement dédaignée toute
                                une décade, elle devint subitement l’objet d’un intérêt général des mieux
                                partagés - et déchaîna une tempête de récusations horrifiées.
  
                              
                              […]
                                
                              
                              Dans
                                l’immédiat, nous laisserons de côté les formes sous lesquelles la résistance à
                                la psychanalyse trouva à se manifester.
  
                              
                              […]
                                
                              
                              Ici,
                                notre intérêt sera axé uniquement sur ce qui motive la résistance à la
                                psychanalyse, en tenant particulièrement compte de sa nature composite et des
                                liaisons possibles entre ses éléments disparates.
  
                              
                              […]
                                
                              
                              Que
                                quelqu’un réussisse à isoler et à mettre en évidence la ou les substances
  éventuelles relatives aux névroses, serait alors une découverte qui n’aurait pas
  à craindre l’opposition de la part des médecins. Jusqu’à présent toutefois, la
                                voie n’est pas encore ouverte. Pour l’instant, seule la formation des symptômes
                                est appréhendée qui, par exemple dans le cas de l’hystérie, se présente comme
                                un combiné de désordres somatiques et psychiques. Or, les expériences de
                                Charcot, de même que les observations cliniques de Breuer, nous ont appris que
                                les symptômes somatiques sont psychogènes,
                                c’est-à-dire qu’ils sont un précipité de processus psychiques parvenus à échéance.
  
                              
                              […]
                                
                              
                              Les
                                médecins avaient été formés à ne privilégier exclusivement que les facteurs
                                anatomiques, somatiques et chimiques. Ils n’étaient pas préparés à prendre en
                                considération ce qui relève du psychisme, si bien qu’ils ne manifestèrent
                                devant la psychanalyse qu’indifférence et aversion.
  
                              
                              […]
                                
                              
                              Les psychiatres eux-mêmes, pourtant
                                assujettis en permanence à l’examen des phénomènes psychiques les plus
                                insolites et les plus étranges, ne témoignèrent d’aucune attention à l’analyse
                                des éléments qui les composaient, pas plus qu’à chercher à déceler leur
                                cohérence.
                              […]
                                
                              
                              Au
                                cours de cette époque de matérialisme ou mieux, de mécanisme12,
                                la médecine réalisa des progrès remarquables, mais témoigna par ailleurs de son
  étroitesse de vues devant ce qu’il y a de fondamental et de plus grave dans les
                                problèmes de la vie.
  
                              […]
                                
                              
                              Par
                                contre, on aurait pu s’attendre à ce que la nouvelle théorie ait une chance de
                                rencontrer l’approbation des philosophes, eux qui étaient rompus à établir des
                                concepts abstraits - les mauvaises langues diraient : des mots nébuleux -
                                au faîte de leur explication du monde ; il ne s’avérait donc guère
                                possible pour eux d’être choqués par la psychanalyse, laquelle frayait une voie
  à l’extension du champ de la psychologie. Or là, on se heurta à un obstacle
                                supplémentaire. Le psychique des philosophes n’était pas celui de la
                                psychanalyse. Dans leur écrasante majorité, les philosophes désignent le
                                psychique par ce qui ressort exclusivement d’un phénomène conscient. Pour eux,
                                le périmètre de la sphère du conscient est en adéquation avec celui du
                                psychique. Par ailleurs, d’autres données relevant de l’“esprit”
                                [« Seele »], si difficiles à déceler, sont
                                ravalées par eux au rang de théories organiques ou de processus parallèles au
                                psychisme. Ou, strictement parlant, pour eux, l’esprit
                                n’a d’autre substance que le phénomène du conscient, la science de l’esprit, la
                                psychologie, n’ayant donc pas d’autre objet. Sur ce point, le non-instruit [Laie, ou inexpérimenté]13 ne
                                pense pas autrement.
  
                              
                              Que
                                dira alors le philosophe devant une théorie pour laquelle, comme l’affirme au
                                contraire la psychanalyse, le psychique en soi est inconscient, tandis que la cognition - le conscient - est une
                                simple qualité qui peut ou ne peut pas compléter un acte psychique isolé, et
                                qui, si elle fait défaut, ne l’altérera en rien. Cela va de soi, le philosophe
                                dira que juxtaposer les deux termes, psychique et inconscient, est un non-sens,
                                une contradictio in adjecto14, et négligera de reconnaître que, par ce
                                jugement, il ne fait que répéter sa propre définition - peut-être limitée - de
                                ce qui relève du psychique. Cette conviction est rendue facile aux philosophes,
                                en tant qu’elle est étrangère au matériel dont l’investigation astreignit les
                                analystes à tenir pour vrai les actes psychiques inconscients.
  
                              
                              […]
                                
                              
                              Si,
                                encore une fois, nous jetons un œil sur les résistances à la psychanalyse
                                décrites ici, nous pouvons dire que seule une minorité d’entre elles
                                s’apparente à celles qui s’élèvent habituellement contre la plupart des
                                innovations scientifiques de la plus haute importance. La majorité d’entre
                                elles sont dues à ceci, que le contenu de leur théorie choque d’intenses
  émotions humaines.
  
                              
                              […]
                                
                              
                              Seules
  également, des difficultés extérieures contribuèrent à renforcer les
                                résistances à la psychanalyse. Il n’est pas facile d’accéder à un jugement
                                autonome sur l’analyse, si l’on ne l’a pas expérimentée sur soi-même ou encore
                                pratiquée auprès de quelqu’un d’autre, ce qui ne peut se faire si l’on n’a pas
                                acquis au préalable une technique bien définie et très délicate, alors que,
                                jusqu’à présent, la conjoncture ne favorisait pas l’accès à l’apprentissage de
                                la psychanalyse et de sa technique.
  
                              
                              […]
                                
                              
                              Pour
                                conclure, l’auteur peut, sous toutes réserves, se demander si sa singularité de
                                Juif, qui n’a jamais songé à dissimuler sa judéité, n’a pas contribué à
                                l’antipathie de l’environnement envers la psychanalyse. Un tel argument ne fut que
                                rarement énoncé de vive voix. Nous sommes hélas
                                devenus si défiants que nous ne pouvons éviter d’envisager que ce facteur soit
                                totalement resté sans effet. Ce ne fut peut-être pas tout à fait un hasard si
                                le premier porte-parole de la psychanalyse fut un Juif. Faire reconnaître la
                                psychanalyse exigeait d’être assurément prêt à accepter la solitude dans
                                l’adversité, destin qui, plus que tout autre, est familier à un Juif.
                                
                              
                              
                              ø
                                
                              
                              
                              Nouvelle série
                                de conférences pour un accès à la psychanalyse • 1933
  
                              
                              
                              […] la résistance est pour nous l’indice le plus sûr d’un
                                conflit. Ici, une force tente de traduire quelque chose, tandis qu’une autre,
                                ne le tolérant pas, se dresse contre ce signal. Ce qui aboutit au rêve
                                manifeste, lequel peut alors résumer toutes les décisions dans lesquelles ce
                                combat entre les deux efforts s’est condensé. Or, jusqu’à un certain point,
                                l’une des deux forces peut être parvenue à faire passer ce qu’elle signifiait,
                                tandis qu’en un autre point, l’instance intolérante a réussi à effacer
                                parfaitement le message énoncé ou à lui substituer quelque chose qui n’en
                                révèle plus la moindre trace. Pour ce qui concerne la formation du rêve, les
                                cas les plus fréquents et les plus caractéristiques sont ceux dans lesquels le
                                conflit s’est résolu par un compromis, de telle sorte que l’instance visant à
                                informer a, certes, pu exprimer ce qu’elle signifiait, mais non pas de la façon
                                dont elle le voulait - c’est-à-dire seulement acceptable, défigurée, rendue
                                méconnaissable. Si donc, au cours de notre analyse du rêve, le rêve ne restitue
                                pas fidèlement le langage15 [ou
                                texte] du rêve, sans recourir à un nécessaire travail d’analyse pour combler la
                                faille qui divise les deux forces, c’est alors le succès de l’instance
                                réfractaire, inhibitrice, restrictive, que nous avons déduite de notre
                                perception de la résistance. Aussi longtemps que nous avons étudié le rêve
                                comme un phénomène isolé, indépendant des formations psychiques qui lui sont
                                apparentées, nous avons nommé cette instance le Censeur du rêve.
  
                              Vous savez de longue date que la censure
                                n’est pas une modalité propre à la vie du rêve. Que le conflit, entre deux
                                instances psychiques que nous désignons - approximativement - par “conscient”
                                et par “refoulé inconscient”, domine incontestablement toute notre vie
                                psychique, et que la résistance à l’analyse du rêve, marqueur de la censure
                                dans le rêve, n’est rien d’autre que la résistance due au refoulement, qui
  écarte l’une de l’autre ces deux instances. Vous savez également que du conflit
                                entre ces deux instances procèdent, sous certaines conditions, d’autres entités
                                psychiques qui, comme dans le rêve, résultent de compromis, et vous n’attendrez
                                pas de moi que je me répète pour vous exposer tout ce que nous savons des
                                formations de tels compromis, puisque cela figure dans l’Introduction à la théorie des névroses16.
                              […]
                              Vous le savez parfaitement, nous l’avons
                                souligné dès le tout début, l’être humain tombe malade d’un conflit entre les
                                exigences de la vie pulsionnelle et la résistance qui, en son for intérieur, se
                                dresse contre elles.
                              […]
                              En 1921, dans une étude sur la psychologie
                                de masse, j’ai cherché à développer la distinction entre Moi et Surmoi. J’ai abouti
  à une formule telle que : une masse psychologique est formée d’un groupe
                                d’individus qui ont absorbé la même personne dans leur Surmoi et où, sur le
                                socle de cette communauté, chacun a identifié son Moi à celui des autres. 
                              […] 
                              Comme vous le savez, toute la théorie
                                psychanalytique est à proprement parler construite à partir de l’observation de
                                la résistance que nous oppose l’analysant dès lors que nous essayons de lui
                                rendre conscient son inconscient. Le signal évident de la résistance est que ce
                                qui lui vient à l’esprit tombe en panne ou s’écarte largement du thème abordé.
                                Il peut arriver qu’il reconnaisse subjectivement la résistance, en ce que,
                                quand il se rapproche du thème, il l’éprouve comme une sensation pénible. Mais
                                ce dernier indice peut faire défaut. Nous disons alors au patient que sa façon
                                d’être laisse supposer qu’il se trouve alors en état de résistance, ce à quoi
                                il répond qu’il ignore tout de cela, il est simplement conscient que ce qui lui
                                vient à l’esprit est comme entravé. Ce qui signifie que nous avions vu
                                juste ; dans ce cas, la résistance était donc, elle aussi, inconsciente,
                                tout aussi inconsciente que le refoulé que nous avons travaillé à exhumer. La
                                question aurait dû être soulevée depuis longtemps : de quel sous-ensemble
                                de la vie psychique émanait-elle ? La réponse sera vite à la portée du
                                débutant en psychanalyse : il s’agira, bien sûr, de la résistance de
                                l’inconscient. Réponse ambiguë, inutilisable ! Si avec cela on s’imagine
                                qu’elle émane de l’inconscient, il nous faut alors dire : certainement
                                pas ! Au refoulé, nous devons plutôt attribuer une forte impulsion, un
                                puissant désir de se frayer un passage vers le conscient. La résistance ne peut
  être qu’une manifestation du Moi, chez qui le refoulement a, en son temps, été
                                accompli, et qu’il tient désormais à maintenir. D’ailleurs, de tout temps, nous
                                l’avons toujours conçu ainsi. Depuis que nous en sommes venus à admettre une
                                instance spécifique dans le Moi, instance qui est le Surmoi, lequel représente
                                les exigences restrictives et répulsives, nous pouvons dire que le refoulement
                                est l’œuvre de ce Surmoi, qui agit de lui-même ou par l’intermédiaire du Moi
                                inféodé à ses ordres17. Si alors se présente le cas où, dans
                                l’analyse, la résistance n’affleure pas à la conscience de l’analysant, cela
                                signifie, soit que le Surmoi et le Moi, dans des situations sévères, peuvent
                                agir inconsciemment, soit - et ce serait encore plus marquant - que la
                                quote-part de chacun des deux, le Surmoi et le Moi, est inconsciente. Dans les
                                deux cas, nous devons reconnaître - réalité peu réjouissante - que (Sur)moi et conscient d’un côté, refoulé et inconscient de
                                l’autre, sont loin de coïncider.
                               
                              
                                
                              Post-scriptum
                                • 1935
                                
                            
                              à
                                
                              
                              Autoportrait
  • 1925
  
                              
                                
                              
                              […] Qu’il me
                                soit permit ici de conclure mes informations autobiographiques. En d’autres
                                termes, sur ce qui concerne ma vie personnelle, mes luttes, mes déceptions et
                                mes succès, le public n’a aucun droit d’en apprendre davantage.
                                
                              ø
                                
                              
                              
                              Constructions dans l’analyse
  • 1937
  
                              
                              
                              Un homme de science éminent, que j’ai toujours
                                tenu en haute estime en ce qu’il a manifesté sont respect pour la psychanalyse
  à un moment où la plupart des autres ne s’y sentaient pas obligés, a tout de
                                même eu une fois des paroles aussi offensantes qu’injustes sur notre technique
                                analytique. Il prétendait que lorsque nous exposons nos interprétations à un
                                patient, nous agissons contre lui, selon le principe tristement célèbre : Heads I win, tails you lose18.
  
                              […]
                              Comme on le sait, l’objectif du travail
                                analytique est d’amener le patient à débloquer les refoulements, en place dès
                                son plus jeune âge - refoulement étant entendu dans son sens le plus large19 -, pour leur substituer des réactions
                                qui correspondraient à un état de maturité psychique. […] Nous savons que ses
                                symptômes et inhibitions existantes sont les conséquences de tels refoulements,
                                donc des substituts de ce qui a été oublié.
  
                              […]
                              Quel est donc le travail de
                                l’analyste ? Il doit, à partir des indices échappés à l’oubli, deviner ou,
                                plus précisément, construire.
                                Comment, quand et dans quels termes l’analyste transmet-il sa construction à
                                l’analysant, les arguments qui l’accompagnent, c’est cela qui instaure la
                                jonction entre les deux composantes du travail analytique, entre sa partie et
                                celle de l’analysant.
                              […]
                              Que, dans les études sur la technique
                                analytique, nous entendions si peu parler de “constructions”, tient à ce que,
                                au lieu de construction, on parle d’interprétations et de leur impact. Or, je
                                pense que construction est de loin l’appellation adéquate. Interprétation
                                relève de ceci, que l’on ne traite qu’un élément isolé du matériel, une
                                incidence, un lapsus, etc. Alors qu’une construction consiste à présenter à
                                l’analysant un fragment oublié de ses antécédents… […]
On a évidemment considérablement exagéré
  le danger d’égarer le patient par la suggestion, en lui “bourrant le crâne”
  avec des choses auxquelles on croît soi-même, et qu’il ne devrait pas tolérer.
  Il faudrait que l’analyste se soit comporté d’une façon franchement incorrecte
  pour qu’il ait pu rencontrer un tel accident de parcours ; c’est alors
  qu’il devrait, avant toute chose, se sentir coupable de ne pas avoir laissé au
  patient la possibilité de parler librement20.
    
                              […]
                              Il est exact que nous ne souscrivons pas
                                au “non” de l’analysant, qui ne nous satisfait pas pleinement, de même que nous
                                considérons aussi peu son “oui” comme plausible ; quel que soit le cas,
                                nous accuser de transformer son énoncé en le réinterprétant comme une
                                affirmation est tout à fait immérité. En réalité, les choses ne sont pas aussi
                                simples et ne nous facilitent guère notre conclusion.
                              Le “oui” net de l’analysant est équivoque.
                                Cela peut en effet indiquer qu’il admet le bien-fondé de la construction
                                entendue, mais peut être aussi bien vide de sens, voire même ce que nous
                                appellerions “hypocrite”, dans la mesure où cela conforte sa résistance en ce
                                que, de surcroît, par une telle approbation, cette résistance maintient la
                                vérité sous silence. Ce “oui” ne vaut que s’il est suivi d’une validation
                                indirecte, à condition que le patient produise, dans l’instant qui suit son
  “oui”, des souvenirs21 originaux, qui étayent et parachèvent la
                                construction […].
                              Le “non” de l’analysant est tout aussi
  équivoque et, de fait, encore moins exploitable que le “oui”. Il ne témoigne
                                qu’exceptionnellement d’une récusation justifiée ; la plupart du temps, il
                                s’agit de la manifestation d’une résistance causée par le contenu de la
                                construction proposée, mais peut aussi émaner d’un autre facteur inhérent à la
                                complexité de la situation analytique22.
                              […]
                              Je vais terminer cette communication
                                succincte par quelques remarques susceptibles d’offrir de plus larges
                                perspectives. J’ai été frappé, dans plusieurs analyses, par ceci que la
                                transmission d’une construction indiscutablement exacte suscitait chez les
                                analysants un phénomène inattendu et au premier abord indéchiffrable. […] La
  “poussée” ascendante produite par le refoulé, avivée par la construction
                                explicite, avait cherché à frayer, à d’importantes traces mnésiques, un chemin
                                jusqu’au conscient ; une résistance avait réussi, non pas certes à enrayer
                                le mouvement, mais à le déplacer vers des objets adjacents, subalternes. 
                              […]
                              [Les] souvenirs auraient pu être qualifiés
                                d’hallucinations si la croyance en leur bien-fondé ne s’était ajoutée à leur
                                limpidité. C’est alors que l’analogie prit tout son sens quand mon attention
                                fut, dans un autre contexte, lequel n’était assurément pas psychotique, attirée
                                par l’émergence épisodique de véritables hallucinations. Après réflexion, j’en
                                vins à penser ceci : le caractère générique de l’hallucination n’a
                                peut-être pas encore été suffisamment examiné en tant que reflux d’une chose
                                advenue en un temps reculé, laquelle fut ensuite oubliée - quelque chose que
                                l’enfant a vu ou entendu alors qu’il ne maîtrisait pas encore le langage, et
                                qui s’impose alors au conscient, mais défiguré et décalé sous l’effet de forces
                                qui résistent à ce reflux. Ainsi, en fonction du rapport étroit de
                                l’hallucination avec certaines formes de psychoses, notre ligne de pensée s’est
                                alors développée. Il est fort possible que les formations délirantes, où sont
                                presque toujours enchâssées ces hallucinations, ne soient pas aussi autonomes
                                que nous voulons communément l’admettre quant à la poussée ascendante qu’opère
                                l’inconscient et le retour du refoulé. En règle générale, dans le mécanisme
                                d’une formation délirante, nous ne mettons l’accent que sur deux facteurs,
                                d’une part celui de fuir le monde réel, avec les causes de cet évitement, et de
                                l’autre, l’influence qu’exerce, sur le contenu du délire, le vœu qu’un désir se
                                réalise23.
                                Mais ce processus dynamique ne serait-il pas plutôt celui selon lequel la fuite
                                devant la réalité de la poussée du refoulé serait exploitée pour imposer son
                                contenu au conscient, pendant que les résistances, stimulées par ce processus
                                et la tendance au vœu de réalisation de désir, se partageraient la
                                responsabilité de la falsification et du décalage de ce qui est remémoré ?
                                Il s’agit là du mécanisme, bien connu de nous, identique à celui du rêve que,
                                dans des temps immémoriaux, l’intuition des Anciens avait déjà assimilé à la
                                folie.
                              Je ne considère pas cette conception du
                                délire comme entièrement nouvelle, toutefois, elle souligne un point de vue qui
                                n’occupe généralement pas le devant de la scène. Il est essentiel d’affirmer
                                que la folie, tient non seulement d’une méthode, comme le poète l’a déjà perçu24,
                                mais qu’elle contient aussi un fragment de vérité
                                  historique25, et il y a tout lieu de supposer que la
                                croyance compulsive conférée au délire tire précisément sa force d’une telle
                                source infantile. Je ne dispose aujourd’hui pour établir cette théorie que de
                                réminiscences, non d’impressions récentes. Cela vaudrait assurément la peine,
                                sur la base des hypothèses développées ici, de s’employer à étudier les
                                symptômes de tels cas, pour ensuite mettre en place leur traitement. On
                                renoncerait à s’empresser inutilement de convaincre le malade de la folie de
                                son délire et de sa discordance avec la réalité ; au contraire,
                                reconnaître le noyau de vérité permettrait de trouver un terrain d’entente sur
                                lequel le travail thérapeutique pourrait se développer. Ce travail consisterait
  à libérer le fragment de vérité historique de ses altérations et de ses étais
                                sur la réalité présente, pour le rediriger sur les traces du passé auquel il
                                appartient. En général, le déplacement d’un passé très lointain, oublié dans le
                                présent ou dans l’attente de l’avenir, se produit tout aussi bien chez le
                                névrosé. Le plus souvent, quand un état d’angoisse lui fait redouter que
                                survienne quelque chose de terrifiant, il est en fait sous la pression d’un
                                souvenir refoulé qui cherche à passer dans le conscient, mais ne peut y
                                parvenir, alors c’est, qu’en effet, une chose terrifiante s’est réellement
                                produite à l’époque. Je pense qu’une telle approche auprès des psychotiques
                                serait un enseignement du plus grand intérêt,…26
                              […] 
                              Les formations délirantes des malades
                                m’apparaissent comme équivalentes aux constructions que nous bâtissons dans le
                                traitement analytique, lesquelles sont des tentatives d’élucidation et de
                                restauration qui, dans les données de la psychose, ne peuvent toutefois
                                conduire à rien d’autre qu’à remplacer le fragment de réalité que l’on avait
                                dénié dans le présent par un autre fragment que l’on avait également dénié dans
                                un passé ancestral. Il appartiendra à l’examen [clinique] individuel de révéler
                                les relations intimes entre le substrat du déni actuel et le refoulement
                                d’origine. De même que notre construction n’agit qu’en ce qu’elle restitue un
                                fragment de ce qui fut perdu au cours de l’histoire d’une vie, de même le
                                délire doit sa force de persuasion à la part de vérité historique qu’il
                                substitue à la réalité déboutée. De telle sorte que le délire relèverait du
                                principe identique à celui que j’ai autrefois énoncé pour la seule hystérie,
                                selon lequel les malades souffrent de leurs propres réminiscences. Cette brève
                                formule ne visait, à l’époque, ni à contester la complexité de ce qui cause27 la maladie, ni à exclure l’impact de tant d’autres facteurs.
                              ø
                                
                              
                              
                              Notes des
                                extraits de « Résistances à la psychanalyse »
  
                              
                                
                              
                                  Pour
                                  une approche de la substitution en France de la psychanalyse et du nom de Freud
                                  par ceux de Lacan, cf. Conférence à l’assemblée nationale des Amitiés
                                    judéo-chrétiennes de France à Montpellier, 5 juin 2006, par Rivon Krygier.
                                    
                              
                              
                              
                                
                              
                              
                              
                              
                              
                                
                                Il
                                  est loisible de prendre connaissance de la vie sexuelle de Freud, de ses
                                  espoirs et déceptions, des causes réelles de dissensions transférentielles dans
                                  le mouvement analytique, avec et entre ses élèves, ses (parfois faux) amis, ses
                                  correspondants… Pour ce qui l’en est de sa vie intime, Freud les évoque
                                  ouvertement dans sa volumineuse correspondance privée bien que publiée ;
                                  quant aux dissensions, elles sont également éditées dans ses œuvres considérées
                                  comme complètes à ce jour. De telle sorte qu’aujourd’hui, la SPP et ses antennes, reconnues d’utilité publique, assurant
                                  une formation théorique, technique et clinique - autrement dit thérapeutique -, serait seule habilitée
                                  à authentifier l’intitulé et la fonction du Psychanalyste,
                                  ce qui mettrait fin aux “autorisations de soi-même” prônées par Lacan,
                                  lesquelles permettent à tout un chacun, non professionnel, de s’auto-nommer “psychanalyste”, en même temps que d’utiliser
                                  le nom propre de « Psychanalyse », créé par Freud, sans aucune gêne
                                  ni considération pour son auteur. Bien que, comme dans toute société humaine,
                                  la SPP ne puisse hélas garantir la pratique et les
                                  conduites de ses anciens élèves, une fois authentifiés par l’institution.
                                  Devenue en France, grâce à l’énorme influence sur les médias de la
                                  multinationale lacanienne (avec son staff de “Cartels”), un objet qui ne prétend à nul service, qui ne sert à rien
                                    ou dont la fonction est si futile qu’on devine bien que sa création n’a pas été
                                  dictée par un besoin, c.-à-d. un gadget (CNRTL) à l’usage de tous, pour qui n’est pas
                                      sensible à l’étymologie. [Cf. développé
                                        dans « Commentaires… »]
                                      
                                  
                                
                                
                              
                              
                              
                                  Tautologie = du grec tauto logos, le fait de dire la même chose. Copule = de copula, lien, union, mot
                                qui lie deux termes, en particulier le sujet et le prédicat ; son
  évolution = accouplement charnel, lien
    moral. Prédicat = terme qui dit quelque chose de l’autre.
  
                              
                                
                              
                              
                                
                              
                              N. B.  Demeure aléatoire
                                le fait d’insérer la théorie psychanalytique, la biographie de Freud, la
                                pratique analytique, le cursus de formation des analystes, qui nécessitent une
                                psychanalyse personnelle préalable, dans les programmes scolaires,
                                universitaires généraux et médias, où l’inconscient est évacué. Cf. à ce sujet
                                et à titre d’exemples, Freud, Ferenczi, Bernfeld…
                                
                              
                              
                              
                              
                              
                              
                              
                              
                              
                              
                              
                              
                              
                              
                              
                              
                              
                              
                              
                              
                              
                              
                              
                              
                              
                              
                              
                              
                              
                              
                              
                              
                              
                                
                              
                              
                              
                              
                              
                                 Ce qui détermine = l’étiologie.