Psychanalyse et idéologie

Tania Bloom • Journal ininterrompu 1967-2018

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Il est plus facile d’élever un temple que d’y faire descendre l’objet du culte

Samuel Beckett • L’innommable

Cité en exergue au « Jargon der Eigentlichkeit » par T. W. Adorno • 1964

It is easier to raise a temple than to bring down there the worship object

Samuel Beckett  « The Unspeakable one »

Underlined in « Jargon of the authenticity » by T. W. Adorno • 1964

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Personne n’a le droit de rester silencieux s’il sait que quelque chose de mal se fait quelque part. Ni le sexe ou l’âge, ni la religion ou le parti politique ne peuvent être une excuse
Nobody has the right to remain quiet if he knows that something of evil is made somewhere. Neither the sex or the age, nor the religion or the political party can be an excuse

Bertha Pappenheim

point

ψ  = psi grec, résumé de Ps ychanalyse et i déologie. Le NON de ψ [Psi] LE TEMPS DU NON s’adresse à l’idéologie qui, quand elle prend sa source dans l’ignorance délibérée, est l’antonyme de la réflexion, de la raison, de l’intelligence.

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© Tania Bloom [Micheline Weinstein]

Journal ininterrompu 1967-2018

Ce Journal ininterrompu sera mon testament-témoin. J’ignore encore aujourd’hui si le temps qui m’est compté me permettra de recenser l’ensemble de mes travaux depuis 1967, dont une volumineuse partie figure sur notre site. J’essaierai ici d’en résumer le contenu*.
M. W.

* N. B. Après mon départ pour un autre monde. Saïd Bellakhdar, sans lequel, ni l’association ψ  [Psi] • LE TEMPS DU NON, ses publications-papier, ni son site et ses publications, n’auraient été créés depuis 1989 sous leur forme encore actuelle, a bien voulu accepter de se charger de recueillir l’ensemble de mes travaux et de veiller à leur devenir.

 

En vrac

 

 

Extension des post-it • Juin 2016 à 2018

 

20 janvier 2018

Prélude

Je ne vais pas m’étendre sur le fait qu’exégètes, épistémologues, idéologues, philosophes, philologues, linguistes s’exercent à une lecture qui recouperait Freud ; tentative de récupération qui définit très exactement ce que les psychanalystes souhaitent préserver, c’est-à-dire une position d’extraterritorialité. Reste l’étranger, pas forcément celui de Camus, mais peut-être celui dont parlaient Aristote et Socrate. Un autre étranger qui nous vient de fort loin et dont l’analyste a à soutenir la position, en un temps d’inflation des lectures, des écritures, des psychothérapies, de la médicalisation de la psychanalyse et de la psychanalysation de la médecine à travers cette interrogation que pose toujours la psychiatrie. Chacun y trouve son compte, mais au crédit ou au débit, on ne le sait pas, et, d’une certaine façon, ça continue de nous poser question, voire de soulever notre inquiétude et même notre angoisse à chacun ou à tous, dans la morosité, le suicide parfois ou, au contraire, dans la surcompensation des choses ; rions-en... et gardons de l’humour !

Ceux qui ne sont pas psychanalystes, je les ai appelés dans un séminaire, il y a deux ou trois ans, des Efnarques, - c’est-à-dire des Épistémologues Freudiens non Analystes -, ceux en somme qui parlent le mieux de Freud parce qu’ils peuvent l’articuler à Marx, Nietzsche, Socrate, etc. Rien à voir avec la discipline clinique de l’analyste qui travaille en secteur, en dispensaire ou dans son cabinet sur le plan et dans le champ de la tradition libérale de la médecine du temps de Freud. Rien à voir avec les questions qui se posent aux psychanalystes in situ, hic et nunc, à chaque séance, à partir d’un contrat qui définit la méthodologie freudienne, telle que Freud l’a inventée, et non pas telle que nous allons la réinventer ; on ne peut jamais réinventer. Freud l’ayant élaborée, trouvée, expérimentée, écrite, décrite, soutenue à sa façon, et à sa seule façon (voir la bande dessinée pleine d’humour dont je parlais tout à l’heure, qui souffle un peu d’air frais dans le mauvais freudisme orthodoxe), il ne s’agit pas de réinventer la psychanalyse, mais de savoir que la tâche du psychanalyste, après Freud, est de supporter d’être chaque fois réinventé par tel ou tel sujet, telle ou telle demande, tel homme, telle femme, telle névrose, telle perversion, telle psychose. Autrement dit, lui qui a pu lire les livres, avoir une formation analytique, une analyse dite didactique, lui qui a pu se servir de son analyse didactique pour éventuellement régler ou ne pas régler les problèmes économiques de sa libido, comment va-t-il se faire réinventer comme analyste par la demande qui viendra l’interroger, le concerner, voire le cerner au niveau de son non-savoir ?

François Perrier

Le Mont Saint-Michel

Naissance d’une perversion

Éditions Arcanes, Paris, 1994

[Publié post-mortem F. P. par Jacques Sédat]

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Samedi dernier, ce samedi, je n’eus pas le loisir d’écouter jusqu’à sa fin Répliques, l’émission produite par Alain Finkielkraut sur France Culture. En cours d’émission, j’ai coupé la radio.

Dans quel dessein Alain Finkielkraut a-t-il invité Michel Serres ce matin ?

Cet éminent penseur, s’identifiant à un nouveau Cervantes, un nouveau Montaigne, un nouveau Rabelais des temps actuels, estimant au passage certains de ses propres ouvrages “puissants”, auxquels il comparait à l’horizontale, en comptable, la subversion inédite que lui-même crée grâce à l’évolution des sciences et des outils techniques, plus particulièrement dans l’éducation et sa transmission ? Pourtant, il semblerait qu’une partie non négligeable du monde pensant et parlant se dise en nos temps consternée par leurs effets délétères et s’interroge sur la production de trois générations d’ignorants involontaires connectés ?

 

Quel bénéfice réel de leur analyse en retirent les êtres de tous âges, auprès d’un vaste courant de psychanalystes, censés dans leur pratique les aider, en toute autonomie individuelle de penser et d’agir, à prendre conscience des symptômes qui plombent leur pernicieux mal-être, à le neutraliser, lesquels conditionnent leurs pensées et leurs agissements, voire leur retrait total du monde extérieur, parasitent leurs relations à l’autre (avec un petit “a” pour commencer).

Comment se fait-il qu’il ne soit pas venu à l’esprit du psychanalyste de Woody Allen (pour exemple), lequel répand à coup de “bons mots” son éloge depuis cinquante ans, d’engager ce dernier à réfléchir au concept psychanalytique de sublimation des pulsions, ici pédophiles ? Ou, si impossible de le lui faire entendre, au su de ses actes répétitifs, lui déclarer honnêtement que la poursuite de sa psychanalyse y était incompatible et devait s’arrêter là.

De même, pour les conjoints psychanalystes, l’entourage proche et autres amateurs du savoir, comment leur bienveillante attention n’a-t-elle pas songé à alerter leurs maris, femmes, amis, auteurs et acteurs de conduites délictueuses ancrées, compulsives, sur leur antagonisme avec le recours à une psychanalyse individuelle ou/et leurs discours sur la psychanalyse ?

 

11-15 janvier 2018

 

Actualité

 

Souvent, par intermittence, me fredonne en tête ce gospel :

 

Go down, Moses…

Paroles [anglais-français], chant par Louis Armstrong

https://www.lacoccinelle.net/268848.html

 

C’était mieux avant…, etc.” : je n’aime pas la condescendance de certains  intellectuels qui ont accueilli cette ritournelle. Elle est souvent une façon populaire populaire de se plaindre.

Oui, c’était mieux avant, mais quand ? Avec un minimum d’écoute de cette plainte, il suffirait de le demander à celles et ceux qui l’énoncent.

Et si l’on consentait à remplacer les qualifications irréfléchies de réac., tradi., rétrograde… par rétrospectives ?

 

Georges Ralli conclut Céline : Sein Kampf, écrit en avril [sic] 1989 ainsi :

 

Quand même, cette canonisation est en cours. Ces dernières années, d’innombrables écrits célèbrent les mérites de “la grande victime”. Suprême consécration, Céline est admis dans le “Paradis de la Pléiade”. Et aujourd’hui, critiques, écrivains, dessinateurs, chantent en chœur : GLORIA IN EXCELSIS CELIO !*

 

* Celio : aveugle.

http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/celineralli.html

 

Publication des écrits antisémites de Céline : avec la foultitude pulsionnelle débridée des éructations antisémites qui circulent sur les réseaux sociaux, je ne vois pas en quoi elle devrait être censurée. Pour peu que l’on estime la capacité mentale de vigilants représentatifs à autopsier l’idéologie, voire la pathologie du clivage d’un auteur entre son œuvre et ses actes, quelle serait la nécessité pédagogique de la commenter ? Les vocables, les discours, les actes, parlent d’eux-mêmes. En annexe : Gallimard pourrait-il envisager une édition intégrale des œuvres de Céline omettant ces écrits en leur temps publiés ?

Lu quelques félicitations pour la (re-)publication que j’estimais urgente de ce texte de Georges Ralli. Parmi ces courriers figuraient des abonnés depuis 1989, lesquels l’avaient reçu alors en format cahier-papier [n° 2], intitulé Entre l’avant et l’après, dont voici le sommaire :

 

Micheline Weinstein • Cinquante ans après

Martine Dreyfus • Entre l’Avant et l’Après

Georges Ralli • Céline, Sein Kampf

Juin 1989

Ils ne l’avaient donc pas lu.

Et toujours pas jusqu’en 2018. Il en est manifestement de même depuis des lunes chez les fervents intellectuels germanopratins (style littéraire, pour aller vite, de la revue L’Infini), dont quelques Juifs, de la lecture de nos publications sur les idéologies délétères, qui témoignent de leur incidence sur les esprits, les pratiques privées et professionnelles, propagées par Heidegger, Céline, Lacan et autres sommités de la littérature… 

Question récurrente : d’un point de vue éthique, qu’en est-il, depuis près d’un demi-siècle, de la responsabilité due à la transmission que l’immensurable courant de penseurs lacanisés et en tout premier lieu de psychanalystes - pour acquitter leur dette envers Freud - qui auraient, plutôt que de se faire élire au nom de la psychanalyse* dans les médias selon la coutume de journalistes, de philosophes, d’écrivains, leurs théories, en regard de leurs pratiques professionnelles, de leur idéologie, ne serait-ce qu’ébauché une mise en garde, une prise de position, quand bien même eurent-elles été illusoires, aspirant à essayer d’endiguer le démantèlement que nous connaissons du sens et de la valeur de la transmission, concept remplacé par l’impropre “devoir de mémoire”, dans tous les domaines ?

 

* Le nom de psychanalyse et son promoteur furent tant foulés que l’on n’emploie plus l’expression “psychologie de comptoir”, telle un médicament procuré sans ordonnance, mais “psychanalyse de…”. La pédance authentifierait-elle les clichés ?

 

Le magazine Causeur. En 2013, j’avais été intriguée par son chapeau : Surtout si vous n’êtes pas d’accord ! Il m’avait paru démocratique. Récemment, j’ai adressé via Causeur un courrier à l’intention d’Alain Finkielkraut, lequel avait été l’objet de réactions violentes à propos de sa mention (non-)“sous-chiens” dans son hommage à Johnny Hallyday. Pour éviter les baroufs indigestes, je l’y invitais une prochaine fois à ne pas omettre de citer ses sources, en l’occurrence le nom de l’auteur et les circonstances de cette locution vomitoire.

Réponse : néant.

Je sais mon penchant pédagogique. Fut-ce indifférence, condescendance ? N’étant pas actionnaire de Causeur, ma parole n’a sans doute pas sa place dans ce gotha.

Autre barouf : à propos des atteintes au corps donc à leur grave retentissement sur la psyché. L’entre-soi d’astres de toutes extraces, de par leurs privilèges à l’abri des agressions sexuelles, s’est élevé devant la quasi insurrection légitime des plébéiennes, fut toisé et globalisé sous l’appellation de “féministe” (oui, “metoo”, non, “balance…”), notamment par Finkielkraut. Et ce, dans un alarmant embrouillamini sémantique, où les prédateurs qui devraient tomber sous le coup de la loi sont, par défaut de clarté d’analyse et de style rédactionnel, ont fini dans nombre d’esprits par s’amalgamer aux pince-fesses mondains de tous les pays “unissez-vous”.

Du côté des saltimbanques nés dans la plèbe, j’ai repensé à Patrick Dewaere, à Marilyn Monroe, qui servit d’objet d’abattage sexuel où se rejoignirent Hollywood, les politiques, la mafia de la génération Kennedy. Et me suis demandé pourquoi la France rechignait à balayer devant sa porte (à ma charge : je n’utilise pas les réseaux sociaux).

Or, heureuse surprise, Charline Vanhoenacker y a pourvu sur France Inter. Sa parodie est désopilante :

 

VIDEO. “Faites pas vos mijaurées, réhabilitons DSK !” :

Charline Vanhoenacker répond à Élisabeth Lévy sur France Inter

Alors qu’une tribune parue dans Le Monde a défendu, mercredi, la “liberté d’être importunée”, Charline Vanhoenacker, dans sa chronique quotidienne sur France Inter, a entendu y répondre en prenant les atours de l’une de ses signataires, Élisabeth Lévy, rédactrice en chef de Causeur, dans une imitation hilarante, rouge à lèvres barbouillé en sus.

 

https://www.franceinter.fr/emissions/le-billet-de-charline-vanhoenacker/le-billet-de-charline-vanhoenacker-11-janvier-2018

 

 

 

Alain Finkielkraut est un vif défenseur de la virile galanterie, de même que de la séduction, qu’il semblerait confondre avec salacité, mais j’ai renoncé à essayer de le contacter via Causeur ou RCJ. Aussi, selon mon irrépressible marotte, je suis allée consulter CNRL. En voici quelques définitions choisies :

 

Galanterie

 

• Art de plaire en société, par une allure élégante, une politesse raffinée, des procédés obligeants, etc.

 

• Disposition à se montrer courtois envers les femmes, à les traiter avec déférence, à les entourer d’hommages respectueux, d’aimables prévenances.

 

• Procédé, présent, propos qui dénote une certaine élégance, obligeance, etc., et où se marque l’intention d’être agréable.

 

• [À propos d’un mode d’expr. littér. ou artistique] Caractère d’une œuvre qui traite avec grâce de sujets amoureux.

 

• Au sing., péjoratif. [À propos de femmes uniquement] Prostitution pratiquée dans des milieux généralement élégants ; p. méton., monde des courtisanes et des prostituées.

 

Séduction. Dans mes traductions, particulièrement celle de sa théorie de la séduction et son supposé abandon* par Freud, ainsi que dans mes travaux personnels, j’ai chaque fois veillé à traduire séduction [Verführung, également : détournement de mineur] par abus.

 

* Cf. Abandon par Freud dans sa lettre à Fliess du 21 septembre 1897, de sa Neurotica : fable des tous débuts, destinée à ne pas affaiblir publiquement le crédit envers la psychanalyse naissante, non plus que d’incommoder à la fois une possible patientèle combourgeoise et les notables des académies des sciences, dont certains membres illustres n’hésitaient pas à le qualifier de pornographe (juif ?). Des psychanalystes auraient-ils fait montre d’une négligence de lecture des textes freudiens, dont celle de L’Homme aux Loups n’est qu’un exemple ? Précaution publique de la part de Freud, qui valut à Ferenczi, par le monde psychanalytique de l’époque, un vigoureux rejet de ses observations sur la fréquence indéniable des abus sexuels dans tous les milieux.

 

Pour une meilleure approche de l’évolution et des conséquences toujours traumatiques des abus sexuels, se reporter à :

 

http://psycha.ru/fr/dictionnaires/laplanche_et_pontalis/voc284.html

 

Mozart. Proximité sublime entre musique sacrée et musique profane. Ce qu’en effet, nous nommons sublimation

 

 

  28 décembre 2017 - 02 janvier 2018

 

De mon seul point de vue…

 

De mon point de vue, c’est-à-dire de par mon héritage culturel et pour aller au plus bref, la déconstruction audible de la pensée a commencé dans “les fameuses années vingt” (Adorno) du XXe siècle, en Allemagne par la musique dodécaphonique*, en France par l’ombrageux surréalisme, concurrent du Dada de langue d’origine allemande. À l’exception de Salvador Dali, non français, auto-déclaré, conscient d’être un génie international, le seul surréaliste digne de représenter cette appellation.

L’écriture musicale devint horizontale, suivie par l’abandon en peinture de la troisième dimension, celle de la profondeur.

 

* Le 18 février 1923, Arthur Schnitzler écrit à Olga Schnitzler, au retour de l’audition chez Alma Mahler du Pierrot lunaire de Schönberg, que cette œuvre lui a inspiré un franc malaise, entremêlé d’une froide admiration. Esprit, saillies, bizarrerie - mais point d’âme.

Sur le climat à Vienne, dans son Journal, le 7 février de la même année : … propos sur les affiches à pogrome des nationaux-socialistes. Sur l’antisémitisme en général. Je le nomme trouvaille que la bassesse humaine n’avait jamais connue [N. B. = dans la Vienne de François-Joseph].

Schnitzler et Freud s’étaient, à l’initiative de Freud, rencontrés en 1922 et, outre la correspondance qui s’ensuivit, se croisèrent quelquefois au cours de différentes manifestations de la vie culturelle animée par la bourgeoisie juive viennoise. Sur ce qui les différenciait (théorie du rêve, Dora…, La Ronde, l’écriture de la psychanalyse et l’écriture littéraire, … … …), lire l’étude de fond de Michel Schneider, Lu et entendu : Freud, James, Nabokov, Pessoa, Proust, Rancé, Schnitzler, PUF, 2013. Sur les diagrammes de Schnitzler et les mathèmes de Lacan, cf. éventuellement Chapitre I de mes Travaux 1967-1997.

Par ailleurs, 10 ans avant que Stekel fût exclu en 1933 à la fois du Parti communiste allemand et de la Société psychanalytique de Vienne, Schnitzler, inflexible, le qualifiait d’“escroc”.

 

Au surréalisme, s’opposèrent avec moins de succès mondain, toutefois tenus en grande estime par leurs pairs éminents, des écrivains, des artistes au savoir mathématique, littéraire, musical, pictural, les pataphysiciens, les oulipiens…

Du côté de la psychanalyse, après la Deuxième Guerre mondiale, de plus ou moins jeunes candidats psychanalystes, à la différence de l’Angleterre et de l’Allemagne, fascinés tout en le dénigrant par le « Way of life » américain - et possiblement par inclination pour l’argent, le « Roi dollar » de Freud -, désertèrent en masse le respectable Institut de formation à la psychanalyse de la rue Saint-Jacques à Paris, considéré avec hauteur comme démodé, pour se précipiter dans la nouvelle École de Lacan, lequel ne demandait rien si ce n’est mobiliser des recrues de préférence susceptibles d’assurer sa renommée, pour établir sa prééminence cosmique sur la théorie psychanalytique, l’usage thérapeutique ne l’intéressant pas.

Les déportés juifs revenus des camps et les rescapés de tous âges, psychanalystes confirmés, demeurèrent fidèles à l’Institut.

Seule à ma connaissance parmi cette génération de psychanalystes, Anne-Lise Stern se rallia à ce qui devint un vaste corps, que pour ma part je comparais à « La Grande Muette » ou au choix à « l’Église de scientologie ».

Sinon le fait d’être Juive, femme non mariée et sans enfant, psychanalyste, en héritière directe sauvée bébé du désastre, notamment de la rafle du Vel’ d’Hiv’, Pupille de la Nation, je n’eus rien en commun avec Anne-Lise Stern. Je l’aimais pourtant, comme j’aimais sans distinction avec un quasi recueillement celles et ceux dont la vie au retour des camps de la mort incarnait le miracle. Ses traits lumineux de génie me coupaient le souffle. Hélas, restée encore niaisement crédule lors de nos premières rencontres, je ne comprenais pas pourquoi elle était interdite par les siens de parole psychanalytique publique, censurée et abondamment plagiée, ce dont elle se plaignait, bien que son adoration pour Lacan persistât et, comme font les enfants, s’étant identifiée aux principes occultes de son parti, elle rompit à la longue ouvertement notre amitié.

Contre quoi, le temps faisant son œuvre, patiemment la psychanalyse, qui est à mon sens une éthique, m’apprit à déchiffrer les palimpsestes.

Dans la pratique des institutions lacaniennes, l’analyse du rêve, celle de la sexualité, son influence décisive sur la structuration ultérieure du psychisme, disparurent. Séances ultra-courtes, calembours intitulés “mots d’esprit”, persiflages, allégeance servile à l’enseignement du Maître, les cabinets d’analystes avec leurs divans, fauteuils, chaises éjectables, devinrent des bureaux de renseignements à sa seule gloire.

La résistance liminaire à la psychanalyse, dont l’originalité consiste en un travail de fond partagé à juste équité entre l’analyste et l’analysant-e à la découverte, de et par chacun, de sa vérité*, toujours inachevée, toujours à advenir, continue de demeurer et de se manifester, imperturbable comme au temps de Freud, précisément par une tenace résistance à la psychanalyse.

 

* Vérité, cf. ci-dessous dans ce journal, passage entier de Trois poètes de leur vie par Stefan Zweig : Exiger d’un être humain la véracité absolue dans son autoportrait - et de façon générale - n’aurait pas plus de sens que d’en appeler à la justice, à la liberté et à la perfection absolues en ce bas-monde.

 

Les héritiers directs de la déportation furent et sont encore, au prétexte de traumas, mis en tas, considérés en malades à vie*, sans que ces gens, dans leur grande mansuétude, ne s’intéressent à la biographie* de chacun-e dont aucune, singulière au-delà des analogies invariantes, n’équivaut à une autre. Y compris celle de qui avait procédé à une psychanalyse freudienne approfondie, et quelquefois, était devenu-e psychanalyste. L’une de mes analystes, célèbre lacanienne, lorsqu’à la première séance je lui fis part de ce qui m’amenait, par ces mots me laissa coite : “Je sais, je suis au courant.”

Mon point de vue sur l’utilisation médiatique de la déportation des Juifs par nombre de ces gens qui se réclament de son héritage, figure depuis 50 ans par intermittence dans mes travaux.

 

* Les orphelins de Juifs d’origine étrangère assassinés, nés pendant la guerre, furent dépossédés de toute espèce de racines, d’identifications à un sol, à une langue, à une culture, qu’il leur fallut adopter et assimiler pour pouvoir s’inventer et vivre normalement.

 

31 décembre 2017, suite de la lettre à Jean-Luc Mélanchon

 

Comme je l’ai écrit, la politique ne m’intéresse plus, je suis trop près de l’étape ultime pour essayer de me contrefaire et me conformer au style employée d’une entreprise américaine.

Puisque c’était mieux avant déplaît aux néo-modernistes, je souhaiterais entendre ce qui est mieux maintenant après que l’éducation des enfants dès le bas âge fut consciencieusement, durablement détruite, alors qu’elle est au fondement de la structuration psychique et citoyenne, de l’élaboration de la pensée, plus tard du libre choix d’avenir. Après qu’in utero déjà, les enfants naissent amputés de la perception du mot inconscient, donc de la chose même, de la soif naturelle de savoir. Espérons.

À la limite de l’infatuation fut d’emblée la référence initiale saugrenue à Jupiter, laquelle ne semble pas gêner grand monde tant il s’empresse de comparer à Bonaparte le président de la République, fantasme par un jeune homme qui n’a pas encore fait ses preuves d’une identification au Général de Gaulle, voire à la Royauté - mon peuple, Je veux… ! - et à d’autres personnalités de stature. Mais soyons magnanimes, revenons à Clemenceau :

 

Tout le monde peut faire des erreurs et les imputer à autrui : c’est faire de la politique.

 

• De la trivialité : envoi d’une pub à la TV pour l’exposition Monet Collectionneur au Musée Marmottan, inféodé semblerait-il à l’heure des communicants : Moi Claude Monet…, etc. ! Imagine-t-on Claude Monet qui n’a fait que regarder ce que [lui a] montré l’univers, déclarer Moi Claude Monet ? De même que son affectueux ami, Georges Clemenceau - Moi Clemenceau ! -, qui n’était certes pas un praticien du Moi, excepté l’une des rares fois, en minuscule, non en apposition - autrement dit étisie du Je, sujet : Pour mes obsèques, je ne veux que le strict nécessaire, c’est-à-dire moi. Il est difficile de résister à une autre pointe de Clemenceau : La vanité humaine est si grande que le plus ignorant croit avoir besoin d’idées.

 

• Locuteurs médiatiques communicants (comme des vases ?) de toutes professions, principalement journalistiques, mais aussi bien émanant de certains professeurs éminents, conférenciers invités du Collège de France, ayant pris des cours, non pas de rhétorique, mais d’expression orale, lesquels nous assènent en force un accent tonique sur la première syllabe de chaque mot. Serait-ce pour nous convaincre et si oui, de quoi ?

 

• À puritain, aujourd’hui lancé avec mépris par les dites “élites” (j’opterais plutôt pour les “élu-es”), qui classe “celles et ceux” (!) ne pensant et ne parlant pas comme l’entre-soi des coteries de bourgeois popotes tout de même plutôt nantis (cf. chansons de Brel et de Brassens), je préfèrerais compassé, rigoriste, qui me semblent plus justes en ce qu’ils s’adressent au commun des mortels, sans être connotés aux protestants ou, selon Simone de Beauvoir dans Les Mandarins, aux gens de gauche :

 

Vous êtes tous les deux des puritains, comme tous les gens de gauche, dit Volange en se tournant vers Henri ; le luxe vous choque, parce que vous ne supportez pas d’avoir mauvaise conscience.

 

En quoi l’idéologie sectaire de ces zélites se distingue-t-elle de celle des Quakers-et-Quakeresses, sinon sur un point sensible, l’austérité des mœurs que l’on ne saurait leur attribuer ? La philanthropie, leur pacifisme, leur charité - laquelle consent à faire “des gestes” en faveur des “démunis”, des pauvres, des migrants et j’en passe, mais pas des Juifs -, leur indulgence hypocrite, étant dérivés sans qu’ils songent à l’admettre des préceptes des Ancien et Nouveau testaments…

 

1er janvier 2018

 

Je freine des quatre fers devant la relecture de mes plus de cinquante ans de travaux. Plus ou moins deux mille pages. La vulnérabilité du “Moi” biographique y a de tous temps renâclé. Il est également possible que je résiste devant l’échéance ultime, le point final, la signature, le silence létal.

 

Vrac

 

• Il a manqué aux décisions sur la laïcité du gouvernement précédent de supprimer des espaces publics les symboles religieux architecturaux, figuratifs, le projet de remplacer le calendrier civil, à l’origine grégorien, dont les pauses fériées sont réglées sur les anniversaires nominaux chrétiens, afin d’en effacer toute trace hiératique, par le Calendrier républicain, décrété le 4 frimaire de l’an II (novembre 1793) !

 

• Je garde une reconnaissance absolument subjective à quelques grands personnages français des XVIe et XVIIIe siècles, par exemple : François 1er pour avoir recueilli Léonard de Vinci ; l’Abbé Grégoire pour son invitation à accorder aux Juifs des droits civils et politiques, à la liberté des cultes, à l’abolition de l’esclavage des noirs ; Napoléon pour l’assimilation des Juifs, mais non sans restrictions, même s’il y fut contraint dans le but d’assurer la paix civile…

Et, de par mes ascendants maternels tous disparus - comme les paternels par ailleurs ; au XIXe siècle dans l’Empire des Habsbourg, François-Joseph 1er, lequel accorda aux Juifs l’égalité des droits.

 

• Fut-ce parce que Moïse, sauvé bébé par la fille du Pharaon, n’était pas circoncis, que sa superbe épouse noire madianite, Sephora, obligée de circoncire leur fils pour parer à la colère du Dieu menaçant de tuer son époux s’il persistait à s’y refuser, que Freud, contrairement à la valeur qu’il avait jusqu’alors attribuée aux mythes*, avança en tant que “vérité historique” contestable l’existence de deux Moïse, l’un Égyptien, l’autre, beaucoup plus tardif, Juif ?

 

* Freud : Les mythes sont des satisfactions symboliques dans lesquelles le regret de l’inceste s’épanche. Ils ne constituent pas la commémoration d’un événement. Pour vérité historique, cf. même écrit de Stefan Zweig, cité plus haut. Si cela intéresse quelque chercheur, j’ai la photocopie en allemand de l’original de la thèse de Sellin, à partir de laquelle Freud étaya la sienne. C’est bien connu, mais risqué (cf. le négationnisme), avec un peu de patience, l’on finit par trouver ce que l’on cherche à prouver…

 

• Je ne comprends toujours pas la nécessité qu’ont les responsables tenants de la cause palestinienne, qu’ils soient familiaux, idéologues, plutôt qu’à enseigner posément les populations, notamment d’enfants dès le bas âge, d’ados de toutes conditions, sur l’incommensurable complexité du conflit, les poussent-elles par imitation de leurs propres postures, à la violence sauvage, à vociférer de préférence sous forme d’insultes antisémites.

 

• Cette étrange mode de désigner par musique les productions des “disk jockeys” consistant  à composer leurs programmes en rayant les vieux vinyles ?

 

• Plutôt que le cliché “politiquement correct”, j’inclinerais pour l’expression “pensée unique”.

 

C’est tout pour aujourd’hui, dans ce monde où l’on met grammaticalement le futur à la place de l’imparfait.

 

 

24 décembre 2017

 

Lettre à Jean-Luc Mélanchon

 

Paris, le 24 nivôse 2017

L’Oiseleur, l’Autour et l’Alouette

Jean de La Fontaine

Fables • Livre VI

 

Les injustices des pervers

Servent souvent d’excuse aux nôtres.

Telle est la loi de l’Univers :

Si tu veux qu’on t’épargne, épargne aussi les autres.

 

Un Manant au miroir prenait des Oisillons.

Le fantôme brillant attire une Alouette.

Aussitôt un Autour planant sur les sillons

Descend des airs, fond, et se jette

Sur celle qui chantait, quoique près du tombeau.

Elle avait évité la perfide machine,

Lorsque, se rencontrant sous la main de l’oiseau,

Elle sent son ongle maline.

Pendant qu’à la plumer l’Autour est occupé,

Lui-même sous les rets demeure enveloppé.

« Oiseleur, laisse-moi, dit-il en son langage ;

« Je ne t’ai jamais fait de mal. »


L’oiseleur repartit :

L’oiseleur repartit : « Ce petit animal

« T’en avait-il fait davantage ? »

 

Cher Jean-Luc Mélanchon

 

Pendant des années, j’eus une forme de sympathie à votre égard, à la mémoire des communistes que j’ai connus dans ma jeunesse, en particulier de nombreux communistes juifs d’origine étrangère  - Mitteleuropa, Allemagne -, naturalisés français, mes aînés de la génération précédente qui, leurs illusions écroulées, se sont méchamment fait virer sec du stalinien PC français en 1956 lors de l’insurrection de Budapest par les troupes soviétiques.

Vous aviez 4 ans et moi plus ou moins 14 ans et demi.

Presque 62 ans ont passé.

Je n’ai d’abord pas majoré votre complaisance envers les antisémites, vous-même ne l’êtes pas tant, de par ma biographie, j’ai d’iceux l’habitude. Mais je vous ai tout de même écrit à deux ou trois reprises ces dernières années, pour vous appeler à faire une mise au point publique, limpide, voire théorique, sur l’antisémitisme d’abord rampant, puis à livre ouvert, objet de tremplin à la défense de la cause palestinienne au prétexte d’antisionisme. En vain.

Il y a un an, lors des élections présidentielles, vous vous êtes adjoint un supporter ô combien médiatique, Gérard Miller, frère du gendre exécuteur testamentaire de l’œuvre de Lacan, s’auto-intitulant psychanalyste selon la recommandation de ce même Lacan, sans qu’aucun examen de contrôle sérieux ne lui fut jamais soumis ni un aval reconnu par des héritiers expérimentés de Freud.

Curieusement, ni Lacan soi-même (cf. Correspondance Marie Bonaparte - Rudolph Lœwenstein, élèves, exégètes freudiens et alii), ni son gendre, ni Gérard Miller, ne furent d’abord eux-mêmes analysés, selon le protocole obligé mis en place en 1913 sur proposition de Sándor Ferenczi.

Ils ne furent pas les seuls. Nous en sommes à la troisième génération de “et psychanalystes” médecins, psychiatres, philosophes, journalistes, commun des mortels, ainsi auto-intitulés, lesquels communiquent de préférence… des slogans…

C’est alors que ma relative écoute à votre idéologie s’est altérée.

Monsieur Mélanchon, homme lettré, avez-vous lu Le Livre des Snobs, par l’un d’entre eux, de William Thackeray ?

Enfin, récemment, lors d’un entretien télévisé, obéissant au principe d’“égalité” de traitement hommes-femmes, vous vous êtes permis, en éventuel nostalgique de la guillotine, de vous montrer d’une brutalité vulgaire, excusez la tautologie, vengeresse, envers Laurence Debray.

Rien, de quelque extrace soit-on originaire, de quelque idéologie soit-on pénétré, ne justifie une telle dégaine.

Ne m’intéressant plus à la politique, excepté aux plans éducatif et culturel plutôt bien représentés dans le gouvernement actuel par des responsables à l’articulation exemplaire, la diction de la langue française, soucieux de l’avenir des jeunes générations, je ne souhaite pas à votre style Bonne continuation pour pluviôse 2018.

 

P. S. Un beau cadeau à offrir pour fêter l’AN républicain XVIII, Vienne avant la nuit, de Robert Bober, P.O.L., septembre 2017, et au cinéma, Les Films du Poisson, et/ou un deuxième, à l’intention des doubles nationalités, Les Amnésiques, de Géraldine Schwarz, novembre 2017, Flammarion.

 

Tania Bloom

[Micheline Weinstein]

09-11 décembre 2017

 

Notes à l’intention de Paule Pérez et Claude Corman

 

[Liminaire • Il m’a semblé pertinent de rediffuser aujourd’hui l’analyse remarquable par Paule Pérez et Claude Corman du signifiant assimilation, parue sous le titre Notes sur l’assimilation, dans le n° spécial de Temps Marranes du 9 septembre 2012 et dont les lectrices et lecteurs intéressés trouveront ici le texte intégral en PDF ou auquel ils pourront se reporter à l’adresse suivante :

 

http://temps-marranes.fr/notes-sur-lassimilation-2/

 

 J’y ai adjoint quelques notes de mon cru en fin de texte et sur mon Journal ininterrompu, après en avoir soumis la lecture aux auteurs. M. W.]

 

ø

Notes

 

a • Choix du titre de son film « Shoah » [שואה, cataclysme] par Claude Lanzmann :

 

« Si j’avais pu ne pas nommer ce film, je l’aurais fait. Comment aurait-il pu y avoir un nom pour nommer un événement sans précédent dans l’histoire ? Je disais “la chose”. Ce sont des rabbins qui ont trouvé le nom de Shoah. Mais cela veut dire anéantissement, cataclysme, catastrophe naturelle. Shoah, c’est un mot hébreu que je n’entendais pas, que je ne comprends pas. C’est un mot court, infracassable. Un mot opaque que personne ne comprendra. Un acte de nomination radicale. Un nom qui est passé dans la langue, sauf aux États-Unis. »

 

Bien que je l’emploie de temps à autre, comme vous, Paule, je reste réticente devant cette appellation de « Shoah ». D’une part parce que suggérée, de plus en hébreu, à Lanzmann par des rabbins, elle implique ici une connotation religieuse dans laquelle je ne me reconnais pas ; certes, il fallait trouver un nom à cette œuvre colossale qui témoigne d’un hapax jusque-là a-nommable dans l’histoire du monde ; d’autre part parce que la dédicace qui en appelle à ce nom de « Shoah » est en sous-titre :

 

Et je leur donnerai un nom impérissable [Isaïe 56,5]

 

Or, dans le Livre d’Isaïe, cet extrait du verset lu dans ma Bible Osty, s’adressant aux eunuques, l’Éternel témoigne de sa miséricorde :

 

Car ainsi parle Yahvé :

Aux eunuques qui observent mes sabbats

qui choisissent ce que je veux

et restent fermes en mon alliance,

je donnerai dans ma Maison et dans mes murs

un monument et un nom

qui vaudront mieux que des fils et des filles

c’est un nom perpétuel que je leur donnerai [ou, selon les traductions : “je leur donnerai un nom impérissable”],

lequel ne sera pas supprimé

 

De même, l’application du terme génocide rendant compte des massacres sauvages et de ce que vous qualifiez avec justesse à propos des staliniens par exactions… :

 

… l’épisode de la République socialiste autonome du Birobidjan ne pouvant pas effacer l’ensemble des exactions commises par le pouvoir soviétique contre les minorités juives de l’ancienne zone de résidence des juifs sous le tsarisme, avec la claire volonté de russifier ces zones et d’en effacer la mémoire des anciens habitants.

 

… que s’infligent entre eux les humains depuis l’aube des temps, déjà bien avant que l’avènement de la transmission par la parole s’ingénie en vain de les contenir, me semble effacer la caractéristique de ce hapax ou résolution d’anéantir les Juifs et les Tziganes, un par un, où qu’ils se trouvent, laquelle fut pensée, concoctée avec soin avant d’être actée par des experts ès La Science, afin d’obtenir la destruction industrielle que nous savons, nommément les chambres à gaz. Géraldine Schwarz, dans son dernier livre, Les Amnésiques, résume ainsi avec clarté le phénomène :

 

… D’autant que beaucoup d’historiens ne traitaient la Shoah qu’en marge. L’un des rares à s’y attaquer frontalement était l’Américain-Autrichien Raul Hilberg, auteur de La Destruction des Juifs d’Europe, une œuvre magistrale qui décrit sur un millier de pages comment l’une des sociétés les plus industrialisées et modernes au monde mobilisa toutes ses ressources dans le but de tuer un peuple selon un mécanisme ordonné et efficace, dans le respect de la hiérarchie et de la division des tâches. Raul Hilberg eut la plus grande difficulté du monde à se faire éditer, y compris aux États-Unis où il fut rejeté par trois maisons d’édition avant d’être publié en 1961 à l’issue d’une longue odyssée [paru dans sa traduction française seulement en 2006]. Même la philosophe Hannah Arendt déconseilla l’éditeur de l’université de Princeton de publier l’ouvrage et le Mémorial israélien de la Shoah Yad Vashem refusa d’éditer le manuscrit parce qu’il allait contre la thèse dominante en Israël selon laquelle…

 

b • Vous écrivez dans Notes sur l’assimilation :

 

De plus, ces “assimilations” à l’Europe pour les uns et au monde ottoman et arabo-musulman, pour les autres, quoique dissemblables, se sont, on le sait, en grande partie brisées que ce soit là par la volonté d’extermination des nazis (et à un moindre degré des staliniens [je souligne]) ou ici par le processus de la décolonisation en Afrique du Nord, la naissance problématique d’Israël au cœur de l’Islam et surtout la Guerre des Six-Jours, trois événements qui ont successivement précipité le départ des juifs du monde arabo-musulman.

 

“… à un moindre degré” ? Ou, à la différence des nazis, avec leurs moyens du bord ?

 

c • Apartheid : Je me souviens avoir écrit déjà en 2005 dans l’un de mes textes, que ce signifiant était imprudent, après que Manuel Valls, rappelant les suites de la Guerre des Six-Jours, l’eut lancé me sembla-t-il à la va-vite, l’imputant aux conditions de vie des Palestiniens dans les territoires incorporés par les Israéliens, et repris en 2009 puis en 2015, dans la mesure où il n’est pas régi par les lois, à la différence de celui de ségrégation, bien qu’en commun les deux impliquent et mettent en active application le concept de race, il risquait de devenir une olla-podrida, un plat espagnol consistant en un ragoût de viande et de légumes lentement cuits ensemble [CNRTL]. J’aurais plutôt opté pour le terme de discrimination, étant entendu que, de mon seul point de vue, l’expression “discrimination positive” est un contresens.

 

11 décembre 2017

 

Chère Paule,

 

Je viens de recevoir votre BAT, accompagné de vos remarques pertinentes sur mes notes, dont votre réticence, que je comprends sans ambiguïté, sur celle qui relève du terme “apartheid”.

Il n’y a pas si longtemps - 7 ans -, lors de mon dernier séjour en Israël, avec des amis de là-bas - dont les parents et grands-parents, fuyant dans les années 20 les pogroms d’Europe Centrale, gagnèrent la Palestine d’alors et, en pionniers idéalistes, construisirent le futur État d’Israël -, excepté le vendredi, jour béni pour les Musulmans, nous faisions nos achats domestiques dans les villages arabes, où nous étions reçus avec bienveillance - n’était-elle que superficielle ? - dans les cafés locaux.

Je puis vous assurer qu’alors nos échanges croisés, notamment avec certains édiles, ne laissaient aucunement augurer d’une intention de ces pacifiques villages implantés dans le pays depuis des générations, de se soulever, voire de les quitter pour rejoindre,  s’il advenait enfin, un État Palestinien. Les habitants se sentaient pleinement à leur place dans un pays attentif aux usages d’une démocratie, et ne semblaient pas s’alarmer outre mesure du conflit de territoires, religieux, politique, que se livraient les deux parties, devenu sans merci depuis la Guerre des Six-Jours.

De mon côté, en 1967 j’étais jeune et probablement encore idéaliste, suite à la Guerre des Six-Jours, j’avais lancé à l’adresse d’Israël : “Rendez-leur leurs territoires et que l’on n’en parle plus !”.

Ce conflit, pour le peu que j’en sache aujourd’hui, se révèle aussi depuis quelque temps interne aux différents courants idéologiques israéliens, entre celui de son extrême-droite religieuse, de sa droite traditionnaliste et une large majorité qui menace d’atteindre son centenaire*, de tenants de la création de deux États.

C’est pourquoi je trouve imprécis d’accoler le vocable d’“apartheid” en le globalisant dans le sens d’une entité Israël où tout le monde serait uniment d’accord.

En annexe : je reste désolée que l’on continue de désigner les deux populations par Juifs et Palestiniens, qui pour le coup anathématise le signifiant Juif, comme si par les temps qui courent l’indéracinable antijudaïsme universel avait besoin de ce stigmate. Pourquoi pas Palestiniens et Israéliens ?

 

* Vous trouverez sur notre site l’intitulé et la contribution en 2009 d’Elena Bonner quant à l’échec des Accords d’Oslo à l’adresse suivante :

 

Lamentation à Oslo

par

Elena Bonner

Veuve d’Andreï Sakharov

Extrait d’un Forum sur la Liberté, Oslo, le 19 mai 2009

Français / Anglais

 

http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/elenabonner.html

 

 

20 novembre 2017

 

Ma réponse aux courriers balourds de la Papeterie Brancion

[Cf. Courrier précédent du 12 novembre 2017]

 

De : psychanalyse-et-ideologie04 <psychanalyse-et-ideologie04@orange.fr>

Objet : Fin

Date : 19 novembre 2017 14:34:12 HNEC

À : <f.b.@outlook.fr>, copie àLaure <laureassoc@orange.fr>

 

Monsieur,

 

Est-ce que moi, je vous ai traité de “pauvre c…” ? Pas même de “pauvre type”. Vous ai-je tutoyé ?

Que vous vous soyez excusé ou pas n’enlèvera rien à votre grossière personnalité, à votre âge, il est trop tard, on ne change pas de nature du jour au lendemain.

Par contre, excusez-moi, je suis très occupée et n’attends donc pas de réponse.

TB

À propos de l’“intelligence artificielle”

 

À la question sur la comparaison avec l’eugénisme nazi émise par un journaliste au commentaire de Luc Ferry, selon lequel, dans son livre-fiction, un penseur scientifique imaginait l’implantation future d’éléments d’“intelligence artificielle”* à partir de l’intelligence humaine pour régénérer les cerveaux déclinants, Luc Ferry répond que l’eugénisme nazi portait uniquement sur les faibles. Il n’a pas précisé s’il s’agissait des humains considérés comme “faibles d’esprit”, des Juifs dans leur ensemble, sans distinction de Q. I., ravalés en sous-hommes, des enfants, des jumeaux, de leurs mères, des femmes, sur lesquels trafiquait l’abject Mengele au nom de la science.

Cette prévision futuriste de l’écrivain évoqué, dont je n’ai pas retenu le nom, nous promettait-elle une perspective de conversion mécanique du cerveau en ordinateur ?

 

* Intelligence = de l’étymologie grecque αἴσθησις (aisthesis) et au XIIe siècle, du latin intelligentia, entendement, perception. Selon Kant ; Fonction mentale qui au moyen des catégories coordonne les données de l’expérience, l’interprétation finale étant l’œuvre de la raison [CNRTL]. A-t-on jamais vu, tenu en ses mains, entendu un engin, un automate, sinon forgés par l’intelligence humaine, faire preuve de son intelligence intrinsèque ?

 

De la musique

 

C’est dans les années 50, nous étions alors en fin d’études au lycée, que nous vinrent le rock, puis la new wave, la pop, etc. À l’époque, ces musiques, l’art qu’avaient les Muses d’harmoniser les sons, aussi bien les populaires que le jazz, étaient encore composées selon les principes classiques, disons horizontaux et verticaux, mélodiques et harmoniques et les amateurs comme les professionnels connaissaient la pratique de leurs instruments respectifs, lesquels ne valaient pas toujours une fortune. Elles avaient du relief, de la couleur, du modelé…

Je viens seulement ce matin de saisir le motif pour lequel je résiste nommer musique ce qui tonitrue en continu, à tel point que nous ne comprenons pas toujours les paroles qui accompagnent, ce qui nous tape, réduit à seulement deux temps (boum-boum), sur et dans la tête, fait de nous des sourds : à l’égal de la violence, a été banni ce qui ravive la valeur de toute chose, le SILENCE.

Lettre postale à Tabac-Presse-Loto-Brancion • Paris XVe

 

ψ  = psi grec, résumé de Ps ychanalyse et i déologie. Le Non de ψ [Psi] LE TEMPS DU NON s’adresse à l’idéologie qui, quand elle prend sa source dans l’ignorance délibérée, est l’antonyme de la réflexion, de la raison, de l’intelligence.

 

 

 


Association ψ [Psi] • LE TEMPS DU NON

cela ne va pas sans dire

à

Propriétaires

Tabac-Presse-Loto-Brancion - 75015 Paris

 

Paris, le 11 novembre 2017

 

Le 11 novembre 2017 à 15 h 49

 

Nous achetons un magazine dans votre établissement.

Nous demandons un ticket de caisse à l’intérimaire ce jour (?).

Réponse : - On ne donne pas de ticket de caisse dans les papeteries.

Nous insistons.

Rép. : - Le prix est sur le magazine.

Nous ré-insistons.

Furieux, il nous le fournit accompagné de jets d’invectives charmantes à l’une de nous, habituelles dans ce quartier et ailleurs dont à répétition :

- Dégage, pauvre conne, dégage.

À la réaction de cet individu, une fois sorties, Laure laisse tomber placidement cette remarque :

- Peut-être ne comptabilise-t-il pas toutes les ventes.

Clientes depuis des années, vous comprendrez que notre fréquentation de votre établissement s’arrête là.

Bien cordialement,

 

Signée : Laure Trainini, Micheline Weinstein

 

ψ [Psi] •Le temps du non

cela ne va pas sans dire

Site : http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr

e-mail : psychanalyse-et-ideologie04@orange.fr

 

Pourquoi Freud se montrait-il circonspect envers la publicité, le cinéma, les slogans ? Et, cela va de soi, les ragots. N’était-ce pas qu’une psychanalyse personnelle n’a pas à être livrée en pâture au public ? Tant et si bien que, ne respectant pas son désir d’absolue réserve, continuent de se répandre les allégations nauséeuses sur une liaison sexuelle avec sa belle-sœur Mina, sur l’homosexualité de sa fille Anna, sur le sexisme du promoteur de la psychanalyse, sur son abandon de sa Neurotica* (violences, abus sexuels**) dans la plupart de ses œuvres publiées. Hélas, sans que les auteurs de ces médisances n’aient selon toute vraisemblance lu Constructions en analyse, L’Homme aux loups, sa volumineuse Correspondance avec Ferenczi, et alii

 

* Sans cet abandon public, Freud, ce Juif, qui recevait principalement à ses débuts les descendants de bourgeois, hauts bourgeois juifs puis quelques non juifs viennois, lesquels lui confiaient leurs traumas sexuels au féminin, leurs turpitudes au masculin, sans doute effrayés à l’idée que cela s’ébruiterait dans les cercles mondains où l’on aime à papoter, qualifié d’entrée de jeu par les mandarins des institutions médicales, religieuses, de pornographe comme le fut par exemple Havelock Ellis, son cabinet de consultation ne serait-il resté désert et sa découverte délibérément ignorée ?

** Dont Freud témoigne dans sa correspondance suite à son stage à La Morgue lors de son séjour à Paris.

 

Revues de presse médiatiques, TV, radios, Internet, journaux… : se réfèrent à l’AFP pour en chœur dire mot à mot les mêmes choses et, pour les plus appliqués, au Figaro. De mon côté, voici une trentaine d’années que je me suis désabonnée du Monde, vraiment trop antisémite et que, grâces soient rendues à l’informatique, je trie mes choix de lectures ultérieures complètes d’articles parmi les Newsletters de tous bords auxquelles je suis immatriculée.

 

04 novembre 2017

Paule Pérez

Saïd Bellakhdar

Du statut du savoir

 

Le 3 nov. 2017, mailto:<paule.perez@wanadoo.fr> a écrit :

 

Bonjour Micheline,

 

J’espère que vous allez bien.

Quelques lignes autour de votre récent et pertinent commentaire sur “meilleur et pire”  et “a) et b)” au sujet de A. Finkielkraut.

Les deux thèmes abordés se mettent d’eux –mêmes  dans une sorte d’entrecroisement dont il ne m’appartient pas d’analyser la teneur chez leur émetteur en tant que personne.

En revanche, à partir du “texte”, je peux vous exposer la réflexion que cela a suscité chez moi et qui est justement double, à propos de la dualité.

D’une part à propos de l’ouvrage de Piedad Bonnett, vous y relevez judicieusement à cet égard, la distinction, fondamentale,  radicale, du statut du savoir entre schizophrénie et perversion.

D’autre part, pour ce qui est de Céline, et de ce qui animerait ses admirateurs,  j’avance l’hypothèse d’une autre dualité, cette fois dans une collusion, confusion, entre l’absolu (facteur mortifère par sa dimension d’extrême, excluant toute exception), et le sublime (facteur vital en tant qu’impliquant de l’élévation, donc de la transformation).

Il me semble en effet que les amateurs du Voyage au bout..., de Mort à crédit..., des Beaux draps..., ont amalgamé voire confondu deux notions, le sublime et l’absolu. Le lecteur subjugué n’y percevrait pas de partition, entre  l’absolu ou l’extrême des “opinions” de l’auteur tandis que la tension vers le sublime de son écriture qui précisément sublime la parole en une formulation caractéristique est une opération qui électrise le lecteur en un  trouble compréhensible.  

Dès lors cela se jouerait comme si dans les thèmes qu’il déploie, l’antisémitisme, passait “comme fondu”, dans l’avalanche de motifs de révolte si “justifiés” et… si sublimement écrits, criés à la plume.

Je pense qu’il se joue là un tour de passe-passe analogue à celui qui a su, si peu de temps après la fin de la guerre, maintenir au pinacle des lettres, les Brasillach, les Drieu, les Rebatet, les Morand  – toujours au nom de l’Écriture, du style  français, de la forme, à qui est donné un statut essentialisé. C’est là une question sans fin qui en renferme d’autres : le statut-même de la Littérature, l’incidence du Politique et bien sûr de l’Éthique, le rapport étrange, ambigu, du processus d’écriture ou du “cultivé” au “civilisé” qui  ici se mettent en opposition, le rôle de la pulsion et la violence.

Par ailleurs le discours même de Céline se promène dans un extrémisme “lyrique” de l’ultra extrême  droite, émaillé, ce qui n’est pas si surprenant, de quelques pépites anars ou quelque peu populistes, ce qui a suffi à enflammer les belles âmes.

La seule chose que j’aurais souhaitée est que certains qui ont pu étudier tout ça pondèrent juste leur regard, que leur enthousiasme quant au génial styliste ou révolutionnaire de la langue (si l’on veut), n’en fassent pas les alliés indirects ingénus d’un matériau de haine et de cruauté.

Il y a une notion très opératoire dans la langue hébraïque, peut-être aussi dans d’autres langues, qui se traduirait en français par distinction, discernement, séparation, c’est la Havdala*, qui mériterait autant de temps d’étude que celui que l’on peut passer à la lecture de Céline.

Merci donc, d’avoir pointé non sans bienveillance, et avec un sens réel de la distinction et du discernement, ce meilleur et ce pire.

Amicalement,

Paule Pérez

 

* Havdalah (en hébreu : הבדלה, de la racine hébraïque בדל signifie “distinguer, séparer”) est une prière juive qui clôt le Shabbat ou un Yom tov (jour de fête) et qui sépare le kodesh (saint, sacré) du ‘hol (ordinaire, profane), c’est-à-dire le passage du Shabbat aux jours normaux de la semaine.

 

Ex. en philosophie [adaptation à partir d’informations recueillies sur Internet parmi différents travaux non signés]

 

Selon le Zohar, la havdala (qui veut dire séparation, différenciation) est une prière qui intervient à la fin du Shabbath pour empêcher la domination : ici l’on touche moins à la connaissance qu’à la politique mais il est aussi question de la survie du monde. Pour ne pas être dominés, différenciez-vous ! Voilà ce que dit Nombres 16,21 : Différenciez-vous de cette assemblée. C’est pourquoi le méchant Aman vise précisément la différence dans sa haine de ne pouvoir tout dominer : On connaît le passage dans le Livre d’Esther (3,8) : « Il est un peuple…». Par ruse Aman fait comme si la différentiation empêchait la loi et l’égalité devant la loi. Alors que justement c’est la différenciation, en ce qu’elle rompt l’ordre de la domination, qui rend à la fois possible et nécessaire la loi, chargée d’accorder sans contradictions.

[…]

En conclusion, nous voyons qu’il y a une fécondité de la séparation, de la distinction, et c’est sans doute pourquoi allégoriquement le Zohar en fait une condition de l’union réussie du masculin et du féminin. Même sous la forme plus brutale du verbe “lehavsiq”, la séparation est essentielle à l’intelligence et à la vie : les sens du verbe hébreu montrent que séparer devient décider et établir. C’est un arrêt dans les divers sens du terme. Ce que nous traduisons par verset, à savoir “Pasouq” en hébreu, dans la Bible, est une séparation instituante et déterminante, un arrêt de la confusion, du bruit, de la rumeur.

 

ø

 

Message le 3 novembre 2017 de Saïd Bellakhdar

 

Le 03/11/2017, à 11:09, <said.bellakhdar@gmail.com> a écrit :

 

Le texte du Père Luc de Bellescize est remarquable et rejoint à sa manière certains propos freudiens par ses remarques sur ce qui est derrière la façade d’un humain ainsi que sur le Malaise dans la civilisation.

 

Très cordialement,

S. B.

 « Heureux ceux qui pleurent » 

Point de vue du Père Luc de Bellescize sur les faux-semblants

Homélie du mercredi 1er novembre 2017 • Église Saint-Germain-des-Prés

http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/pl-hom-tous.html

 

1er novembre 2017

Ce matin

 

Une proposition pour adoucir les escarmouches à propos de l’écriture inclusive.

Il ayant en français représenté jusqu’à nos jours le personnel neutre, puisque la requête officielle est d’ajouter des “e” partout avec ou sans point et pour mettre fin ou limiter cette absurde embrouille, peut-être pourrait-on à l’adresse du féminin substituer à il le joli sujet île qui lui irait si bien. Exemple : “Îles étaient consternées par…”

J’avais déjà proposé, sans avoir à modifier le libellé emblème de la République dans la Constitution, Liberté • Égalité • Fraternité, de simplement penser, Liberté • Équité • Solidarité, mais sans succès.

 

29 octobre 2017

 

De : psychanalyse-et-ideologie04@orange.fr

Date : 29 octobre 2017 13:46:13 HNEC

À : anne-catherine.lochard@radiofrance.com

CCi :

Objet : À l’intention d’Alain Finkielkraut

 

À l’intention d’Alain Finkielkraut.

 

Ci-dessous le courrier que nous avons diffusé hier à la suite de Répliques sur France Culture.

 

Nous ne pratiquons pas les réseaux sociaux.

 

Remarques annexes :

 

J’aurais dû intituler le courrier ci-dessous : Le passeur, pour le meilleur et pour le pire

 

- Jeudi 26 octobre, émission La Grande Librairie sur la 5, invité Fabrice Luchini + b - ce matin dimanche 29 sur RCJ, L’Esprit de L’escalier à propos de Renaud Camus, j’aurais attendu qu’Alain Finkielkraut :

 

a - Sur Céline. Plutôt que s’associer à Fabrice Luchini en approuvant, bien que du bout des lèvres, la musique dans l’écriture de Céline, contribuant ainsi largement à faire de la pub à ce dernier et à perpétuer l’engouement d’intellectuels français et d’éditeurs pour cet auteur, dont j’estime, écris depuis près d’un demi-siècle que le dégorgement sordide de ses éructations sur les Juifs ne relève plus de la littérature, mais d’une pathologie, Finkielkraut, sollicité, réponde a-minima“Je ne me prononcerai pas sur Céline”.

 

b - Qu’il fasse le parallèle ce matin entre Renaud Camus et Céline. 

Tania Bloom

 

28 octobre 2017

 

Ce qui n’a pas de nom

 

De : <psychanalyse-et-ideologie04@orange.fr>

Objet : Ce qui n’a pas de nom

Date : 28 octobre 2017 12:24:26 HAEC

 

Le passeur

 

Quelles que soient les opinions que d’aucuns portent à l’adresse d’Alain Finkielkraut, il serait insensé de ne pas lui reconnaître sa mission de passeur. 

Ainsi, à propos de l’usage irréfléchi, psittaciste, par les médias du vocable nosographique de schizophrène, dont le clivage d’une terrifiante impossibilité de vivre est amalgamé par ignorance délibérée à celui de son antagoniste, de pervers, lequel caractérise le squelette sur lequel les “premiers de cordée” organisent l’ordre social, Finkielkraut nous fait découvrir ce matin le livre de Piedad Bonnett qui, nous l’espérons, contribuera à mettre fin aux abus de langage (ex. nosographique, « Pervers narcissique » : la structure perverse est toujours narcissique).

 

Alain Finkielkraut

Répliques

Ce qui n’a pas de nom

9 h 07-10 h 00 - 53 mn

Samedi 28 octobre 2017 • France Culture

https://www.franceculture.fr/oeuvre/ce-qui-na-pas-de-nom

 

Description

 

Dans ce court récit, Piedad Bonnett raconte à la première personne le suicide de son fils Daniel, vingt-huit ans, qui s’est jeté du toit de son immeuble à New York. Il était schizophrène. Dans un milieu bourgeois, corseté par des conventions en tout genre, il n’est pas de bon ton de parler crûment de la mort et de la folie ; c’est pourtant ce que fait l’auteur, dans une langue sobre et sans effets de manche, avec une sincérité bouleversante. Elle raconte la stupéfaction du deuil, les formalités de la mort occidentale, mais aussi et surtout le combat inégal d’un jeune homme contre la folie qui le cerne. Une plongée dans la douleur qui ne verse jamais dans l’apitoiement ou l’impudeur : l’écrivain n’a que les mots pour dire l’absence, pour contrer l’absence, pour continuer à vivre.

« Un livre incandescent, courageux jusqu’à la violence, extraordinaire. Piedad Bonnett écrit depuis l’abîme et éclaire l’obscurité avec un texte pénétrant et indispensable. » Rosa Montero

Traduit de l’espagnol (Colombie) par Amandine Py

 


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ψ = psi grec, résumé de Ps ychanalyse et i déologieLe NON de ψ [Psi]  LE TEMPS DU NON s’adresse à l’idéologie qui, quand elle prend sa source dans l’ignorance délibérée, est l’antonyme de la réflexion, de la raison, de l’intelligence.

 

15 octobre 2017

 

À un responsable politique + copie à un juriste

 

De : <psychanalyse-et-ideologie04@orange.fr>

Objet : ?

Date : 14 octobre 2017 18:05:32 HAEC

À : R. A.

 

Cher R. A.

 

Dans l’affaire Harvey Weinstein, serait-il pertinent qu’un juriste ou autre habilité engage quelque chose ou écrive et diffuse largement un article, en incitant tous les Weinstein français qui le souhaiteraient à s’y associer, pour atteinte publique à la réputation des personnes qui portent ce patronyme, entaché gravement par icelui Harvey et les vautours médiatiques ? 

 

De mon côté, écœurée, cette affaire m’oblige à substituer dorénavant mon nom de plume dans mon Journal ininterrompu et prochains autres textes (cf. site et courriers) à ce patronyme à partir du peu que je sais de ma lignée maternelle, c’est-à-d. Tania Bloom (légèrement modifié, Blum en réalité).

 

Heureusement que mon association, ma petite troupe théâtrale, le site et d’abord moi-même, ont  par prudence toujours refusé de pratiquer lesdits “réseaux sociaux” (cf. injures antisémites), car cela doit canarder sec actuellement.

?

Bien cordialement,

Micheline Weinstein 

Autre adresse : sitassoc@orange.fr

ø

 

Vrac

 

Samedi 14-10-2017. Me trompant de chaîne, je zappe par erreur sur On n’est pas couché en cours, et j’entends Yann Moix*, évoquant les invariants pulsionnels et psychologiques inhérents à l’être humain, assimiler allègrement comme normaux les crimes sordides agis dans la réalité avec ceux représentés dans les sanglantes tragédies antiques (ex. Sophocle) ou plus tardives (ex. Shakespeare). C’est-à-dire confondre le symbolique, non pas avec le réel, mais avec la réalité. Il ne lui est pas venu à l’esprit que ces tragédies qui nourrissent l’imaginaire sont des constructions littéraires que nous pouvons apparenter à des mythes** servant, en tous cas chez Freud, de socles, de supports pour décrire l’universalité des pulsions destructrices humaines. Christine Angot, censée être familière de la psychanalyse, n’a pas moufté.

 

*   Joyce Carol Oates commet ce même type de raccourcis dans sa dernière publication, Paysages perdus.

 

** CNRTL - Récit relatant des faits imaginaires non consignés par l’histoire, transmis par la tradition et mettant en scène des êtres représentant symboliquement des forces physiques, des généralités d’ordre philosophique, métaphysique ou social

 

ø

 

Répliques, sur France Culture

 

Samedi 14-10-2017

Répliques

Lénine et la Révolution

https://www.franceculture.fr/emissions/repliques/lenine-et-la-revolution

 

À ma surprise, Finkielkraut interroge :

  

– N’y a-t-il pas un lien entre la Terreur et l’Utopie ?

 

Réponse de Jean-Jacques Marie :

 

Mais où est l’utopie là… qu’est-ce que… qu’est-ce que… le gouvernement bolchévique promet ou propose en octobre 1917 ? La terre aux paysans qui l’ont déjà prise assez souvent ; l’arrêt de la guerre, c’est-à-dire l’arrêt de la guerre, des discussions de paix pour arrêter la guerre, et ensuite un certain nombre de mesures qui seront prises dans les semaines qui suivront la prise du pouvoir, qui sont des mesures de réformes politiques civiles que le gouvernement précédent n’a pas prises, qui sont très modestes d’ailleurs mais qui sont très importantes… [J.-J. M. les détaille] Où est l’utopie là-dedans ? […] Si vraiment la terre et le pain, c’est l’utopie, alors vraiment c’est très modeste.

 

Sur Utopie, cf. une lettre de Rabelais à son fils

http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/courrier/entracte.html

 

ø

 

À Élisabeth Roudinesco

 

De : psychanalyse-et-ideologie04

Objet : France Culture

Date : 13 octobre 2017 10:52:41 HAEC

À : elisabeth.roudinesco@wanadoo.fr

 

Chère E. R.

 

Je viens d’écouter votre excellent entretien sur France Culture qui présentait votre Dictionnaire amoureux de la psychanalyse.

 

À une question que vous posait votre interlocuteur, probablement leurré par les intitulés courants, abusifs, [profession] et psychanalyste, j’ai apprécié votre juste mise au point : “Je n’exerce pas la psychanalyse.”

 

À propos de l’affaire Harvey Weinstein, j’ai apprécié la mesure, la sagesse, avec laquelle vous vous êtes gardée de commenter la chose, présentant l’argument imparable de méconnaissance générale du dossier de la part des vautours médiatiques.

 

À propos de l’omerta sur le droit de cuissage : [réflexions professionnelles que j’évoque depuis longtemps dans nombre de mes textes]… … …

 

De mon côté, cette affaire Weinstein, qui entache un patronyme, m’oblige à abandonner sans regret le “nom du père” réel ou symbolique auquel je substitue dorénavant mon nom de plume (formé et modifié à partir du peu que je sais de ma lignée maternelle) Tania Bloom (Blum en réalité). Écœurée, j’ai même songé un instant à faire poursuivre cet Harvey par tous les Weinstein français qui le souhaiteraient pour atteinte publique à la réputation des personnes portant ce nom.

 

Par ailleurs, je nuancerais, comme je le fais habituellement, l’utilisation de l’expression “pulsion de mort” (cf. retour à l’anorganique, primauté du principe de plaisir consistant à  agir le moins possible pour se maintenir le plus longtemps en vie), à distinguer, me semble-t-il, de la “pulsion d’agression” qui me paraît mieux convenir devant les maltraitances (par ex. pulsion irrépressible à acter les fantasmes sous toutes leurs formes dans la réalité), à commencer par les violences sexuelles, lesquelles sont lourdes de gravissimes conséquences sur la psyché. 

 

Mariage pour tous : j’ai soutenu, comme vous et beaucoup d’autres, l’union officielle des couples homosexuels*, l’égalité des droits, ainsi que l’adoption. Ma seule restriction qui n’engage que mes toquades linguistiques portait alors sur le mot “mariage” que je cède volontiers aux religieux de toutes provenances. J’avais proposé, pour éviter tout le ramdam que nous subissons encore, une nette séparation, c’est-à-dire celle de laisser le vocable “mariage”, que je trouvais ridicule, aux unions dans les églises, synagogues et autres lieux de culte, et “Pacs” amendé légalement, définitivement, aux unions civiles en mairies.

Bien cordialement,

Tania Bloom (Micheline Weinstein)

 

* Il y a une mise au point d’Anna Freud sur la position qu’elle pensait certaine de Freud devant l’homosexualité s’il avait pu connaître de son vivant l’évolution des progrès conceptuels en ce domaine. La citation figure quelque part in extenso dans l’un de mes textes sur le site, qui est un tel fatras que je ne sais plus où. 

 

ø

 

13 octobre 2017

 

À une correspondante

 

Ce vendredi, j’essayais de faire entendre de vive voix à une correspondante qui ne s’intéresse pas à la psychanalyse mais qui s’emmêlait les rayons dans ses points de vue sur le comportement de certaines personnes, les caractéristiques de la perversion et son incompatibilité avec la psychanalyse.

C’est ainsi que j’en suis venue à lui relater combien il m’avait fallu d’années de persévérance pour imposer à des (non-)lecteurs de nos documents divers, d’abord en publications-papier, puis sur notre site, qu’ils n’effacent pas systématiquement en l’ignorant, comme elle-même d’ailleurs, le ψ [Psi] de l’intitulé de notre association, ψ [Psi]Le temps du non, déclaré comme tel, excepté le [Psi] à la préfecture depuis 1989, avec sa traduction qui figure sous le logo :

 

ψ psi grec, résumé de Ps ychanalyse et i déologie. Le Non de ψ [Psi]  LE TEMPS DU NON s’adresse à l’idéologie qui, quand elle prend sa source dans l’ignorance délibérée, est l’antonyme de la réflexion, de la raison, de l’intelligence.

 

J’ai fini par ajouter le [Psi] entre crochets après que des collègues psychanalystes m’ont demandé ce que signifiait ce “signe” ψ (!).

Alors, au choix, pour les non-familiers du grec :

• un chandelier ;

• le trident de Poséidon ;

• les cornes du Minotaure ;

• celles de Lucifer, l’Ange déchu ;

• celles d’Hadès, 

 

 

?

08 octobre 2017

Nom de plume

De : psychanalyse-et-ideologie04@orange.fr

Objet : Nom de plume

Date : 8 octobre 2017 10:55:35 HAEC

À : Laure <laureassoc@orange.fr>

 

Laure, à partir de maintenant, ayant lu dans la presse et médias qu’un des frères Weinstein (tycoons du cinéma) était l’objet de poursuites pour harcèlements sexuels répétés depuis des années et malgré ses vœux de contrition, je remplace dans mes textes et courriers le patronyme paternel par le nom de plume que j’ai choisi d’après ce que je sais de la lignée maternelle, Tania Bloom.

W. 

Vrac

 

 Ce dimanche, le dimanche. Amendements de mes travaux cinquantenaires, accompagnée du coffret Bach qu’interprète Zuzana Ruzickova. Elle vient de nous quitter pour son 90e anniversaire.

Pour la première fois ce matin, m’est venue à l’esprit la réponse à la question que je ne m’étais pas posée chaque dimanche depuis des lunes et qui peut se désigner par “pourquoi ce coup répétitif de neurasthénie ?” Chaque dimanche remontent en mémoire les dimanche passés autrefois, les noms de celles et ceux que j’ai aimés, d’amour, d’amitié, estimés, pas aimés pas estimés, avec lesquels je partageais, ne partageais pas, la journée de travail ou d’agrément, les illusions envolées, avec elles envolés le rire, l’humour, les émois…

Le dimanche est mon seul jour de deuil, placide je le respecte.

Bref.

Semaine passée. Remous dans le Landerneau médiatique sur le festival Christine Angot lors de sa prestation à l’adresse de Sandrine Rousseau chez ONPC le 30 septembre 2017. Christine Angot aime à se réclamer bruyamment de sa psychanalyse, de la psychanalyse.

Il y a déjà une vingtaine d’années, publication de l’Inceste, je m’étonnais que son plus récent psychanalyste, personnage lacanien assez connu, ne l’ait pas dissuadée de rendre public sous la forme exhibitionniste-narcissique que son écriture affectionne, ce qui me semblait-il, relevait, non pas de l’inceste en tant que tel*, mais des secrets de son analyse personnelle recueillis dans l’écrin que représente l’espace attribué à l’ensemble fauteuil de l’analyste-divan de l’analysant.

Je n’ai aucun avis particulier sur le style littéraire de Christine Angot, à ceci près que, pour se permettre de faire bénéficier les semblables humains que nous sommes d’une expérience privée, il n’est pas celui de Philip Roth.

 

* Lequel reste à dénoncer en clair avec fermeté, de même que le harcèlement sexuel ou/et psychique, le sexuel ayant toujours de graves répercutions traumatiques sur le psychisme.

 

Ne l’ayant pas notée immédiatement, je n’ai hélas pas retrouvé dans le podcast de l’émission La Grande Table de France-Culture, le passage de mise au point par Fabrice Humbert sur la généralisation du concept de génocide, à laquelle il s’oppose avec fermeté et dont il redéfinit le terme avec justesse.

 

Est-il mentionné, qu’au cours de l’histoire des peuples, des responsables politiques juifs, catholiques, protestants éminents ont converti en mosquées des synagogues, églises, temples comme ce fut le cas en Algérie après 1962 ?

 

02 octobre 2017

Responsabilité de la transmission

 

Je ne comprends toujours pas ce qui a poussé nombre de dits intitulés psychanalystes au langage pédantesque avides de faire reconnaître par les médias - tels des journalistes dont c’est le métier - leurs opinions sur tout et n’importe quoi, ou/et doctissimes, à professer en public et dans les universités privées ou nationales, l’éthique de la psychanalyse, tout en se déclarant sans avoir pris soin au préalable de s’astreindre à une psychanalyse personnelle représenter des individus “comme tout le monde” doté de qualités mais aussi de carences avec leurs inhérentes petitesses humaines de postures ?

N’ont-ils pas pris connaissance des derniers écrits de Freud avant de partir visiter l’Élysée de Virgile - y compris de son Moïse, désigné à l’origine comme un roman (= fiction) en ce que Freud doutait lui-même de la solidité de sa thèse sur les “deux Moïse” - lesquels font le point de son œuvre restée en suspens, sur la théorie et la clinique de la psychanalyse.

Freud espérait-il encore que les nouvelles générations de psychanalystes auraient à cœur de faire évoluer la psychanalyse, de sorte qu’elle soit enfin admise comme discipline à part entière ?

 

ø

 

Éthique

 

Personne n’a le droit de rester silencieux s’il sait que quelque chose de mal se fait quelque part. Ni le sexe ou l’âge, ni la religion ou le parti politique ne peuvent être une excuse.

Bertha Pappenheim

 

… Si je faisais maintenant un grand effort pour désirer mourir, je ne pourrais plus accomplir les œuvres que j’accomplissais autrefois, ni ressentir les peines que les offenses faites à Dieu* me causaient, ni la vive crainte d’être trompée [par ses visions] que j’ai connues pendant tant d’années ; je n’ai donc plus besoin du commerce des hommes doctes, ni de rien dire à personne, je me contenterai maintenant d’être dans la bonne voie et de pouvoir faire quelque chose.

Thérèse d’Avila

* Agnostique, remplacer Dieu par l’humain ne m’est pas proscrit.

 

Bref. Pause dans ce journal. Recensement, relecture, corrections, amendements de mes travaux depuis 50 ans.

 

23 septembre 2017

 

Sunt lacrymæ rerum

Il y a des larmes dans les choses mêmes

Virgile • L’Énéide, 1, 418-578, Énée découvre Carthage

Cité par Alain Finkielkraut dans Répliques du 23 septembre 2017, 78e anniversaire de la mort de Freud

 

ø

 

In Le Figaro du 23 septembre 2017

 

23 septembre 1939 : mort de Sigmund Freud

fondateur de la psychanalyse

Crédit : rue des Archives/RDA

 

En ce XXIe siècle, sommes-nous revenus aux balbutiements sauvages de la civilisation ?

 

ø

 

Voici que “Jupiter”, qui ne manque pas d’air pour s’auto-intituler ainsi, à moins qu’il ne souffre d’un début de mégalomanie, est aujourd’hui comparé par un romancier à un personnage de Balzac, probablement à Rastignac. Ne s’apparenterait-il pas plutôt à Raphaël, dans La Peau de chagrin ?

 

ø

 

14 septembre 2017

 

Un langage pédagogique compréhensible par tous

 

Isabelle Dignocourt

 Professeur de lettres classiques, “simple fille d’ouvriers” dans le Nord, passée de l’enseignement public au privé

Entretien avec Caroline Beyer dans Le Figaro du 14 septembre 2017

 

Citations

« Vouloir sans cesse faciliter la tâche des enfants, c’est les mépriser.

 

… le Conseil supérieur des programmes (CSP) - qui a rédigé les programmes de 2015 -, une usine à gaz faite de spécialistes qui ont peu, voire jamais, mis les pieds dans une classe. Depuis des années, on ressort les mêmes conseillers, issus de la même caste administrative. 

 

[À propos de “c’était mieux avant”]

Je n’ai pas la nostalgie de l’école d’avant. Je ne regrette pas les coups de règle sur les doigts pour la bavarde que j’étais et que je suis toujours. Je suis une fille de l’ascenseur social, de l’école de la République. Aujourd’hui, j’aimerais que l’on reprenne ce qui fonctionnait, à commencer par les méthodes de lecture. »

 

Lundi 4 septembre 2017

Lettre à Philippe Lazar

 

[Empêtrée dans le recensement et la relecture de mes travaux depuis 50 ans, mon écran fait actuellement office à la fois de gare de triage et de bureau des douanes. C’est ainsi, parmi le fatras, que j’ai retrouvé cette lettre adressée en mai 2004 à Philippe Lazar, rédacteur en chef de la revue Diasporiques jusqu’en 2017 publiée par le Cercle Gaston-Crémieux. Son sous-titre était alors « Cahiers du Cercle Gaston Crémieux ». À partir de 2008, elle choisit celui de « Cultures en mouvement ». À l’intention des lectrices et lecteurs éventuellement intéressés, Diasporiques se définit en ces termes :

 

Laïque et à vocation interculturelle, la revue Diasporiques/Cultures en mouvement se situe à l’articulation du politique et du culturel. Son titre témoigne de l’attention essentielle qu’elle porte à la dispersion planétaire des peuples, des cultures et des langues ; son sous-titre la situe dans la dynamique évolutive nationale, européenne et mondiale.

Diasporiques est en quête d’une authentique utopie politique offrant une alternative aux dominantes actuelles, au premier rang desquelles un capitalisme financier triomphant et un essor inquiétant des divers intégrismes. Soucieuse de l’impératif démocratique qu’est le refus de la confiscation des savoirs, elle prône une authentique éthique de la connaissance, en prenant le mot éthique en tant qu’affirmation d’une valeur susceptible d’être partagée et en tant qu’interrogation sur ce que la société fait des savoirs qu’elle acquiert, et le mot connaissance dans son sens le plus large, impliquant toutes les disciplines et incluant notamment, sous ses multiples aspects, une meilleure connaissance de “l’autre” et de ses apports.]

 

ø

 

Micheline Weinstein

Lettre à Philippe Lazar

Cercle Gaston-Crémieux

Après la journée du 9 mai 2004 à Lille

 

Réponse d’un père à son fils

 

Le fils - Qu’est-ce qu’être Juif ?

Le père - C’est se poser la question


Paris, le 10 mai 2004

Cher Philippe Lazar

 

Vous ayant eu pour seul interlocuteur depuis mon abonnement à Diasporiques, mensuel édité par le Cercle Gaston-Crémieux, c’est à vous que je m’adresse, après cette journée, colloque auquel je m’étais inscrite pour la première fois.

Par bonheur, au petit matin en partant, nous nous sommes trouvées sur le quai de la Gare du Nord, avec une collègue de très longue date - quarante ans, puis sur place avec une connaissance lilloise qui n’a pas pu rester au-delà de la matinée. Sans quoi, au Colloque, je me serais sentie bien seule. Pas le moindre petit mot d’accueil de la part du Cercle pour les nouveaux venus. J’ai bien tenté de nouer un semblant de dialogue avec un ou deux habitués, plutôt deux, mais sans aucun succès. C’est donc avec soin que je lirai le compte rendu de cette journée dans Diasporiques.

Auparavant, lors de mon abonnement, et un peu plus tard encore, j’avais proposé que nous établissions un lien entre notre site et celui du Cercle, dans la mesure où respectivement nous abordons, chacun à partir de ses préoccupations professionnelles, personnelles, politiques, des questions connexes. Je n’ai reçu aucune réponse. Je joins donc à ce courrier quelques petits billets épars qui évoquent quelques notions et concepts que nos publications développent et sur lesquels notre attention se porte avec un certain pessimisme ces temps-ci : “ostracisme”, “antisémitisme”, “injure”, “paranoïa”, “négationnisme”..., accompagnés d’un poème que j’ai traduit il y a 18 ans, hélas non signé, écrit par un petit enfant déporté, en transit à Theresienstadt, assassiné à Birkenau,

 

 

Au terme de la session matinale prolongée assez tard dans la mi-journée, la question du nombre de sympathisants au Cercle, une petite centaine, a été soulevée. Pourtant, les noms des fondateurs du Cercle et de ses soutiens dès sa création témoignaient de la présence d’intellectuels éminents, estimés.

Ayant eu une pratique intermittente assez longue et répétée des colloques, congrès, journées, relevant de mon métier, avant que d’y renoncer après avoir chaque fois eu l’impression de côtoyer des initiés à un code interne qui ne m’avait pas été transmis, j’ai éprouvé hier matin la même sensation de “familière étrangeté” [Unheimliche] qu’autrefois, de lieu clos, où les locuteurs ont coutume de s’entre parler et s’entre répondre, sans désir d’ouverture sur le monde extérieur. Un peu comme dans les sectes.

Alors, nos préoccupations :

• Qu’est-ce qu’être juif ? Au masculin et au féminin.

• Qu’est-ce que la laïcité ?

• Qu’est-ce qu’être “de gauche” et, corollairement, “de droite” ?

À la première question, il est répondu en exergue de cette lettre. Elle engage la vie de celui ou celle qui se la pose, atteste de sa liberté de penser, infléchit ses agissements, désigne ses choix. Tout autre réponse cadavériserait la question.

À la deuxième, celle de la laïcité, nous n’avons guère d’autre possibilité que de lui opposer son antagoniste, la structure idéologique religieuse, de même que tout système en miroir dit “profane”, fermé, quel qu’il soit. Par exemple, dans notre métier, laïque signifie que les psychanalystes sont, soit non-médecins, soit apprentis psychanalystes, mais seulement psychanalystes, médecins ou non-médecins, notamment psychiatres, autrement dit, qu’ils n’appartiennent pas à un corps constitué, en lui-même claquemuré. Ils sont, non pas “initiés”, vocable qui renvoie au religieux, mais dûment formés à la pratique de leur métier. Pour être brève, cet apprentissage doit impérativement commencer, depuis 1913, par une analyse personnelle ; suivent conjointement étude de la théorie freudienne et début de la pratique sous la tutelle bienveillante d’analystes dûment expérimentés et confirmés.

Dans ce domaine, la laïcité implique d’aider chaque futur praticien à acquérir sa liberté de penser, à la développer, à la respecter, ouvrir ou rouvrir au goût du savoir. Tout comme dans le domaine de l’éducation des enfants. Tâche assez délicate qui, si elle est remplie de travers, sous prétexte de la moderniser, de la rendre “up to date”, nourrit l’idéologie de l’ignorance, mère du négationnisme.

Au plan individuel, laïque, dans le fond, se rapprocherait de ce que l’on nommait jadis le “libre penseur”, le “free thinker” anglais, doué de son “libre arbitre”, à même d’en mesurer la portée, d’en peser les conséquences pour pouvoir établir les limites de sa liberté de choix.

Ce n’est pourtant pas compliqué.

J’ai été surprise en cette matinée, qu’au sujet des penseurs et théoriciens juifs des Lumières, puis des juifs, intellectuels, prolétaires, artistes, politiques, dont la vie s’est épuisée à essayer de faire entendre le langage de la Raison, celui qui qualifiait alors la texture de leur œuvre, ait été énoncé le terme “messianique”. Le Messie étant annoncé par les Prophètes, nous étions là en plein vocabulaire sacré, peu compatible me semble-t-il avec l’espoir qu’ont tenté d’insuffler nos rêveurs combattants, animés du désir sans réserve d’une possible Aufklärung de l’humanité.

Pour ce qui est de la notion de “gauche”, de l’engagement à gauche, autre que topographique - situé d’un côté plutôt que l’autre de la tribune de l’Assemblée nationale -, la question ne serait-elle pas à reprendre, a-minima, à partir de l’évolution des idéologies entre les deux guerres mondiales ? Les divers mouvements de gauche en France, leurs théoriciens, feront-ils un jour leur “autocritique” quant à l’antijudaïsme banal, latent, qui a permis, malgré - et parfois avec - le Front populaire, au nazisme de se déployer et à la collaboration, active ou passive, de prospérer ?

Ce qui m’a aussi surprise, en cette demi-journée, c’est d’entendre, une fois de plus, la nécessité récurrente, sous un prétexte ou un autre, par certains, d’établir un parallèle langagier de comportement entre les Israéliens et les nazis. Et si, faute de savoir ce qu’il en est réellement de ce que nous nommons les “identifications”, on laissait tomber ce réflexe en miroir, à partir d’une opinion largement diffusée - et infusée - après 1945 ? Non, les gosses des banlieues ne s’“identifient” pas aux Palestiniens, ils ne s’identifient, au sens propre du verbe, à personne, s’ils s’identifient, c’est aux discours, aux slogans ineptes, assenés par l’environnement, privé autant que public dans lequel ils sont nés et ont été (mal) élevés, dans lequel ils sont assujettis (des-sujettis ?), mis en demeure de se construire tout seuls.

Actuellement et depuis des années, avec le conflit du Proche-Orient, quand en Occident un enfant juif est maltraité, injurié, dans la rue ou à l’école, quand les graffiti xénophobes antijudaïques essaiment, jusqu’à souiller les tombes, jusqu’à tuer, se tuer, tuer toute humanité en eux, c’est là que dans leur cerveau essoré à coups de slogans assassins, se forment, chez les jeunes, les amalgames. Tout juif, tout enfant juif pour eux, par filiation culturelle falsifiée, est pro-Israélien et ce, au nom de la libération du peuple palestinien dont les adultes n’ont pas pris la peine de leur transmettre l’histoire, le pourquoi depuis que l’humain existe des guerres récurrentes indéracinables. C’est alors que les enfants devenus adultes reproduisent à l’identique ce qu’on leur a implanté auprès de leurs enfants et ainsi de suite... Le drame, disons culturel des temps modernes, c’est l’ignorance délibérée, sarcastique, de tant d’humains chargés de transmettre la vie aux enfants, de transformer le monde en cimetière.

Enfin, ce qui m’inquiète et ne semble étonner personne, c’est cette attitude que nombre de juifs maintiennent envers la question israélo-palestinienne et qui s’apparente, bien qu’involontaire, à une conduite de culpabilité susceptible de conduire à un discours démagogique de charité, rien de tel pour déprécier le respect, d’égal à égal, dû à qui est considéré comme ennemi et l’inciter à une victimisation unilatérale.

 

ø

 

© Micheline Weinstein

 

Canevas inachevé 1999-2004

 

[Septembre 2017 • Les nombreuses notes étaient destinées à intégrer le texte, ce travail fut interrompu par de sérieux empêchements que j’évoque dans la note 38. Elles sont pour la plupart développées ultérieurement dans les travaux épars publiés sur notre site.]

 

Freud • L’hystérie, la ψA et l’histoire

 

[…]

Dimanche 27 août 2017

 

Addenda au post-scriptum du 19 août 2017

 

Tout récemment, une jeune, lumineuse personne, jusqu’alors portée par son idéal, me faisait part de sa désespérance devant la méchanceté humaine, laquelle se limite souvent à dévoiler les jalousies et rivalités au cours de réunions diverses entre “fraternités” d’entourage, filles et garçons, par des bavardages médisants sur les uns les autres. Je ne trouvai à lui répondre que ceci, qu’elle aurait avantage à s’affermir pour s’en protéger, l’humain de toute condition, toute génération, étant ainsi fait. Veillant toutefois à ne pas devenir misanthrope ; que pour la plupart les humains reproduisaient à leur insu, leur vie durant, les réactions fixées loin dans l’enfance par leur milieu d’origine. Mais en plus cruelles encore, en ce qu’elles sont exemptées dans le social des tabous et interdits multiples autrefois imposés par l’environnement familial.

Pour illustrer les effets délétères de cette classique régression inconsciente, je lui ai proposé de placer l’Éloge de la calomnie de Beaumarchais sur son Facebook, qu’elle ne connaissait pas. Ce qu’elle fit :

 

Éloge de la calomnie

 

Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais

 

Le Barbier de Séville, II-8

 

Bazile - La calomnie, Monsieur ? Vous ne savez guère ce que vous dédaignez ; j’ai vu les plus honnêtes gens prêts d’en être accablés. Croyez qu’il n’y a pas de plate méchanceté, pas d’horreurs, pas de conte absurde, qu’on ne fasse adopter aux oisifs d’une grande ville, en s’y prenant bien : et nous avons ici des gens d’une adresse !... D’abord un bruit léger, rasant le sol comme hirondelle avant l’orage, pianissimo murmure et file, et sème en courant le trait empoisonné. Telle bouche le recueille, et piano, piano vous le glisse en l’oreille adroitement. Le mal est fait, il germe, il rampe, il chemine, et rinforzando de bouche en bouche il va le diable ; puis tout à coup, on ne sait comment, vous voyez calomnie se dresser, siffler, s’enfler, grandir à vue d’œil ; elle s’élance, étend son vol, tourbillonne, enveloppe, arrache, entraîne, éclate et tonne, et devient, grâce au Ciel, un cri général, un crescendo public, un chorus universel de haine et de proscription. Qui diable y résisterait ?

 

Il est vrai qu’à la différence des apprentis de la vie, il est difficile, malgré nos vœux explicites, à nombre d’entre nous les vieux qui ont lu, vu, entendu en quantité et qualité dès leur fraîche jeunesse, de trouver du neuf et par là-même de se renouveler, d’incorporer les goûts successifs, disons depuis trente ans, des modes contemporaines. D’où les vocables que l’on nous sert avec grâce : conservatisme, nostalgie, ringardisme…

 

Un phénomène en évolution est apparu ouvertement dans le dernier tiers du vingtième siècle avec l’éclosion de l’idéologie individualiste, dont l’un des traits secondaire, le premier étant la violence déchaînée sous toutes ses formes, consiste à manifester une appétence pour la saleté et la destruction qui peut émerger chez certains dans la prime enfance, mais là en toute ingénuité, sous le poids du façonnage familial, qui se fixe pour se perpétuer dans le social à tous les niveaux, et que l’on désigne communément chez les enfants par “stade anal” ou/et “sadique-anal” : saleté des rues, dans les immeubles, dans la nourriture, l’environnement, la planète, au pluriel dans les ordres auxquels doivent se soumettre l’agriculture, les industries, de même que se manifester par des obscénités dans la culture, le monde du spectacle, le langage, et j’en oublie à coup sûr…

Qu’est-ce donc que ce stade anal ? C’est l’usage que l’on fait de son caca, d’abord entre 3 et 4 ans et qui se traduit dans le réel, s’il est non maîtrisé chez l’adulte, de façon binaire regrettable, soit par la rétention qui favorise par exemple la pathologie de l’avarice, soit la propension agressive à éclabousser le monde et l’en faire profiter. Ces deux séquelles, ces deux rituels, témoignent de la méchanceté, jamais de dispositions à la générosité. Pour illustrer ces comportements, voyons quelques définitions valides de ces stades.

 

Dans le Vocabulaire de la psychanalyse de Laplanche et Pontalis

 

• Deuxième stade de l’évolution libidinale, selon Freud, qu’on peut situer approximativement entre deux et quatre ans ; il est caractérisé par une organisation de la libido sous le primat de la zone érogène anale ; la relation d’objet est imprégnée de significations liées à la fonction de défécation (expulsion-rétention) et à la valeur symbolique des fèces. On y voit s’affirmer le sado-masochisme en relation avec le développement de la maîtrise musculaire. 

 

Dans le Manuel de la formation de l’infirmière à :

Argent  

 

• Les conduites adultes par rapport à l’argent découlent du stade anal : le positionnement que l’enfant aura face à cette première monnaie d’échange qu’est le boudin fécal déterminera la relation à l’argent du futur adulte.

 

L’avarice se rapproche de la rétention anale (en tant que refus face à la Mère), la générosité se rapproche de l’expulsion (en tant que cadeau, don à la Mère).

 

Ambivalence  

 

• Le stade anal est marqué par le passage du clivage à l’ambivalence.

• Celle-ci est déplacée de l’objet même à tout l’entourage et s’exprime par une alternance d’activité et de passivité, d’obéissance et de désobéissance, de posséder et d’être vidé, d’agresser et d’être agressé, de sadisme et de masochisme.

 

Propreté  

 

• C’est un ordre établi selon des règles maternelles et sociales.

• L’accession à la propreté est une condition à la résolution du stade anal.

 

Sadisme  

 

• Conduite découlant du stade anal qui consiste en une valorisation par rapport à l’objet et une projection d’agressivité sexualisée.

• C’est le plaisir que l’on tire à faire souffrir ou humilier l’autre.

• Le sadisme implique la confusion entre dynamisme érotique et dynamisme agressif.

• Le but est de contrôler, maîtriser corporellement l’objet affectif.

• Chez l’adulte, c’est l’angoisse de castration qui provoque une régression au stade anal : pour ne pas être la victime, le sadique devient bourreau.

 

Saleté  

 

• Élément indésirable d’un système.

• La saleté dépend d’un code, d’une mise en ordre.

• Construire un système ordonné implique le rejet d’éléments indésirables, dénommés “saleté”.

• Il n’y a pas de différence naturelle entre la saleté et la propreté : c’est la mère qui transmet à l’enfant sa propre attitude vis à vis de la propreté. Elle transmet ainsi des règles culturelles et sa propre relation à la saleté, acquise au stade anal (règles familiales).

 

Coprolalie  

 

• C’est un langage ordurier, grossier.

• Cette conduite découle du stade anal, avec allusion à ce qui concerne les excréments.

• La grossièreté est souvent une attitude agressive, reproduction du vécu anal.

 

Site Cassiopé

 

• Dans le comportement social, cette phase détermine l’attitude face à l’argent, le sentiment de possession, la façon de traiter les autres comme un excrément : en le rejetant, l’agressant ou en le dominant, le maîtrisant puissamment

 

13 août (suite et pause de cette longue séquence)

 

Le totalitarisme de la pensée unique auquel nous sommes conviés à nous soumettre en ces temps engage à retravailler avec soin ce que Freud analysait dans Über eine Weltanschauung [Sur l’Idéologie, Sur une perception du monde • 1933], dont j’ai retraduit quelques extraits publiés sur le site, mais facilement accessible dans toutes les librairies et bibliothèques.

Je me suis suffisamment répétée. Aussi, je ré-empile les post-it encore en attente, épars sur mon bureau. Ils rejoindront le tas conservé dans une vieille chemise.

Mais pour fermer cette parenthèse provisoire, je reprendrai seulement deux points sur lesquels, en un demi-siècle, je n’ai pas changé de point de vue :

• les divers colloques, congrès, réunions dites de travail, séminaires, rendez-vous de comptoirs et semblables manifestations, auxquels j’ai assisté, - mais je le précise ceux exclusivement limités bien que cela fasse du peuple -, inspirés par la personne et les théories successives de Lacan, je les ai vécus comme des raouts mondains où l’on pratiquait volontiers dans les coursives ce que l’on désignait à l’image du maître par “mots d’esprit”, qui me paraissaient la plupart du temps être de médiocres calembours, d’autant qu’il leur arrivait de s’apparenter sans nuances à de la calomnie, voire de l’ostracisme des uns envers les autres [cf. ci-dessous, en exemple mon courrier à Serge Klarsfeld du 21 août 2017] ;

• l’hystérie = la mode de la nosographie des symptômes ayant été remaniée, le terme d’“hystérie” est retombé dans le vocabulaire quelconque. La structure hystérique, selon la psychanalyse freudienne, dont pour faire bref les symptômes manifestent explicitement leur origine sexuelle, fut re-expédiée dans les catacombes. Est-ce parce que ceux parmi les psychanalystes qui déclarent que la thérapeutique psychanalytique [sic] “ne marche pas” n’avaient pas de temps à perdre ni de rentabilité à espérer d’une pratique qui exige une longue patience et ne se sont pas préoccupés de la sexualité des jeunes filles, jeunes hommes, femmes, hommes, en souffrance ? Pourtant, quand nous les écoutons encore aujourd’hui, force est de constater que l’hystérie, bien que malmenée par la violence, le rythme infernal auquel ils sont astreints, faisant obstacle à la liberté de penser, de dire, d’être, faisant de concert obstacle à toute éventuelle potentialité artistique, continue bel et bien, telle quelle, d’exister et d’agir.

 

N’aimant pas me relire, depuis plus de 15 ans je recule par toutes sortes d’artifices devant la relecture de mes travaux, leurs corrections et amendements.

J’y vais.

 

Ajouté le 19 août

 

De qui l’intitulé auto-autorisé « Psychanalyste » est-il devenu le nom ?

 

 

 

Courrier adressé à Serge Klarsfeld le 21 août 2017

[Français - Anglais]

23 août 2017

© Micheline Weinstein

 

De : sitassoc@orange.fr

Objet : Rép : Résumé

Date : 23 août 2017 10:36:58 HAEC

À : Klarsfeld’s <klarsfeld.ffdjf@wanadoo.fr>

À Klarsfeld’s

 

Je viens de lire dans la presse ce que je pressentais, i. e. que rares sont les personnes et familles héritières de la déportation à se déplacer pour la lecture des déportés assassinés au Mémorial, en ce mois d’août 2017.

Pour faire bref, et pour ma part, l’une des rares, bébé de 8 mois, à avoir été sauvée de la rafle du Vel’ d’Hiv les 16 et 17 juillet 1942, plus tard amie de Denise Baumann jusqu’à sa mort (je suis fidèle en amitié et reconnaissante à vie envers celles et ceux qui m’ont aidée), j’ai cotisé pendant une trentaine d’années aux FFDJF.

J’ai été présente à nombre de commémorations et remplacé une fois Annette Zaidman lors de la lecture des noms, etc.

J’ai pris soin d’expliciter oralement, par écrit (et continue), tout en manifestant mon intrinsèque solidarité avec qui, personnes, personnalités, institutions, j’estimais qu’elle pouvait être pertinente, la raison pour laquelle mon histoire personnelle m’a rendue claustrophobe, inapte à penser, à vivre en collectivité, à adhérer à une idéologie, quelle qu’elle soit.

Mais il s’est trouvé je venais de nulle part susceptible d’intéresser, d’offrir quelque avantage public, n’appartenais à aucune classe, aucun groupe ou “club” circonscrits, (comme nombre de mes contemporains de la déportation, non privilégiés par la vie), et ai le malheur de ne faire aucun compromis sur ce que je dis et écris, seulement d’ajouter une note ultérieure quand je découvre que je me suis trompée. 

J’ai fini par être lasse de l’absence de la moindre considération, non envers ma personne, mais envers mon travail, lequel couvre 50 ans de mon existence et que je suis occupée à recenser, ma tête et ma mémoire encore à peu près en état représentant mon seul capital.

Cette lassitude peut se résumer en deux faits qui illustrent l’ensemble de votre position à mon endroit :

 

- Vous avez autrefois  (je n’ai pas encore retrouvé le document, la date, mes archives sont empilées dans un formidable pataquès) publié sans mon autorisation dans le Bulletin des FFDJF d’alors une lettre, dont il semblerait que vous l’aviez appréciée, en réponse à l’article sur Auschwitz d’un rédacteur d’institution, dont l’inexactitude du propos m’avait sérieusement contrariée.

Toutefois vous aviez de vous-même pris l’initiative insensée d’y ajouter un post-scriptum mettant en doute mon équilibre moral, auquel j’avais répondu en substance : “De quel droit et quels esprits de poisseuse arrière-cour vous avaient-ils soufflé une telle absurdité ?” 

 

- Lors de la canicule de 2003, résidant encore à Montparnasse, j’allais chaque jour arroser la tombe de votre mère, Serge. Je n’ai en retour entendu qu’un épais silence, jamais le moindre merci.

Bien cordialement,

 M. W.

English

Letter to Klarsfeld

© Micheline Weinstein

Object : Abstract

Date : 23 August 2017 10:36:58 HAEC

À : Klarsfeld’s <klarsfeld.ffdjf@wanadoo.fr>

 

To Klarsfeld’s

 

I just read in the press what I sensed, i. e. only a few individuals and families among the heirs of the deportation went out, in this month of August 2017, for the reading of the names of the murdered deportees at the Memorial.

In short, being myself among the few - a 8-month-old baby - to have been saved from the Vel’ d’Hiv raid on July 16th and 17th, 1942, later a friend of Denise Baumann until her death (I am faithful in friendship and grateful for life to those who have helped me), I paid contributions during around thirty years to the FFDJF (Fils et Filles de déportés juifs de France).

I was present at number of commemorations and replaced Annette Zaidman once for the reading of the names, etc.

While indicating my intrinsic solidarity towards whom, persons, personalities, institutions, where I thought I could be relevant, I made sure to explain orally, and in writing (and continue), the reason why my personal history made me claustrophobic, unfit to think, to live in a community, to adhere to any ideology, whatever they may be.

I found myself coming from nowhere to be of interest, to give any kind of public benefit. I belong to no class, no group nor defined “club” (like many of my contemporaries from the deportation, not privileged by life). I also make the mistake of doing no compromise on what I say and write, only adding a later note when I discover I was wrong.

I ended up being weary of the absence of any consideration, not towards my person, but my job, which covers 50 years of my existence. I am busy in recording it, my head and memory - roughly in good condition - being my sole capital.

 

This weariness comes down in two facts that illustrates your whole position towards me :

 

- You have once published without my permission a letter (I have not yet found the document, the date. My archives are stacked in an astounding mess) in the Newsletter of the FFDJF. You seemed to have appreciated to its true value this response to the article on Auschwitz written by an editor of an institution, whose inaccuracy had seriously upset me.

However, you had taken yourself the insane step of adding a postscript questioning my morale balance, to which I replied in substance : “What right and what skeletal backyards minds had you to blow such an absurdity ?”

 

- During the heatwave of 2003, still living in Montparnasse, I was going every day to water the grave of your mother, Serge. I heard in return only a thick silence, never the slightest thank you.

Best regards,

 

 M. W.

 

12 août (suite)

 

• Jupiter ? = il semblerait “qu’on” ne manque pas de fatuité enfantine.

 

• La voix - La diction - L’articulation = documentaires télévisuels, radio et quelquefois émissions, réponses aux demandes de renseignements téléphoniques : voix des commentateurs, sucrée, scolaire ; discours redondants voire pédants*, comme l’idée que l’on se ferait d’une mission pédagogique pour enfants ; diction, articulation, inspirées du rap : un seul parmi les exemples, le “r” en l’air guttural : voir = vouâr’, guerre = guair’ ; millionnair‘, adultair’, grand air’, blogosphair’, etc. On trouvera le “euh” après chaque mot, aussi bien dans des conférences du Collège de France, plus bas dans le texte ainsi que quelques autres vocables en cours, tel celui d’“empathie”.

 

* Spécialité des réponses à la clientèle, ampoulées, logorrhéiques, que l’on vous administre sans écouter la question posée précise et causent une considérable perte de temps. Les employés aux centres d’appels n’y sont pour rien, c’est ainsi qu’on les façonne.

 

• Moi et MoiJe = indigestion.

“En capacité de…” = snob (capable de, apte à, fait pour, compétent, propre à et alii… … …).

• Anaphore = snob, pédant. Emprunté à la linguistique. Procédé rhétorique visant à un effet de symétrie, d’insistance, etc., par répétition d’un même mot ou groupe de mots au début de plusieurs phrases ou propositions successives (CNRTL). Cf. “Moi, président”.

• Algorithme = snob, pédant. À l’origine, mathématique. A évolué au plus simple en règles opératoires permettant de résoudre un certain nombre de problèmes. Que pensent les enfants en âge scolaire, mais aussi le commun des mortels de tous âges, non spécialistes, de la signification de ce terme, qui ne possèdent pas le Dictionnaire étymologique et historique de la langue française, par Emmanuelle Baumgartner et Philippe Ménard ? De ces turlupinades par ceux que l’on appelle “pédagogistes” m’est revenu soudain à l’esprit par un hasard comique un nom que j’avais il y a fort longtemps attribué avec une majuscule à un personnage, et que l’on n’a pas encore songé à mettre en circulation : “épenthèse” (phénomène dit “adventice”, non étymologique, qui consiste à surajouter une lettre pour faciliter l’articulation), oubli logique puisque la diction de notre temps incline plutôt à avaler les phonèmes !

 

Argument de l’érosion du concept de classes sociales = foutaise, lors des guerres même, les exclusions en tous genres n’ont cessé de se manifester sous toutes leurs formes, dans toutes les civilisations (cf. Narcissisme des petites différences).

 

France Culture = nouveauté tendance. Commentaires sur les personnages marquants de l’histoire, où la parole, les traductions en direct de langue étrangère au français, sont étayées en continu (“illustrées” ?) par des bruits d’objets, des sons, des extraits d’œuvres plus ou moins musicales, des chansons, etc., qui altèrent l’audition du texte. La beauté d’une langue seule ne se suffit-elle plus à elle-même ?

 

Angela Merkel = quelle que soit l’adhésion ou non à la création de deux états Israélien-Palestinien, je garde amitié en Madame Angela Merkel : elle n’est pas antisémite. Se rappelle à notre mémoire que le conflit, la sauvagerie ou condition des hommes antérieure à la civilisation dite évoluée” qui a gagné l’ensemble de la planète, se nourrissant sous prétexte d’anti-sionisme du terreau de l’antisémitisme séculaire indéracinable, ont mis le feu au poudres du terrorisme.

……………

 

Il est des mots que je n’aime pas entendre, dont j’évite l’emploi, ceux associés à certaines odeurs, certains gestes, certains actes, certaines représentations, certaines étymologies…

Née à Paris pendant l’Occupation doublée de l’hiver le plus froid de la guerre, sous la terreur, la traque, le vacarme, l’épouvante, bébé puis enfant, trop de réel imposait de se taire, excluait d’accéder au langage qui ouvre la voie de la relation avec autrui, de développer un potentiel d’imaginaire, d’avoir des fantasmes, d’aller à la maternelle, d’être en bonne santé physique (sur ce plan, les séquelles s’aggravent avec l’âge…). Pas de lallations, pas de gazouillis, pas de “papa-mama(n)”, si bien que ma vie durant je n’ai su les adresser à personne.

Alors, sans doute par héritage culturel englouti, toutes lignées paternelle et maternelle ayant disparu dans les pogroms d’Allemagne, d’Europe Centrale puis à Birkenau, aucune langue source, ne m’étaient offertes que la musique qui est l’art d’harmoniser les sons, et la lecture, restée insatiable. Des années après-guerre seulement, j’ai découvert que j’avais tout vu, tout entendu, et savais parler. C’est le temps, les rencontres, Freud, qui m’ont révélé que le socle de mon héritage linguistique (ne) se trouvait (plus) dans ce que l’on nomme la culture judéo-allemande d’un monde aujourd’hui disparu, d’où, née en France, instruite par la lecture, les études, le cursus, les circonstances, d’où mon attention à pratiquer et à maîtriser la langue française.

Par contre, il semblerait que la primauté du signifiant ayant apposé son sceau qui me fut longtemps énigmatique, dès que j’ouvrais la bouche, on me sommait de me taire, mœurs étranges qui se sont pérennisées jusqu’à présent*. Je n’en ignore plus les causes. Sans Françoise Dolto, je serais devenue autiste. Je fus à l’âge de 7 ans le premier cas de contrôle avec F. D. de Jacqueline, jeune psychanalyste en formation à l’Institut de la rue Saint-Jacques. Sans elle, je n’aurais vraisemblablement pas choisi de vivre sans aucun patrimoine dans ce que m’accordait ce monde (il y eut nombreux suicides d’enfants de déportés au cours des décennies qui suivirent la Libération. Puis Jacqueline fut mon amie jusqu’à son décès en 2010, huit mois avant mes 69 ans, précédé de celui de Françoise Dolto en 1988, d’une génération antérieure à celle de Jacqueline, quatre mois avant mes 47 ans…

 

* Je souhaiterais que les lectrices et lecteurs éventuels perçoivent que le “je-sujet” qui écrit dans ce journal en forme de mémorial n’est autre que collégial. S’il témoigne de ce que je n’ai pu faire autrement, ce carnet de notes ramassées, de même que l’ensemble de mes travaux s’adressent à qui pourrait y reconnaître quelques fragments de son propre itinéraire, en particulier celui des héritières et héritiers directs et indirects, Juifs et non-Juifs, de la déportation des Juifs de France, sans avoir été entendu.

 

Peu à peu, en 25 ans, le répertoire de celles et ceux que j’aimais devint ce que Philip Roth a nommé un cimetière.

Je n’ai à aucun moment craint ni la violence ni l’absence de solidarité, longtemps ces spectacles me donnèrent la nausée, j’ai compris bien tard que, tout simplement, je les haïssais.

 

A-t-on déjà connu des Juifs déclarer la guerre à la France ?

Pourquoi chicane-t-on tant sur les “racines chrétiennes la France” ? Le calendrier civil en Europe est indexé sur les commémorations chrétiennes fériées, laissées à titre privé, comme dans toute démocratie, à la liberté de chacun de s’y conformer ou non.

 

11 août 2017

 

“L’histoire ne repasse pas les plats”, ah ? Il semblerait qu’elle ne fait que ça, que seules ses modalités techniques évoluent pour le meilleur et pour le pire, comme toujours. Le XXe siècle l’a enrichie du boom informatique lequel, de concert avec son apport évident à la vie pratique et aux sciences, entraîna un bouleversement du rythme biologique naturel de l’humain, vitesse compulsive mère de l’ignorance, désamour de la langue, primauté de ses automatismes souvent réduits à des borborygmes, désaffection du patrimoine culturel et historique, tarissement de l’étude, dépossession de l’imaginaire, omnipotence magnétique de l’image, du bruit qui rend sourd secondé par les écouteurs qui isolent de tout autre, automatisme de la pensée, arasement du savoir-faire manuel en ce que les mains, devenues frénétiques, ne servent plus guère qu’à tapoter convulsivement sur les appareils… bref, la nature censée avoir eu horreur du vide est aujourd’hui comblée.

Il est vrai, le “c’était mieux avant”, jugé comme réactionnaire par les gratins au prétexte du vocable hautain de nostalgie, est maladroit. Pourtant le tout-réel qui nous est assigné nous inclinerait à présumer qu’une régression nous a ravalés au stade sadique-anal (entre 2 et 4 ans) qui non maîtrisé conduit à une philosophie de la perversion.

 

Quelques post-it à usage personnel en vrac empilés sur mon bureau depuis 2016

 

• J’avais bien aimé la cruelle définition de la gauche du politologue Laurent Bouvet, in « Le Figaro » du 12 décembre 2016,

 

« … la gauche réflexe, cette grenouille disséquée dont l’appareil nerveux fonctionne encore, mais dont le cerveau est mort ».

 

• Le grand Autre ou l’Autre avec un grand A = L’Autre, ou grand Autre, adopté par les médias tendance pour désigner son voisin : selon Lacan, le grand Autre s’inscrit “dans l’ordre symbolique déterminant le sujet, et s’opposant tant au petit autre qu’à l’objet petit a (objet du désir)… L’Autre est le lieu de la parole… L’Autre est le lieu du signifiant... L’Autre est le lieu du manque à être.” Freud écrivait l’“autre” avec un grand A, tout simplement parce que dans la langue allemande les noms communs prennent des majuscules, il nommait “sublimation” la maîtrise des pulsions par accès de l’esprit à l’ordre symbolique. Si j’ai à peu près compris cet immanent grand Autre de Lacan, il peut s’adresser, non pas à Pierre, Paul ou Joséphine, mais à Dieu, à l’Être Suprême initié par Robespierre pour combattre La Raison, au principe de respect envers la loi morale du Grand Architecte de l’Univers, aux déités idéologiques fastes et néfastes…

 

Élites = nommés par ceux qui se reconnaissent entre soi et se nomment comme tels.

 

Cerveau = peut-il être transgenre ?

 

• Rêve et utopie = Le rêve est un rébus, l’utopie une idéologie.

 

Retour du refoulé = autre formulation tendance actuelle : le refoulement n’est pas l’oubli.

 

Psychanalyse = devenue le nom commun d’une mémoire en jachère, éventuellement synonyme de paillasson.

 

Psychanalyse pratiquée par les non-médecins à condition qu’il soient autorisés par une instance qualifiée et non par eux-mêmes comme y incitait Lacan. Laienanalyse en allemand = traduction détestable en français par “profane” ou “laïque”.Profane” s’oppose à “initiation”, renvoie à “profaner”, “laïque” à “clérical”. Pourquoi pas “apprentis”, “inexpérimentés” ?

 

Amateur = qui aime, à ne pas assimiler à dilettante.

 

9 août 2017

 

Continuons sur les slogans médiatiques qui tintent à mes ouïes comme des mésusages de la langue.

 

Fantasme, dont je dirais que, à une époque où dès la naissance l’imaginaire des humains est empêché par l’addiction aux outils informatiques, si les mythes collectifs persistent, le fantasme ne se manifeste qu’à titre individuel. Cf. Freud, qui souligne la proximité entre le fantasme, ou rêverie diurne* et rêve nocturne,

 

[Comparé à l’enfant] L’adulte par contre a honte de ses fantasmes et les dissimule aux autres, il les sertit comme relevant de sa plus stricte intimité, en règle générale, il préfèrerait avouer ses fautes plutôt que révéler ses fantasmes. Il peut arriver qu’il s’imagine ainsi être le seul à développer de tels fantasmes sans toutefois mettre en doute l’universalité d’élaborations tout à fait équivalentes chez les autres.

[…]

Reportons-nous maintenant à la connaissance que nous avons acquise de quelques caractéristiques des fantasmes. Nous pouvons dire que seul l’insatisfait se laisse aller aux rêveries diurnes, l’heureux en est exempté. Les désirs non satisfaits sont les forces motrices des fantasmes, et chaque rêverie considérée isolément est un accomplissement de désir, une retouche à la réalité décevante.

 

* Tagtraüm, parfois Lufschlösser en allemand = Créations en l’air, traduites le plus souvent en français par Châteaux en Espagne ou Plans sur la comète.

 

Freud • Le Poète et la rêverie diurne • 1908

ø

 

08 août 2017

 

Nous ne sommes pas du même monde. Le mien prend naissance, avec la mienne à Paris, là-bas, à Birkenau. Les personnes relevant du même nom paternel m’ont fait savoir ouvertement, les unes après les autres au long d’une vie, à l’oral comme à l’écrit, censées être proches ou plus lointaines, que je ne descendais ni de leur famille ni de leur cercle*. Du nom maternel, rien ne subsiste, il n’a intéressé personne, a disparu sans trace, excepté celle que j’ai retrouvée grâce à mon acte de naissance à Rothschild et beaucoup plus tard aux Renseignements généraux. Elle est plus qu’austère : une ligne et demie, un lieu de naissance en Bessarabie et deux patronymes, l’un grand-paternel, l’autre grand-maternel. Le pseudo que j’ai choisi est grand-maternel, de la lignée des mères : Tania, prénom de ma mère, Bloom, patronyme de la sienne.

Celle qui fut un assez long temps mon analyste, comme je lui téléphonais de la part de Françoise Dolto pour un premier rendez-vous, me demanda de but en blanc : Qui êtes-vous ? Soufflée, je trouvai comme seule réponse : Si je le savais, je ne vous appellerais pas.

 

* À moins de faire allégeance…

07 août 2017

Slogans irréfléchis

Liberté • Égalité • Fraternité

 

[Mon slogan = Liberté • Équité • Solidarité]

 

Principes initiaux des concepts 

 

Liberté = La liberté est le pouvoir qui appartient à l’homme de faire tout ce qui ne nuit pas aux droits d’autrui ; elle a pour principe la nature, pour règle la justice, pour sauvegarde la loi ; sa limite morale est dans cette maxime : Ne fais pas à autrui ce que tu ne veux pas qu’il te soit fait (Recueils textes hist., Constitution de l’an I, 1793).

 Égalité, quand elle désigne les personnes = Fait de ne pas présenter de différence de droits. Égalité civile, fiscale, politique, sociale. Ces chimériques déclamations révolutionnaires sur la prétendue égalité des deux sexes (Comte, Philos. posit., t. 4, 1839-42). Plusieurs m’accordent une familiarité d’égalité, comme font les bourgeois aux domestiques de grande maison dont ils attendent un service (Frapié, Maternelle,1904).

• Fraternité = Cf. Freud, Le Narcissisme des petites différences.

 

 

« Il n’est manifestement pas facile aux humains de renoncer à la satisfaction de leur aptitude à l’agression ; ils ne s’en portent pas mieux pour autant. Un groupe civilisé beaucoup plus restreint offre une issue à la pulsion en ce qu’il permet d’extérioriser l’animosité envers l’étranger, l’intrus. Et c’est un avantage non négligeable. Il est toujours possible d’apparier dans l’amour un agglomérat d’humains, aussi longtemps que l’on en trouvera d’autres à exclure pour pâtir des salves lancées par l’agressivité. »

Freud • Malaise dans la civilisation (1929)

 

 Lire aussi à ce sujet :

 Saïd Bellakhdar

 

Schibboleth ou Le Narcissisme des petites différences

 

http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/sb_schibboleth.html

 

dont voici un extrait :

 

Le Moi, rappelons-le, se constitue au cours d’un long et difficile parcours à l’issue duquel la cohérence peut être mise en difficulté en période de crise (chômage, adolescence, déménagement, etc.).

Freud décrit la formation initiale du Moi par un mouvement d’expulsion purificatrice. Au départ le Moi est un Moi-plaisir purifié qui garde en soi ce qui est bon et expulse au dehors le non-Moi, ce qu’il juge comme mauvais et étranger. Cela constitue un noyau narcissique primaire bannissant l’hétérogène de son univers. Ainsi ce qui est haï, impur et étranger pour ce noyau narcissique met en danger le Moi en sa cohérence naissante. Peut-on en déduire pour autant que cela peut être source de xénophobie ? Nous aurons l’occasion de revenir sur ce point qui mérite une réponse très nuancée. Je me contenterai ici de rappeler que l’un des éléments de la problématique adolescente est, lui aussi, constitué par le besoin d’être soi-même, de ne pas être envahi par l’autre, alors même que l’adolescent a également besoin des autres pour se réaliser et s’enrichir.

La pensée est ici, d’une certaine manière, mise en mouvement par l’institution du jugement d’existence et du jugement d’attribution : ceci est “bon” ou “mauvais”. Ce qui est “bon” est gardé à l’intérieur et ce qui est “mauvais” expulsé hors de soi et qui plus est, avant même que naisse le langage.

À cet égard, la mère, puis l’environnement et l’éducation jouent un rôle de premier plan en définissant très tôt ce qu’il convient de considérer comme “bon” ou comme “mauvais” et définit et impose une ligne de conduite à suivre à l’enfant et surdétermine ses rapports aux autres. Cela n’est pas sans conséquence pour un enfant qui peut être mis en difficulté s’il en transgresse les principes.

Le Porte-parole joue, comme l’a montré P., Aulagnier, un rôle de premier ordre dans la constitution de l’identité primaire et de l’Idéal du Moi et ce, aussi bien dans la manière dont ce Porte-parole codifie l’espace, l’environnement et le monde pour l’infans et nous pouvons ajouter que l’auteur désigne aussi directement ou indirectement celui qui va porter les valeurs phalliques du père, de la famille, d’une dynastie, du groupe, voire d’un pays.

Les valeurs ainsi transmises par l’environnement peuvent être plus tard relayées par un démagogue en période de crise politique et économique par l’exploitation des inquiétudes et des rancœurs de ses concitoyens.

ø

25 juillet 2017

Réponse de Luc Ferry à mon mail du 21 juillet 2017

(Extraits)

 

Expéditeur: FIG - Direction Rédaction

Date: 25 juillet 2017 à 12:30:24 UTC+2

Destinataire: FIG - Débats

Objet: TR: Votre chronique de ce matin dans Le Figaro

 

Chère Madame, à moins d’être gravement paranoïaque, on ne peut voir aucun coup de canif dans mon papier, bien au contraire, un vibrant hommage à Freud. Simplement, c’est factuel, La Fontaine avait compris la structure du éveillé bien avant lui et Freud ne le cite à ma connaissance jamais, voilà tout. Du reste il a pillé littéralement Schopenhauer en ne le citant qu’à grand  peine... Quant au texte de Freud, il se trouve en Français dans les Essais de psychanalyse appliquée. Quant à ma supposée proximité avec  Onfray, qui est aux antipodes de tout ce que j’écris et pense, si vous saviez, vous en ririez vous même... Bien cordialement à vous, LF 

 

Ma réponse du 25 juillet par mail à celui de Luc Ferry

 

De : sitassoc@orange.fr

Objet: Rép : TR: Votre chronique de ce matin dans Le Figaro

Date : 25 juillet 2017 12:12:45 HAEC

À : Luc Ferry <luc.ferry@yahoo.fr>

 

Cher Luc Ferry,

 

Un grand merci de votre réponse que j’intègrerai à mon journal ininterrompu aujourd’hui même. 

Veuillez excuser mon erreur avec mon allusion à Onfray dont j’avais lu il y a probablement des mois dans l’une de vos chroniques le qualificatif d’“ami” alors que vous pensiez sans aucun doute à “contemporain philosophe”.

En 2006, lors de la campagne présidentielle de N. Sarkozy, j’avais diffusé un courrier à l’intention de mes contemporains psychanalystes (qui s’adressait en fait plus précisément à Élisabeth Roudinesco) - il apparaît sur notre site dans le fatras -, m’étonnant de leur soutien à Onfray, dont je décrivais la pensée d’alors comme sub-lepéniste émanant d’un philosophe qui “bouffait” à tous les râteliers. Élisabeth Roudinesco avait vivement contesté mon impression. De même, en 2002, les correspondants les plus proches avaient craint lors de la réunion annuelle du bureau de notre association, comme l’avait prédit Madame Chirac, une possibilité de voir Le Pen présent au 2e tour des élections présidentielles.

 

[Quant aux autres collègues, selon leur habitude ils étaient restés muets  - depuis plus d’un quart de siècle, c.-à-d. suite aux décès de mes maîtres F. Dolto et amie et François Perrier, il semblerait que je figure sur une liste de “numerus clausus”, sauf quand je publiais des auteurs dont personne ne voulait, propriétaires aujourd’hui de leur propre site, mais n’étant pas paranoïaque non plus, j’y demeure paisiblement indifférente.] 

 

Je vais aller faire un tour chez Freud car il me semble y avoir trouvé assez souvent au long de mes lectures mention du nom de Schopenhauer, mais il est possible que je me trompe.

“Rêve éveillé”, je vais aussi reprendre le texte original de Freud en allemand pour traduire le ou les passages des Essais de psychanalyse appliquée où il expose son point de vue et vous en transmettrai ma version.

Bien cordialement et à très bientôt,

Micheline Weinstein

 

Post-scriptum

De : sitassoc@orange.fr

Objet : Fin pour aujourd’hui !

Date : 25 juillet 2017 13:32:05 HAEC

À : Luc Ferry <luc.ferry@yahoo.fr>

 

N’étant pas suffisamment philosophe, je ne peux me prononcer sur l’influence de Schopenhauer, ce pourquoi j’avais préféré prudemment parler de “cryptomnésie” que Perrier reprend également pour lui-même dans le Petit glossaire des concepts freudiens appliqués à la clinique selon François Perrier que j’ai assemblé et publié sous forme d’opuscule-papier pédagogique en 2000.

Voici en PDF ce que j’ai trouvé qui m’a paru sérieux par Internet sur Freud-Schopenhauer, non signé à l’adresse suivante :

 

http://schopenhauer.over-blog.net/pages/Schopenhauer_et_Freud_Introduction_part_1-741968.html

Je retourne à mes livres pour la traduction de “rêve éveillé”, je lui préfère le titre complet de « Le poète et les rêveries diurnes ».

W.

 

21 juillet 2017

 

18 - 19 juillet 2017

 

• Une passante dans la rue. M’est revenue à l’esprit une expression charmante aujourd’hui périmée :“trotte-menu”.

 

• Dans ce siècle du tout-images, plutôt que “spectateurs” qui incitent les téléspectateurs, les férus de théâtre, les discours, les palabres courantes, au seul oculaire et non à l’écoute, à la signification du “spectacle”, quelle que soit sa forme, je traduirais provisoirement car un peu lourd par un néologisme “audiospectateur” ou “scénospectateur” qui, à partir du verbe composé allemand schauspielern, associe le regard et l’interprétation.

 

• Pour la première fois de ma vie citoyenne, je ne suis pas sortie voter au deuxième tour de la présidentielle. Non par idéologie, sensibilité politique comme on dit, un renouveau était salutaire dans le tohu-bohu navrant qui a précédé l’élection.

 

• La seule idéologie que j’essaie d’appliquer à mes actions, mais avec toutes les réserves dues au clair-obscur de la nature humaine, repose sur le précepte d’Hippocrate : Primum non nocere, d’abord ne pas nuire.

 

• LREM : non seulement ce sigle dont les premières lettres évoquaient Les Républicains suivies des initiales de son promoteur - ayant vécu 9 présidents de la République, à partir du Général de Gaulle j’ai pu, au fur à mesure qu’ils évoluaient, affiner mes points de vue politiques. -  de plus, il  sonne informatique à mes ouïes comme l’RAM (Random Access Memory, mémoire volatile à accès aléatoire) ou l’ROM (Read Only Memory, mémoire permanente, non volatile et en lecture seule), sans oublier REM = acronyme anglais de Röntgen (découvreur des rayons X en 1895) equivalent man : unité d’équivalent de dose. Dose de rayonnement qui produit le même effet biologique que 1 rad de rayons X.

 

24 juillet 2017

 

Et puis, je ne me représentais pas voter pour une “start-up” ni être intégrée en tant que citoyenne libre de penser et de dire dans une entreprise nationale destinée selon les professionnels à “produire des biens ou des services pour le marché” pas plus que de me sentir à l’aise dans le monde privilégié des trusts. Encore moins pour un candidat qui, lors de sa campagne, déclarait publiquement à qui l’interpellait que les pauvres et les chômeurs en déshérence n’avaient “qu’à travailler”. Pour un candidat identifié à ce que l’on désignait jadis par l’“american way of life”, dont la modestie se prit d’abord pour Jésus-Christ, puis pour le Général de Gaulle, pour Sirius - elle préféra Jupiter - … … et enfin aboutit après son élection, par moins de 40% de votants sur toute la France, en chef des Armées dont elle ne porta jamais uniforme, chef tout de même magnanime envers les troupes qu’elle visita fringuée en simple militaire aviateur. C’est Brecht, dans L’exception et la Règle (1930) qui alors nous revint à l’esprit,

 

L’homme faible meurt, l’homme fort se bat

Et c’est bien ainsi.

On aide le fort, on n’aide pas le faible

Et c’est bien ainsi.

Laisse tomber celui qui tombe, et donne-lui un coup de pied

Car c’est bien ainsi.

Et le Dieu des choses telles qu’elles sont, créa le maître et l’esclave !

Et ce fut bien ainsi.

Et celui pour qui ça va bien est bon et celui pour qui ça va mal est mauvais

Et c’est bien ainsi.

 

D’aucuns avancent qu’avec la mondialisation, la massification déréglée du presque tout-informatique, la hiérarchie des classes sociales n’existerait plus en tant que telle décrite par les meilleurs théoriciens, quelle indécence… En ayant vécu dès l’enfance les effets claniques à tous les étages, leur narcissisme des petites différences, je ne l’avais pas remarqué.

 

• Pour ce qu’il en est du narcissisme des petites différences en général avec ses champs clos, ma crédulité d’enfant en la solidarité entre celles et ceux qui se disaient proches à un titre ou l’autre perdura des décennies. Un jour, très très tard, à l’expérience de la nature humaine que pourtant j’observais avec un certain discernement quand il ne s’agissait pas de moi, du “Moi”, je réalisai qu’elle avait confiné à une incommensurable niaiserie. Ce constat émergea peu à peu au fur à mesure que je fus confrontée à la condescendance de la classe de la bourgeoisie française juive principalement alsacienne, assimilée depuis le Code Napoléon, dont l’état d’esprit d’“entre-soi” s’était reconstitué à l’identique après-guerre envers notre parentèle de Juifs qui avaient dû fuir l’Allemagne, la Mitteleuropa, l’URSS et ses satellites, n’avaient pas encore eu le temps d’apprendre correctement la langue, qu’elle considérait comme de la vernaculaire piétaille, indigne de passer leur douane.  

 

25 juillet 2017

 

• Quelle que soit sa gestion gouvernementale, de même que celle de la direction des affaires par l’ensemble des responsables politiques dont je me tiens dorénavant à distance, je garde une fidèle estime envers Madame Angela Merkel depuis son

 

 

Allocution devant la Knesset à Jérusalem le 18 mars 2008

Texte intégral en Allemand
Avec l’autorisation de l’Ambassade d’Allemagne à Paris

Source : BPA, Office de presse du gouvernement fédéral 

• Augmentation prévue du prix du tabac. Les précaires de toutes classes sociales seront une fois encore pénalisés dans le recours à un objet partiel les aidant à supporter la dureté de leur vie, tandis que le capitalisme triomphant avec ses industries de pollution, sa surconsommation élitaire, ses gabegies, le gaspillage de tous ordres, les millions de mères qui voient au quotidien leurs enfants mourir de famine et/ou de maladies… continue d’être chouchouté dans le  déni de cartels auto-satisfaits…

 

18 - 19 juillet 2017

 

L’informatique, quand bien même je l’utilise au quotidien par commodité, ne m’intéresse pas plus que la formule assez contradictoire d’intelligence artificielle. En quoi un robot, manipulé par l’ingéniosité humaine, est-il habilité même par artifice à entendre, à comprendre (Cf. Spinoza : Nam pars mentis aeterna est intellectus, per quem solum nos agere dicimur • La part éternelle de l’âme est l’entendement, par qui seul nous agissons) ?

Et puis je ne me représentais pas voter pour une “start-up” ni être intégrée en tant que citoyenne libre de penser et de dire dans une entreprise nationale destinée selon les professionnels à “produire des biens ou des services pour le marché”.

• À l’occasion de ce nouveau quinquennat, les vocables que je ne voudrais plus entendre à tout bout de harangues, propos communs, soap-scénarios… : envie (besoin immédiat, convoitise) ; en capacité de ; les interjections putain, con (caractère sexuel à l’origine attribué aux femmes, aujourd’hui adopté aussi par des femmes) ; humour (quand il s’agit de lourds calembours dont Victor Hugo écrivait qu’ils sont “la fiente de l’esprit qui vole”) ; des “euh” après chaque mot, de l’accent “rap” chez les comédiens… et combien d’autres encore ; quant à empathie, cf. définitions et commentaires répétés dans ce journal, ainsi que fantasme : comment parler de fantasme, déjà par abus d’usage collectif, mais surtout quand les plus récentes générations sont par addiction aux outils informatiques vidées dans le réel de leur imaginaire, de rêve, de toute représentation autre que ce dont le tout-image les gave, voire, puisqu’il n’y a plus de refoulement, de leur inconscient dès la naissance.

 

• L’objet initial de Freud tandis qu’il découvrait la psychanalyse consistait à ce que chaque humain, en partenaire à équité de travail avec l’analyste, apprenne à faire face à ses pulsions primitives sauvages de sorte de parvenir d’abord à les neutraliser, ensuite de les maîtriser et ainsi d’en transformer la redoutable puissance en la dirigeant vers un but plus élevé relevant de la sphère de l’esprit, quelles que soient les compétences intellectuelles ou/et manuelles, physiques ou/et psychiques de tout un chacun.

L’on pourrait désigner cette intention par : espoir de faire œuvre de civilisation.

Il semblerait aujourd’hui, 120 ans ayant passé, que depuis les slogans “prenez vos désirs pour des réalités, jouir sans entraves, etc.”, la résistance obstinée à la psychanalyse chez les présumés tuteurs et tenants de la transmission, ait fait progressivement œuvre du contraire à tous les échelons, à commencer par celui de l’éducation des enfants.

En cette aube du XXIe siècle, le réel de la sauvagerie des pulsions à l’état brut, l’obscurantisme froidement infusé, nous éclatent à la figure, débridés sous tous leurs aspects.

 

• Freud, à l’encontre des clichés répandus par qui n’a probablement pas eu le temps de le lire, dont un fameux philosophe, n’a jamais prétendu que la psychanalyse était une panacée universelle. À l’inverse, en toutes lettres il en a avec soin décrit les limites thérapeutiques. Tout en craignant - et la suite nous a démontré la justesse de son appréhension - que la psychanalyse devint la danseuse et la domestique soumise à la psychiatrie, il souhaitait néanmoins qu’elle puisse inciter d’autres disciplines culturelles, scientifiques, éducatives, à seconder leurs recherches vers un mieux-être des conduites humaines.

Vers la fin de sa vie, à l’épreuve de la résistance assidue qui persistait à s’opposer à la psychanalyse déjà accaparée par la psychiatrie, mais pas encore par la philosophie et à sa suite par le commun des mortels, il se demandait si elle ne finirait pas par être aussi englobée dans la biologie.

Cela dit, pour en revenir aux agissements plus ou moins frais de gens en vue, je ne comprends toujours pas que leurs conjoints et conjointes s’annonçant exercer professionnellement la psychanalyse ne soient pas attentifs à les mettre en garde quant aux entorses à l’éthique dont ils se réclament. 

 

Là-dessus, je fais la pause d’été pour continuer de relire, compléter, éventuellement modifier en notes l’ensemble de mes écritures depuis 50 ans.

 

Bien cordialement à vous et bonnes vacances,

M. W.

parfois

Tania Bloom

 

16-17 juillet 2017 - 16-17 juillet 1942

 

Le 16 juillet 1942, premier jour de la rafle du Vel’ d’Hiv, jour anniversaire de mes 8 mois, la police française est venue me chercher là où j’étais cachée, chez Jeanne et Paulo Zakin, 6, rue Gasnier-Guy - Paris XXe, dénoncés par la concierge de l’immeuble. Cette adresse n’existe plus, elle était celle de la première fabrication des “chips” (les frites) en France.

 

Féminin-masculin-égalité : pourquoi dit-on “une écrivaine” et pas “un égérie” ? Pourquoi le Sphinx et non pas la Sphinge (cf. http://www.cnrtl.fr/definition/sphinge) ?

 

Chez qui l’on désigne par “psychotiques”, à la différence des névrosés, le temps est arrêté, sans passé ni avenir, fixé au présent. À leur égard, l’on n’entend guère parler ni témoigner d’“empathie”.

 

Suite sine die en vrac

 

Je garde, précieux, le rapport remarquable sur mon “cas” comme on disait, d’Irène Oppolon attachée aux institutions juives et non juives, à leurs réseaux formés pendant la guerre, dont celui créé par Eugène Minkowski, relevant de l’Institut de Psychanalyse d’alors.

 

http://www.ose-france.org/memoire/le-service-archive-et-histoire-de-l’ose/l’ose-100-ans-d’histoire/le-sauvetage-des-enfants-juifs-pendant-l’occupation/

 

À la différence des générations d’après-guerre, autant professionnels que non professionnels, au-delà de ce qu’ils avaient eux-mêmes traversé, enseignés par cela, nous écoutaient. C’est ainsi que j’ai été confiée à Françoise Dolto à l’âge de 7 ans. Je les cite par, chacun-e, leur nom, je leur rends hommage, de même que j’évoque la suite de nos itinéraires respectifs ailleurs dans ce volumineux journal.

De même, j’ignore comment j’ai réussi à garder, presque trois-quarts de siècle durant, le pot à lait avec lequel, à 3 ans, cachée alors une nouvelle fois pendant la traque dans un couvent de province, nous allions à la ferme voisine sœur Marguerite et moi accrochée à sa main. À l’aller, je le portais vide. Sœur Marguerite espérait m’entendre appeler la supérieure “mère”. Ce fut en vain. Ce fut “non”. C’est tout ce dont je me souviens. Le couvent a été dénoncé, malgré mes recherches, je ne l’ai pas retrouvé et ne sais pas ce qu’il en est advenu. La traque avait repris.

 

 

 

 2-3 juillet 2017

Un témoignage dans son temps

 

Je ne pense pas non plus comme Yehudi Menuhin : « Si je pouvais jouer la Chaconne de Bach dans la chapelle Sixtine vraiment aussi bien que j’en rêve, alors le monde serait changé. » Malheureusement, si la beauté sauvait le monde, cela se saurait ! Un tout petit peu, peut-être ?

Ami Flammer

Apprendre à vivre sous l’eau

Christian Bourgois éditeur • 2016

 

“Nous ne ferons pas la paix avec des gens comme vous qui veulent la paix. Nous ferons la paix avec des gens qui nous détestent.” (En gros : vous ne servez pas à grand-chose.) Et puis il a eu aussi phrase implacable : “Dans notre malheur, notre seule chance est d’avoir comme ennemis les Juifs. Nous n’aurions jamais autant de soutien dans le monde si nos ennemis n’étaient pas les Juifs !”

 

Ibrahim Souss à Ami Flammer

 

ø

 

[N. B. Féminisation des noms communs. Que lit-on à Création de la femme dans la Genèse 2.21-23 ?

 

21 Alors l’Éternel Dieu fit tomber un profond sommeil sur l’homme, qui s’endormit ; il prit une de ses côtes, et referma la chair à sa place. 22 L’Éternel Dieu forma une femme de la côte qu’il avait prise de l’homme, et il l’amena vers l’homme. 23 Et l’homme dit : Voici cette fois celle qui est os de mes os et chair de ma chair ! On l’appellera femme, parce qu’elle a été prise de l’homme.

 

D’où, pour gagner un temps qui m’est de plus en plus précieux, je ne me plie pas systématiquement à la féminisation des noms communs. Non pas selon le vœu de Dieu. Certes, le vocabulaire, la grammaire ont été établis par l’homme et non selon la différence des sexes. Mais en quoi ajouter un appendice (! cherchez lequel !), le -e par exemple, a-t-il influé sur les comportements ? La féminisation des noms communs, tout comme l’égalité (excepté en droit, si elle existait, ça se saurait), la fraternité (il faudrait éradiquer définitivement narcissisme des petites différences urbi et orbi, jalousies, rivalités, hubris, et s’interroger que la bien- ou mal- faisance, l’humanité ou la sauvagerie), “mariage pour tous” plutôt que “mariage pour les homosexuels”, etc., ne sont qu’artifices lénifiants, certificats de bonne conscience, n’ont rien changé au sexisme (cf. la publicité, les images…), aux insultes xénophobes, à l’ostracisme physique et verbal tous azimuts, etc. De même, il y a des conservateurs idéologiques congelés dans leurs privilèges et des conservateurs de musées, d’œuvres d’art, d’architecture, de patrimoines littéraires, de transmission…

 

“Il n’y a pas de différence des sexes. Il n’y a que la possible, ou non, érotisation sexuée de la différence. L’homme n’a pas à être spécifié quant à la différence des sexes. Il est dans le fait aliéné par son anatomie en tant qu’il est de toute façon repéré comme tel : ou bien il est homo ou bien c’est vir...”, écrivait François Perrier qui notait que, contrairement à l’allemand et à l’anglais, le neutre (es, it) est absent de la langue française pour qualifier le “ça”, le “sac à pulsions”.*

 

* In Petit glossaire des concepts freudiens appliqués à la clinique selon François Perrier, éd. ψ [Psi] • Le temps du non, 1990, disponible par envoi informatique sur demande.

 

 “C’était mieux avant.” Si, par facilité, l’on ne se laisse pas happer par les slogans (“un slogan, plus souvent on l’assène, mieux il marche, disait en substance Gœbbels), il y a deux façons d’entendre cette locution : l’une, ardente, celle de continuer à empiler indifféremment en tas les locuteurs en les qualifiant de réacs ; l’autre, en prenant le temps - dirais-je le soin ? -, de se demander si chacun d’entre eux ne témoigne tout simplement pas de son itinéraire singulier dans son siècle et dans l’histoire du monde, selon sa génération ou son inter-génération. Ce pourquoi j’intitule aujourd’hui ma page de journal « Un » témoignage, le mien.

 

À suivre…

 

25 juin 2017

Être juif

ø

Ami Flammer

Violoniste • Auteur

 de

« Apprendre à vivre sous l’eau »

 

https://www.youtube.com/watch?v=HEHdh0xGix8

https://www.franceculture.fr/emissions/talmudiques/ces-petites-histoires-qui-nous-portent

https://www.franceculture.fr/emissions/talmudiques/ces-petites-histoires-qui-nous-portent-22

 

“… je me suis mis à écrire mes histoires à moi, ma vie à moi, tout ce qui me préoccupait, encore maintenant, la musique, la politique, le judaïsme, l’athéisme, je suis né juif j’allais dire, et quand je dis ça, ce n’est pas dire “voilà, c’est comme ça, ça ne bougera pas”, c’est que, ce que m’ont apporté mes parents, en tant que juifs et ce qu’ils m’ont dit, a fait une partie de moi-même, je n’y peux rien, et en plus, c’est le vieux truc de Sartre, c’est les autres qui font de vous un juif, parce que quand vous êtes rejeté, on renforce votre judaïsme, on ne le détruit pas […]bon voilà, il faut dire les choses telles qu’elles sont, l’histoire est là, il faut dire finalement, même si je me sens jeune, tant mieux, enfin je suis né quand même pas longtemps après la guerre, et quand on est surtout en Lorraine après-guerre, le judaïsme, si on en est, on ne peut pas y échapper, parce que dès qu’on sort de chez soi, c’est “sale juif” toutes les 5’, et bêtement quand j’étais gosse, je me disais, “ben non, je me suis lavé les mains, donc je ne suis pas sale”, mais évidemment c’est plus compliqué que ça. Le mot ivrit, en hébreu veut dire hébreu, vient vraiment du verbe laavo, qui veut dire “passer, traverser”, donc le juif c’est quelqu’un qui se balade. Voilà, moi je le pense profondément, donc je suis un juif diasporique, tout en rejetant plus complètement l’existence d’un État, parce que… parce que c’est comme ça… Un jour, mon père m’a dit, “tu sais, tu peux tout dire, n’empêche qu’après-guerre, quand on a appris qu’il y avait un État juif, Israël, on a arrêté de raser les murs”. Ça je ne l’ai pas vécu je suis né après, donc je suis obligé d’entendre ça. Alors il a eu des erreurs monumentales, comment ça s’est fait, historiques, politiques, terribles, bon, maintenant je me sens plutôt a-sioniste plutôt qu’antisioniste, même si, jeune, j’ai milité en Israël dans un mouvement antisioniste. Le mot qui dit “livre” en hébreu est le même qui dit “raconter”, enfin c’est la racine. Tout livre raconte. Et je dis, contrairement à plein de musiciens, je pense que la musique raconte. Là, je suis en opposition totale avec Boulez, qui a dit en 1964, “la musique n’est pas signifiante”. Si, je ne crois pas ça. Je ne crois pas à la pureté absolue, je ne crois pas à l’abstraction de la musique, bien sûr que la musique est un art sublimissime, qui nous met sans doute dans des états un peu particuliers. Mais c’est signifiant, quand Chostakovitch écrit, il parle de Staline, il se révolte contre Staline, quand Beethoven écrit, il est énervé, il est énervé contre les dirigeants de l’époque, il se pose des questions sur Dieu tout le temps, quand il est déprimé, il écrit autre chose, et quand il est joyeux, il est tellement heureux d’être joyeux parce que ce n’est pas souvent, alors là, paf ! la joie sort bien plus que tous les autres, donc la musique raconte. Je pense que de temps en temps, le violon doit être un instrument qui se mêle à la percussion, et que, justement, parce que c’est un instrument de la largeur sonore, quand on arrive à avoir un rythme précis, tout d’un coup, c’est extraordinaire, parce que ce n’est pas fait complètement pour ça, et ça donne une rythmique incroyable, une précision rythmique, une attaque rythmique que je trouve géniale […] On est toujours dans l’idée, on apprend par cœur les mélodies. Et je dis [à mes étudiants], “non, un rythme a son identité, presque comme un thème, et chaque rythme est joué différemment” […] donc on doit avoir une mémoire du rythme autant qu’une mémoire de la mélodie, ça c’est un truc sur lequel je me bats. Et sans doute - alors, vous allez dire que je ramène tout au judaïsme - il y a aussi un truc qui m’intéresse là-dedans, mais ça ce n’est pas seulement le judaïsme, les religions, toutes les religions, se méfient du rythme. On est dominé par le rythme, on n’est plus conscient, on perd sa conscience, et en même temps je suis contre ça, évidemment, mais ça m’intéresse, je trouve que ce n’est pas complètement faux. Même si pour moi, ce n’est pas du rythme au vrai sens du terme, mais toutes ces musiques dites actuelles, où c’est “boum-boum” toute la journée, alors eux appellent ça du rythme, mais pour moi ce n’est pas ça le rythme, évidemment, c’est je ne sais pas quoi. Mais n’empêche que là, oui, on arrive au point où il n’y a plus du tout de musique, il n’y a que le “rythme” entre guillemets, même si le rythme est plus compliqué que ça, et là, oui, on est dans la transe […] Bien sûr, Beethoven n’était pas juif du tout, mais ce n’était pas un hasard, c’était un des rares qui n’était pas du tout antisémite, et pas seulement parce qu’il n’était pas antisémite, mais… tout le monde croit que l’antisémitisme ça a commencé au XXe siècle, mais si vous relisez tout, c’est tout le temps, Mozart a eu des ennuis parce que son librettiste était juif, Beethoven a eu des ennuis parce que le mec qui l’a le plus défendu en Angleterre était un juif, qui l’a défendu à mort, il lui a offert son meilleur piano, et puis d’autres ont fait exactement le contraire… Beethoven, c’est quelqu’un qui lisait Kant toute la journée, tous les jours, c’est quelqu’un qui se posait les vraies questions, c’est quelqu’un qui… s’il y a quelqu’un qui applique ce que je dis sur la musique qui parle, qui est signifiante, c’est Beethoven, pour moi c’est un mec qui parle avec la musique.”

 

19 juin 20

Stefan Zweig • Trois poètes de leur vie

Lecture-traduction • Extraits

 

 

 

12 juin 2017

Lendemain du premier tour des élections législatives

 

Don Giovanni

Max Slevogt • Lied du champagne

Sganarelle (à Don Juan)  “… Qui n’a point de loi vit en bête brute”

 

[Cf. Stefan Zweig • Trois poètes de leur vie, en cours de traduction]

 

 

 

La mutilation d’Ouranos par Cronos

Giorgio Vasari et Gherardi Christofano

 

 

 

Bételgeuse tourne trop vite sur elle-même

Selon l’astronome Craig Wheeler (Université d’Austin)

 

10 juin 2017

 

Quelle appétence incite Alain Finkielkraut encore ce matin dans « Répliques », intitulées La Question du deuil, à se référer à Freud et à en commenter la théorie ?

Ainsi Alain Finkielkraut récidive, ré-aplatit la pensée de Freud, que manifestement il a peu lu, en déclarant que le “travail” de deuil consiste à se “débarrasser” d’un objet perdu en lui en “substituant” un nouveau. Et, hop, le tour est joué !

Pour faire bref, dans Deuil et mélancolie, Freud décrit la mélancolie comme un état pathologique issu de l’infirmité pour le sujet de restaurer sa libido - sa capacité d’aimer - évidée par la perte d’un objet aimé. Le mélancolique a absorbé le ou la mort-e et le hante, il ne peut s’en libérer.

Le “travail” de deuil, lui, est un long cheminement non pathologique qui vise à obtenir de soi l’expulsion de l’objet perdu séquestré, de sorte de parvenir à rétablir la libido détruite pour pouvoir la réinvestir dans le réel sur des objets extérieurs.

Freud y réussit après la mort de sa fille Sophie.

 

Mort de Sophie (1893-1920) à 27 ans

 

À Binswanger, le 11 avril 1929

 

La perte d’un enfant semble être une blessure sérieuse et narcissique ; ce qu’on appelle le deuil ne suivra probablement que plus tard.

[…]

Nous savons que la douleur aiguë que nous ressentons après une telle perte suivra son cours, mais aussi que nous resterons inconsolables et ne trouverons jamais de substitut. Peu importe ce qui pourrait venir à prendre sa place, même s’il remplit complètement cet endroit, il reste autre chose. Et c’est ainsi que ce devrait être. C’est la seule façon de perpétuer un amour que nous ne voulons pas abandonne

 

Ce lui fut plus difficile, lors du décès de Heinele, le plus jeune fils de Sophie.

 

Mort de Heinele (1918-1923), le 23 juin 1923 à 4 ans et demi.

 

À Katá et Lajos Lévy, le 11 juin 1923, une semaine avant la mort de Heinele

 

Je supporte très mal cette perte, je crois n’avoir jamais éprouvé un tel chagrin ; peut-être le choc est-il plus durement ressenti du fait de ma propre maladie. Je travail contraint et forcé ; dans le fond, tout m’est devenu indifférent.

 

À Binswanger, le 15 octobre 1926

 

[Heinele] me tenait lieu de tous mes enfants et autres petits-enfants ; et, depuis, depuis  la mort de Heinele, je n’aime plus  mes petits-enfants, je ne me réjouis plus de la vie. C’est aussi là le secret de l’indifférence.

 

Mais, écrit Max Schur dans « La Mort dans la vie de Freud » :

 

Ceux qui ont, comme moi, connu Freud par la suite peuvent difficilement prendre à la lettre ces déclarations. Freud ne cessa jamais d’aimer. Il noua de nouveaux liens et renforça les liens plus anciens. Il n’aurait jamais pu survivre sans eux. Il resta profondément attaché à ses petits-enfants et je me souviens avec quelle tendresse il prit congé de sa petite-fille Eva en août 1939, sachant très bien qu’il ne la reverrait jamais. 

 

 

22-28 mai 2017

 

Évolution d’une longue vie : L’avenir d’une illusions • Freud  Les illusions perdues • Balzac. La découverte de la psychanalyse par Freud représentait pour moi la seule voie nouvelle, originale, le seul langage, la seule thérapeutique, capables de transcender les classes, les idéologies de toute nature.

Le livre de Stefan Zweig, Trois poètes de leur vie, nous propose en 1928 un contrepoint anticipé à l’hypothèse ultérieure de Freud dans ses tardifs écrits romanesques (cf. L’homme Moïse… par ex.) sur ce que serait la “vérité historique”.

Dans les pages culturelles d’un hebdomadaire hier, Freud était désigné comme “le guru viennois”. Quelle nécessité alors les penseurs médiatiques eurent de rendre publics (vulgare en latin), sans se soucier d’en rechercher la signification, les concepts que Freud avait soigneusement choisis pour singulariser sa théorie ?

Ainsi, quelques-uns : Bug ou piratage chez Orange, connexions interrompues dans le quartier pendant quatre jours. D’après les informations, elles devraient être rétablies ce soir ou demain matin.

Page tournée, L’REM est passée. N’apprécie vraiment pas obéir au choix forcé de la peur de Marine Le Pen, je n’avais pas, sérieusement pourquoi aurais-je eu ? J’aurais voté Malek Boutih s’il s’était présenté.

Impression que depuis 2006 les élections successives ne furent qu’un commerce de vengeances. Est-ce une question de génération, d’âge, de lassitude ? Voilà que l’indifférence m’a soudain surprise un beau jour de pluie pendant la campagne électorale, je n’ai plus le moindre avis sur ces choses. Toutefois un avantage de cet état de fait : hydrolyse de toute tendance à la nostalgie. Je dirais, comme Alain Delon lors d’une interview, “Vous avez vu le monde dans lequel on vit ?”.

Aussi, comme on dit, de mon vœu, “Vogue la galère ! ”.

Je souhaiterais cependant que ce tournant n’oublie pas d’être culturel et songe à déconseiller la pédance des vocables, des concepts, des discours publics, médiatiques, éducatifs, etc., de même que les “euh…” après chaque mot, qu’il incite à la simplicité d’entendement, notamment par les enfants, les laissés pour compte de la scolarisation, etc. Quelques exemples seulement dans le tas ;

• d’indélicatesse automatique de journalistes lors des débats radio-télévisés : censurer brutalement, grossièrement, un-e invité-e en cours de propos par “on a compris”. Ah oui ? Saluons leur acuité de perception immédiate.

• Vocables et autres expressions, empruntés au vocabulaire de la psychanalyse, sans guère s’être préoccupé de leur sens : “décomplexé-e”, le complexe étant un ensemble structuré d’éléments mnésiques inconscients de la personnalité qui […] déterminent, le plus souvent à son insu, ses affects et ses actions. Tout le monde n’a pas suivi une psychanalyse, appelée à rendre conscient ce qui ne l’est pas ;  “retour du refoulé”, le refoulement au sens propre étant l’opération par laquelle le sujet cherche à repousser ou à maintenir dans l’inconscient des représentations (pensées, images, souvenirs) liées à une pulsion. Le refoulement se produit dans les cas où la satisfaction d’une pulsion - susceptible de créer par elle-même du plaisir - risquerait de provoquer du déplaisir à l’égard d’autres exigences ; (à suivre...)

 

28 mai 2017

 

Micheline Weinstein

              à

       Kha

 

Objet = Possibly for archives • Éventuellement pour archives

 

English

 

2 • Letter of a ghost

 

Paris, May 28th, 2017

 

Dear Kha

 

Laure being in charge of spreading the mail, I can not remember if you still appear in our list of addresses and if you had received my letter of focus to Me Zaoui who had deceived my confidence and had flanked me in a villain Which I did not win until 10 years later, and who spun a lot of what Jacqueline (Levy-Geneste) had bequeathed to me.

So I do not know whether Laure sent you the mail below, and if so, it will be the last. I summarized as briefly as I could what has afflicted me throughout half a century, other trifles are elsewhere in my Uninterrupted Journal. But fortunately the impediments have never affected the renewal of my patient that the older I am, the younger it is (currently 4 to 35 years).

As a result of your elegance towards me (Jacqueline would not have appreciated ?), I have terminated the legacy in favor of the *** after my death.

 

The best of wishes for the future,

Micheline W.  


Français

 

2 • Lettre d’une revenante

 

Paris, le 28 mai 2017

 

Chère Kha

 

Laure étant chargée de diffuser le courrier, je ne me rappelle plus si vous figurez encore dans nos bouquets d’adresses et si vous aviez reçu ma lettre de mise au point à Me Z. qui avait trompé ma confiance et m’avait flanquée dans un vilain pétrin, dont je ne suis sortie gagnante que 10 ans plus tard, et qui a essoré une grande partie de ce que m’avait légué Jacqueline (Lévy-Geneste).

Je ne sais donc pas aujourd’hui si Laure vous a fait suivre le courrier ci-dessous, et si oui ce sera le dernier. J’y ai résumé le plus brièvement qu’il m’était possible ce qui m’a affligée tout au long d’un demi-siècle, d’autres vétilles figurent ailleurs dans mon Journal ininterrompu. Mais par bonheur les impédimentas n’ont jamais affecté le renouvellement de ma patientèle qui plus je vieillis, plus jeune est-elle (actuellement de 4 à 35 ans).

À la suite de votre élégance à mon égard (Jacqueline aurait-elle pas apprécié ?), j’ai résilié le legs en faveur de l’*** après ma mort.

 

Je vous souhaite une bonne continuation,

Micheline W.  

 

25 mai 2017

 

1 • Lettre d’une revenante

 

Micheline Weinstein              

 à            Mirc

 

Paris, le 25 mai 2017

Chère Mirc

 

Depuis plus de dix ans, par intermittence, me vient à l’esprit l’intention de t’écrire, à toi mais cela vaut aussi pour beaucoup des autres lacanien-nes que j’eus l’occasion de croiser professionnellement, certain-es de publier, selon la ligne que je m’étais tracée en créant mes éditions artisanales, puis le site, c’est-à-dire sans interdit ou censure quand j’estimais valables leurs travaux portant sur la psychanalyse.

Plutôt niaise, tout au long de plus de presque un demi-siècle, j’estimais que la psychanalyse était la seule discipline qui, pour ma plus grande sérénité, ne répondait que d’elle-même, qu’elle était étrangère à toute espèce de classification en cours.

En bref, je résistais sans démordre à “croire” et à prendre en compte les usages banals des camarillas, sectes, coteries, mondanités, snobismes, codes, mots de passe, voire gothas, pratiques instaurées de la séduction, et tout ce qui s’apparente à ces vocables.

Je ne cessais de m’étonner de ce que Lacan élevait la structure perverse, pour Freud foncièrement incompatible avec la psychanalyse, à la dignité d’une éthique.

J’ai dû me résoudre bien tard à littéralement trancher dans le vif, affronter la réalité, celle des exclusions tacites mais implacables, pour cause de non soumission à quelque appartenance, quand ce ne fut pas tout simplement à prendre acte de ma non-existence déclarée sans vergogne par des supposés collègues délicieusement assujettis au Maître.

C’était la longue époque où les lacanien-nes, essentiellement juifs, péroraient entre eux, passe-moi l’expression triviale “pissaient de la copie”, se répandaient dans les ondes et les médias, colloquaient, tout cela avec componction et pédance, sur l’extermination des Juifs et ainsi voulaient délibérément ignorer qu’ils déroulaient un tapis rouge au négationnisme.

Personne, au su de mon expérience personnelle de la chose, pas même qui tu sais - qui est allée jusqu’à me demander un jour pourquoi je ne parlais toujours que de psychanalyse -, n’a trouvé intéressant de m’inviter à donner mon point de vue sur le sujet, à témoigner par exemple de la cause d’origine qui m’avait créée rétive à toute allégeance.

Chacun-e d’entre vous, tu n’y échappais pas, inutile de le préciser, quand je proposais un travail commun, outre les louanges au Maître et à ses théories, ne parlait que de Soi, que de son Moi, de ses problèmes conjugaux et d’argent, apostrophait autrui en le ou la prenant pour un punching-ball, autrement dit transférait en direct, avec brutalité, sans la tamiser, sa haine pour un proche ou un lointain, comme s’il n’avait pas eu accès à une psychanalyse personnelle, et aimait aussi à divulguer des ragots le plus souvent calomnieux. Je ne fus témoin de la pratique de la psychanalyse dans ce “milieu” seulement lorsque des vôtres analysant-es en plein désarroi ont commencé à me solliciter, soit pour reprendre leur analyse, soit pour recueillir d’autres adresses.

N’ayant pas d’autre choix de ce que je devais faire de ma vie, ni autre goût que celui d’acquérir un savoir toujours inachevé, je l’ai dédiée au travail. Et, envers toi comme envers quiconque en ce domaine, sans aucun affect, ce concept relevant exclusivement du domaine privé.

Contre quoi, pour peu que je me sois manifestée, j’ai entendu des propos et assisté à des comportements “normaux” pitoyables qui m’ont consternée, dont j’étais persuadée qu’ils étaient antinomiques avec la pratique de la psychanalyse. Car si c’est pour se conduire “comme tout le monde”, en quoi la pratique de la psychanalyse peut-elle servir la psyché aux prises avec ses enchevêtrements ? Autant exercer honnêtement un autre métier.

Pour conclure, voici ce que je note ces jours-ci dans mon journal ininterrompu 1967-2017 : • Évolution d’une longue vie : « L’Avenir d’une illusion » • Freud « Les Illusions perdues » • Balzac.

La découverte de la psychanalyse par Freud représentait pour moi la seule voie nouvelle, originale, le seul langage, la seule thérapeutique, capables de transcender les classes, les idéologies de toute nature.

Par ces mots de Kafka, ma solidarité te souhaite le “Le bonheur [qui] supprime la vieillesse.”

Micheline W.

 

 

09 mai 2017

 

À l’attention de Laurent Gayard, Causeur

 

En fait, s’agit-il vraiment de “tuer le père” sauf, ce qui est abondamment partagé dans les familles, quand le père est un satrape dont l’occupation principale consiste à casser son ou ses fils ? 

Il existe cependant des pères, dignes de ce signifiant, qui ont le souci d’ouvrir la voie d’avenir  à leurs fils, les aident (et non pas les “aiment”,  comme le prêche le vœu pieux qui ne sert qu’à culpabiliser les fils) à se libérer de leurs identifications infantiles, à structurer leur choix de vie et à prendre leur envol en toute indépendance de penser et de dire.

Encore faudrait-il que Hollande soit un “père”, ce dont son autolâtrie ne témoigne guère. Par contre son dilettantisme semblerait (sous toutes réserves) indiquer qu’il est le fils de ses mère et  père... T. B.

6 mai 2017

 

 

30 avril 2017

 

27 avril 2017

 

Message du 25 avril au sujet de la synagogue Copernic

 

Lu dans Le Figaro du 23 avril 2017

[Extrait]

 

 

Un projet de refonte complète du bâtiment Art déco de la première synagogue libérale française, à Paris, est en cours de discussion. Dans une pétition, 3 400 opposants dénoncent un mépris de l’histoire et du patrimoine.

Peut-on faire du neuf avec du vieux ? L’Union libérale israélite de France (Ulif) est aujourd’hui confrontée à ce dilemme. Le conseil d’administration de la synagogue de la rue Copernic à Paris, un des rares lieux de culte juif anciens en France (1907), a présenté il y a un mois, à ses membres, un projet drastique de rénovation. « Le bâtiment n’est pas aux normes et nous manquons cruellement de place, tant pour les offices que pour les cours de Talmud Torah » expose le président du conseil, Jean-François Bensahel.

Sollicité, le cabinet d’architecture Valode et Pistre a planché sur une nouvelle synagogue, ainsi que sur une extension des locaux. L’ancien édifice Art déco n’étant pas classé monument historique, les architectes ont visiblement eu envie de faire table rase du passé.

Selon une photo publiée sur les réseaux sociaux, l’actuelle façade de la synagogue, aujourd’hui discrète, serait remplacée par une façade contemporaine, en verre et en pierre blanche. De manière stylisée, sept grandes failles en forme de chandelier (Menorah) signeraient l’usage du bâtiment. Selon plusieurs témoignages, les futurs aménagements intérieurs seraient à l’encan, fonctionnels et ostentatoires. Bien que l’Ulif affirme que certains éléments de décors - la verrière Art déco, les inscriptions dorées, l’Arche sainte - seront conservés, l’exercice sera délicat : il est en général très difficile de mélanger les styles sans que cela n’apparaisse comme « plaqué ».

 

Mon message

De : sitassoc@orange.fr

Date : 25 avril 2017 11:48:31 HAEC

Objet : Synagogue Copernic

 

Chère Amie

 

Je ne cesse de vous solliciter, veuillez m’en excuser. Je viens de lire le projet de “refondation” de la synagogue Copernic à Paris dans Le Figaro.

 

En Israël

Quelle idée, bien dans l’air de ce temps de l’argent, “fashionable” (Mme de Staël), de “refondre” la discrétion de sa façade Art déco, voulue par le Judaïsme français en 1907, 11 ans avant l’obtention du rattachement de l’Alsace à la France en signe d’assimilation par nos anciens à la suite de l’acquittement du capitaine Dreyfus.

Veut-on concurrencer en prestige, en étalage selon la moderne francité, l’architecture d’autres lieux de culte ?

Ne serait-il pas plus urgent, impératif, de mobiliser les fonds considérables destinés à ces travaux et en répartir la somme pour parer à l’indécence, face à la fierté affichée de sur-fortunés (louée par les médias), contraire à l’esprit et l’espérance de celles et ceux qui fuyant les pogroms d’Europe Centrale bâtirent Israël dans les années 20, de l’accablant au-dessous du seuil de pauvreté dans lequel subsiste nombre d’Israéliennes et Israéliens : enfants, mères célibataires (ou délaissées), anciens déportés, anciens tout court, accidentés de la vie, nouveaux arrivants successifs, non-diplômés... ... ... ?

 

En France

Il ne reste plus beaucoup d’Ashkenazes en France, le plus grand nombre des anciens déportés revenus s’en est allé, celles et ceux encore présents un par un nous quittent, de telle sorte que depuis le milieu du XXe siècle, la quasi totalité des institutions juives furent de fait relayées par les Juifs sépharades. Pour nous, derniers directs héritiers ashkenases de la Shoah, celles et ceux aujourd’hui au crépuscule de leur vie, arrière-petits-enfants de l’Affaire Dreyfus, la synagogue Copernic témoigne, telle quelle, de l’attachement à notre patrimoine historique culturel* dont l’effaçage de son style architectural aurait pour effet de contribuer à nous effacer prématurément. 

 

* Patrimoine culturel historique, religieux ou pas : “Je crois en les forces de l’esprit”, soit-il saint ou comme je le suis, agnostique.

 

P. S. Vu votre notoriété auprès des institutions juives, accepteriez-vous de faire suivre ce message aux intéressés, l’adresse mail de Copernic sur Internet n’étant pas valide (l’eût-elle été, je ne vous aurais pas de nouveau sollicitée…) ? Ou encore, si vous avez une adresse valide de son contact, voulez-vous me la communiquer ?

 

Je n’ai pas reçu de réponse à ce jour.

 

Micheline Weinstein

 

6 - 16 avril 2017

 

À l’intention de qui serait intéressé-e

par la théorie et l’évolution de la pratique psychanalytiques

 

Finitude et infinitude de l’analyse

[Lecture - Traduction en cours]

 

Freud • 1937

 

C’est en 1937, deux ans avant sa mort, que Freud écrivit deux textes testamentaires, Konstruktionen in der Analyse et Die endliche und unendliche Analyse. J’aurais volontiers traduit unendliche, enfin je l’ai entendu comme cela, par le néologisme afinitude, pour sa proximité avec le préfixe un allemand, dont Freud précise, dans Das Unheimliche (1919), qu’il signifie le refoulé, et aussi pour une petite musique homophonique avec affinité, mais ç’eût été vraiment trop pédant !

Dans plusieurs de ses textes, dont Die endliche…, Freud emploie les termes genetisch et hereditär, lesquels sont traduits machinalement dans les dictionnaires par génétique et héréditaire.

Depuis l’apparition de la doctrine de l’eugénisme au XIXe siècle, puis au XXe des tripatouillages sordides du Dr Mengele sur les humains à Birkenau, ces vocables repris par la biologie me sont difficiles à l’oreille. Je me suis alors souvenue que Freud, nourri du patrimoine légué par les Anciens, lisait et traduisait couramment le grec et le latin. Avant d’évoluer en tant que “science de l’hérédité”, “génétique” signifiait en grec “qui concerne une genèse”, c’est-à-dire la naissance, l’origine, la ”formation d’un être” puis par extension “la formation d’une chose, d’une figure, d’une pensée” et “hérédité” en latin, “héritage, succession, ensemble des biens laissés à la mort”. Ce n’est qu’au XXe siècle qu’“hérédité” prit son sens biologique devenu courant de “transmission aux descendants génétiques”*.

 

* Entre guillemets, définitions du Dictionnaire des structures du vocabulaire savant, éd. Les usuels de Robert.

 

J’espère, dans les extraits ci-dessous de ma lecture de Die endliche und unendliche analyse n’avoir pas altéré la pensée de Freud.

 

[Traduction en cours de rédaction]

 

Incises intermédiaires sur ce qui passe entre temps par l’esprit…

 

[Vrac]

 

• Je ne comprends toujours pas en avril 2017 pourquoi n’importe qui, fussent certains de celles et ceux qui s’en réclament, appliquent les termes “psychanalyse”, “psychanalyste”, à n’importe quoi, n’importe où, n’importe comment, sans avoir la moindre idée de ce que ces signifiants impliquent et, pour les professionnels, sans en pratiquer ni la fonction ni l’exercice. Je ne comprends toujours pas et ce n’est pas faute d’avoir demandé à être éclairée sur cette énigme - contre, en réponse, la sèche condescendance d’un épais mutisme - pourquoi des commentateurs médiatiques, auteurs de documentaires télévisuels, de films, d’articles dans la presse, invités d’émissions culturelles ou/et didactiques, sont présentés selon leur auto-nomination comme “psychanalystes”, alors que la platitude de leurs discours s’apparente à n’importe quelle verbosité de bon ou mauvais sens.

 

• Quelqu’un, le même et qui se montre comme l’un parmi les fameux épigones de Lacan, devant qui je m’étonnais du peu d’appétence, voire de considération, de psychanalystes (depuis 40 ans) d’une même école pour la pratique thérapeutique de la psychanalyse, me répondit : “ça (!), [la psychanalyse ?] ne marche pas”, tout en reprenant doctement dans ses séminaires, le constat de Freud selon lequel les trois métiers intraitables (“unmöglichen”) sont éduquer, psychanalyser, gouverner. A-t-il pris le temps, au cours de sa longue carrière de psychiatre, d’expérimenter la difficile pratique de la psychanalyse, l’analyse de la sexualité, du rêve de ses analysant-e-s ?

 

• Au sujet des déprédations en tous genres, pour ne pas dire pillages. Anne-Lise Stern, dont nul l’ayant connue ne peut contester les traits de génie, se plaignait avec justesse de ce qu’elle fut abondamment plagiée, sans que cela émeuve qui que ce soit. Hélas, il arrivait que cela ne la dispense pas de se conformer au diapason. Sans doute avait-elle fait sienne la maxime de Lacan, quelle adulait : “Je prends mon bien où je le trouve”… sans, cela va sans dire, en citer les références, phénomène que Freud et plus tard François Perrier, lorsque leur mémoire se dérobait, imputaient honnêtement à une cryptomnésie. Parmi ses illuminations, Anne-Lise, avait présenté le 16 novembre 1996 à Orléans (http://epsf.fr/wp-content/uploads/2015/12/Anne-lise-Stern_18.pdf) l’une d’entre elles, intitulée « Sois déportée… et témoigne ! ». De mon côté, sauvée bébé de la rafle du Vel’ d’Hiv grâce au courage du réseau autonome non juif, et avec une pensée particulière, reconnaissante, pour le couple Zakin, qui me cachaient, je désignerais mon fatum par « Sois un miracle mais tais-toi ». Non repérable par l’origine et par la classe sociale de ma parentèle exterminée, rétive aux pince-fesses et aux réunions professionnelles du même tonneau où l’on parlote pour ne rien dire (cf. Raymond Devos, (https://www.youtube.com/watch?v=uO3dXWZQDLY) • « Mon chien c’est quelqu’un »), ignorante des codes mondains auxquels s’identifiait le tout-venant de mes chers et estimés collègues dont une partie des “racines” n’avait pas été arrachée, nés avant ou après et non pendant la déportation des Juifs de France, ne faisant partie d’aucun cercle (fermé par définition), il semblerait que j’aie été frappée par le signifiant “silence !”, “tais-toi !”, obligatoires avant même de naître (cf. plus bas, « Journal ininterrompu » du 27 mars 2017) puis, née, pour éviter de nous faire rafler, l’entourage ayant été dénoncé à la police française par la concierge de l’immeuble comme abritant un bébé juif, et enfin, tacitement ou ouvertement à vie, priée de ne pas me manifester.

 

• L’essentiel des potins salaces que j’entendis au cours des “dîners” et croisements dans des bars plutôt snobs, dans des halls de colloques et de séminaires, portait principalement sur la vie intime de collègues absents de ces “parties”. Ou alors, plus inattendu encore, quelqu’un parmi ces tablées tonitrua un débinage sur un analyste connu, puis avec une obscène hypocrisie lança à l’un-e des analysant-e-s présent-e-s d’icelle ou d’icelui : “Oh, excuse-moi, j’avais oublié que tu étais en analyse avec Un-e tel-le !” Quant aux ragots médisants qui ne m’épargnèrent pas et me furent complaisamment rapportés, j’en fus médusée venant de psychanalystes, il m’avait été enseigné que l’entité de la psychanalyse était antinomique à l’exhibition sur un étal public. Je n’avais alors qu’une réplique à disposition : ma vie sexuelle en particulier, entre autres sujets relatifs à ma biographie, étant à l’évidence impliquée dans mon analyse, participait de mon domaine exclusivement privé, elle me regardait seule. D’autant qu’il n’y avait vraiment rien à savoir sur le sujet. Je ne me suis pas mariée, d’une part parce que je n’aurais pas pu promettre de satisfaire régulièrement les besoins érotiques autant que domestiques d’un homme (ou d’une femme) ; d’autre part, parce que, trompée à la naissance par ce que m’avait offert en héritage la vie parmi les humains, je n’aurais pas, sans m’effondrer, pu supporter d’être trompée par qui que ce soit ; enfin, parce que je n’avais donc pas d’autre choix que celui d’être par mon seul travail, mon mode de vie, l’un des témoins de mon temps. De telle sorte que la sexualité, neutralisée par mon analyse, fut la cadette de mes préoccupations et le resta. N’est demeuré de mon histoire qu’un seul traumatisme résiduel, tenace, quasi tabou. Horrifiée par ce à quoi j’avais échappé, nommément à l’assassinat dans les chambres à gaz d’enfants, de bébés, envisager la perspective de procréer me fut insurmontable.

 

• L’antisémitisme. Née sous la terreur de l’Occupation, dans une civilisation écroulée, restée cependant nourrie des Lumières malgré l’hécatombe de la Première Guerre Mondiale, qu’un assassinat industriel programmé annulait, je peux affirmer et témoigner, avec mon entourage familier non-juif, quels que soient les essais nuancés de la question d’amendements philosophiques, littéraires, politiques, romanesques, que l’antisémitisme en France ne s’est pas évaporé. Il continue d’agir tout comme “avant”, avec les mêmes charrois de vocabulaire, les mêmes slogans, les mêmes éructations, les mêmes délits. Simplement, les autochtones traditionnels de souche n’ont plus besoin de le revendiquer à découvert, relayés qu’ils sont en violence par celles et ceux, à commencer par les enfants, dont les exégètes de l’idéologie des décombres ont lavé le cerveau sur trois générations depuis la fin de la Deuxième G. M. L’idéologie hitlérienne a réussi son coup, ses légataires, de par le monde, ne manquent pas.

 

• Je lis dans un programme de conférences qu’un locuteur psychiatre et psychanalyste pour commenter le chaos topique des temps présents s’appuie sur des présumées hypothèses de Freud qui auraient été sociologiques ?! Après la psychiatrie, la philosophie, le journalisme, le vulgum pecus, la multitude, voilà de l’inédit, Freud serait aussi sociologiste ! D’une part, j’avais sans doute mal compris en quoi était sociologique la théorie de Freud, dans laquelle il avance une analogie structurelle entre le processus de développement psychique de l’humain singulier (en biologie = ontogénèse) et celui de l’espèce humaine en son entier (biologie = phylogénèse, du grec phûlon, tribu). Ni en quoi le point de vue personnel du psychanalyste Freud exposé dans sa prémonitoire 35e des « Nouvelles Conférences d’introduction à la psychanalyse », intitulée Sur une Weltanschauung (idéologie, conception du monde), était sociologique. Enfin, dans son grand âge, Freud, prudent et n’y croyant d’ailleurs guère (cf. correspondance avec Arnold Zweig), désigne son Moïse par “roman” comme une allégorie d’écrivain.

 

• Pourquoi qualifie-t-on d’agressives certaines réactions violentes - qui n’ont absolument rien en commun avec le stade dit “sadique-anal” -, au cours de la période entre l’infans et l’enfant, du bébé pris d’angoisse au moment du sevrage par l’abandon du savoureux sein maternel, puis par la douleur lors de la poussée des premières dents, d’attentes non satisfaites de sollicitude, d’aide à croître et d’attention … … … ? Alors que, n’ayant pas encore la possibilité de comprendre les prétextes dont il reçoit les effets comme autant d’injustices, il est simplement mécontent, désappointé, et le manifeste à la mesure de ses moyens. Quant à ce que l’on désigne par “caprice” chez le bébé, il n’est pas sorcier de le distinguer du besoin réel. À coup sûr ses mimiques trahissent l’enfant, de détresse selon qu’il est réveillé en sursaut sans savoir pourquoi (il est encore loin de l’accès à la perception de ses rêves et cauchemars), que le sceau de la solitude dans la ténèbre l’oppresse, qu’il a faim, qu’il est mal à l’aise dans ses couches encombrées… … …, ou qu’à son insu, déjà rusé et en toute innocence, il teste son aptitude à séparer ses parents du lit conjugal, à exiger la présence de l’un ou de l’autre, ce qu’il réitérera à l’infini s’il obtient gain de cause … … …

 

• À propos de la diffusion de l’information actuelle, après plusieurs essais sans suite car engorgée par la durée des publicités, j’ai toutefois fini par opter pour RTL le matin entre 7 heures et 9 h 30. La pensée résolument indépendante du journaliste responsable de cette tranche comme on dit, Yves Calvi, ne s’alignant pas sur l’idéologie trop nettement perceptible des animateurs d’émissions d’autres stations radio, lui-même ne disant pas “euh…” après chaque mot, invitant des commentateurs affranchis de ce que l’on a coutume de désigner par “politiquement correct”.

 

• Si seulement on voulait bien nous foutre la paix avec l’attachement que nous cultivons, nous les vieux, pour notre patrimoine culturel séculaire métissé, le respecter, et cesser de nous considérer comme des cacochymes en raison de notre âge, de s’adresser à nous comme des devenus débiles… Il serait vain d’attendre que l’on nous écoute, nous nous accommoderions seulement d’un minimum de ce que l’on désignait autrefois par savoir-vivre, un par un ou ensemble.

 

04-06 avril 2017


Vrac
 

Pourquoi reprends-je, inlassable, mêmes thèmes depuis 50 ans ? Pour ceci : l’intox logorrhéique, psittaciste, que répandent certains médias d’information, films, documentaires - rappelons-nous Gœbbels : plus le mensonge [le slogan] est gros, plus il passe - la censure idéologique, n’affectent pas seulement les domaines de la politique, de l’éducation, du journalisme, de la littérature, de l’édition, des sciences et des arts, etc., en cinquante ans, quelle que soit la prise de conscience des lecteurs, auditeurs, spectateurs, voire fureteurs, ciblés, elle a infiltré sans le moindre discernement celui de la psychanalyse, de préférence dans le but de déconsidérer son promoteur, nommément Freud. D’où dans le langage courant, les emprunts et l’usage affligeants de pédantes ignorances, aux vocables propres à la psychiatrie et à la psychanalyse.

Grâce à qui, si ce n’est à des navigateurs solitaires ou groupés, charmés par les vagues ambiantes, personnages professionnels ou postulants dérivés de cercles épars agencés au nom de la psychanalyse, au mépris de sa nature singulière, son essence si l’on préfère, qui la vident de sa substance.

Actuellement, nous pouvons suivre sur France Culture une série d’entretiens accordée à un psychiatre et psychothérapeute assez renommé, dont l’un s’intitule “La psychanalyse n’est pas pour moi”. Fort bien, mais alors pourquoi, comme tant d’autres, éprouve-t-il la nécessité d’en parler ? Pour un aperçu rapide, je n’en ai écouté que le début, lequel en effet témoigne de sa déception à la suite d’une tentative de psychanalyse personnelle - je n’ai pas poursuivi pour savoir auprès de qui, Lacan ou l’un de ses élèves -, en même temps que de sa présence aux séminaires de Lacan, c’était la mode.

De la théorie de Freud, ce locuteur semblerait qu’il n’ait guère fait connaissance.

La question reste entière : en quoi la pratique (expéditive) de Lacan, non analysé - l’analyse personnelle préalable à l’exercice de la psychanalyse par les nouveaux candidats leur ayant été imposée grâce à Ferenczi à partir de 1913 -, adoptée par les élèves d’icelui et les élèves d’iceux, absolument disjointe de son œuvre philosophique et ce, aux dires mêmes de quelques parmi ses plus proches analysants-orants, dont tel ou telle fut un temps un-e collègue que j’estimais*, de même qu’aux trois visites que je lui ai littéralement “rendues”, se réfère-t-elle, se prêtait-elle, à l’exercice rigoureux de la psychanalyse ?

 

* Toutefois, niaise à jamais, j’ai été déconcertée par les types de comportement dans la réalité des analystes lacaniens, particulièrement les pires, comme cela peut arriver à tout le monde. Ce n’est toujours pas la conception que j’ai de l’éthique censée animer des psychanalystes.

  De l’œuvre philosophique de Lacan, il n’y a rien à objecter, elle est remarquable. Lacan, peu avant de quitter le monde des vivants, pronostiquait la mort de la psychanalyse. Était-ce après lui le déluge ? Était-ce, comme il en est du rêve, un vœu de réalisation de désir ?

La thérapeutique n’intéressait pas Lacan. Il est possible qu’il s’en soit justifié au nom de Freud qui, à 74 ans, épuisé physiquement aussi bien que par les violentes dissensions ayant jalonné ce qu’il nommait le mouvement analytique, n’étant plus intéressé par la thérapie, confiait à Ferenczi le 11 janvier 1930 :

 

“Il est fort possible qu’avec les deux patients, voire avec tous, vous pratiquiez l’analyse mieux que moi. Je suis saturé par l’analyse en tant que thérapie, “fed up”, et qui donc alors devrait le faire mieux que moi, sinon vous ?”

 

  Réponse de Ferenczi, le 17 janvier 1930 :

“Ainsi, par exemple, je ne partage pas votre point de vue selon lequel la démarche thérapeutique serait un processus négligeable ou sans importance, dont il ne faudrait pas s’occuper, pour la seule raison qu’il ne nous semble pas intéressant. Moi aussi, je me suis souvent senti “fed up” à cet égard, mais j’ai surmonté cette tendance, et je suis heureux de pouvoir vous dire que c’est précisément là que toute une série de questions se sont replacées sous un autre éclairage, plus vif, peut-être même le problème du refoulement.

Freud, le 20 janvier 1930 :

 

“D’un autre côté, je vous accorderais volontiers que ma patience avec les névrosés s’épuise dans l’analyse et que, dans la vie, j’ai une tendance à l’intolérance vis-à-vis d’eux. Autrefois, en particulier - il y a donc une quinzaine d’années -, je vivais dans l’espoir qu’on pouvait compter sur une sorte d’entraînement des réactions hors normes qui n’avaient pas été élaborées directement. Je me suis certainement comporté à cet égard comme un homme peu puissant qui, après le premier coït de la nuit de noces, dit à sa jeune femme : voilà, maintenant tu l’as connu ; le reste* c’est toujours la même chose.”

 

* Les lendemains ? Je n’ai pas le texte original en allemand.

 

Le 3 avril au soir, j’ai visionné le documentaire intitulé Élysée, la solitude du pouvoir sur France 3. Parmi les invités à s’exprimer, une relation probablement proche de la production ou de quelque commentateur, se présentait comme sous-intitulée “Psychanalyste” (avec majuscule). Il est permis de s’interroger sur sa formation reçue à la psychanalyse et sur quoi porte son auto-attribution au titre de psychanalyste (qui, cela va sans dire, silicet en latin, selon Lacan, ne s’autorise que de lui-même…). En effet, qu’analysait-elle de la solitude du pouvoir ? Rien. Rien que des platitudes telles qu’on les lit dans certains magazines à l’usage de celles et ceux que leurs rédacteurs toisent, du haut de leur suffisance, comme du servum pecus (troupeau en latin).

Par contre, ces derniers temps, Le Figaro-Santé ouvre régulièrement ses colonnes à des psychanalystes confirmés qui, pour enrichir leur pratique, travaillent les textes de leurs prédécesseurs. Ainsi le 1er avril, Jean-Michel Fourcade se réfère à Hélène Deutsch, Donald Winnicott…

De mon côté, sur le sujet précis de l’autisme, je n’ai cessé, à peu près en vain, d’inciter les collègues à lire les travaux sans équivalents de Mira Rothenberg, dernière analysante encore en vie de Paul Ferdern, jusqu’à sa mort à 93 ans en avril 2016, que j’avais rencontrée à Paris en 1979 lors de la publication au Seuil des Enfants au regard de pierre (retraduit, ainsi que de larges passages, par mes soins, sous le titre Enfants aux yeux d’émeraude • Histoire de mômes prodigieux).

 

http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/courrier/2009.mira.html

 

http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/media/ITVMiraRothenberg.html

 

http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/livres/enfantsdeplaces.html

 

http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/livres/mirarothenberg.html

 

Et aliiEn 2009, j’ai passé un bel après-midi d’automne, chez elle à Brooklyn. Et suis repartie avec l’ensemble de ses archives relatant son parcours, à usage exclusif pour leur traduction française.

Extraits du New York Times pour qui s’intéresse aux enfants juifs et à leurs parents issus de la déportation et plus largement aux orphelins de tous horizons abîmés par l’histoire des humains :

 

Mira Rothenberg, survivante de l’holocauste et psychologue infantile de premier plan qui s’occupait des orphelins des camps de concentration et des enfants atteints d’autisme, est décédée à l’âge de 93 ans le 16 avril, a rapporté hier le New York Times. Rothenberg est née à Vilnius, en Lituanie en 1922. Son père, Jacob Kowarski, a péri à la Seconde Guerre mondiale, et sa mère, Rose Joffe, dentiste, a émigré pendant la guerre en Amérique avec les deux frères et sœurs plus jeunes de Rothenberg. En 1939, Rothenberg déménagea à New York où elle a entrepris le travail de sa vie. Elle s’est portée volontaire dans une synagogue locale pour s’occuper des orphelins sauvés des camps de concentration européens. Rothenberg a étudié la psychologie et l’éducation au Brooklyn College et à l’Université de Columbia, puis a obtenu un diplôme en psychologie de l’Université Yeshiva. Au cours de l’été 1958, Rothenberg et deux collègues-thérapeutes Zev Spanier et Tev Goldsman, qu’elle épousera plus tard, ont décidé d’amener 11 malades autistes et schizophrènes camper au lac Raquette dans la région d’Adirondack au nord de New York. Été qui influença leur carrière pour les décennies à venir. Leur expérience avec ces enfants, considérés comme des “cas incurables” par la communauté médicale de New York, a incité Rothenberg et Goldsman à ouvrir Blueberry Treatment Centers, un centre thérapeutique pour le traitement des enfants autistes et schizophrènes à Brooklyn. Selon le New York Times, dans les années 1990, le centre fournissait des services à plus de 200 enfants et adolescents de la région.

Dans son livre de 2012, The Children of Raquette Lake : un été qui aida à changer le cours du traitement de l’autisme, Rothenberg a écrit : “C’était le début de la reconnaissance que ces enfants existent et ont droit à la vie [...] et un changement de la perception et de l’attitude envers ces types d’enfants autistes (ou souvent mal diagnostiqués schizophrènes) et ceux souffrant de schizophrénie.”

 

En France, de Françoise Dolto, Le Cas Dominique, garçonnet autiste, semblerait avoir échoué depuis 30 ans dans les archives… La modernité, sans naturellement avoir jamais ouvert le premier de ses livres, le moindre article, a choisi de propager le racontar le plus médisant, sur une théorie, avec ses méfaits, du “Tout-Enfant-Roi”, à laquelle F. D. n’a jamais pensé, je ne suis pas la seule à pouvoir en témoigner.

Lu Révoltée, récit précédant son exécution, de Evguénia Iaroslavskaïa-Markon, dont le vocabulaire m’a évoqué, mais d’assez loin, Jean Genet, quoique sans la puissance, la splendeur d’une écriture à couper le souffle. Au cours de cette lecture, m’est passée par l’esprit la parité maritale des noms propres en russe (Iaroslavski - Iaroslavskaïa).

Ayant lu tout ce qui me tombait sous les yeux dès mon enfance, depuis une trentaine d’années hélas je trouve rarement, quelle que soit leur classification, à lire des œuvres passibles de capter mon intérêt. Cela me contrarie. Or, j’étais passée à côté d’un chef-d’œuvre de Saul Bellow, La Bellarosa connection, 153 pages.

Depuis une trentaine d’années donc, ma perception des choses, je veux l’espérer, n’étant pas encore sédentaire, je relis d’une nouvelle oreille les chefs-d’œuvre d’antan, Freud et les travaux qui firent évoluer la psychanalyse.

L’unique point, depuis 30 ans également, que je ne parviens pas à apprivoiser, est que le perfectionnement pourtant fort ingénieux des outils informatiques et la vitesse effrénée qu’il impose dans tous les domaines, ont complètement détraqué mon rythme naturel biologique, moteur de la pensée.

C’est tout pour aujourd’hui.

 

25 mars 2017

 

Christine Angot • Le “Tout-sexuel” • De la laïcité • Du silence

 

En 1999, les éditions Stock publièrent L’Inceste, de Christine Angot, ce qui fut pour le moins surprenant. En effet, cette exhibition épicée nous interrogea sur la créance de sa longue et encore en cours à l’époque psychanalyse personnelle, ainsi que sur l’importance de la parole de son plus récent psychanalyste (ou … et psychanalyste). Avaient-elles été vaines ? Comment n’avait-il pas été possible à son psychanalyste de souffler à Christine Angot, son analysante, que la discrétion sur l’intime de son expérience vécue, selon l’éthique freudienne, trouvait sa limite une fois refermée derrière elle la porte du cabinet de consultation* ?

 

* Autre chose est, lors de diffusions de documentaires, à qui de renom, dont l’image publique est susceptible de peser avec efficacité sur l’intérêt des spectateurs et sur le soutien auquel s’associer à leurs auteurs, de témoigner avec sobriété, sans étalage indu, de la pédocriminalité lorsqu’on en fut soi-même le jouet.

 

Aujourd’hui, suite aux propos préparés, lus par Christine Angot, l’“invitée surprise” lors de l’émission réservée à François Fillon par David Pujadas le 23 mars 2017, nous pouvons lire dans la presse que Christine Angot serait une hystérique. C’est bien mal connaître l’hystérique, femme ou homme, souvent au bord de la mélancolie, dont la pudeur sur son mal-être reste inflexible. L’hystérique, en public, même entravée par l’affleurement théâtral de son symptôme s’entrevoit peut-être, cela arrive mais, à moins de s’être sursaoûlée ou des tréfonds de sa solitude d’avoir d’avoir couru dans son antre réfugier son désespoir, jamais ne le déshabille.

Je dirais plutôt, mais peut-être me trompai-je, que Christine Angot est une authentique perverse, la perversité agie latéralement, hors analyse, par un-e analysant-e, ses manipulations, n’étant guère compatibles avec la psychanalyse, étant destinée par son sujet à la vouer à l’échec.

Cf. sur notre site :

P. Luc de Bellescize 2016 - Saïd Bellakhdar 1993

 Point de vue d’un ami prêtre • Le pervers et son image, in « De la pédocriminalité »

 

http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/pedocrim.html 

Sur les éructations de Christine Angot le 23 mars 2017 à l’encontre de François Fillon :

http://www.causeur.fr/elisabeth-levy-et-alain-finkielkraut-reagissent-a-lactualite-de-la-semaine-43426.html?utm_source=Envoi+Newsletter&utm_campaign=983e880c1d-Esprit+de+l+escalier&utm_medium=email&utm_term=0_6ea50029f3-983e880c1d-57323809

 

Qu’elle fut la nécessité pour la pratique analytique et pour Lacan de nous administrer en 1962 un séminaire, destiné ouvertement à mettre en doute la théorie freudienne de la perversion,intitulé « Kant avec Sade » ?

En voici un passage exemplaire :

 

 

 

« Le tout-sexuel freudien est très contestable » de Monsieur Clavier

in Le Figaro du 13 mars 2017

 

Autre citation du même en intertitre du même article : 

 

Les patients sont préoccupés par bien d’autres dimensions : l’angoisse de mort, par exemple, ou le besoin de savoir comment ils ont été mis au monde.”

 

En quoi la violence criminelle de jeunes ou moins jeunes, instillée graduellement, au cerveau lavé par des slogans porteurs qui les assourdissent depuis trois générations, dont l’inconscient est asphyxié, la mémoire endiguée parfois déjà in-utero, qui sont happés par le tout-image, ne savent plus se servir de leurs mains si ce n’est pour activer la compulsion de tambouriner sur leurs ustensiles informatiques et pour tuer, qui furent réduits analphabètes jusqu’à la fin du primaire, ne peuvent plus penser, écouter, lire, articuler*, prendre le temps de porter attention à l’autre - ah, la mode du vocable empathie dans un monde sans alternative qui ne leur offre que de s’occuper du chacun-pour-soi et d’argent ! -, et j’en passe, relève-t-elle d’une thérapeutique psychanalytique ?

Cf. FreudCe sont pour ces criminels que sont faites les lois pénales”, ce qui exempte nullement les criminologues de prendre en compte l’apport du point de vue de psychanalystes.

Contrairement à ce qu’écrit Monsieur Clavier, force nous est de constater que les enfants depuis les années 70-80 ont été et sont instruits à ce “tout sexuel” qu’il attribue en toute impéritie à Freud.

 

* Si bien que nombre de comédiens ne savent plus interpréter leurs rôles sans solfier en toute bonne foi l’accent “rap”.

 

Laïcité

 

In Le Figaro du 7 mars 2017 

La délicate formation des fonctionnaires à la laïcité

Déployés après les attentats de 2015, ces stages ont peu de succès

 

Quand j’étais jeune, il y a des décennies, tous les matins à l’école primaire, les élèves dès le CP devaient avant de s’asseoir lire au tableau un nouvel aphorisme et absorber le commentaire de l’enseignant-e. Cette obligation était désignée par Instruction civique, dont :

 

« Le but est de former des citoyennes et des citoyens efficaces et renseignés, des femmes et des hommes intelligents, capables d’agir dans leur temps, associant le sens critique et la lucidité de l’esprit à une attitude courageuse et optimiste en face des tâches difficiles mais exaltantes qui les attendent... » Encyclop. pratique de l’éduc. en France, 1960, p. 682. [CNTRL]

 

Si bien que fonctionnaires ou non, à l’âge adulte, nous fûmes dispensés du besoin d’être “formés”.

 

 Le silence

 

Il fut un temps, c’était pendant la 2e Guerre Mondiale, dans la France occupée, où les bébés et les enfants juifs pourchassés et cachés, étaient interdits de pleurer, de jouer, de parler, de se manifester, d’être.

Après-guerre, les rarissimes bébés “du miracle” comme on dit, survivants, devenus en six ans scolarisables, ne connurent ni l’école maternelle ni l’apprentissage du langage, pas plus que les identifications infantiles essentielles à l’élaboration d’un Moi, puis d’un Je. Pour accéder à la citoyenneté, il fallut commencer par faire avec, ou sans.

 

19 mars 2017

 

« Refoulement » • « Retour du refoulé » • « Pansexualisme »

 

Ces dernières années, j’apprends épisodiquement par des proches familiers d’Internet que des passages ou documents entiers, des passages de mes traductions ou traductions entières, publiés sur notre site, tous déclarés à la SACD, sont prélevés par d’autres sites, y compris ceux de psychanalystes (ah, l’éthique !) et de “et psychanalystes”, sans que les références d’origine, les noms d’auteurs, les liens avec notre site, ne soient mentionnés. 

Le mouvement lacanien perdure depuis un demi-siècle. Qu’a-t-il produit, excepté solder la psychanalyse enseignée par Lacan à l’appétence de la philosophie, de la psychiatrie et de la médecine, de l’enseignement secondaire, de l’Université, des médias, de tout être humain, d’élever l’ignorance à la dignité d’une éthique, et avant tout d’en discréditer le nom de son auteur et d’en gauchir la pratique thérapeutique*… bref, d’en faire, au choix, leur “domestique” ou leur “danseuse”, selon Freud ?

Qu’a-t-il produit sinon autoriser de soi-même quiconque, y compris ses psychanalystes, à exercer la psychanalyse et à s’intituler “psychanalyste” sans s’être au préalable assujetti à l’épreuve d’une psychanalyse personnelle, pas plus que d’un contrôle. Cf. se reporter aux « Voyages extraordinaires en Translacanie de François Perrier », dont un large extrait figure pour la nième fois sur notre site, dans mon (trop ?) long texte intitulé Canevas / commentaires de « Résistances à la psychanalyse », lecture / traduction, notes à l’adresse suivante :

 

http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/com_resist.html

et que je reproduis néanmoins :

 

On a vu errer, dans les milieux analytiques, des gens complètement dévastés, acculés à se refabriquer un narcissisme d’emprunt, ficelé avec les concepts lacaniens ; à se faire une vie libidinale d’emprunt, de type pervers, dans la recherche de l’excitation ou du donjuanisme, et qui se sont complètement exilés d’eux-mêmes.

[…]

De fait, l’enjeu de [la Passe] se trouvait, du côté de Lacan, au service de sa formidable volonté de scruter les secrets de l’analyse et d’aller plus loin que Freud dans l’élaboration de la doctrine. Dans cette logique, les élèves devaient nourrir la pensée du maître et la revigorer par leur apport : la Passe permettait de filtrer ce matériel, et fonctionnait comme une banque de sang pour un laboratoire extrêmement sophistiqué, indifférent à l’identité des donneurs. [...]

Telle était l’économie de cette circulation de discours : elle alimentait la passion épistémologique de Lacan, mobilisait la naïve ardeur des disciples - et aussi la froide ambition des élèves. Par ailleurs, et réciproquement, il devenait possible de “voir” (sic) comment le discours de Lacan avait été digéré par ses patients - et par les patients de ses patients - et comment il était “restitué”. [...]

Certains, dans leur analyse, soutenaient à leur insu cette jouissance-là, et ils fournirent à l’examen la “matière la plus louable”, leur propre langue abjurée en faveur de Sa parole. [...]

Ainsi l’institution dressée autour de Lacan avait-elle transformé ce travail démesuré en système de sélection ou de fixation des élèves à des fins politiques, sur des critères d’orthodoxie et de mimétisme pratique. Il s’agissait de constituer un corps de serviteurs de la doctrine, et non plus une élite d’audacieux chercheurs. [...]

Les membres du jury s’en rendaient compte, mais ils n’avaient pas la force de se soustraire à cette complicité. La jouissance du secret partagé, l’attente du pouvoir, la peur de contrarier Lacan, la dépossession de toute référence extérieure et le désespoir dont ils étaient imprégnés leur fournissaient assez d’arguments en forme de rationalisations pour qu’ils soutinssent le cynisme exigé d’eux. Ils animaient donc ce scénario tout entier ordonné à des jouissances de voir, de savoir et de pouvoir, qui procura, au dire de certains des “juges”, la révélation la moins avouable de toutes parmi les multiples secrets qui cimentaient ce pouvoir : nombre de candidats démontraient qu’il n’y avait pas eu d’analyse. Pas plus d’ouverture de l’inconscient que d’effets psychiques de la cure. Aucune chance de bénéfice thérapeutique, mais une vocation à l’endoctrinement qu’il suffisait ensuite de théoriser comme analyse postfreudienne. C’est pourquoi, peut-être, Lacan a parlé d’échec de la Passe : sa matière n’était pas louable. [...]

Bien sûr, d’autres vous diraient que cette épreuve leur a fait vivre des moments privilégiés, qu’elle les a relancés dans l’analyse, qu’elle a fondé des amitiés. D’autres vont réfléchissant et théorisant sur de futures institutions où cette Passe garderait son rôle de formation et de sélection. Leur nostalgie de ce partage indique peut-être la consistance du lien qui les voua au projet de Lacan. Plus il y avait d’amour et de désir d’être aimé dans cette démarche, plus un “passeur” risquait de donner sa vie, réellement, à son insu, ou symboliquement, en renonçant à lui-même, parce que ce scénario permettait d’aller jusqu’au bout d’une tendance masochiste, dont l’issue était la destruction de soi en offrande à l’Autre.

 

* Une seule institution respecte le nom de Freud, la Société Psychanalytique de Paris, association loi 1901 fondée en 1926 sous l’égide de Sigmund Freud, Reconnue d’Utilité Publique en 1997, dont le but est : transmettre et développer la psychanalyse comme discipline scientifique et comme méthode thérapeutique fondées sur l’œuvre de Freud.

 

Le lacanisme a rayé de la pratique thérapeutique analytique les principes fondamentaux sur lesquels repose l’édifice bâti par Freud, c’est-à-dire l’analyse : de la sexualité, du refoulement, des rêves, pour réduire la psychanalyse à une psychologie “discount”, bien qu’à la mode, et les formations de l’inconscient, dont particulièrement les lapsus et les mots d’esprits, à des calembours.

Récemment, j’avais dans mon énumération omis la pédanterie de certains journalistes qui s’octroient les concepts analytiques et, commentant la campagne électorale, nous servent avec emphase - en toute ignorance, mais ce serait en pareille circonstance une tautologie - du “retour du refoulé” en veux-tu en voilà, dont l’un d’entre eux précise : “au sens littéral”. Ah oui ? Qu’entend-il par “sens littéral” ?

Dans Le Figaro du 13 mars courant, une page entière s’intitule « Comment la psychanalyse peut-elle encore guérir ? », dans laquelle s’inclut l’article d’un monsieur Bruno Clavier, psychanalyste et psychologue, chapeauté par « Le tout-sexuel freudien est très contestable ».

On se croirait ramenés au début du XXe siècle, où l’accusation d’un pansexualisme de Freud battait son plein.

Monsieur Clavier a-t-il seulement pris la peine de lire Freud ? Au cas où il n’aurait pas eu le temps et avant de passer au refoulement et à son retour, écoutons ce dont Freud témoigne.

 

Pansexualisme

Freud

4e Conférence à Clark University

 

Les névroses sont le négatif de la perversion.

[…]

Elles sont à la perversion ce que le négatif est au positif […] mais les névroses opèrent ici du fond de l’inconscient ; [les pulsions] ont donc fait l’objet d’un refoulement, mais ont pu, en dépit de celui-ci, se maintenir dans l’inconscient. […] Si, à l’âge adulte, l’exercice de la fonction sexuelle normale se heurte à des obstacles, c’est que le refoulement lors de l’accession à la maturité a forcé la prison là où eurent lieu les fixations infantiles.

À présent vous objecterez peut-être : mais tout cela n’est certes pas de la sexualité. Si je me suis servi de ce mot, c’est dans un sens beaucoup plus large que celui auquel vous l’entendez habituellement. Je le reconnais volontiers. Mais la question se pose de savoir si, la plupart du temps, ce n’est pas vous qui faites usage du mot dans un sens bien plus étroit, pour peu que vous le limitiez au domaine de la procréation. Vous renoncez en cela à comprendre les perversions, la connexion entre perversion, névrose et vie sexuelle normale, et vous êtes alors dans l’impossibilité de discerner, selon ce qu’ils signifient dans leur véracité, les prémices aisément observables de la vie amoureuse somatique et psychique des enfants. Mais quel que soit votre arbitrage sur l’usage du mot, à partir du moment où nous avons reconnu la valeur de la sexualité infantile, soyez bien certains que le psychanalyste attribue une pleine acception au terme sexualité.

 

In Conférences d’introduction à la psychanalyse

 

Maintes et maintes fois, pour peu que la psychanalyse ait revendiqué tel ou tel événement psychique comme résultant de l’action exercée par la puissance des pulsions sexuelles, elle était pointée avec la plus grande dureté : l’homme n’est pas fait que de sexualité, il existe dans la vie psychique des instincts et des pôles d’intérêt autres que la pulsion sexuelle, on ne doit pas faire “tout” dériver de la sexualité, etc. Eh bien, rien n’est plus satisfaisant pour une fois que d’être sur ce point d’accord avec ses contradicteurs. La psychanalyse n’a jamais perdu de vue qu’il existe également des forces pulsionnelles non sexuelles, elle s’est construite sur la nette, incontestable distinction entre les pulsions sexuelles et les pulsions du Moi et, contre vents et marées, a maintenu que les névroses procèdent, non de la sexualité, mais du conflit entre le Moi et la sexualité.

 

Selon Peter Gay

Cependant - et là il nous faut insister -, nul pansexualisme dans cette position de Freud. Freud s’élève avec force contre l’emploi de cette épithète, non point parce qu’il aurait été secrètement un partisan exclusif de la libido, mais tout simplement parce qu’il pensait que ses détracteurs avaient tort. En 1920, dans la préface à la quatrième édition des Trois Essais, il rappelle au lecteur avec une certaine jubilation amère que c’est Schopenhauer, et non lui, Freud, le rebelle, le marginal, qui a - depuis longtemps - montré aux “hommes dans quelle mesure toute leur activité est déterminée par les tendances sexuelles”*. Une référence culturelle que les critiques qui reprochent à la psychanalyse de “tout expliquer par la sexualité” ont trouvé plus commode d’oublier. “… qu’il nous soit permis de rappeler à tous ceux qui, de leur hauteur, jettent un regard dédaigneux sur la psychanalyse, combien le concept élargi par la psychanalyse de sexualité se rapproche de l’Éros du divin Platon.*

* Cf. Max Nachmansohn, La libido chez Freud et l’Éros chez Platon • Une comparaison- http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/freud_jung_platon.html 

Voyons à présent de qu’il en est du refoulé et de son retour.

 

Le refoulement

Freud

 

« La théorie du refoulement est la pierre angulaire sur laquelle repose l’édifice psychanalytique, sa partie essentielle. »

« Dès que j’ai pu traduire “en mots” la résistance du névrosé, je fus en possession de la théorie du refoulement. »

« Le refoulement était une novation, rien qui lui ressemblât n’avait encore été identifié dans la vie psychique. »

 

In « Abrégé… »

 

L’expérience analytique nous a fermement convaincus que l’enfant était psychologiquement le père de l’adulte et que ce qu’il a vécu lors de ses premières années était d’une importance inégalée pour toute sa vie ultérieure. Nous portons un intérêt tout particulier à cela, pour peu que quelque chose révèle ce que l’on peut qualifier d’événement capital dans la période infantile. Notre attention sera tout d’abord attirée par les retombées de certaines influences qui, bien qu’elles ne concernent pas tous les enfants, se produisent néanmoins assez fréquemment, tels les abus sexuels d’adultes sur les enfants, leur séduction par d’autres enfants un peu plus âgés (frères et sœurs) et, chose plutôt inattendue, en tant que témoins auditifs ou visuels, la perturbation produite par les scènes sexuelles entre adultes (les parents), cela à un âge où l’on n’a pas anticipé l’éveil de leur intérêt et de leur compréhension, mais dont l’empreinte sera gravée dans leur mémoire. Il est facile d’établir combien l’amplitude de la réceptivité sexuelle chez l’enfant sera stimulée devant un tel vécu et comment de ce fait ses propres impulsions sexuelles se fraieront des voies dont elles ne pourront plus s’extraire. De telle sorte que cette empreinte, chue dans le refoulement, produira immédiatement ou dès qu’elle refluera de la mémoire, le substrat de la compulsion névrotique qui, ultérieurement, rendra impossible au Moi de neutraliser la fonction sexuelle et, c’est probable, le poussera à s’en détourner durablement. Si telle est cette dernière réaction, elle sera source de névrose ; par contre si elle est absente, se développeront diverses perversions ou alors un total dérèglement de cette fonction d’importance incommensurable, non seulement pour la procréation, mais aussi sur toute sa façon de se comporter.

 […]

In 2e Conférence sur la psychanalyse

 

Or l’hypnose, en tant qu’expédient versatile et quasi mystique, me gêna très vite […] je décidai d’abandonner l’hypnose et d’en affranchir la méthode de traitement cathartique. […] Comme je ne pouvais pas modifier l’état psychique de la majorité des patients, je pris le parti de travailler selon leur état de veille.

[…]

La tâche consistait à apprendre du souffrant quelque chose ce que l’on ne savait pas, ce que lui même ne savait pas ; que pouvait-on espérer d’une telle expérimentation ?

[…]

J’avais donc trouvé confirmation que ce qui était en mémoire, mais oublié, n’était pas perdu, était maintenu en sa possession, et prêt à resurgir, associé au savoir qui affleurait encore, mais qu’une force quelconque l’y empêchait de devenir conscient, l’y contraignait à rester inconscient.

[…]
Ces mêmes forces qui s’opposaient à présent sous forme de résistance à faire prendre conscience de ce qui avait été oublié devaient avoir au préalable causé cet oubli et poussé hors de la conscience le vécu pathogène en cause. Je nommai mon hypothèse quant à ce processus refoulement et le considérai comme avéré du fait de l’existence indéniable de la résistance [et de sa fonction de censure, comme dans le rêve].

[…]

… mais dans l’inconscient la motion de désir refoulé continue de persister, […]

 

Retour du refoulé

 

[Le temps me manque aujourd’hui pour continuer de traduire, comme ci-dessus, la synthèse de Freud, largement développée tout au long de son œuvre, au sujet du refoulement avec son retour du refoulé. Je propose donc aux lectrices et lecteurs intéressés, de se reporter à :]

 

In Peter Gay

 

Les durs travaux du refoulement, insiste Freud, ne sont jamais achevés, n’aboutissent jamais à un “succès durable” ; au contraire, “le refoulement exige une persistante dépense de force”. Ce qui a été refoulé n’est pas effacé de la conscience. Le proverbe a tort : loin des yeux n’implique pas loin du cœur. Le matériel refoulé a seulement été engrangé dans l’inaccessible grenier de l’inconscient, où il continue à fermenter, c’est-à-dire à faire pression pour obtenir satisfaction. Les victoires du refoulement sont au mieux incertaines, jamais vraiment acquises. Le refoulé fera retour sous forme de symptôme névrotique ou autre formation substitutive. Aussi Freud considère-t-il l’homme, aux prises avec des conflits perpétuels, par essence inapaisable.

 

Formations substitutives

 

In « Vocabulaire de la psychanalyse » par Laplanche et Pontalis

 

• Processus par lequel les éléments refoulés, n’étant jamais anéantis par le refoulement, tendent à réapparaître et y parviennent de manière déformée sous forme de compromis.

• Freud a toujours insisté sur le caractère “indestructible” des contenus inconscients. Non seulement les éléments refoulés ne sont pas anéantis, mais encore ils tendent sans cesse à réapparaître à la conscience, par des voies plus ou moins détournées et par l’intermédiaire de formations dérivées plus ou moins méconnaissables : les rejetons de l’inconscient.

[…]

… le retour du refoulé est conçu comme un troisième temps indépendant dans l’opération du refoulement prise au sens large. Freud en décrit le processus dans les différentes névroses et il ressort de cette analyse que le retour du refoulé s’opère par déplacement, condensation, conversion, etc.

[…]

… un troisième moment se manifeste par le retour du refoulé, à travers symptômes, rêves, actes manqués, lapsus, etc. Le refoulement laisse derrière lui des symptômes et des formations de substitut ; ou, plus exactement, estime Freud, symptômes et formations de substitut sont des indices d’un retour du refoulé.

[…]

Les éléments refoulés demeurent toujours présents dans l’inconscient ; ils sont indestructibles*. Ils essaient de réapparaître au grand jour et, pour cela, sont obligés de se présenter déformés, pour ne pas être reconnus (puisque leur forme originelle est insoutenable aux yeux du Moi). Ce sont les rejetons de l’inconscient (Abkömmling des Unbewussten), qui tendent à surgir dans la conscience. On notera que le processus du refoulement peut encore s’exercer sur eux, dans la mesure où l’inconscient continue d’agir. Freud, après avoir hésité sur le processus du mécanisme de retour du refoulé, en vint à le concevoir sous la forme de déplacements, de condensations, de conversions, etc.

 

* Je souligne.

 

20 février

Euh… Euh… et autres billevesées

 

• Aux commentateurs, conférenciers publics, dont nous subissons les “euh… euh…” souvent après chaque mot prononcé : ne serait-il pas pertinent de lire ou relire La Disparition, roman de Georges Perec, exempt de la lettre “e” ?

 

Résilience. Le concept de “résilience” n’est pas une recette applicable à toute personne en mal d’être, quelle qu’en soit l’origine. Il ne concerne pas, pour ne prendre qu’un exemple, les orphelins.

• L’expression “Retour du refoulé”, cher au médias. Formulation inexacte en ce que le refoulé est tapi, enfoui, dans l’inconscient. Elle ne justifie pas la montée exponentielle de la violence sourde et aveugle que les responsables politiques conscients du phénomène ont laissée en friche depuis trente ans.

 

18 février 2017

De la liberté selon Molière

 

Sganarelle (à Don Juan)

“… Qui n’a point de loi vit en bête brute”

 

(Souvenirs... souvenirs... de 2005...)

 

http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/livres/commetrebon.html

 

 

13 février 2017

Ma perception des choses

 

Freud était Juif, d’origine sociale pécuniaire modique bien qu’érudite, de langue allemande. La fortune des gamètes le fit de sexe masculin. Après de brillantes études scolaires et universitaires, non accessibles aux demoiselles de l’époque, il se maria assez tard, seulement quand sa situation financière fut stable, il conçu des enfants, une famille qui, comme lui, ne devint pas orpheline.

La hantise de la pauvreté le poursuivit longtemps. Homme doué d’une intelligence hors pair, Freud dut, porté par le désir et le courage de ses parents, élever sa condition matérielle initiale, accéder à une certaine aisance, laquelle lui permit de garantir l’avenir des siens et apporter avec discrétion un soutien, effectif jusqu’à l’éruption du nazisme, à celles et à ceux de ses proches, amis, élèves, collègues.

 C’est ainsi qu’il put promouvoir une discipline sans précédent qu’il nomma Psychoanalyse.

Après sa mort en exil à Londres, les nazis ne se gênèrent pas pour assassiner à Treblinka et Birkenau ses sœurs aînées immobilisées à Vienne, malgré les démarches diplomatiques restées vaines pour les en faire sortir de la princesse Marie Bonaparte. Sa fille Anna n’apprit cette horreur qu’en 1946.

De la parentèle éloignée de Freud, galicienne, celle, allemande, de son épouse Martha, nous n’avons guère de traces, mais l’histoire de la destruction systématique des Juifs autorise à déduire que leur disparition était déjà accomplie.

Que la fracture dans l’histoire des idéologies avec ses conséquences funestes soit ineffaçable, n’interdit à quiconque sa liberté de penser, de dire ce qu’il pense et, à l’inverse, de penser ce qu’il dit. Pour s’en tenir à Freud, plutôt que répandre des médisances faisandées accusatrices, intentionnelles, et d’en jouir, sur sa vie et sa personne privées, rien n’interdit l’interprétation de ses hypothèses, de ses affirmations, à condition que la critique soit honnête, c’est-à-dire que la théorie ait été au préalable étudiée, mûrie, expérimentée, propice à son évolution, qu’elle soit d’un abord bienveillant, telle celle, pour ne relever qu’un exemple parmi ses plus chers élèves, de Ferenczi.

 

Dissemblance entre Freud et Lacan

 

Freud, à mon sens, par son analyse de la psyché, a conçu avec probité la théorie de la psychanalyse dans l’intention de proposer à l’humanité, c’est-à-dire aux autres, une clef susceptible d’ouvrir la voie d’un amendement à ce que l’on entend par le vocable de civilisation.

Lacan, à un tout autre pôle, quelles que soient ses qualités incontestables, intellectuelles, médicales, philosophiques, de théoricien, à court d’attention envers autrui, n’eut pour principale idée fixe que de prier le monde entier de glorifier le Moi de son Saint-Nom.

 

[… À suivre…]

 

 

Février 2017 • Contenu des post-it empilés sur mon bureau depuis fin décembre

 

09 février

La trahison

 

Quant à l’altération du langage, j’ai souvent l’impression, venant des pourfendeurs de la psychanalyse de toutes extraces et horizons, que s’est en cinquante ans progressivement substitué dans les esprits au mot trahison celui de complot. De telles sorte que l’objet de trahison(s) est peu à peu devenu le sujet responsable de complot(s) ourdi(s) contre sa personne et, pour me limiter à Freud, sa découverte.

Sa découverte, qu’il a nommée Psychoanalyse l’année de la mort de son père, Freud a pris grand soin tout au long de sa vie, d’en écrire la théorie à partir de sa pratique et son évolution ; de s’assujettir au devoir inédit de son auto-analyse ; de reprendre l’histoire du mouvement analytique, de sa genèse, dans laquelle il témoigne de son respect envers les prédécesseurs et contemporains éclairés, intéressés jusqu’alors par la psyché, dont il désigne les noms, se réfère à leurs travaux, ainsi qu’envers le courage des patientes et patients, appellations de l’époque, qui se sont prêtés à son élaboration.

Comment se fait-il qu’au cours du siècle passé le mot “psychanalyse” ait été, très particulièrement en France, relégué délibérément, avec application, pour ne devenir qu’une philosophie ? Aussi bien, avec plaisir, chez les psychiatres que pour le commun des mortels. Laquelle philosophie en a aplati, galvaudé le vocabulaire propre à l’exercice de la psychanalyse, alors que Freud l’avait conçue en tant que “nouvelle science”, non réservée au corps médical, dont il espérait qu’elle fut officiellement, nominalement, reconnue par la communauté scientifique.

Les pourfendeurs, les sycophantes, ont-ils réellement lu Freud, se sont-ils imprégnés de sa théorie, et si, d’aventure ils s’y sont attelés, ont-ils seulement essayé de s’y soumettre d’abord pour eux-mêmes avant que d’en parler en connaisseurs de son exercice ?

Il est vrai, sans développer sur l’antijudaïsme indéracinable où que l’on se trouve, que le Juif Freud est né en Bohême-Moravie dans une famille plus que modeste mais lettrée, de langue allemande, dans la Tchécoslovaquie du temps de l’Empire austro-hongrois. Le père de Freud, ayant mis en œuvre toute sa détermination, transféra la famille à Vienne pour que son fils doué puisse poursuivre ses études, lesquelles lui permirent de s’établir comme médecin.

Il semblerait que l’origine sociale de Freud, de surcroît Juif de langue allemande, bien que plus tard soutenu fermement par la fidèle Princesse Marie Bonaparte, n’ait jamais, à Vienne comme ailleurs, plaidé en sa faveur auprès des coteries* pas plus que dans les gothas** non-juifs.

Serait-ce le dénominateur commun qui aurait conduit à l’absence de respect à l’égard de son promoteur, et fait de la psychanalyse, selon le terme de Freud, la “danseuse”***, non seulement de la psychiatrie, de la philosophie, mais encore aujourd’hui du commun des mortels ?

 

*   Coterie • Groupement de personnes se soutenant mutuellement, en cherchant par la lutte ou l’intrigue à faire prévaloir leur(s) intérêt(s) commun(s). [Larousse]

 

**  Gotha • Ensemble de personnalités appartenant au monde de la haute finance, de l’aristocratie, de la politique, etc., considérées sur le plan de leur notoriété mondaine. [Larousse]

 

*** Danseuse • Au XVIIIe siècle, les alentours des salles de spectacle étaient des endroits très fréquentés par les prostituées. On disait d’ailleurs de l’Opéra qu’il était le “marché aux putains”. Mais si la prostitution avait cours à l’extérieur, au XIXe siècle, elle s’exerçait aussi à l’intérieur, les danseuses faisant commerce de leurs charmes (plus ou moins volontairement). Il n’était d’ailleurs pas rare, au foyer des artistes de l’Opéra, derrière la scène, de trouver des mères venant “vendre” leurs filles, danseuses plus ou moins ratées, aux messieurs les plus offrants. Mais alors que beaucoup de danseuses se contentaient d’effectuer des passes, certaines des plus cotées devenaient des maîtresses attitrées de messieurs de la haute société qui, laissant leurs épouses à leur domicile, s’affichaient volontiers avec leur proie à laquelle ils offraient un logement et train de vie généralement plus que décent. [Reverso]

 

En vrac • post-it non datés

 

• Au féminisme qui s’insurge contre le sexisme : dans les films, les séries, les débats, les starlettes aussi bien que les stars féminines, balancent à tous bouts de dialogues et de sous-titres : “con” (cunt = chatte, en anglais, vient de cuniculus=lapin en latin du Moyen Âge pour désigner le sexe féminin), “putain”, et autres “fuckeries” américaines… Cela ne les dérange pas ?

 

• “Autre” avec un grand A, utilisé par les intellectuels dans la presse pour désigner l’étranger, non pas en soi, mais à soi.

 

?

 

Pour les dévoués penseurs lacaniens, l’Autre est, immatériel, une instance, en très résumé, selon Lacan,

 

“L’Autre est le lieu de la parole. (..) L’Autre est le lieu du signifiant. (...) L’Autre est le lieu du manque à être.”

 

Pour le quidam - les modestes civils que nous sommes -, selon sa sensibilité, l’Autre peut symboliser Dieu, le Verbe, un Esprit-Saint, un esprit philosophique, un esprit insufflé par un système idéologique, le fanatisme… … À titre personnel il peut représenter ce qui anime dans le psychisme de l’être humain, un désir de transmission…

• “Empathie”. Comment peut-on user à ce point la précieuse définition de ce vocable, tout en fustigeant l’individualisme ancré, - que l’on désigne également par “schizophrène” sans se reporter au sens, au contenu, aux conséquences, de cette pathologie -, le selfie, lesquels caractérisent les générations des temps modernes ?

Islamisme radical. Pourquoi, hésite-t-on à le nommer Islamisme criminel, comme l’intitulent d’éminents intellectuels, mais gravement vilipendés par des apôtres de la liberté d’expression ?

Autarcies de classes. Pyramides étanches peuplées de “zélites”, dont les codes affectent dans les strates hiérarchiques des populations, les modes d’être, de vivre, de penser, de dire, sans la moindre “empathie” à l’égard de l’autre-avec-un-petit “a”, particulièrement à l’égard de la plèbe. Où est l’“empathie” ? Certes, les religions recommandent la compassion, la pitié, les systèmes laïques prônent la solidarité, mais si l’on distingue les sphères corruptibles il est permis de s’interroger sur leurs arguties. Est-ce pour se garantir d’une place au Paradis, est-ce pour acquérir de l’électorat ?

Les ukases gouvernementales. Pourtant Staline est mort en 1953. Outre l’ingérence permanente dans la vie privée, les coupures financières drastiques dans le domaine culturel, le chaos dans l’éducation, à titre d’exemples : projet d’obligation de vaccin antigrippal, de contracter une assurance annexe privée, pression constante sur les médicaments génériques, homologation des paquets de cigarettes, etc. Or, il est évident que la santé des citoyens-électeurs ou non n’est pas la préoccupation princeps des dirigeants mais, cynique, celle de réduire les déficits de la Sécurité Sociale, les frais d’hôpitaux - sans assurer un soutien public décent en faveur de la recherche médicale -, et j’en passe… Plutôt qu’alimenter les profits colossaux engrangés par les trusts, ils privilégieraient de toute urgence les problèmes catastrophiques causés par la pollution atmosphérique et maritime, l’alimentation industrielle qui altère la santé des enfants, la destruction de la flore et de la faune, etc.

Ah, l’argent, l’argent, l’argent, soumis à l’idéologie américaine - ce n’est pas nouveau, quoiqu’en clame le déni des cercles germanopratins -, serait-il le moderne Grand Autre ?

 

La suite du vrac est en cours…

 

23 janvier 2017

Idéologie

 

La mienne

 

L’Histoire, la grande, ayant eu pour conséquence de porter atteinte aux identifications infantiles, voire les rendre impossibles, mon idéologie s’est peu à peu formée tout au long de rencontres avec les personnes remarquables de toutes conditions et par l’expérience de la vie. Elle n’a consisté et subsisté jusqu’aujourd’hui qu’en une seule locution, celle destinée aux médecins par Hippocrate, mais qui, à mon sens, pourrait s’appliquer à chaque sociétaire de l’espèce humaine :

 

Primum non nocere

D’abord, ne pas nuire

 

Je viens de lire Errata, de George Steiner. Bien que je ne partage ni ses affinités avec Heidegger et Wagner ni son désintérêt appuyé - encore que peut-être à son insu, ambigu - pour Freud, l’étude des langues auxquelles il a dédié sa vie de travail, chaque thème qu’il aborde et développe, incitent à la réflexion, à la refonte des concepts que nous pensons avoir assimilés alors que nous les avons en toute bonne foi vulgarisés, usés, en avons altéré le sens.

Ainsi ces passages extraits des pages 83 à 106 sur la condition juive : [...]

 

Lire la suite en se reportant à ce lien : http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/mw_ideologie.html

07 Janvier 2017

 

Suivi « La Grande Librairie », le 5 janvier. Le logo a été modernisé depuis un certain temps, au plan graphique, je trouve qu’il ressemble à celui du Crédit Lyonnais. L’émission de François Busnel était réservée à Fanny Ardant, très « Claudine à l’école »,  pour son film « Le Divan de Staline ». À plusieurs reprises, le rôle titre, Gérard Depardieu, présent lui aussi, a déclaré que Staline n’était pas paranoïaque, mais seulement persécuté… Aucun des invités n’a relevé. J’ai regretté que l’un ou l’une parmi ses amis lettrés n’ait pas conseillé à Fanny Ardant, amatrice passionnée de livres, de lire, préalable à l’écriture du scénario, « Le Président Schreber • Remarques  psychanalytiques sur la description autobiographique d’un cas de paranoïa », de Freud, dont le chapitre III est intitulé : Sur les mécanismes paranoïaques. Sur la bande-annonce, la première de couverture de cette analyse de Freud eut peut-être été plus explicite que celle de «  Die Traumdeutung » en allemand gothique.

 

2016

 

14 décembre 2016

 

À propos de l’“entre-nous”, plus précisément ici de l’“entre-Moi”, Lacan qui, selon son propre dire n’était pas un “homme de gauche”, s’agrégea, via l’intelligentsia germanopratine, à partir de 1968, une foule de candidats au statut de psychanalyste, parmi laquelle moult juifs, de ceux et celles des intellectuels que l’on a désignés en nos temps modernes par “bobos”, dont l’influence sur la pensée aujourd’hui, après cinquante ans, commence à se désagréger.

Mais déjà, en 1967, lors de sa « Proposition d’octobre » pour la fondation de son école, iceux et icelles l’avaient-ils préalablement étudiée ? Voilà en effet ce que l’on y lit en toutes lettres :

 

 

 

 

Comment se fait-il que personne n’ai moufté, de même qu’en 1974 lorsque Lacan qualifia publiquement Anna Freud de “chiure de mouche”, locution que j’ai maintes fois, avec constance, citée ?* Et j’en passe. Ainsi que l’observait Rabelais : “À quoi reconnaît-on une andouille ? À ce qu’elle n’a point d’oreilles.”

 

* Qui fut la mouche paternelle de cette chiure ?

 

La première fois, loin d’être la dernière, où j’ai trouvé dans mes lectures de telles exhalaisons émanant de Lacan, ce fut déjà dans son article de 1938 intitulé « La Famille », que j’ai publié et dont j’écrivis le « Commentaire » et dont les lectrices et lecteurs intéressés pourront prendre connaissance à cette adresse :

 

http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/livres/preamb.comment.html

 

La psychanalyse n’aurait-elle qu’été une utopie ? Si oui et enseignée par Rabelais, l’un des mes aïeux d’élection, jusqu’à ce que je quitte ce monde, je la maintiens, cf. sur notre site :

 

Comment Pantagruel, étant à Paris,

reçut lettres de son père Gargantua, et la copie d’icelles

http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/courrier/entracte.html

10 décembre 2016

 

Ce matin, émission« Répliques » et son intitulé Laïcité et tolérance. C’est en écoutant Alain Finkielkraut et ses invités Caroline Fourest et Denis Lacorne,  que je viens seulement de réaliser combien en France les doctrines des religions juive et chrétienne, où les femmes sont de tous temps empêchées de publication, ont imprégné les esprits des penseurs, soient-ils de sincères laïcs mais fringués du poids de leur influence dans la cité. Et ce, quels que soient les discours officiels suivis de leurs lois - non appliquées par les citoyennes et les citoyens. Limitons-nous à n’évoquer que le monde de l’édition, sans revenir ici sur l’“égalité” observée par les zélites médiatiques, confréries, consœureries, corporatismes, sectes, sélectifs, bref l’“entre-nous”.

Quant à la pédanterie des médias justement - j’aurais bien aimé écrire “pédance” -, dont ils se régalent pour banaliser le concept de schizophrénie plutôt que de se satisfaire de celui de clivage pervers (pas vu pas pris, la main gauche ignore ce que fait la main droite, la poutre dans l’œil,  déni, mensonge, effacement des traces, etc.), voilà qu’on leur en a soufflé une autre : l’empathie, en place de solidarité, compassion selon son acception religieuse, sympathie (voir leurs définitions), se mettre à la place de l’autre…

Qu’est-ce que le concept d’empathie*, accepté en anglais également par Freud ? Il fut introduit en philosophie et en psychologie, plus tard par la magistrature, à partir du mot allemand Einfühlung, traduit en français dans la langue courante par intuition.

Une définition plus fine de ce concept d’empathie et ses différences avec sympathie et compassion  se trouve à l’adresse suivante :

http://www.leblogdesrapportshumains.fr/quest-ce-que-lempathie/

* Latin = “in-”, dans, à l’intérieur -, et grec = “pathos”, ce qu’on éprouve, souffrance

 

À venir : Lectures-interprétation-traduction d’extraits de Freud • Quelques fondamentaux à l’intention des professeurs de psychanalyse

 

« On tire souvent plus de leçons d’une erreur que d’un résultat d’expérience concluant, et l’échec est la source des plus grandes découvertes ?! »

Stuart Firestein,

in Le Figaro, 16 novembre 2016

25 novembre 2016.

France

 

Israël est en feu depuis hier. D’après la nombreuse presse nationale lue ce matin, cette horreur ne semble pas trop l’émouvoir, si ce n’est dans quelques journaux de référence, lesquels émettent cependant de pusillanimes hypothèses quant à une possible responsabilité d’Israël censée être, par d’autres humains, cause de leur immortelle soif de sa destruction.

14 novembre

“Je ne connais rien de plus servile, de plus méprisable, de plus lâche, de plus borné qu’un terroriste.”

Chateaubriand

Mémoires d’outre-tombe,livre IV, chap. 13.

[Aphorisme relevé dans Anthologie de la prose française, par Suzanne Julliard]

 

“Déradicalisation” Vu et entendu hier au journal de I24 News un reportage sur la “déradicalisation” en  Syrie. Présentation de son travail par une “? et psychanalyste” annoncée comme salafiste, costumée selon la tradition, disons civile, sans niquab, qui faisait valoir sa méthode, assez comparable à mon ouïe à celle d’un marabout. Suis restée très dubitative… Pourtant nous avons l’exemple d’après-guerre en Allemagne d’une entreprise de “dénazification”. Si elle avait été efficace, cela se saurait, parents, éducateurs, institutions, responsables politiques, auraient su la transmettre aux générations suivantes. Côté “psys”, traitement individuel - il n’existe pas d’autre remède -, je préconisais auprès des toxicomanes, alcooliques, délinquants de toute extrace, histoire de rincer un psychisme barbouillé, après leur en avoir évoqué la cohérence et avant ébauche de traitement, une cure de sommeil. Pour celles et ceux qui acceptaient de s’y prêter, cela donnait d’assez bons résultats à condition d’être réciproquement patients.

Oui “c’était mieux avant”, il aura fallu des attentats en cascades pour qu’enfin, celles et ceux qui l’affirment ne soient pas systématiquement qualifiés en toute ignorance délibérée,  de réactionnaires, conservateurs (plus poli), has-been, vieux, défraîchis et j’en passe dans le registre des crypto-libelles. Avant quoi ? Quand notre spleen, notre blues nous remémorent et que nous refusons de renier notre patrimoine humain, culturel, artistique, l’empreinte laissée par nos amours de jeunesse, nos engouements, nos lectures, nos illusions, nos rencontres, nos candides espoirs, nos errances, notre évolution, nos actes ? Cf. Je chante pour passer le temps (des merveilles), de Léo Ferré.

En tant que survivante de la déportation des Juifs, en simple témoin de mon (trop long) temps, qui exclut dès que je sus réfléchir de se camper en victime, position affermie par une psychanalyse non interrompue, je n’ai pas l’intuition qu’il y ait un “nouvel” antisémitisme, l’antijudaïsme étant indéracinable. Les antisémites de tous les pays, bien terroirs, quels qu’ils soient, ne sont pas désunis. Ils n’ont plus besoin de se manifester à découvert, dédouanés qu’ils sont par des relais déchaînés de meneurs fondamentalistes de l’Islam et nommément de Tariq Ramadan, dont nous (peu, les “réacs” d’alors) nous efforcions en vain dès 2004, de faire entendre que leur idéologie entraînerait des lendemains délétères (cf. sur notre site). Encore aujourd’hui, je suis consternée par l’indifférence de tant de mères qui, au nom d’une religion dont les élémentaires rudiments leur échappent, d’un asservissement et d’une loi du nombre auxquels elles se plient sans moufter, laissent leurs enfants tueurs partir au “sacrifice”. Et salue le courage de celles qui, mettant leur vie en danger, descendent dans la rue, écrivent, protestent, hurlent, résistent à cette idéologie d’hommes et d’institutions timorées exclusivement masculines dont nous attendons encore qu’elles s’y risquent.

 

Cela dit, pour aujourd’hui, je vais reprendre mes lectures-traductions. Oui, je sais, l’intention est didactique mais… on ne se refait pas, même si elle est neurasthénique ! Je m’y suis engagée au XXe siècle, il y a environ 40 ans, grâce à Solange Faladé, qui avait formé un groupe de traductions de Freud, sous forme de « Documents de travail » puisque les droits sur son œuvre n’étaient pas encore libérés, de ses élèves psychanalystes, dont ceux auxquels j’ai contribué, pour lesquels j’ai obtenu les droits officiels par leurs héritiers et leurs éditeurs. Il va de soi que ces travaux, comme à présent, n’ont été lus et travaillés que par de rares collègues.

C’est ainsi que j’ai à plusieurs reprises échoué à mettre en place, dans un langage intelligible, des groupes d’étude d’introduction à la psychanalyse, à ses tous fondamentaux par Freud, à leur évolution, à Paris et en province. Ils n’ont subsisté, à chaque tentative, que 2-3 ans au maximum, les participants, les auditeurs, ont préféré rejoindre les courants lacaniens, sans doute plus avantageux.

Tant pis, depuis je continue néanmoins, mais seulement par mes lectures-traductions dont voici le prochain exergue.

 

Quelques fondamentaux à l’intention des professeurs de psychanalyse

[Ces quelques fondamentaux s’adressent particulièrement à la diligence d’universitaires, fussent-ils journalistes, médias et médiatiques, tel le Professeur Onfray, sycophante de Freud et de Françoise Dolto, de France Culture pour son émission inspirée « Les Racines du ciel » sur Jung, et alii…]

“Par la suite, je me suis alors refusé l’extrême plaisir de lire les œuvres de Nietzsche, dans le but délibéré* de d’être gêné par aucune sorte d’entrave anticipatrice dans l’élaboration de mes perceptions psychanalytiques. Je devais donc être prêt - et je le suis aisément - à renoncer à toute revendication de priorité dans de nombreuses circonstances où les laborieuses investigations psychanalytiques ne peuvent que confirmer les points de vues acquis par l’intuition du philosophe.” •  Freud

 

* Je souligne

 

 05 novembre

 

Écouté Répliques, émission d’Alain Finkielkraut sur France Culture le samedi matin.

 

La littérature et la condition animale

 

https://www.franceculture.fr/emissions/repliques/la-litterature-et-la-condition-animale

 

[Argument • Avec les auteurs Jean-Baptiste Del Amo et Isabelle Sorente, la production animale entre pour la première fois dans la littérature. Dans Règne animal, Jean-Baptiste Del Amo retrace, du début à la fin du vingtième siècle, l’histoire d’une exploitation familiale vouée à devenir un élevage porcin. 180 jours, c’est le temps qui sépare la naissance d’un porc de sa mort à l’abattoir. Ce sont aussi les six mois qui font basculer la vie d’un homme. C’est aussi le titre du roman d’Isabelle Sorente.

Avec ces deux auteurs, la production animale entre pour la première fois dans la littérature. Je commencerai par leur demander ce qui les a conduit à choisir ce sujet et lui donner une forme romanesque.]

 

Effroyable. La nausée qui ne décolle pas. Les camps de la mort industrielle, ses trains évoqués en conclusion par Alain Finkielkraut, les mères amputées de leurs enfants qui deviennent folles d’épouvante, leur regard que décrit Gitta Sereny*, regard de truie, d’animal ou d’humain, ont accompagné, du début à la fin de l’émission, ma désespérance quant à l’inanité de ce que nous essayons de transmettre de la vie.

 

*[…] Ces grands yeux qui me regardaient sans savoir qu’un instant plus tard, ils seraient tous morts.

 

Gitta Sereny

Au fond des ténèbres

Un bourreau parle : Franz Stangl, commandant de Treblinka

Éd. Denoël, 2007

 

28 octobre

 

L’impact de l’influence par des médias peu informés sur le vocabulaire public

 

• Suivi à la TV une excellente émission tardive portant sur les hostilités internes dans les partis politiques.

Un professeur de sciences politiques invité, dans l’un de ses commentaires, attribue ces hostilités à ce que, je cite : “Les psychanalystes appellent « Le narcissisme des petites différences ».” Il s’agit bien en effet du narcissisme des petites différences. Mais qui sont ces “psychanalystes” qui, les détachant de leur contexte, empruntent à Freud des énonciations, les transformant en slogans repris à l’envi par les médias, sans même avoir le tact d’en citer son auteur ainsi que son analyse du phénomène dans, par exemple, mais pas seulement, Malaise dans la civilisation, c’est-à-dire, nommément Freud ?

Ce même professeur de sciences politiques, déjà précédé par d’autres commentateurs médiatiques, poursuit, pour expliquer la vulgarité des messages dans les dits “réseaux sociaux”, notamment sur Twitter, qu’il s’agit du “retour du refoulé”. Qu’a-t-il, le retour du refoulé selon Freud, de commun avec les éructations pulsionnelles spontanées ?

Au sujet du refoulement, les lectrices et lecteurs intéressés pourront lire ci-dessous le fragment de ma traduction en cours de l’Histoire du mouvement analytique de Freud, édition de 1924.

 

• Dans quelle intention de “transparence”, les médias ont-il adopté la coutume de préciser l’âge des personnes, plus particulièrement celui de la génération XXe siècle, auxquelles s’intéressent leurs articles et leurs infos ?

 

• À propos de vulgarité, que les spécialistes désignent plus élégamment par “démagogie” : les promesses de budgets tous azimuts avancées ces semaines-ci par le gouvernement à seule fin de racoler un maximum d’électeurs, sentent la houle…

 

Freud, in « Histoire du mouvement analytique »

 

[…] La théorie du refoulement est à présent le pilier d’angle sur lequel repose l’édifice de la psychanalyse, pour ainsi dire sa pièce fondamentale, qui n’est elle-même rien d’autre que le témoignage théorique d’une expérience qui peut se renouveler ad libitum, pour peu que l’on engage une analyse auprès d’un névrosé sans le recours à l’hypnose. C’est alors que l’on parvient à percevoir une résistance qui s’oppose au travail analytique et se retranche derrière une défaillance de la mémoire, dans le but de le contrecarrer. L’usage de l’hypnose est destiné à camoufler cette résistance ; c’est l’unique raison pour laquelle l’histoire de la psychanalyse en tant que telle ne commence qu’avec l’innovation de la technique du renoncement à l’hypnose. L’analyse théorique du fait que cette résistance coïncide avec une amnésie conduit alors inévitablement à la thèse d’une activité psychique inconsciente spécifique de la psychanalyse. Toujours est-il que cette analyse se distingue nettement des spéculations philosophiques sur l’inconscient. C’est pourquoi l’on peut dire que la théorie psychanalytique s’efforce de rendre compte de deux faits que l’expérience révèle de façon tout à fait inattendue et ostensible, lorsque l’on essaie de faire remonter jusqu’à leur source les symptômes morbides qui découlent de la biographie d’un névrosé : le fait du transfert et celui de la résistance. Toute orientation de recherche qui reconnaît ces deux faits et les prend comme points de départ de son travail peut être désignée par psychanalyse, même si elle aboutit à des conclusions autres que les miennes. Mais celui qui altère latéralement le problème en excluant ces deux hypothèses, celui-là n’échappera probablement pas à l’accusation d’atteinte à la propriété par tentative de contrefaçon [“Mimikry”, plagiat], s’il s’obstine à se qualifier de psychanalyste. […]

 

24 octobre

 

Lettre à Romain Rolland • Janvier 1936

[Extraits de Freud à « Un trouble de mémoire sur l’Acropole »]

 

Très cher ami

 

Vous le savez, mon travail scientifique s’était donné pour but d’étudier certains phénomènes psychiques inhabituels, paradoxaux, pathologiques, c’est-à-dire de les rapporter aux forces psychiques qui sont à l’œuvre derrière eux et d’en mettre à nu les mécanismes actifs. Je l’ai d’abord expérimenté sur ma propre personne, puis sur d’autres, enfin, par un audacieux empiètement, sur l’espèce humaine tout entière. L’une de ces expériences que j’ai faite moi-même il y a de cela une génération - c’était en 1904 - et que je n’avais jamais comprise depuis, m’est sans cesse revenue en mémoire ces dernières années sans que j’en puisse voir la raison. À la fin, je me suis décidé à analyser ce petit épisode et je vous communique le résultat de mon étude.

 

Un trouble de mémoire sur l’Acropole

 

[… Avec mon frère…] Nous décidâmes de partir de Trieste pour nous rendre à l’île de Corfou, où nous passerions nos quelques jours de congés.

L’après-midi de notre arrivée, quand je me trouvai sur l’Acropole et que j’embrassai le paysage du regard, il me vint subitement cette étrange idée : Ainsi tout cela existe réellement comme nous l’avons appris à l’école !*

[…]

Ou pour décrire la chose plus précisément la personne qui manifestait son sentiment se distinguait beaucoup plus nettement qu’il n’apparaît d’ordinaire d’une autre personne qui, elle, enregistrait la manifestation, et toutes deux étaient étonnées, encore que ce ne fut pas de la même chose. La première faisait comme si, sous cette impression indubitable, il lui fallait croire à quelque chose dont, jusque-là, la réalité lui avait paru incertaine.

 

* En italique : je souligne

 

Ce à quoi je n’aurais jamais cru, croire est un verbe que je n’utilise qu’avec circonspection, c’est la vie qui me l’a appris, non l’école.

Je n’aurais jamais cru des doctes penseurs, en premier lieu certains, nombreux, de mes collègues, femmes et hommes, et très particulièrement de celles et ceux qui s’étaient attachés à commenter les conséquences psychiques de la déportation des Juifs d’Europe, qu’ils étaient envers les héritiers directs de toutes obédiences, mais plus précisément envers les orphelines et orphelins de ce désastre, les orphelines, comme la plupart des femmes étant amèrement privilégiées, commetoutlemonde, disons plutôt : à l’image d’un servum pecus fermé à autrui, celui qui décide entre soi de ne pas laisser entrer (“passer” comme le prescrivait Lacan ?) quiconque, candide, les approche de l’extérieur.

Ayant commencé mon analyse à l’âge de 7 ans avec Françoise Dolto, puis à partir de l’adolescence l’ayant continuée avec d’autres et enfin seule jusqu’aujourd’hui, j’avais cru que, pour celle ou celui qui se préparait à la pratiquer professionnellement - ne “m’autorisant pas de moi-même” mais de mes aînés, les meilleurs cliniciens à mon sens, dont Françoise Dolto et François Perrier -, la psychanalyse exigeait que l’on ne fut justement plus tout à fait commetoutlemonde.

Je suis restée donc niaise devant la réalité jusqu’à un âge avancé, tout d’abord sans comprendre mes pairesses et mes pairs, leur mode d’être, d’agir, de parler, leur absence de considération, voire de respect minimal pour la personne et son histoire singulière, dont, loin de leurs préoccupations, ils oublient qu’elle a elle-même obéi au devoir de se soumettre au préalable à une psychanalyse personnelle.

Pourtant, il paraît que je suis assez clairvoyante quand il ne s’agit pas de “Moi”.

Et puis le temps passe, se rétrécit, il m’a bien fallu consentir à faire face à la réalité.

Ainsi à titre d’exemple les qualifications dont me dote un collègue connu de longue date, que nous avons publié, spécialiste du langage fait pour démolir, qui semblerait souffrir de TDAH (Troubles de l’attention avec ou sans hyperactivité), qui prend ses dits pairs et pairesses pour des larbins, m’écrit qu’il ne lit pas mes travaux ni ceux publiés sur notre site (il est toutefois possible qu’il les fasse lire par d’autres, si je me fie à certains de ses emprunts et inspirations), que notre site est “people”, qu’il “fait du dumping” probablement à ma seule glorification, etc. Ce qui est vrai, dans ces vocables, est qu’il ne s’abaisse certes pas à consulter les sommaires d’auteurs, de documents, de textes, auxquels l’on peut se reporter à l’adresse suivante :

 

http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/sommaires.html

 

Passons. Les lectrices et lecteurs intéressés pourront très bientôt prendre connaissance de quelques extraits de Freud, en cours de traduction, lesquels témoignent du début consciencieux d’entreprises successives depuis un siècle de détourner la psychanalyse de son essence comme diraient les philosophes, de même que de son promoteur.

 

03 octobre

 

Avec la mort de Shimon Peres, la page de l’histoire de mon inter-génération XXe-XXIe s. issue de la destruction des Juifs d’Europe et avec elle, celle de la nostalgie des illusions depuis déjà bien longtemps perdues, s’est refermée.

 

Post-it

• Oracle de Lacan sur la mort de la psychanalyse après lui : à qui en imputer la responsabilité ? L’entreprise d’érosion avait commencé déjà du temps de Freud, vers 1912, grâce aux théories et pratiques des appelés “dissidents”, cf. ci-dessous à venir.

• La sexualité : n’est pas du tout animée de même chez les femmes et chez les hommes, c’est bien connu.

• La théorie du genre dans les manuels scolaires : dénoncée par le Pape François en tant qu’idéologique, le Pape a pris bien soin d’insister sur le respect humain dû aux homosexuels, transsexuels et autres variantes. Il est vrai qu’avec l’informatique, ordinateurs, téléphones, tablettes, bref, ses outils, leur vitesse d’accès et d’utilisation, des informations tous azimuts en temps réel, des images, sigles, des réseaux dits “sociaux” (!), la génétique risque de finir par s’imprimer dès la naissance dans l’inconscient des enfants qui, à leur insu transformés en brugnons, i. e. en mutants, n’auront plus besoin de repères mêmes idéologiques, ultime bienfait de la science, quant à leur appartenance sexuelle. Ou alors, il se peut que bientôt le perfectionnement des logiciels transmue leur intelligence humaine en l’artificielle des humanoïdes, une véritable métempsychose en somme.

• Apprendre aux enfants d’aujourd’hui à penser par eux-mêmes, à réfléchir, à construire et affermir leurs points de vue, à développer leur goût du savoir, leur curiosité, n’est plus de mode, donc plus stimulé. Pendant ce temps-là leur formidable réservoir de mémoire est écrasé.

Ce qui ne me va pas dans ce monde qui en effet a changé, ce sont, outre l’entraînement imposé à devoir cultiver une ignorance élevée à la dignité d’une éthique, les injonctions à ne pas vivre à mon rythme, autant naturel que culturel.

[…]

21 septembre

« Poésie ? », par Fabrice Luchini au Théâtre Montparnasse, époustouflant !

En dernière analyse, quand les choses ne sont plus à comprendre, lisez les poètes. Freud, cité par François Perrier

20 septembre

• Nous n’entendons, ne voyons, ne lisons plus les “et psychanalystes” commenter dans les médias. Peut-être, oui, dans les réseaux sociaux que je ne pratique pas. Quoi qu’il en soit, les politiques en lice n’intéressent plus guère, nous attendons les noms des candidats à la présidentielle pour se prononcer ou pas.

• Déradicalisation. Sera-t-il possible de déradicaliser et comment le cerveau lavé des terroristes, de leurs enfants, dès leur plus jeune âge, voire pour l’avenir celui des bébés in- ou ex- utéro ? Ne serait-il pas d’abord urgent de commencer par s’occuper des parents, des parrains, des tuteurs en tous genres, des caïds, bref, de leurs instigateurs ?

• J’ai écrit à la Mairie de Paris qu’il me semblerait avantageux de prévoir, chiffrées, des navettes électriques entre les gares, les RER, etc., aux heures de pointe, pour désengorger les encombrements causés par la fermeture de voies sur berges.

• Évolution des mots selon les mœurs. Libertinage, “libertin”. À l’origine, libertin, je cite : Se disait au XVIIe s. de quelqu’un qui manifestait son indépendance d’esprit par rapport aux enseignements du christianisme, et qui refusait toute soumission à l’Église. “Parties fines” : Au XVIIe, les “parties” étaient des réunions destinées à la détente et à l’amusement (sans aucune connotation sexuelle). Ce n’est que plus tard, au XIXe, que le caractère sexuel de la chose s’est greffé. En effet, la “finesse” s’accole à la “partie” et désigne une certaine délicatesse et discrétion. On l’applique alors aux “parties de campagne” isolées des yeux de tous, souvent adultérines. De nos jours, “parties fines” = partouzes.

 

18 septembre

Georges-Arthur Goldschmidt • Élisabeth Roudinesco

Chère collègue et amie de travail

Je viens d’écouter  sur France Culture Georges-Arthur Goldschmidt, meilleur, et de loin, interprète français de la langue allemande littéraire, philosophique..., avec Faye (cf. Langages totalitaires)

http://www.franceculture.fr/emissions/talmudiques/eprouver-lalterite-22-se-trouver-en-langue-etrangere

http://www.persee.fr/doc/rfsp_00352950_1976_num_26_3_393674_t1_0600_0000_001

Si cela peut intéresser, ci-dessous, le courrier que j’ai adressé hier à Élisabeth Roudinesco

Chère Élisabeth

Vous m’écriviez que *** est, selon votre terme, un •••, mais il avait alors produit un bon texte et seul le contenu m’intéresse. Quand je diffuse le texte d’un auteur - ce fut le seul  parmi sa nombreuse production -, (s’il est lu) cela peut être interprété comme une provocation idéologique, je le sais. 

Un autre parmi nos penseurs actuels, *** n’en est pas un, bien que depuis longtemps j’écrive et réécrive, le lisant attentivement, ce sur quoi et sur qui nous différons (cf. Heidegger sur le site) et dernièrement encore au sujet de Hannah Arendt et de Simone Weill (philosophe). 

Mais laissons cela. Côté psychanalyse, il y a un point (au moins !) sur lequel je fus niaise tout un demi-siècle, avant, à mon grand âge, d’assimiler, me résoudre, où je fus  répétitivement consternée par la méchanceté consciente, c’est le moins que l’on puisse attendre d’eux, de nombre de celles et ceux parmi mes collègues. Ainsi que de leur abondant engouement journalistique à discourir, souvent en toute approximation professionnelle, sur la déportation des Juifs et de leurs héritières et héritiers survivants, lequel engouement n’eut pour effet que de contribuer à développer l’antisémitisme ambiant.

Je ne parvenais pas à concevoir dans le réel que l’éthique, la pratique de la psychanalyse, fussent compatibles avec la méchanceté, ses multiples effets, ses conséquences délétères, que je ne développerai plus ici.

Bref. Par ailleurs, j’ai reçu dans l’année (civile) des Éditions du Seuil, un relevé de mes droits d’auteur pour 2014-2015 (ou 2013-2014, ne les ai pas sous les yeux) d’Histoire de Louise. Malgré mes interrogations, dont une lettre à Monsieur Bétourné, ils ne m’ont jamais été versés.

Certes, Histoire de Louise fut publié par Le Seuil en 1979

http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/media/dolto.html

et je ne compte pas sur la somme ridiculissime qu’ils représentent pour vivre et travailler.

Lorsque j’ai pour la dernière fois rendu visite à Brooklyn à Mira Rothenberg (dernière élève de Federn qui nous a quittés en avril 2016), elle s’est étonnée de n’avoir jamais reçu aucun cette fois droit d’auteur pour son livre, également publié au Seuil en 1979, intitulé Les enfants au regard de pierre, dont j’avais retraduit de larges passages sous le titre Enfants aux yeux d’émeraude (titre qui m’a été “emprunté” en 2014 par un auteur que je ne connais pas et qui n’a rien à voir avec l’autisme) + d’autres travaux : 

http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/livres/mirarothenberg.html

http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/livres/enfantsdeplaces.html

http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/media/M_Rothenberg_enfants.html

(Extraits audio d’une séance entre Mira et un enfant)

http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/media/blueberrytraduction.html

 et j’en oublie peut-être...

À mon tour, je m’étonne simplement que la personne chargée au Seuil du règlement des droits d’auteur n’ait jamais consenti à me donner la raison de cet oubli.

Bien cordialement à vous,

Micheline Weinstein

3 septembre

 

 

24 août

 

De : sitassoc@orange.fr

Objet : Un passage...

Date : 24 août 2016 11:35:19 HAEC

À : Collègue

 

Chère amie de travail

 

Il est vrai que la psychanalyse comme non-science a été abondamment diffusée par Roudinesco et ses émules de l’édition, et cela m’a toujours désolée dans la mesure où, “encadrée” principalement (mais pas seulement) par Dolto et Perrier, j’ai travaillé jusqu’à présent, pour aller au plus court, selon la définition de la recherche scientifique par Claude Bernard... (http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/dutransf.html).

Certes, cela m’a isolée, et encore davantage depuis la mort de F. D. et F. P., alors, parfois, pour tenir ferme, je retourne à lecture du courrier reçu en 50 ans de travail, dont j’insèrerai les témoignages les plus émouvants dans le beau “Livre d’Or” que m’a composé Morina-Relieur (http://morina-relieur.fr/) et... quand j’aurai le temps, puisque je suis occupée à rassembler mes travaux sur un demi-siècle (des centaines de pages !)... pour les archives, cela va de soi !

 

Ci-dessous, un extrait d’iceux (non encore corrigé) de 2001 !

 

Cordialement à vous,

Micheline W.

3

C’est vrai, la chose [la ψA] progresse bien, mais vous semblez surestimer mon plaisir à ce sujet. Ce qui, de la ψA, peut être retiré comme satisfaction personnelle, je l’ai goûté du temps que j’étais seul ; or, depuis que d’autres s’y sont mis, je me suis plus souvent fâché que réjoui. La façon dont les humains se l’approprient et l’utilisent en la déformant ne m’a pas donné de leur comportement de meilleure opinion que celle d’autrefois, du temps où ils la rejetaient sans rien y entendre. Une fêlure irrémédiable a dû se produire alors entre les autres et moi.

[…]

Au plus profond de moi-même, je suis décidément persuadé que mes contemporains, à quelques exceptions près, sont de la tourbe.

[…]

J’ai toujours été frappé par la bassesse des humains, sans exclure celle des analystes.

Freud

Mi-novembre 2001. Je viens d’entendre que, dans l’une parmi les sectes lacaniennes, qui produisent des clones analytiques sur trois générations,  il est ainsi professé qu’en comparaison de Lacan, texto, “Freud est facile”, ben voyons. Du coup, j’ai ressorti un très vieux dossier, dans lequel j’avais rassemblé des propos de Lacan, non publiés à ce jour, dont j’extrais ceci, de son séminaire du 23 avril 1974, l’année où il injurie Anna Freud, la qualifiant de “chiure de mouche”. Le lecteur appréciera le style :

Moi, la Bible, ça ne me fout pas la trouille. Et je dirai même plus, j’ai pour ça une raison. C’est que y a des gens comme ça qui, qui en ont été formés, hein, les Juifs qu’on les appelle généralement. On peut pas dire qu’ils aient pas cogité sur le machin, la Bible. Je dirai même plus : tout prouve dans leur histoire (à Madame Gloria Gonzalès : donnez-moi un cigare), tout prouve dans leur histoire qu’ils ne se sont pas occupés de la nature, qu’ils ont talmudisé, comme on dit, c’te Bible. Eh bien, je dois reconnaître que ça leur a réussi. Et à quoi est-ce que je le touche ? Je le touche à ceci, oui, qu’ils ont vraiment bien contribué, quoi que ce ne soit pas le mien - le mien au sens de domaine de l’analyse - qu’ils ont vraiment contribué, avec une particulière astuce, au domaine de la science. Qu’est-ce que ça veut dire ? C’est pas eux qui l’ont inventée.

…si la science a réussi, a réussi, a réussi à surgir, il semble pas, d’ailleurs, que les Juifs y aient au départ mis beaucoup d’eux-mêmes. C’est après coup, dans la timbale une fois décrochée, qu’ils sont venus mettre leur grain de sel, hein, et qu’on s’est aperçu que, que c’est clair, enfin quoi, l’Einstein, à en remettre au grand machin de Newton, c’est lui qui tient le bon bout. Et puis, il est pas le seul, il y en a d’autres - que je vous nommerai à l’occasion, mais je peux pas parler de tous à la fois, parce qu’ils pullulent, et puis qu’ils sont pas dans tous les coins…

 

[N. B. Ce n’est pas fini, ni avant, ni après, mais j’arrête là. Cependant, puisque l’écrit  après-coup me  permet d’insérer l’actualité de la psychanalyse, j’ajouterai la dernière nouvelle du jour. Il s’agit d’une lettre que je viens juste d’adresser à une collègue, une autre, tout autant lacanienne, qui a trait à la pratique et à ses résultats, consternée que je suis par la haine de certaines analystes femmes - mais sont-ce vraiment des femmes ? - envers les mères, en analyse ou analysées, j’insiste sur ce point absolument capital. Il n’y a pas de  “nomdupère” qui tienne, pas de théorie en circulation, qui justifient de prôner l’aveuglement et la clémence d’une mère envers un géniteur, un collatéral, incestueux, via un infléchissement du transfert et son utilisation par l’analyste dans ce sens. C’est toute la différence entre l’analyse et ce qui n’est pas l’analyse où, effectivement, la plupart du temps la mère est complice de l’abus sexuel, dans le plus épais des silences alentour. Je ne reproduirai cependant pas cette lettre.]

ø

 

Avant d’aborder Moïse et la position constante de Freud envers la religion, de 1897 à 1939, revenons sur cette figure de Moïse, stature symbolique, dont l’ombre portée accompagna Freud sa vie durant.

Je suis toujours étonnée que, quels que soient les courants, les écoles, de pensée, l’interprétation des textes par les psychanalystes se fasse selon une “grille” plus ou moins semblable bien que composite, découlant à la fois de la philosophie, de la psychologie et des sciences du XIXe siècle, augmentée de l’idéologie structuraliste du XXe. Cette grille fait l’impasse sur l’émotif par exemple. Comme se fait d’ailleurs en France l’impasse sur le préconscient et sur les pulsions.

Regardons la photo de Freud, âgé de 8 ans en 1864, avec son père Jacob, lequel approche la cinquantaine [1]. Jacob en impose, avec son front haut et son regard qui interroge le monde. Il est assis, un livre à la main, Freud, debout, le dépasse d’une dizaine de centimètres. Et l’on comprend tout de suite le désir de Freud, qui commencera son auto-analyse en 1896 à la mort de Jacob - “cet homme grand et fort qui me tenait par la main” -, de faire, en un premier temps, de Moïse un non-Juif, si nous nous rappelons l’incident du bonnet jeté dans le caniveau par un antisémite, obligeant Jacob, pour éviter toute sorte de violence, à se courber devant l’antisémite pour ramasser son bonnet [2].

Je donnerai les définitions, tirées principalement du Grand Usuel Larousse et du Webster’s Dictionary, de quelques termes importants que nous rencontrerons ou que j’ai reliés au texte de Freud.

 

Genetisch - génétique. L’entendre exclusivement dans son acception biologique, comme relatif à l’hérédité, me paraît un aplatissement de la pensée freudienne, presque un faux-sens quand il s’agit de ψA. Rappelons que génétique signifie aussi bien relatif à la généalogie des langues, ou relatif à la succession logique, à la filiation d’idées entre elles, qui sont tout de même plus proches de l’analyse linguistique du rêve et de celle des formations de l’inconscient [3].

Shibboleth. Mot de passe, signe de reconnaissance. Freud l’emploie quelquefois et très négativement quand il fait allusion aux dissensions entre analystes et plus généralement à la psychologie de masse. Qui ne reconnaît pas qui comme l’un des siens ou de son clan, censés détenir la seule vérité, la leur, de l’analyse, l’exécute. Rien n’a changé jusqu’à nos jours. Shibboleth vient donc de l’hébreu, signifie épi, fleuve, courant d’une rivière… On le trouve dans la Bible à Juges 12-6, où il permettait de distinguer les Galaadites des d’Éphraïmites.

 

Galaad occupa les gués du Jourdain contre Éphraïm.

Un rescapé d’Éphraïm disait : “Laisse-moi passer.”

Les hommes de Galaad disaient : “Es-tu d’Éphraïm ?”

S’il disait “Non”, ils lui disaient : “Eh bien, dis Shibboleth.”

Il disait : “Sibboleth”, car ils ne parvenaient pas à parler correctement. On le saisissait alors et on l’égorgeait près des gués du Jourdain. Il en tomba, en ce temps-là, quarante-deux mille.

 

Il s’agit donc d’un mot de passe, difficile à prononcer par ceux qui ne sont pas de la même tribu et dont la faute de prononciation est considérée comme révélant ou ne trahissant qu’un locuteur lui est étranger ou que son discours a été influencé par la connaissance d’un autre langage. Un terme éventuellement voisin de shibboleth en français serait “pataquès”.

Par la suite, le terme est employé pour désigner une coutume ou un usage considéré comme un critère pour distinguer les membres d’un groupe (telle une classe sociale) de ceux d’un autre.

Plus tard, son sens évolue vers un mot ou un dire caractéristique utilisé par les adhérents d’un parti, d’une secte, ou une croyance, il est considéré comme vide de sens réel, un slogan par exemple.

Enfin, et nous nous approchons la définition choisie par Freud, le shibboleth est une utilisation du langage considéré comme distinctif ou particulier à une classe, une profession ou un groupe de personnes.

C’est plus récemment qu’il désigne, dans un dire ou l’expression d’une idée, un lieu commun. Et le Webster’s nous renvoie à truisme et platitude.

Nous verrons, au cours de cette lecture, que le langage de Moïse était embarrassé, qu’il prononçait mal, et que Freud insiste sur le fait que Moïse était étranger. Il est écrit que Moïse n’est pas entré dans la Terre Promise pour avoir frappé le rocher censé fournir de l’eau aux Juifs affamés et décimés par la sécheresse ainsi que leurs troupeaux, plutôt que de suivre le commandement divin de parler à ce rocher. Moïse avait “la bouche embarrassée”, il s’exprimait mal, c’est encore une affaire de langage.

Ostracisme. Le petit extrait des Juges nous apprend que de shibboleth à ostracisme, il n’y a qu’un micro-intervalle. Et c’est le terme que je préfère aux autres, en ce qu’il n’est pas une seule vue de l’esprit, il désigne une action, celle de tenir quelqu’un qui ne plaît pas à l’écart d’un groupe, d’une société, d’une manière discriminatoire et injuste.

Anthropomorphisme, c’est-à-dire la tendance à attribuer à [un] Dieu, les sentiments, les passions, les idées et les actes de l’être humain. Freud note l’anthropomorphisme dans la névrose obsessionnelle, mais aussi dans ce qu’il nommera un temps la psychose obsessionnelle, autrement dit la paranoïa où, rappelons-le, le sujet est assailli par des voix.

Car pour Freud, le texte biblique est l’équivalent religieux des contes pour enfants - Märchen en allemand - et, plus loin dans le temps, des narrations laïques “primitives” qui mettent en scène géants, monstres, miracles…, autant de figures surmoïques destinées à effarer d’abord pour mieux consoler ensuite et promettre une issue heureuse non définie dans le temps. Cette issue est cependant soumise à condition, laquelle doit se concrétiser sous forme de rituels prescrits, plus ou moins - plutôt plus que moins - explicitement par les adultes, les chefs de hordes, les souverains, le ou les dieu/x, toutes espèces de meneurs, ou d’instances qui leur sont reliés. Ces rituels,  exploitant les facultés de l’imaginaire chez l’être humain, sont l’opposé absolu de ce qu’exige la loi, dans l’acception juridique du terme, ou les lois, celles qui permettent aux humains d’exister a-minima ensemble, et de limiter leur tendance à une destruction mutuelle.

Comment déchiffrer, comment interpréter, les aventures de Moïse ? Par la psychanalyse et grâce à Freud, nous pouvons nous dispenser de chercher, tels des historiens, la véracité des faits, Freud y a échoué en empruntant la voie historique, et nous en tenir à une interprétation étayée du cristal œdipien de la légende, c’est-à-dire en empruntant la voie analytique décrite par Freud.

À lire le texte biblique, Moïse, âgé de 3 mois, n’est pas circoncis quand la fille de Pharaon le trouve et l’adopte, après que Pharaon, estimant que les juifs menaçaient d’exercer trop d’influence sur le pays, ait commandé la dernière plaie en Égypte, la destruction des premiers nés juifs. Nous constaterons au passage que la cause de tous les maux, l’influence supposée des Juifs, ne s’est pas altérée jusqu’à nos jours. Cette non circoncision rendrait vraisemblable l’une des hypothèses par Freud d’un Moïse non juif. Mais rien n’est aussi simple.

Revenons à l’assassinat par Moïse d’un Égyptien frappant un hébreu, donc un fils d’Abraham, “l’un de [ses] frères”, lui précise Dieu. Rappelons-nous au passage que la femme d’Abraham, Sarah, était, avant son union avec le patriarche, maîtresse de Pharaon. À la suite de cet assassinat, Moïse fuit chez les Madianites, dans une région située à l’est du Golfe d’Aqaba, qui forme l’actuelle jonction géographique d’Israël, de la Jordanie, de l’Arabie Saoudite et de l’Égypte. D’autre part, Madian, ancêtre des Madianites, est le fils non juif d’Abraham et de sa servante non juive Cetura.

S’y retrouver, entre ce qui est juif ou non juif chez les enfants de ces unions ne va pas de soi.

La séparation entre les terres des uns et des autres, entre ce qui est juif et ce qui ne l’est pas, deviendra plus abordable quand Abraham donnera “à Isaac tout ce qu’il avait. Quant aux fils de ses concubines [non-juives], Abraham leur donna des présents et il les envoya, de son vivant, à l’Est, au pays d’Orient, loin d’Isaac son fils.”

Moïse a d’abord épousé une Madianite, Sephora, non-juive, dont il a eu un fils, dont la circoncision ne se fera, sur ordre de Yahvé qui ne lui laisse pas le choix, que lors du retour de Moïse en Égypte. En chemin en effet, Moïse a “rencontré” Yahvé, lequel “chercha à le faire mourir” [4]. C’est Sephora, pour éviter le pire, qui “prend un silex, circoncit leur fils et jette le prépuce aux pieds de Moïse.” La filiation juive, à cet endroit, se fera par le père, la mère n’en est que la passeuse.

Et nous, nous n’en sommes pas encore là.

Moïse, quand il rencontre Yahvé pour la première fois dans la région des volcans, s’entend interpeller ainsi,

 

Moïse, Moïse, Je suis le Dieu de ton Père

 

[1] In Lieux, visages, objets, Éditions Complexe, Bruxelles, 1979.

[2] Nous verrons plus loin qu’au plan des contes et légendes historiques cette hypothèse de Freud d’un Moïse non-juif peut tout à fait se soutenir. Mais au plan de l’émotif, souvenons-nous que tous les jeunes enfants juifs de tous les temps, face à l’antisémitisme de tous les temps, ont toujours désiré n’être pas dénoncés comme tels, ce qui implique qu’ils souhaitent ni être désignés comme appartenant à une religion, une confession, une catégorie…ni par ailleurs “être comme les autres”. Car  il s’agit bien d’être, non pas d’avoir... l’air…

[3] Piaget avait 40 ans en 1936 lorsque ses travaux commencèrent à être connus et sa psychologie génétique signifiait étude du développement mental de l’enfant et de l’adolescent en relation avec les structures intellectuelles de l’adulte.  

[4]  D’après Osti, auteur de la Bible que je privilégie, dont l’interprétation coïncide ici avec celles de Freud quant aux contes et légendes, il s’agirait dans ce passage d’anthropomorphisme, Moïse et les siens ayant vraisemblablement assisté à l’éruption d’un volcan ou s’étant trouvés menacés par une foudre terrible.

 

 

11 août

Le Figaro Premium

http://www.lefigaro.fr/vox/monde/2016/08/10/31002-20160810ARTFIG00218-claude-lanzmann-israel-raye-de-l-annuaire-a-berlin.php

 

Claude Lanzmann

 

« Israël rayé de l’annuaire à Berlin »

 

TRIBUNE - L’auteur de S a écrit ce texte après un séjour à Berlin.

Un voyage qui lui a rappelé d’anciens démons.

 

Je voudrais vraiment essayer de dire en peu de mots, de comprendre et de faire comprendre ce que je considère comme un événement gravissime dont j’ai été à la fois le témoin et d’une certaine façon la victime, à Berlin, il y a quarante-huit heures.

Je me trouvais à Berlin à l’enterrement de quelqu’un de très cher pour moi, Angelika Schrobsdorff, un écrivain demi-juif allemand, en vérité ma deuxième épouse, et j’avais pris une chambre rapidement sans beaucoup réfléchir à l’hôtel Kempinski sur le Kurfürstendamm, hôtel que je connaissais depuis 1986 puisque j’étais venu là-bas présenter Shoah pour la première fois au festival de cinéma de Berlin. Je me trouvais donc, il y a quarante-huit heures, dans ma chambre et feuilletais le mode d’emploi des diverses possibilités de l’hôtel et je tombe sur la liste des codes téléphoniques permettant d’appeler les divers pays du monde, et bizarrement en consultant cela d’un œil distrait, je tombe sur « Italie », et « Italie » fait une sorte de « tilt » dans mon esprit à cause du « i » et je pense à « Israël » et je regarde : nous sommes à Berlin, en août 2016, à l’hôtel Kempinski, « Israël » n’existe pas, Israël ne fait pas partie des pays dont l’hôtel Kempinski donne le code téléphonique qui permet d’appeler directement sans passer par l’opérateur, et vous trouvez tout à la fin de la liste, la phrase suivante : « Le code des pays qui ne sont pas dans cette liste doit être demandé directement à l’opérateur ». Donc Israël n’était pas dans la liste ; je connais par cœur, moi, le code d’Israël qui est le 972, et j’étais effrayé, je me dis comment est-il possible, aujourd’hui en 2016, à Berlin, capitale de l’Allemagne nouvelle, qu’Israël soit supprimé ?

J’avais déjà éprouvé la suppression d’Israël et ses conséquences : c’était à Gaza, dans une période assez calme, en visitant les écoles arabes, et on m’avait montré des cartes géographiques de la région : Israël n’existait pas sur ces cartes de géographie parce qu’Israël n’était pas accepté par eux, n’était pas dans leur tête. Et là, même chose, Israël n’existe pas sur un annuaire des téléphones à Berlin en 2016.

Je suis donc descendu à la fois angoissé et indigné à la réception et j’ai demandé si je pouvais parler à quelqu’un de responsable. Un homme est venu, plutôt je lui ai exposé ce qui m’amenait et il me dit : « Monsieur, je suis heureux que vous souleviez cette question, je suis moi-même juif, c’est une décision de la direction de l’hôtel Kempinski contre laquelle hélas nous ne pouvons rien. »

J’étais atterré et je demande « Mais pourquoi ? Avez-vous une explication ? » Il me répond : « La majorité de notre clientèle est arabe et ce sont eux qui ont demandé qu’Israël soit supprimé. » Comme sur les cartes de géographie à Gaza, Israël n’existe pas. Et soudain je me suis retourné, nous étions dans le lobby de l’hôtel, il était 10 heures du soir, il y avait des enfants un peu partout, en short, parce qu’ils étaient vraiment chez eux et ne tenaient aucun compte de la moindre décence. Ils étaient une trentaine, c’était comme une sorte d’occupation.

Il est facile de comprendre que cela a été un choc très profond pour moi : en 2016, à Berlin, à l’hôtel Kempinski où j’ai habité pour la première fois en 1986 pendant le festival du cinéma durant lequel Shoah a été présenté en plusieurs séances et qui a marqué les Allemands au cœur, qu’il y ait à nouveau cela, c’était absolument effrayant, tout devenait possible, pas seulement la résurgence du nazisme, mais toutes les formes modernes du nazisme, qui ne refusent ni les attentats massifs ni les poignardages de proximité, etc., etc.

Enfin bref, je voulais simplement signaler cela à ceux qui liront ces quelques lignes, et demander qu’on agisse sans délai, car on ne peut pas lutter contre le terrorisme arabe et permettre en même temps que dans un des hôtels les plus importants et les plus luxueux de Berlin, on supprime Israël.

Supprimer Israël, c’est demander à ce qu’on supprime les Israéliens, donc à ce qu’on les tue. 

 

1er août

Résumé

 

 

Depuis la 2e G. M., on ne croise plus beaucoup de Ashkenazes [cf. sur Internet à Japhétites et à Juifs d’origine multiséculaire allemande dans la diaspora] en Europe, en Israël et peut-être ailleurs. Quand le peu qui subsiste des générations XXe siècle et intergénérations XXe-XXIe siècle sera parti visiter un autre monde, le nazisme et ses affidés auront gagné.

Depuis la disparition successive, en 25 ans, de mes intimes, professionnels et personnels, les transferts se sont éteints, seuls livres et travail de transmission représentent un lignage. Gothique témoin de son temps qui ne sait pas écrire témoin au féminin.

Lapsus fréquent quand j’écris Ashkenaze. Je place le h après le k. Ash en anglais signifie cendre.

 

27 Juillet

 

filages <comment-reply@wordpress.com>

Objet :   [Nouvel article] « question d’être, entre Bible et Heidegger  » par Daniel Sibony.  une lecture,  publiée dans « passages » n° 187

Date : 27 juillet 2016 07:25:46 HAEC

À : sitassoc@orange.fr

Répondre à : filages <comment+c38f9hizbi99pb_mzt3lcb@comment.wordpress.com>

 

Réponse

 

Chère Eva,

 

Merci pour votre texte. 

 

Vous savez, l’affaire Heidegger est pour moi, sans polémique (je déteste ça), d’arrière-garde. Il y a plus de 30 ans, nous n’avons pas attendu, Jean-Pierre Faye, je, Georges Ralli, Saïd et quelques (peu d’ !) autres sa correspondance récente pour développer, émaillé de citations de H. traduites directement des éditions originales, ce nous pensions du précité.

En vain, cela va de soi, ce pourquoi, pour ouvrir un espace de la libre pensée de la transmission à celles et ceux que l’“on”, du bas de son mépris intellectuel pour qui n’est pas dans son vent, n’écoutait ni ne lisait,  j’ai à l’époque créé en 1986 notre association et ses éditions papier, puis, en 1989, notre site, où tout cela figure depuis, il suffit de se reporter à la page Sommaires...

Bien cordialement,

Micheline W.

 

 

24 juillet

Oui, c’était mieux “avant”

 

Dans l’article « Bayreuth rend-il fou » ? du Figaro d’hier, est écrit : … la manière dont Wolfgang Wagner, directeur de 1951 à 2008, a systématiquement dévoré ses enfants pour finalement adouber la dernière, Katharina, devrait intéresser la psychanalyse. Ah ? Quelle étrange idée… En quoi la psychanalyse serait-elle impliquée dans l’embrouillamini de la famille Wagner, si ce n’eut été par Luchino Visconti au cinéma ?

 

Freud
Sur la psychanalyse comme méthode de traitement

[Extraits, ma traduction, décembre 2009]

http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/livres/psa.traitement.html

 

Mesdames, Messieurs, je me propose d’ajouter quelques mots sur la psychanalyse en tant que méthode de traitement. J’ai exposé ses principes théoriques voici 15 ans déjà et ne pourrais aujourd’hui les formuler différemment...

[...]

Vous le savez, si, à l’origine, la psychanalyse fut conçue en tant que méthode de traitement, elle s’est développée largement au-delà, sans toutefois renoncer à son terreau natal et, pour ce qui est de son approfondissement et de ses progrès ultérieurs, elle n’a cessé d’être associée à la pratique auprès des névrosés.

[...]

Vous n’ignorez sans doute pas que je ne n’ai jamais été un exalté de la thérapie ; il n’y a aucun risque que je fasse mauvais usage de cette conférence pour la porter aux nues. Je préfère vous en dire trop peu que trop. À l’époque où j’étais encore le seul analyste, j’avais l’habitude d’entendre, par ceux qui se disaient prétendument bien disposés à ma cause : “Tout cela est fort juste et assez génial, mais décrivez-moi un cas que vous avez guéri par la psychanalyse.” C’était l’une de ces nombreuses formules qui se sont relayées au cours du temps et qui avaient pour fonction de pousser, le plus à l’écart possible, l’inconfortable innovation.

[...]

La psychanalyse est sans conteste une méthode de traitement comme il y en a d’autres. Elle connaît ses triomphes et ses échecs, ses difficultés, ses limites, ses prescriptions thérapeutiques.

[...]

L’activité psychanalytique est ardue, exigeante, elle ne se laisse pas manier aussi aisément que des lunettes que l’on met pour lire, puis que l’on ôte pour aller promener. Dans la majorité des cas, la psychanalyse investit entièrement le psychanalyste, s’en empare ou, au contraire, n’a aucune prise. De sorte que les psychothérapeutes qui, à l’occasion, empruntent à la psychanalyse, ne travaillent pas - du moins à ma connaissance - sur un terrain analytique garanti ; ne s’étant approprié l’analyse que très partiellement, ils l’ont délayée, affadie, voire “désintoxiquée” [lavée de ses toxines en tant que “drogue”, au double sens du terme], nous ne pouvons les compter parmi les analystes.

[...]

Comparée aux autres méthodes thérapeutiques, la psychanalyse est, de loin, la plus efficace. Et cela à juste titre, puisque c’est la méthode qui exige le plus d’effort et absorbe le plus de temps. On ne l’appliquera pas dans les cas bénins ; par contre, dans les circonstances adéquates, l’analyse peut dissoudre des altérations graves et entraîner des modifications que l’on n’osait espérer aux temps pré-analytiques. Mais la psychanalyse a aussi ses limites, bien tracées.

[...]

Imaginer que l’analyse serait apte à guérir tous les phénomènes névrotiques émane, me semble-t-il, d’une croyance initiale de néophytes, selon laquelle les névroses seraient des affections tout à fait oiseuses, qui n’auraient pas la moindre légitimité. En réalité, les névroses sont des affections graves, structurellement fixées, qui se réduisent rarement à quelques crises, mais persistent le plus souvent pendant de longues périodes de la vie, voire pendant la vie entière. L’expérience analytique, qui démontre que l’on peut agir considérablement sur ces affections si l’on parvient à maîtriser les causes historiques du déclenchement de la maladie ainsi que des facteurs auxiliaires accidentels, a conduit notre pratique thérapeutique à en négliger le facteur structurel, sur lequel nous n’avons, en vérité, aucune prise ; mais théoriquement nous devrions toujours le garder présent à l’esprit. Le fait que les psychoses s’avèrent dans la plupart des cas inaccessibles à la méthode de traitement analytique, devrait assurément, malgré leur étroite parenté, limiter nos prétentions à l’égard des névroses.

[...]

Beaucoup trop souvent, on s’imagine qu’il ne manque à la méthode que la force motrice indispensable pour mener à bien une évolution favorable, alors qu’une interaction particulière, une composante pulsionnelle indéniable est trop puissante face aux forces adverses que nous sommes aptes à mobiliser. Il en est ainsi, presque toujours, devant les psychoses. Nous comprenons suffisamment [les psychoses] pour savoir où devraient être placés les leviers, qui seraient toutefois bien impuissants à ébranler la charge [la composante pulsionnelle].

[...]

L’autre limite à la réussite analytique relève de la forme de la maladie. Vous savez déjà que le domaine d’application de la méthode de traitement analytique couvre les névroses de transfert - phobies, hystéries, névroses obsessionnelles - ainsi que les anomalies du caractère qui ont pu se développer à leur place. L’analyse est, dans une plus ou moins large mesure, inadéquate devant tout ce qui en diffère, c’est-à-dire états narcissiques et psychotiques... Il serait dès lors parfaitement légitime de se garantir contre les échecs en excluant prudemment de tels cas. Cette prudence entraînerait une notable amélioration des statistiques de l’analyse. Certes oui, mais c’est là le piège.

[...]

Nous ne pouvons porter une appréciation sur le patient qui vient demander une cure, pas plus que sur le candidat qui postule pour une formation, avant de les avoir soumis à l’analyse pendant quelques semaines ou quelques mois. En fait, nous achetons “chat en poche”. Le patient a apporté avec lui des plaintes d’ordre général, indéterminées, de telle sorte qu’il nous est impossible d’établir un diagnostic solide. C’est au terme de cette période probatoire seulement que l’analyse peut se révéler ne pas convenir à ce cas. Côté candidat, nous l’éconduisons alors ; côté patient, nous essayons de poursuive encore un certain temps, pour tâcher de savoir s’il est possible d’aborder la chose sous un meilleur angle.  C’est alors que le patient prend sa revanche, car la liste de nos  échecs s’allonge ; quant au candidat recalé, il est fort possible, pour peu qu’il soit paranoïde, qu’il écrive lui-même ses propres livres psychanalytiques. Vous le constatez, notre prudence ne sert strictement à rien.

[...]

... je me tourne maintenant vers un autre point : le reproche selon lequel  la cure analytique exigerait un temps d’une longueur excessive. À cela, il nous faut répondre que les modifications psychiques ne s’effectuent que très lentement ; qu’elles surviennent trop vite, subitement, c’est alors mauvais signe. Il est vrai que le traitement d’une névrose grave peut aisément s’étendre sur plusieurs années ; mais quand il réussit, posez-vous la question : combien de temps aurait duré la souffrance ? Probablement une décennie pour chaque année de traitement, autrement dit - comme on peut le constater si souvent chez les malades non soignés - l’état pathologique n’aurait assurément jamais disparu.

[...]

Je vous ai dit que la psychanalyse est née en tant que méthode de traitement, mais c’est moins comme méthode de traitement que je souhaiterais la recommander à votre intérêt, qu’à cause de son contenu de vérité, pour les lumières qu’elle nous apporte sur ce qu’il en est, au plus profond, de la condition humaine, de la nature singulière de l’être humain, et à cause de l’interaction entre les activités les plus diverses qu’elle met en évidence. En tant que méthode de traitement, elle n’est qu’une parmi beaucoup, mais à coup sûr “prima inter pares” [sans égale]. Sans sa valeur thérapeutique auprès des malades, elle n’aurait pas été découverte et ne se serait pas développée pendant plus de trente ans.

 

Freud
Précisions, applications, orientations*

XXXIVe Conférence sur la psychanalyse 1932

[Extraits, ma traduction, été 2007]

http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/livres/freudlumieres.html

 

Mesdames, Messieurs ! Puis-je exceptionnellement, pour adoucir le ton un peu aride de ces conférences, vous parler de choses qui ont très peu de portée théorique, mais qui cependant vous concernent de près, pour autant que vous soyez favorablement disposés envers la psychanalyse ? Supposons, par exemple, qu’à vos heures de loisir, vous attrapiez un roman allemand, anglais ou américain, dans lequel vous vous attendez à trouver une description de l’être humain de même qu’un état des conditions de vie propres à notre temps. À peine quelques pages, et vous tombez comme par hasard sur une première critique de la psychanalyse, suivie d’une kyrielle d’autres, alors que le contexte ne semble pas les rendre indispensables. N’allez pas imaginer qu’il s’agit là d’applications de la psychologie des profondeurs destinées à mieux comprendre les personnages du texte, ou leurs actes - soit dit en passant, quantité d’ouvrages autrement plus sérieux s’y emploient incontestablement. Non, ce sont pour la plupart des réflexions destinées à tourner la psychanalyse en dérision, par lesquelles l’auteur du roman se propose d’étaler l’étendue de ses lectures autant que sa supériorité intellectuelle. Dès lors, vous avez rarement l’impression qu’il sait réellement de quoi il parle.

Ou encore, pour vous détendre, vous allez passer une agréable soirée en société, pas nécessairement dans Vienne. En un tournemain, la psychanalyse surgit de la conversation, vous entendez alors les gens les plus dissemblables proférer leur jugement avec, le plus souvent, un aplomb imperturbable. Ce jugement est très régulièrement des plus péjoratif, méprisant, injurieux, et pour le moins, toujours caricatural. Si vous êtes assez imprudents pour laisser filtrer que vous savez un petit quelque chose sur ce sujet, d’un commun accord tout le monde vous tombe dessus, réclame renseignements et explications, et vous donne très vite la ferme certitude que tous ces jugements édictés à l’emporte-pièce n’ont été étayés d’aucune information préalable, que pratiquement aucun de ces contradicteurs n’a une seule fois pris en main un livre de psychanalyse ou, s’il l’a fait, qu’il n’a pas surmonté la toute première résistance, suscitée par sa rencontre avec ce nouveau matériau.

Peut-être attendez-vous d’une introduction à la psychanalyse qu’elle vous fournisse aussi des pistes quant aux arguments à utiliser pour rectifier les erreurs manifestes portant sur l’analyse, ainsi qu’aux livres à recommander pour acquérir une information plus juste ; ou même, quels exemples, émanant de vos lectures ou de votre expérience, faire valoir dans une discussion susceptible de modifier la place que la société lui confère. De grâce, ne faites rien de tout cela. Ce serait inutile ; le mieux pour vous serait de taire votre savoir en la matière. Mais au cas où cela ne s’avèrerait plus possible, limitez-vous alors à dire autant que vous y parveniez, que la psychanalyse est une branche particulière du savoir, très difficile à appréhender et à décomposer**. Dites qu’elle s’occupe de choses autrement sérieuses, que ce n’est pas à coups de galéjades dérisoires qu’on y aura accès, et enfin qu’en guise de divertissement social, il serait préférable de se trouver un autre hochet à agiter. Naturellement, gardez-vous de vous commettre avec tout exercice d’interprétation, pour peu que des gens malavisés vous exposent leurs rêves, et ne vous laissez pas aller à la tentation de faire de la propagande pour l’analyse, en rapportant des cas de guérison.

Vous pouvez néanmoins vous demander pourquoi ces gens, ceux-là mêmes qui écrivent des livres ou qui font conversation, se comportent avec autant d’inélégance, et vous serez porté à attribuer cela, non seulement aux gens, mais également à la psychanalyse. C’est d’ailleurs ce que je pense ; ce que vous avez perçu, dans la littérature et le social, comme étant un jugement hâtif et préfabriqué, n’est que l’écho d’un verdict plus ancien - celui-là même que les représentants de la science officielle ont rendu devant la psychanalyse naissante. Je l’ai déjà déploré dans une description historique [1] et ne vais pas recommencer - peut-être cette fois-là était-elle déjà de trop -, mais franchement, il n’y a pas atteinte à toute logique, à la décence et au bon goût, que les adversaires de la psychanalyse, au nom de la science, ne se soient alors permis. Ce fut une conjoncture qui rappelait le Moyen Âge, quand l’on assistait à la mise au pilori et aux brutalités infligées à un malfaiteur ou plus simplement à un adversaire politique, jetés en pâture à la plèbe. Il vous est sans doute difficile de vous représenter le degré de vulgarité que le peuple peut atteindre, les manquements que les humains s’autorisent dans cette société, quand ils se perçoivent comme partie intégrante d’une masse compacte, et de ce fait, dispensés de toute responsabilité individuelle. À l’aube de ces temps-là de la psychanalyse où j’étais passablement seul, je réalisai assez vite que toute forme de controverse n’aurait aucun avenir, pas plus que n’aurait de sens se lamenter et en appeler à des esprits meilleurs, puisqu’il n’existait alors aucune instance auprès de laquelle la plainte aurait pu être déposée. J’empruntai donc une autre voie ; je commençai à appliquer la psychanalyse à la lumière du comportement des masses, en tant que phénomène de cette même résistance à laquelle je devais me mesurer auprès de chacun des patients pris isolément ; je réfrénai toute controverse personnelle et engageai à procéder ainsi ceux qui, à mesure qu’ils me rejoignaient, voulurent bien me faire confiance. Le procédé était bon, l’anathème dont l’analyse avait fait l’objet jusqu’alors s’est dissipé depuis, mais de même qu’une croyance délaissée persévère sous forme de superstition, qu’une théorie abandonnée par la science se maintient, vivace, dans l’opinion publique populaire, de même ce bannissement initial de la psychanalyse par les milieux scientifiques se perpétue aujourd’hui, dans la dérision méprisante d’écriveurs de livres et d’échangeurs de conversations, incompétents en la matière. Cet état de fait n’aura donc plus lieu de vous surprendre.

Mais n’espérez surtout pas maintenant entendre cette bonne nouvelle, selon laquelle la lutte pour l’existence de la psychanalyse serait achevée, qu’elle aurait pris fin par une homologation de la psychanalyse en tant que science autorisée à figurer parmi les matières d’enseignement à l’Université. Il n’en est rien, la lutte se poursuit, simplement elle prend des formes plus policées. Nouvelle également dans le monde des sciences, l’apparition d’une sorte de zone tampon entre l’analyse et ses adversaires, composée de gens qui accordent une certaine crédibilité à quelque chose de l’analyse et le confessent pour autant que leurs clauses de style sur le sujet les divertissent ; par contre, ils en récusent d’autres aspects, ceux-là mêmes qu’ils ne peuvent avouer ouvertement et publiquement. Ce qui les détermine dans ce tri sélectif n’est pas facile à déceler. Cela semble relever d’affinités personnelles. Une personne sera heurtée par la sexualité, une autre par l’inconscient ; particulièrement impopulaire semblerait être le fait réel du symbolique. Que l’édifice de la psychanalyse, bien qu’imparfait, constitue néanmoins aujourd’hui un ensemble homogène, que l’on ne saurait, selon son bon plaisir, amputer de l’un de ses éléments, semble n’avoir aucune valeur pour ces éclectiques. À aucun moment, je n’ai eu l’impression qu’un seul parmi ces demi ou quart d’adeptes n’ait établi sa récusation sur un examen des faits. Plusieurs personnalités éminentes appartiennent également à cette catégorie. À vrai dire, elles sont disculpées du fait que leur temps et leur intérêt se portent sur d’autres choses, celles-là mêmes dans l’accomplissement desquelles ils ont obtenu de si remarquables résultats. Mais alors n’auraient-elles pas avantage à réserver leur jugement plutôt que de prendre parti de façon aussi péremptoire ? Il m’est arrivé une fois tout de même de réussir à convaincre en un tournemain l’une de ces éminences. Il s’agissait d’un critique, célèbre dans le monde entier, qui avait suivi les courants intellectuels de ce temps avec une oreille bienveillante et une perspicacité prophétique. Je fus amené à le rencontrer alors qu’il comptait déjà 80 ans passés, mais dialoguer avec lui était toujours aussi captivant.

[...] 
 

* Il n’était pas possible de restituer la clarté lumineuse des Aufklärungen en français

** Décomposer • Au sens chimique du terme, analyser, élément par élément.

[1] « Sur l’histoire du mouvement analytique » (1914).

 

De telle sorte que, le“c” sans cédille de c’était mieux avant, en ce qu’il représente, non pas la personne physique, mais le “ça” avec cédille, c’est-à-dire son sac à pulsions non maîtrisées, oui, c’était mieux “avant”.

 

26 juin

La lutte des castes

dont il n’existe apparemment aucun antonyme

ou

ma désolation…

Occupée également à collecter, relire, reprendre, l’ensemble de mes travaux ainsi que ceux des auteurs et autres documents publiés par ψ  [Psi] • LE TEMPS DU NON, en éditions papier et sur le site, les recensements effectués sur Internet me sont très utiles. Je lis ce matin sur Google, après avoir cherché à “Maria Landau Anna Freud”, l’annonce suivante, avec son orthographe, je cite,

Micheline Weinstein • Pour que “ça” s’arrête

Maria Landau, dans son article - en première publication sur notre site après que je l’ai réécrit -, du dernier “Che Vuoi” paru, reprend, sans citer sa source, le texte qu’Anna Freud traduisit pour la première fois depuis son exil en allemand.

http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/courrier/pourarreter.html

Et en pièce jointe PDF.

Suite de la traduction de Bernfeld, « La psychanalyse est-elle une idéologie ? »…

 

19 juin

 

Et si l’assassin d’Orlando, torturé par sa propre éventuelle homosexualité, avait obéi dans une poussée délirante à la voix menaçante du prophète lui enjoignant de s’en débarrasser par l’effacement criminel de qui la symbolise pour trouver enfin la paix dans la mort ?

À la suite d’un surmenage évident, quelle qu’en soit la cause, ne pas confondre diverses nosographies relevant de la psychiatrie avec les accès de neurasthénie, vocable tombé en désuétude dans la terminologie des symptômes.

 

 

16 juin

Extrait de courrier adressé à un correspondant

 

[...]

N. B. C’est sciemment, expérience faite par le passé, que nous avons refusé de figurer sur les “réseaux sociaux”, à titre personnel ainsi qu’au nom de notre site, pour ne plus nous infliger la vision de vulgarités antisémites, sexistes et, pour ma part, à l’heure actuelle de mon âge, d’invectives défraîchies.

Toutefois, votre blog a pris place dans le marque-page de notre site.

Bien cordialement,

M. W.

 

15 juin

 

Les slogans diffusés par les médias français risquent d’être inopérants, voire contre-productifs. Ainsi, nous entendons sans discontinuer la locution négative : “Le milliardaire Donald Trump”, mais pas : “la multimillionnaire Hillary Clinton”...

 

12 juin

 

Viens d’écouter sur France Musique excellente émission :

 

Musicus Politicus Tedi Papavrami, la révolte d’un violoniste par Christophe Bourseiller  Il est considéré comme un des grands violonistes de l’époque présente. Tedi Papavrami a pourtant vécu une étonnante [abominable] odyssée, quand il a voulu quitter l’Albanie stalinienne d’Enver Hodjah... Cette semaine, dans Musicus Politicus, un violoniste, Tedi Papavrami, face au totalitarisme.

 

http://www.francemusique.fr/emission/musicus-politicus

 

À titre punitif, la parentèle entière de Tedi Papavrami restée en Albanie sous la dictature fut dévastée.

Témoignage singulier en une heure du choc entre ce que l’on désigne par civilisation et l’indéracinable sauvagerie des humains où qu’ils existent. Phobie du toucher les parias : excepté les fétichistes, les tortionnaires au bout de leurs armes ou/et secondés par des chiens ne salissent pas leurs mains. Délèguent leurs agissements à celles et ceux tenus pour des lampistes, déportés, internés locaux ou importés, “raciaux”, droits communs et, grâce à la science, aux progrès de méthodes industrielles, etc.

ADN : depuis la foire d’empoigne de savants rabbins au Moyen Âge, les Juifs sont reconnus comme tels par les religieux exclusivement si leur mère est juive, sait-on jamais au cas où elle aurait trompé son mari avec un géniteur goy... En nos temps, depuis l’analyse biologique de l’origine par l’ADN, ne serait-il pas pertinent pour les religieux de faire évoluer leur doctrine ?

Œuvre des exterminations : avant scolarisation et socialisation minimales, que manque-t-il dans la prime enfance à la plupart de leurs héritiers orphelins intégraux ? Non seulement l’accès à la formation d’un “moi” structurant, davantage encore d’un “je”, mais au moins une identification parentale leur permettant de trouver un sens à leur vie.

 

Suite de la traduction de Bernfeld...

 

6 juin

Mars - Avril - Mai - Juin

Les post-it sur mon bureau

Tout le monde médiatique, politique, du ou des spectacle-s dit “les gens” en parlant de leurs congénères, comme si chaque locuteur-trice ne parlait pas de soi mais désignait exclusivement l’“autre”, “eux”.

 “Votre papa, votre maman” adressés à des plus qu’adultes, comme s’ils étaient demeurés gamin-e-s et pour certains, non-analysés. Les fonctions “Père, Mère” ne sont-elles plus de respectables appellations ?

Enfants : les pouvoirs publics veulent leur “bien” sans les écouter ni leur demander leur avis.

“Moi” ; “Moi/Je” ; “Je veux” ; “envie” ; “pédanterie” ; “imprécations” (apanage de sub-asthéniques) selon les supposées appartenances politiques, hiérarchiques, sociales, d’origines, professionnelles, etc. ; “avarice” en tant que pathologie ; “nostalgie”, “c’était mieux avant” substitués à considération pour le patrimoine culturel hérité (bubala en yiddish, amour de mon cœur !) ; “mépris” ; “empathie”, “résilience” (je n’ai rien contre, mais pourquoi ne lit-on pas Freud dans le texte, ne s’essaie-t-on toujours pas à la mise à l’épreuve de ses hypothèses, et pourquoi nombre de psychanalystes, brillants commentateurs sur tous les thèmes médiatiques en circulation, ne privilégient-ils pas la clinique dans le secret de leur cabinet de travail... ?) ; “transhumanisme” ; “schizophrénie” plutôt que clivage pervers (la main gauche ignore ce que fait la main droite, pas vu pas pris) ; “méchanceté” ; “solidarité”, “fraternité” dont pendant des lunes, j’ai espéré des bateleurs qui se réclamaient de la psychanalyse en même temps qu’ils paraphrasaient sur la déportation des Juifs d’Europe, qu’elles se montrent effectives ; et alii... : c’est déjà fait dans écrits antérieurs.

Prostitution, pédocriminalité, viols et autres maltraitances... : outre la sauvagerie individuelle ou collective, bien souvent des gens, éventuellement fétichistes, à l’abri de difficultés financières majeures refusent le recours aux prostituées, comme si leur préoccupation principale était d’obtenir satisfaction sans payer, littéralement à aucun prix.

Ceux, et rarement celles, que l’on désigne par “génies”, littéraires, scientifiques, artistiques sont, me semble-t-il, foncièrement autodidactes.

Quel que soit le vote politique de chaque électeur, une amitié fidèle analogue à celle qu’entretiennent deux anciens chefs d’États, Valéry Giscard d’Estaing et Helmut Schmidt, est un quasi-phénomène dans l’histoire.

Dépression des chômeurs, malades, retraités, vieux, désavantagés sous toutes les formes : “inutiles” ils gênent, on ne leur demande plus rien ou tout simplement rien.

Magazine israélien nous informant qu’une équipe de chercheurs psychiatres chevronnés spéculaient sur une schizophrénie qui affecterait les anciens déportés : serait-ce à la suite d’une grille de lecture hâtive, apparentée au QCM ?

Documentaire Erika et Klaus Mann sur Arte : aucun commentaire sur leur éminente œuvre littéraire, éloge du snobisme et pince-fesses mondains.

Petite-fille, côté maternel de l’effondrement de l’Empire Austro-Hongrois, côté paternel de l’Union Soviétique et de ses pogroms, née à Paris sous la terreur pendant l’Occupation, sevrée de langue source, non scolarisée jusqu’en 1945, la notion de Dieu, d’un dieu, m’est étrangère. Sauvée de la déportation par des aînés, juifs et non-juifs, de toutes tendances idéologiques, qui avaient foi candide en un monde meilleur, longtemps seule la jolie brise de l’utopie* m’a animée. Bluffée comme eux, j’ai dû y renoncer.

Je suis donc restée agnostique.

Ce qui n’est aucunement un obstacle au respect envers les croyances d’autrui. En particulier auprès des jeunes générations, qu’elles soient ou non issues d’un microcosme en “iste” ou affilié. La psychanalyse, me semble-t-il, représente l’une des voies concevables pour les aider, non seulement à faire face à leur mal-être, mais aussi à se défaire des lourdes chaînes idéologiques reçues en héritage avant même leur naissance et ce, afin d’acquérir leur autonomie de penser, de réfléchir, de parler, d’accéder à leur éthique singulière.

* Selon Rabelais, cf. Comment Pantagruel, étant à Paris, reçut lettres de son père Gargantua, et la copie d’icelles :

http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/courrier/entracte.html

 

 Lundi 6 juin 2016 : reprise de la traduction de Bernfeld.

 

 

5 juin

Idéologie

 

Freud : « La psychanalyse est de couleur chair »

 

En cours de © traduction

 

Siegfried Bernfeld : « La psychanalyse est-elle une idéologie ? »

 

Écouté hier matin sur France Culture l’émission d’Alain Finkielkraut au sujet du « Transhumanisme ». Pour nombre des contemporains de ma génération et plus particulièrement celles et ceux héritiers directs de la destruction des Juifs, cette doctrine philosophique appliquée aux sciences exactes fait froid dans le dos. Aurait-elle pour objectif de parer à la dégradation due au vieillissement, i.e. à l’effondrement de neurones ? Lire :

 

Tugdual Derville : « Le transhumanisme nous entraîne dans un scénario totalitaire »

in

http://premium.lefigaro.fr/vox/politique/2016/06/04/31001-20160604ARTFIG00090-tugdual-derville-le-transhumanisme-nous-entraine-dans-un-scenario-totalitaire.php

30 ans après

 

En 1986, j’ai initié notre association « Psychanalyse et idéologie » voici donc 30 ans. Ses publications régulières sont d’abord parues en édition papier jusqu’en 2002 et, à partir de 1991, sur notre site ouvert à tous.

Ces publications, les documents, d’archives ou non, graphiques, sonores, écrits, étaient dès l’origine destinées à donner la parole qui n’intéresse pas grand monde à qui ne se reconnaissait dans aucune des nomenklatura et sous-nomenklatura, cénacles et sous-cénacles identificatoires institutionnels.

J’épargnerai ici aux lectrices et lecteurs éventuels les investissements monétaires personnels, le travail constant, qu’a exigé et que continue d’exiger une telle entreprise.

Depuis une vingtaine d’années, nous sommes une très petite dizaine à cotiser pour assurer le fonctionnement de l’association et du site, chacun-e selon ses disponibilités. Désignons-les par Cotisants d’honneur.

Tout au long de ces années, par intermittence, j’ai reçu, je reçois encore cette semaine, dans des termes, disons... médisants, d’une vulgarité, d’un mépris, d’atteinte à l’estime, sinon envers les honnêtes fidèles, désintéressés - i. e. selon CNRTL : qui n’est inspiré par la recherche d’aucune compensation personnelle ; qui se manifeste ou s’accomplit sans demande de réciprocité - de l’association, en tous cas pour notre travail, surprenants de la part d’humains lettrés, civilisés, émanant de collègues psychanalystes, de médias, à quelques exceptions près, juifs, d’étranges courriers déclarant que cette aventure n’a qu’un seul but : promouvoir ma propre personne.

Ainsi, un seul exemple parmi le tas, décent quant au vocabulaire : il paraîtrait que je fais du “dumping” (pour conquérir les marchés de la psychanalyse ?), éructation d’un collègue lequel, antan, vexé par mon refus d’éditer l’un de ses textes que j’estimais illisible, m’a alors priée de lui restituer sa cotisation, soit 50 € d’aujourd’hui, ce que j’ai fait ; je bénéficierais d’un patrimoine dodu, de cossus revenus pour administrer de tels coûts de gestion matérielle autant qu’intellectuelle (“cela va de soi !”, quoique tout de même, ça se saurait...), etc.

Ou encore, “on” nous ignore, aussi modestes soyons-nous, nous ne sommes pas.

Il est donc possible de se faire une idée, même superficielle, du travail qu’accomplit notre association en se reportant sur le site aux deux adresses suivantes :

 

http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/archives/linventaire.html (20 pages)

 

http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/sommaires.html (3 pages)

 

2 juin

Yvan Attal

 

Indépendamment de l’analyse de son film qui sort aujourd’hui par les spécialistes en cinéma, je reconnais ici, chez un cinéaste de la jeune génération, ce que je pense, dis et écris avec constance, i. e. que l’antisémitisme où qu’il se trouve est indéracinable : en quelques minutes Yvan Attal éclaire nombre de médias, de même un peuple de “psys” qui n’a sur le sujet pas lu Freud, d’autolâtreux philosophes, penseurs, autres commentateurs, occupés à délayer péniblement leurs travaux en toute ignorance délibérée - à moins que ce soit du déni - de leurs remarquables prédécesseurs depuis Poliakov en France, sur ceci que,

 

le “nouvel” antisémitisme n’est qu’un futile slogan.

http://www.akadem.org/magazine/2015-2016/ils-sont-partout-avec-yvan-attal-30-05-2016-81211_4654.php

25 mai

Cher Monsieur B.

Toute lettre méritant réponse, voici la mienne, en forme de non réponse à votre double courrier, que je me garderai de diffuser, tant il représente une quadruple horreur de déloyauté, de mépris, de viles indiscrétions vengeresses, d’ignorance délibérée (cf. objectif de notre association sous le logo). Quelles que soient les difficultés d’accéder à notre site, le lien direct :

http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr

sous le logo fonctionne parfaitement, les liens à la rubrique Sommaires (3 pages) et associés, également,

http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/sommaires.html

Ne m’intéressant qu’au contenu et espérant en l’intelligence et perspicacité de lectrices et lecteurs éventuellement intéressés par nos travaux, je demande à ce que soit joint, en clair, chaque document. Il est donc fort simple aux correspondants désireux (loyaux) de les relayer de mentionner ces références.

Toutefois, qqs précisions concernant notre site :

• Je ne m’occupe ni de son indexation ni de la diffusion des documents. 

• En effet, sur Google le site est indexé sous la rubrique “idéologie”, il faut donc se reporter - ce que j’avais déjà pris soin de signaler par courrier largement diffusé -  à :

21 pages (l’ensemble des docs y figure avec liens actifs)

à la page Google :

Micheline Weinstein

24 mai

Quand nos publications sont prises en relais sur d’autres sites ou blogs sans qu’ils en citent les sources

 

Cher ***

 

Nos publications papier et/ou sur notre site sont toutes protégées par un copyright et déclarées à la SACD.

Lorsque vous recevez nos courriers, l’adresse de notre site à laquelle se reporter est toujours indiquée avec les liens actifs, que revoici pour les plus récents :

 

http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/sbellakhdar.html

 

http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/gralli.html

 

http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/celineralli.html

 

et l’adresse de notre secrétariat : 

psychanalyseetideologie@orange.fr

 

Si j’avais été informée au préalable de nos publications dans les sites ou les blogs ***, ***, ***, comme je l’ai déjà fait à deux reprises auprès de vous par le passé, et auprès d’un collègue le mois dernier, puisque les références avaient été omises, je vous aurais demandé de bien vouloir mentionner leur source.

Ne pas le faire les prive de paraître sur les moteurs de recherche.

Je sais, notre site est, comme le désigne un ami, un “Musée”, puisque vous me précisez des dates anciennes de parution.

Notre site est, selon des amis, un travail de toute une vie (la mienne).

De mon côté, si vous (ou le WebM de votre site) ouvrez les courriers, vous remarquerez que je ne manque jamais de citer les sources des documents que nous relayons. 

Hélas, depuis des années nous avions et avons encore l’intention de moderniser le site, d’en simplifier l’accès, mais notre association n’en a pas les moyens financiers.

 

Micheline Weinstein

 

23 mai

 

Le ministre de l’intérieur s’oppose à la demande de Tariq Ramadan d’acquérir la nationalité française. Je me demande souvent ce à quoi songeaient les responsables politiques tout au long de ces 13 dernières années. Dès 2003, nous fûmes quelques-unes et quelques-uns à nous inquiéter des thèses que répandait ce philosophe qui, de plus, se piquant de psychiatrie, développait la théorie selon laquelle les Juifs étaient tous paranoïaques. En 2004, de mon côté, j’avais écrit que ce penseur était tout simplement un négationniste (sur notre site).

Pour une analyse détaillée de la singularité de ce quidam, lire ou relire le livre de Caroline Fourest : Frère Tariq, Grasset 2004.

14 mai

 

Ce matin tôt sur France Inter. Parmi les invités, l’animatrice intitule Boris Cyrulnik “Le père de la résilience” (anglais = rebondissement). Que Boris Cyrulnik n’ait pas démenti cette “paternité”, bien qu’il ait fait référence à ses prédécesseurs en 1992, semblerait un peu abusive. En psychologie, le concept de résilience fut introduit en 1969 par Fritz Redl, développé par Emmy Werner, désignée comme “pionnière” ou “mère” de ce concept à partir de ses observations durant plus de 30 ans auprès de jeunes nés en 1955 sur l’île de Kauaï à Hawaï (cf. travail de recherche en coopération avec Ruth Smith publié en 1982 : Longitudinal Study of Resilient Children and Youth, 1982), repris et développé principalement par John Bowlby au cours des années 80, puis par quelques autres, dont Boris Cyrulnik qui l’a popularisé en France en 2006.

12 mai

 

Sergueï Essenine (1895 - 1925)

Poèmes 1910 - 1925

[Éditions La Barque, 2015 • Traduit du russe par Christian Mouze]

 

 

Motifs persans

Extrait 

...

 

Sous la lumière de la lune brille Chiraz

Un vol de papillons : c’est le cercle des étoiles,

Je ne veux pas que les Persans tiennent leurs femmes

Ni leurs vierges ainsi sous un voile.

Sous la lumière de la lune brille Chiraz.

 

Est-ce à cause de la chaleur qu’elles

Cachent alors le cuivre de leur chair ?

Ou pour qu’on les aime davantage,

Ne veulent-elles plus de visage

Bistré ni du cuivre de leur chair ?

 

Mon aimée, défais le lien de ton voile

Et apprends ce commandement :

Notre vie est brève, il suffit

D’en admirer le bonheur présent

Ô, apprends cette simple loi.

...

1925

8 mai

 

Anniversaire de naissance de ma mère. Ce matin, infos sur l’incendie hors de contrôle de Fort Murray au Canada. Un employé de la plate-forme pétrolière en fuite, épouvanté, lance au journaliste présent : “Alors, pour la résilience... on repassera !”. Publication sur le site de ce délicieux témoignage :

 

1993 • Saïd Bellakhdar

La Psychanalyse A-T-ELLE TOUJOURS VINGT ANS

http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/lapsasbell.html

 

À suivre, en préparation pour le site, publication de L’Inventaire 1989-1995

 

7 mai

« Le temps long » ou le déni délibéré de la réalité

 

Dans ses Écrits sur l’histoire, « Le temps long » est une expression appliquée par Fernand Braudel au “temps de l’histoire”. Je viens d’écouter Répliques, l’émission du samedi d’Alain Finkielkraut, laquelle était ce matin remarquable, intitulée La mémoire de la guerre d’Algérie. En voici l’argument :

 

Je propose de commencer cette conversation avec François d’Orcival qui est éditorialiste à Valeurs Actuelles et avec Benjamin Stora qui préside le Conseil d’orientation du Musée de l’histoire de l’immigration, par le sujet qui fâche. Le  Président de la République François Hollande a décidé de commémorer le 19 mars dernier le Cessez le feu bilatéral qui a suivi en 1962 les accords d’Évian.

En réponse à cette initiative, Valeurs Actuelles a publié une pétition intitulée « Non à la commémoration de la honte et du déshonneur».

Où est la honte et où est le déshonneur ?

 

Intervenants

Benjamin Stora : Historien, président du Conseil d’orientation de l’Établissement public du Palais de la Porte Dorée- Musée de l’histoire de l’immigration-Aquarium de la Porte Dorée

François d’Orcival : éditorialiste et membre de l’Institut

 

http://www.franceculture.fr/emissions/repliques/la-memoire-de-la-guerre-d-algerie-0

 

Idéologie. Les deux intervenants sont mes contemporains aînés, l’auteur de l’émission mon contemporain cadet, l’un considéré comme “à gauche”, le second, dont l’honnêteté intellectuelle reconnaît le “romantisme” de sa jeunesse, comme “à droite”, si bien qu’il me vient à l’esprit que dans ma remarque du 5 mai courant sur les persiflages, j’ai oublié de compléter par cette pauvre rengaine : “qui ne pense pas comme moi est de droite, voire d’extrême-droite” avec son trait d’union.

 

À propos du temps long

Ainsi, je choisis de continuer à placer sur notre site les publications papier 1989-1995 de ψ [Psi] • Le temps du non, que les lectrices et lecteurs intéressés pourront trouver dans L’Inventaire à cette adresse :

http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/archives/Inventaire.html

 

1989 • Georges Ralli

Céline : Sein  Kampf 1937-1944

[Très actuel, cf. ce qui se répand aujourd’hui sur les réseaux dits “sociaux”]

http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/celineralli.html 

1993 • Saïd Bellakhdar 

La Psychanalyse a-t-elle toujours vingt ans ?

 

À suivre demain 

 

6 mai

 

Cent-soixantième anniversaire de la naissance de Freud.

 

5 mai

 

Idéologie. “Toilettage” électoral de chaînes audiovisuelles publiques. Exit, au prétexte de jeunisme, celles et ceux qui ne sont pas “dans la ligne” idéologique  du moment. La qualité du contenu proposé, de quelque bord qu’il émane importe peu. [cf. sur le site ci-dessous, publications papier de ψ [Psi] • Le temps du non]

Persiflages électoraux stupides, au prétexte de jeunisme ou de “modernité” : “C’était mieux avant”, “Nostalgie”, quelles que soient les qualités, positives, négatives, énigmatiques, du contenu proposé par les locutrices ou locuteurs ciblés. Ah, et maintenant, qu’est-ce qu’on fait ?

 

1988 • Georges Ralli

L’Absolue Singularité

http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/gralli.html

 

1988 • Saïd Bellakhdar

Des Arabes chez les Nazis

http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/sbellakhdar.html

 

À suivre, quelques publications papier 1989-1995...

28 avril

Publication sur le site de De la formation analytique de Bernfeld. Courrier.

26 avril

Publication sur le site du Petit abrégé de psychanalyse de Freud. Courrier

21 avril

Dans le journal ce matin : « Des députés veulent interdire toute violence à l’égard des enfants. “Nul, pas même le ou les titulaires de l’autorité parentale, n’a le droit d’user de violence physique (...) envers un enfant”, etc. » Tant qu’à “abolir” toute forme de violence, la Chambre aurait-elle le projet de proposer un durcissement du délit pénal d’inceste et de pédophilie, dans la sphère privée comme dans la publique, c’est-à-dire dans toutes institutions éducatives ?

20 avril

Émission sur France 5, mardi 19 avril 2016

 

Emprise mentale, quand la thérapie dérape

 

[Argument : Un sujet fort, original et peu traité jusqu’à présent sur le petit écran. Les témoignages des victimes, bouleversants et dignes, permettent de comprendre les mécanismes d’endoctrinement et de manipulation mentale, comme les faux souvenirs induits, de ces trois charlatans qui ont été reconnus coupables par la justice en 2015.]

 

Il est curieux qu’à chaque émission de ce genre, les réalisateurs, sans doute peu informés, soient heureux de présenter leurs documentaires relatant les délits d’escrocs, de sectes, auto-intitulés “psychanalystes”, ceux qui abusent sans vergogne sexuellement et financièrement de la fragilité psychique de personnes en détresse, affichant en exergue une effigie de Freud (jamais de Lacan). À ma modeste connaissance, Freud, la psychanalyse, sont radicalement étrangers aux dites “thérapies” parallèles  “cri primal”, “biologie totale” et tant d’autres appellations captieuses.

Pour ne pas revenir sur ce que j’ai déjà de nombreuses fois évoqué depuis 1988, je souhaiterais que la SPP, seule institution reconnue d’utilité publique, fasse en sorte d’être officiellement la seule à pouvoir se réclamer du nom de Psychanalyse, à authentifier et attribuer le statut de Psychanalystes, éventuellement si inévitable à délivrer un diplôme, aux thérapeutes ayant suivi un cursus complet, analyse personnelle et analyse didactique, en son cadre.

En son temps, Freud avait respectivement interdit à Adler de ne pas s’arroger les intitulés de psychanalyse et de psychanalyste, et de même y avait fermement invité Jung. Ces deux thérapeutes s’y étaient conformés.

 

A contrario, l’enseignement de la psychanalyse

 

A contrario, quelques années avant que Lacan ait sollicité auprès du Ministère de la Santé une reconnaissance d’utilité publique de son école, ce qui lui fut à bon escient refusé par Simone Veil, dans la mesure où ceux (et quelques celles) à Lui convertis en seraient seuls les privilégiés, voici ce que notait l’éminent intellectuel d’une prestigieuse institution en 1974 :

Je fus en même temps stupéfait de découvrir chez les psychologues ce qu’un distingué psychiatre-psychanalyste appelait le “complexe du grand-père’’ : tout lire, et même tout dire, sauf Freud. Lire Hesnard et Ferenczi, et Lacan et Lagache et Jones, mais non pas Freud.

À propos d’Heidegger

Freud à Binswanger

 

Csorbata (Tatra), le 20 août 1917

Cher Docteur !

 

Reçu aujourd’hui le premier chapitre de la deuxième partie [d’une étude en cours de Binswanger*] et en ai aussitôt fait une première lecture rapide avec le plus grand intérêt ; très instructif pour moi, très méritoire, mais un point m’inquiète. Qu’allez-vous faire de l’inconscient, ou plutôt comment allez-vous vous en sortir sans inconscient ? Est-ce que le démon philosophique vous aurait finalement attrapé dans ses griffes** ? Tranquillisez-moi. Une lettre non reçue.

Cordialement

Votre Freud

 

* Note • Binswanger écrit à ce sujet (1956) : « Malheureusement, on ne trouve pas de copie de ma réponse à cette question. Bien entendu, je n’ai jamais pu me passer de l’inconscient, ni dans ma pratique thérapeutique, qui m’est impossible sans la conception freudienne de l’inconscient, ni dans la “théorie”. Cependant, du fait de mon intérêt pour la phénoménologie et la Daseinanalyse, le problème de l’inconscient s’est modifié, je l’ai élargi et approfondi dans la mesure où il est de moins en moins uniquement défini par rapport au “conscient”, tel qu’il est déterminé par la psychanalyse, comme c’est le cas dans les oppositions simplistes. Dans la mesure où la Daseinanalytik de Heidegger - s’opposant en cela à Sartre - s’origine dans le Dasein als in-der-Welt-sein et non plus dans le conscient, cette opposition s’efface devant la description des différents modes et structures de In-der-Welt-sein phénoménologiquement démontrés. »

 

** Note de Binswanger dans ses Souvenirs en1956 [Erinnerungen an Sigmund Freud]

[...] « Si je n’ai rien publié de toutes ces recherches et si ce “deuxième volume”, qui aurait dû être consacré à la psychanalyse, n’a jamais paru, cela tient à ce que la méthode utilisée s’est trouvée rapidement dépassée  du fait de ma nouvelle orientation vers la phénoménologie de Husserl (puis l’ontologie de Heidegger). Il était impossible de comprendre la conception freudienne du psychisme  et de l’essence humaine en restant attaché  à un tel fondement conceptuel et méthodologique. Je n’ai atteint ce but que dans mes travaux (1936) à l’occasion du 80e anniversaire de Freud, même aujourd’hui je vois plus uniquement du négatif dans le “naturalisme” que Freud met au premier plan.

 

Arthur Schnitzler

Aphorismes, 1927

 Relations et solitudes, Rivages poche / Petite Bibliothèque, 1988

La Transparence impossible, Rivages poche / Petite Bibliothèque, 1990

En regard de ses œuvres romanesques, théâtrales, de ses nouvelles, d’une écriture somptueuse, qui passaient outre les tabous de l’époque, les Aphorismes de Schnitzler m’ont paru assez ternes, pour ne pas dire banals. Par ailleurs, je fus surprise à leur lecture, qu’à la suite de sa rare correspondance avec Freud entre 1906 et 1922 :

 

[Andréas Pfersmann (Université de Nice-Sophia Antipolis)

Les quelques lignes aimables de Schnitzler, plus rarement citées parce qu’elles n’ont été publiées qu’en 1992, méritent d’autant plus d’être lues et prises en considération que c’est Schnitzler qui prend, à l’occasion du cinquantième anniversaire de Freud, l’initiative d’un échange qui va demeurer, certes, longtemps épistolaire :]

 

Schnitzler - 8 mai 1906

 

“Monsieur le Professeur, même si vous ne devez guère avoir de souvenir personnel de moi, permettez-moi de m’associer à ceux qui vous présentent aujourd’hui leurs vœux. Je dois à vos écrits des suggestions si nombreuses, fortes et profondes et votre cinquantième anniversaire doit bien me donner l’occasion de vous le dire et de vous présenter l’assurance de ma vénération la plus franche et la plus chaleureuse.”

 

 

Freud - 14 mai 1922

 

“Je veux vous faire un aveu que vous voudrez bien, par égard pour moi, garder pour vous et ne partager avec aucun ami ni aucun étranger. Je me suis torturé avec la question de savoir pourquoi je n’avais jamais cherché à vous fréquenter au cours de toutes ces années et à avoir une conversation avec vous. [...]

La réponse à cette question contient l’aveu qui me paraît trop intime. Je pense que je vous ai évité par une sorte de crainte de rencontrer mon double. [...] En me plongeant dans vos splendides créations, j’ai toujours cru y trouver, derrière l’apparence poétique, les hypothèses, les intérêts et les résultats que je savais être les miens. Votre déterminisme comme votre scepticisme – ce que les gens appellent pessimisme – votre sensibilité aux vérités de l’inconscient, de la nature pulsionnelle de l’homme, votre déconstruction des certitudes culturelles et conventionnelles, l’arrêt de vos pensées sur la polarité de l’amour et de la mort, tout cela me touchait avec une inquiétante familiarité. [...] Ainsi ai-je acquis le sentiment que vous savez par intuition, en réalité par une fine auto-perception, tout ce que j’ai mis au jour chez d’autres au cours d’un travail laborieux. Oui je crois que dans le fond de votre être, vous êtes un psychologue des profondeurs, aussi franc, impartial et courageux que personne d’autre, et si vous ne l’étiez pas, vos capacités artistiques, votre art verbal et votre capacité de création auraient eu libre cours et eussent fait de vous un écrivain davantage selon le goût des masses.”

 

en 1927, Schnitzler manifeste une telle ambivalence aux accents hostiles envers la psychanalyse. Auraient-ils témoigné tout simplement de son exaspération devant le snobisme dont s’affublaient certains émules de Freud ? Ainsi :

 

[...] Le fait que [la psychanalyse] oblique sitôt vers l’inconscient est un aveu de sa faiblesse. Elle sent que le conscient pourrait la gêner et parfois même prendre le contre-pied.

[...]

La psychanalyse a commis la faute de s’attarder plus longtemps qu’il n’était nécessaire et utile dans ces profondeurs et de s’y vautrer avec trop de persistance.

 

Etc., etc., chaque concept nodal de la psychanalyse, tel par exemple le Complexe d’Œdipe, dont il semblerait que Schnitzler n’ait pas compris la pertinence pour Freud d’en élaborer patiemment la théorie à partir d’un mythe, y passe !

18 avril  

De même qu’entre pornographie et théorie de la sexualité, substitution de démocratie à démagogie.

Alain Finkielkraut sur RCJ le 17 avril, suite aux violentes agressions verbales et physiques dont il fut l’objet la veille lors de sa visite à « Nuit debout », place de la République : pourquoi un penseur de cette qualité persiste-t-il à citer et re-citer Heidegger, quasi à chacune de ses prestations médiatiques ?

Ce que, entre autres fonctions, nous a enseigné la psychanalyse (Wo es war, soll ich werden = Là où était le sac à pulsions, Je, sujet, doit advenir) : accueillir, écouter, chaque jeune, voire très jeune sujet en mal être [ah, se délivrer de ce “on” indéfini familial, conjugal, populiste, fustigé par Finkielkraut, mais aussi de ce ôn ou ontos, l’Étant heideggerien !], d’où qu’il provienne, quelles que soient l’idéologie, la posture socio-politique de ses géniteurs, de leur statut d’origine, de leur cénacle, etc., dans la perspective de l’aider à acquérir sa liberté singulière, autonome, d’élaborer sa pensée, sa parole, sa réflexion, ses choix d’avenir, de pouvoir les exprimer, être en mesure de faire face sans dommage destructeur pour son équilibre, à l’ostracisme, au fichage, en nos temps grossiers, vulgaires, pulsionnels, rarement égalés. Au cours d’une longue pratique, je n’ai jamais été consternée par un jeune, femme ou homme à sa maturité, après une psychanalyse qui se fût converti en “fasciste” et en mépris, enfant de l’ignorance délibérée, pour qui ne pense pas comme soi. Certains s’ont-ils demeurés antisémites ? Ce n’est pas impossible, mais cela regarde leur for intérieur, arbitre suprême !

 

À la mémoire d’Anna Freud, qualifiée par Lacan de “chiure de mouche”, cadette de Freud

 

« Souvenirs curieux d’une espèce de Hongrois »

par Georges Walter

Taillandier, 2008

 

La visite de Georges Walter à Ernst Jünger, octobre 1976

 

C’est du passé plus récent que la peinture est encore fraîche, si j’ose dire, en pensant à l’exode lamentable qui réunit sur la même route Philippe Pétain et Louis-Ferdinand Céline dont le témoignage extraordinaire [cf. D’un château l’autre] est, comme par hasard, riche en excréments, dont il décrit une cascade dans l’escalier de l’hôtel, car il y a, reconnaissez-le, entre le génie de Céline et la merde une affinité mystérieuse. Jünger ferait peut-être remarquer que la plus brillante des mouches butine les étrons.

[...]

Mais quand je prononce le nom de Céline, [Jünger] devient froid et me coupe : Monsieur Walter, je préfèrerais que nous ne parlions pas de ce personnage.

 

10 avril

Mon interprétation de

Shakespeare

Sonnet 66

Las de tout,  j’en appelle au repos de la mort :

Las de voir le courage né indigent,

Et la médiocrité travestie en jouissance,

Et la foi virginale tristement trahie,

Et l’or fin de l’honneur honteusement altéré,

Et  la vertu intacte brutalement prostituée,

Et l’absolue beauté iniquement aveulie,

Et la vigueur que mutile une tyrannie bancale,

Et l’art que musèle le pouvoir,

Et la sottise costumée en docte maître du talent,

Et la simple vérité indûment qualifiée d’ineptie,

Et le Bien captif assujetti au capitaine Mal –

Las de tout cela, de cela je voudrais m’exempter,

Si mourir n’était pas délaisser mon amour

Version originale

 

Tir’d with all these, for restful death I cry :

As, to behold desert a beggar born,

And needy nothing trimm’d in jollity,

And purest faith unhappily forsworn,

And guilded honour shamefully misplac’d,

And maiden virtue rudely strumpeted,

And right perfection wrongfully disgraced,

And strength by limping sway disabled,

And art made tongue-tied by authority,

And folly doctor-like controlling skill,

And simple truth miscall’d simplicity,

And captive good attending captain ill –

Tir’d with all these, from these would I be gone,

Save that, to die, I leave my love alone

06 avril

Pédophiles : L’école et l’Église

 

Émission C dans l’air

 

France 5, mardi 5 avril 22 h 30 - 23 h 40

 

http://www.france5.fr/emissions/c-dans-l-air/diffusions/05-04-2016_473421

Cette excellente émission animée par Yves Calvi nous apprit qu’il fallut attendre le XXIe siècle pour que Serge Garde - depuis l’introduction du néologisme dans son acception moderne, préférence sexuelle (paedophilia erotica) par Kraftt-Ebing en 1896, année où son contemporain Freud forgeait celui de Psychoanalyse -, attribue un nom juste à ces agissements humains : Pédocriminalité, rappelant l’étymologie du suffixe -phile qui signifiait en grec ami, ... qui aime...

Ainsi Serge Garde a-t-il pris soin de préciser que le pédophile n’est pas un “ami” des enfants, qu’il ne les “aime” pas, qu’il est simplement sous l’emprise d’une exclusive  préférence sexuelle, indépendante de ce que l’on désigne par l’amour envers l’autre, plutôt comparable à une voracité compulsive non maîtrisable.

Pédophilie implique sans conteste fétichisme. Le fétichisme est une perversion, le pédophile un pervers.

Sur ce point, je nuancerais les commentaires d’un autre invité, Pierre Lassus, lequel a trouvé pertinent de balancer le traditionnel coup de boutoir à l’encontre de Freud, prenant appui sur son élaboration du Complexe d’Œdipe.

• Selon Freud, le pervers pathologique, celui qui ne peut contrôler ses actes, comme le criminel, ne relève pas de la psychanalyse. Sur plus d’un siècle, la pratique psychanalytique nous l’atteste avec évidence.

• Le pervers, celui qui ne peut contrôler ses actes, comme le criminel, n’aime pas, n’aime personne, d’abord pas lui-même ; assujetti à ses pulsions, il a des “envies” pressantes, urgentes, compulsives. De même, tels le criminel, le sadique, les libertins, les manipulateurs ordinaires de par le monde, est-il conscient de souffrir, s’en plaint-il, aspire-t-il à une guérison dont, hélas, nous savons qu’elle est encore à ce jour improbable ?

• En 1897, le renoncement par Freud à sa théorie des abus sexuels sur les enfants (dite neurotica) : en effet, elle demeure encore aujourd’hui assez énigmatique. Certes, Freud n’a jamais nié les conséquences d’un trauma réel rendues irréfutables ne serait-ce que par ses visites régulières au département des enfants assassinés de l’Institut Médico Légal lors de son séjour à Paris en 1886. Fut-il embarrassé d’avoir confié à Fliess son hypothèse - ou l’un parmi ses fantasmes infantiles ? - selon quoi son frère et ses sœurs souffriraient de symptômes hystériques dont la responsabilité aurait incombé à leur père Jakob, lequel aurait été “malheureusement l’un de ces pervers” ? Il n’est pas invraisemblable par ailleurs que Freud, terrorisé devant la perspective d’une pauvreté matérielle qui avait miné son enfance et résolu à ouvrir son cabinet privé, ait craint de dissuader la patientèle bourgeoise ou aristocrate de Vienne de venir le consulter ? Ajoutons que ce renoncement de Freud, s’il n’a porté que sur la genèse de la névrose hystérique, a tout de même coûté un lourd tribut à Sandór Ferenczi qui lui, tenait grand compte dans sa pratique des fantasmes générés par le Complexe d’Œdipe, mais n’a jamais fléchi sur les effets destructeurs du psychisme chez les victimes d’abus sexuels.

• Le complexe d’Œdipe : j’ai regretté la reconstruction de la saga œdipienne, absolument vidée d’une lecture psychanalytique par Pierre Lassus au profit de son antipathie pour Freud, ou de sa méconnaissance de, amalgamant non sans insouciance le concept de fantasme avec celui de réalité. Pierre Lassus a-t-il déjà eu l’occasion d’écouter des enfants en bas âge ? Au phénomène tout à fait normal qui incite un petit garçon de 4 ans à déclarer à sa mère : “Quand papa sera mort, je me marierai avec toi” ? Ses fantasmes onanistes ? Une fillette provoquer la jalousie durable de sa mère tandis que, coquette, charmante, elle fait parade devant son père ? Et c’est alors qu’intervient - ou que devrait intervenir - la responsabilité des adultes, celle de ne pas capituler, ne pas répondre à ces postures, sinon en expliquant à l’enfant la différence entre le fait d’être une femme pour son homme, un homme pour sa femme et être le père, la mère de son enfant.

[Incise par associations d’idées sur l’infantilisme des vocables actuels : est-il bien nécessaire d’interroger aussi bien les enfants en général que les adultes adoptés, souvent ayant dépassé largement la cinquantaine, désireux de retrouver leurs parents biologiques, sur leur papa, leur maman ? Père, mère sont-ils de fâcheux signifiants ?]

Au chapitre VII de l’« Abrégé de psychanalyse » (1938), intitulé Un exemple du travail psychanalytique, entièrement centré sur l’analyse du Complexe d’Œdipe, Freud écrit,

 

 […] ainsi, plus d’un siècle avant l’apparition de la psychanalyse, le philosophe français Diderot avait témoigné du sens et de la portée du Complexe d’Œdipe en formulant ce qui différencie les temps archaïques de ceux que l’on désigne par civilisés : “Si le petit sauvage écrit-il, était abandonné à lui-même, qu’il conservât toute son imbécillité et qu’il réunît au peu de raison de l’enfant au berceau la violence des passions de l’homme de trente ans, il tordrait le cou à son père et coucherait avec sa mère.”

J’ose dire que si la psychanalyse n’avait à son actif que se féliciter de la découverte du Complexe d’Œdipe, cela suffirait à ce qu’elle soit intégrée par le genre humain à ses acquisitions inestimables.

 

Enfin, la question qui dans cette émission n’a pas été abordée, est celle des enfants crédules que sont les adultes qui s’en remettent en toute confiance aux professionnels chargés de leur équilibre psychique et physique, dont certains abusent du transfert inéluctable de leurs patients, de sorte qu’en la circonstance le principe juridique de consentement mutuel n’entraîne que ruine.

04 avril

 Dès mon plus jeune âge, je me suis heurtée à une incompréhension durable, aussi bien devant la méchanceté humaine qui entre autres désagréments m’enjoignait de me taire que devant la commisération charitable des populations juives et non juives dont je faisais l’objet en tant que survivante orpheline, issue de la destruction des Juifs d’Europe et plus particulièrement de France, puisque je suis née, apatride, à l’Hôpital Rothschild en novembre 1941. J’ignorerai jusqu’à ma mort la raison pour laquelle je souffre d’une allergie incurable encore vivace aujourd’hui envers ces monstrations. De même, je fus sidérée, mais ne le suis plus, par l’indélicatesse de mes collègues psychanalystes et leurs affidés, lesquels m’adressaient (à quelques autres aussi), sans la moindre réserve, le moindre intérêt pour ce qui relevait de mon histoire, des onomatopées quelconques blessantes, du niveau de la cruauté des enfants à l’école primaire, ad feminem, sur ma supposée sexualité, bref, ma vie privée - celles et ceux qui me furent proches mais qui aujourd’hui ne sont plus disaient “elle travaille tout le temps”, pas tout à fait, mes loisirs d’élection se passaient en mer de Bretagne -, mon corrélatif savoir, comme si je ne m’étais pas, avant de la pratiquer, assujettie à une longue psychanalyste personnelle depuis l’âge de 7 ans puis, tout au long de mon exercice, aux dits contrôles exigés.

Il est vrai que nombre de ces collègues psychanalystes se réclament “être des gens comme tout le monde”. Or, est-ce, restées infantiles, candeur, débilité mentale, utopie, j’ai gardé une conception absolument contraire de mon noble métier, sans quoi je me demande ce qui différencie l’éthique de l’analyste d’une idéologie populaire.

Bref, à propos des discours sur l’afflux de réfugiés qui ébranle l’Occident, quels que soient leur provenance et leur [non-]statut, je viens de lire l’article ci-dessous, qui réactive les morsures de la mémoire.

 

28 mars

 

La sélection révoltante des Juifs après guerre 1945-1948

 

par © Marc-André Chargueraud

 

http://la-shoah-revisitee.org/

http://jforum.fr/la-selection-revoltante-des-juifs-apres-guerre-1945-1948.html

 

Discrimination et sélection se sont abattues sur les DP juifs à la recherche d’un refuge en Occident

 

Ils sont 250 000 Juifs dans les camps de « Personnes Déplacées » (DP) des zones d’occupation en Allemagne et en Autriche. Leur dernier espoir, c’est de quitter aussi rapidement que possible ces camps situés sur la terre maudite du Reich où ils croupissent, désespérés et sans futur.

Le monde, qui connaît le calvaire terrible enduré par ces survivants du génocide, va soumettre leur départ à une sélection indigne. La sélection, ces survivants l’ont déjà subie à l’arrivée dans les camps de la mort : les enfants et les vieux vers les chambres à gaz, pour les hommes et les femmes valides le travail forcé. C’est le déchirement, la séparation brutale et définitive d’êtres chéris. La sélection va être un traumatisme supplémentaire qu’il fallait absolument éviter à ces revenants du désastre.

Dans un premier temps les pays anglo-saxons ont freiné l’arrivée des Juifs sur leur territoire. Avant la sélection, ce fut la discrimination. Aux États-Unis, le sénateur Pepper de Floride s’insurge contre la loi de 1948 sur l’immigration : « Monsieur le Président, je vous dis que si ce n’est pas dans sa conception, sur le plan pratique cette loi discrimine les Juifs. »[1] Meier Steinbrink, président de la Ligue contre la Diffamation[2] s’insurge contre une loi qui s’aligne sur « l’idéologie raciale nazie, donnant la préférence aux Volksdeutsche qui ont servi de cinquième colonne de Hitler dans de nombreux pays européens et discrimine en défaveur des survivants, les véritables victimes des persécutions nazies. »[3]

En Grande-Bretagne dans un rapport de 1945 de la Commission royale sur la population, on peut lire : « Une sélection minutieuse des immigrants éliminera les déficients mentaux, les personnes avec des désordres mentaux, ou des défauts de naissance ainsi que ceux qui sont socialement inadaptés. »[4] Lorsque l’on lit les rapports des médecins, des travailleurs sociaux, des psychologues qui ont travaillé dans les camps de Juifs, il faut hélas conclure que ces restrictions s’appliquent souvent à eux. Presque tous ont subi de telles horreurs qu’ils sont censés présenter des « désordres mentaux » et qu’il leur faudra quelque temps pour être de nouveau « socialement adaptés ».

En mars 1947 un haut responsable britannique en Autriche illustre cette politique : « Il nous semble plus simple et plus efficace de recruter les personnes déplacées sans prendre la nationalité en compte, sauf que nous devons exclure les Juifs…»[5] Pour l’administration britannique en charge de la sélection des travailleurs, les personnes déplacées en provenance des Pays baltes, même s’ils « étaient des ennemis de notre allié russe et des collaborateurs de notre ennemi allemand… sont des personnes cultivées, propres et dignes de confiance. Ils sont en général les premiers que l’on demande pour les programmes d’immigration. »[6] Les Juifs, eux, sont systématiquement écartés.

Au Canada, les appels à la main-d’œuvre étrangère se multiplient : agriculture, tâches domestiques, industrie textile… Dans tous les cas l’administration demande l’exclusion des Juifs. Lorsqu’il s’agit d’amener d’Europe le premier contingent de travailleurs du textile, Toronto câble aux fonctionnaires de l’immigration en Europe : « Pas de Juifs »[7]. Aussi tardivement que janvier 1948 une enquête de l’International Refugee Organisation (IRO) souligne le refus constant des Juifs dans les programmes d’immigration canadiens[8].

Le 22 août 1945, le gouvernement australien annonce une politique très restrictive d’accueil des réfugiés juifs. Seuls ceux qui ont des parents proches résidant en Australie peuvent poser leur candidature. Les conditions d’acceptation de leur dossier sont nombreuses et strictes. Ils doivent être en bonne santé, adopter un bon comportement, ne faire l’objet d’aucune mention négative à l’égard des services de sécurité britanniques et être pris en charge financièrement par des garants[9]. On élimine ainsi la quasi-totalité des survivants.

Pour ceux qui malgré toutes ces discriminations peuvent tout de même postuler au départ vers les démocraties anglo-saxonnes, les difficultés ne sont pas terminées. Des équipes envoyées par ces pays vont « sélectionner » les candidats à l’immigration. Une véritable « immigration choisie » avant la lettre. Chacun est ausculté des pieds à la tête. Les antécédents professionnels sont scrutés. Les malades et particulièrement ceux atteints de tuberculose ou de maladies vénériennes sont exclus. Il en va de même pour les femmes enceintes ou avec des enfants en bas âge. La plupart des postulants sont éliminés. Ils se retrouvent entre eux, bannis, alors que les autres partent vers la liberté.

Le « détenu » juif d’un camp de DP n’a plus qu’à placer tous ses espoirs vers Eretz Israël, le « Foyer juif » qui va en mai 1948 devenir l’État d’Israël.

La solution sioniste apparaît comme la seule qui permette de réaliser le but de tous les Juifs : abandonner l’Europe ensanglantée et ouvrir un nouveau chapitre de la vie juive basé sur la justice et l’indépendance plutôt que sur la charité et la servilité[10]. Une infirmière polonaise, témoin du soulèvement du Ghetto de Varsovie, ne réclame qu’une seule chose : « C’est d’aller en Palestine et commencer là-bas une nouvelle vie »[11].

Au Congrès sioniste tenu à Bâle le 9 décembre 1946, un intervenant conclut : « Nous avons une foi sans faille que le temps de l’exode de masse dans notre foyer national va finalement se réaliser… Toutes les routes vers la Palestine sont légales et aucune force ne nous fera changer d’avis. »[12] Une « force » imprévisible va empêcher des DP de quitter leurs camps. C’est celle des leaders d’Eretz Israël qui ont décidé de sélectionner les immigrants potentiels vers la Terre sainte. Les propos de dirigeants sionistes sont sans ambiguïté. Pour Nahum Goldman « les personnes déplacées en général ne représentent pas le matériau humain dont Eretz Israël a besoin aujourd’hui (…) Dans l’intérêt de l’État, nous devons choisir le meilleur matériau, les gens jeunes, volontaires » [13]. Jacob Oleiskyle, directeur de l’Organisation for Rehabilitation through Training (ORT), expose cette politique déjà en octobre 1945 : « Nous avons beaucoup à faire dans le futur pour construire un nouveau pays. Eretz Israël est impatient de recevoir des gens en bonne santé physique et mentale, des gens qui savent utiliser leurs forces à des fins productives (…) Allons-y, allons-y et laissons les plus faibles derrière nous. »[14]

La politique d’Oleiskyle est dans la droite ligne de celle préconisée par Chaïm Weizmann lorsqu’il déclare en 1938 : « La Palestine ne peut absorber tous les Juifs d’Europe. Nous voulons que les meilleurs de la jeunesse nous rejoignent. Nous voulons uniquement en Palestine des gens instruits afin d’enrichir la culture. Les autres Juifs doivent rester là où ils sont et faire face au sort qui les attend. Ces millions de Juifs ne sont que la poussière sur les routes de l’histoire et ils peuvent se  faire emporter par le vent. Nous ne voulons pas qu’ils inondent la Palestine. Nous ne voulons pas que Tel-Aviv devienne un autre ghetto de pauvres. » Une prise de position du futur président d’Israël qui peut paraître excessive, moralement contestable mais hélas prémonitoire[15].

Au début 1945, Ben Gourion, au cours d’un débat de l’exécutif de l’Agence juive, explique les raisons de cette politique de sélection lorsqu’il déclare que « toute l’aide apportée aux Juifs d’Europe doit l’être dans une perspective sioniste ». En octobre 1945 il consigne dans son journal : « Le sionisme n’a pas pour mission de sauver les Juifs d’Europe, mais de sauver la Palestine pour le peuple juif. »

Deux mois avant la proclamation de l’indépendance, alors que les affrontements avec les Arabes font rage, Ben Gourion écrit à l’un des délégués de l’Agence juive chargée de l’immigration : « Les Arabes disposent d’un grand nombre de réservistes et nous avons besoin d’hommes venant de l’étranger pour la guerre. Une immigration qui n’est pas entièrement destinée, du début jusqu’à la fin, à répondre aux exigences de la guerre n’est aujourd’hui d’aucune utilité. Vous devez comprendre que votre activité, comme c’est le cas pour le Yishouv (implantation, établissement), doit s’adapter à ces exigences : cela signifie l’envoi d’hommes entraînés au combat âgés de dix-huit à trente-cinq ans… [16].

On comprend ces priorités exprimées par Ben Gourion alors que la communauté juive est assiégée, en butte aux révoltes sanglantes des Arabes puis des  guerres pour l’indépendance. Il n’en reste pas moins que pour les nombreux réfugiés juifs d’Europe, le refus de leur demande d’immigration est un sujet de grand désespoir. Même la Terre promise leur est refusée, parce qu’ils sont trop vieux, trop jeunes, malades ou « inaptes » suivant des critères mal définis. Ils n’ont pas été « sélectionnés » par leurs propres frères.

Dans le cas qui nous intéresse, celui de l’accueil des survivants, la discrimination fut du racisme à l’état pur, la sélection, une atteinte profonde à la dignité humaine. Dans les trois ou quatre années qui ont suivi la guerre, le monde occidental s’est refusé à tendre dignement la main aux quelques survivants de l’enfer, alors qu’ils en avaient les moyens.

 

 [1] DIVINE Robert, American Immigration Policy, 1924-1952, Yale University Press, New Haven, 1957, p. 123.

 

[2] Une association juive d’influence.

 

[3] GENIZI Haim, America’s Fair Share : The Admission and the Resettlement of Displaced Persons, 1945-1952, Wayne State University Press, Detroit, 1993, p. 82. Volksdeutsche, Personne d’origine ethnique allemande dans les pays de l’Est Nord de l’Europe qui se sont réfugiés en Allemagne dans les camps de DP.

 

[4] CESARINI David, éd., Justice Delayed, Phoenix Press, Londres, 2001, p. 71.

 

[5] Ibid. p. 79.

 

[6] Ibid. p. 83.

 

[7] ABELLA Irving et PROPER Harold, None is too many : Canada and the Jews of Europe, 1933-1948, Lester & Orpen Dennys Publishers,Toronto, 1983, p. 253. 19 novembre 1947.

 

[8] Ibid. p. 255.

 

[9] BLAKENEY Michael, Australia and the Jewish Refugees, Crown Helm, Sidney, Australia, 1965, p. 291.

 

[10] LAVSKY Hagit, Displaced Persons, Jewish, in GUTMAN Ysrael éd., Encyclopedia of the Holocaust, Macmillan Publishing, New York-Londres, 1990, p. 381.

 

[11] KÖNIGSEDER Angelika et WETZEL Juliane, Waiting for Hope : Jewish Displaced Persons in Post War II Germany, Northwestern University Press, Evanston, Ill., 2001, p.146.

 

[12] SCHWARZ Leo, The Redeemers : A Saga of the Year 1945- 1952, Farrar, Strauss and Young, New York, 1953, p. 194.

 

[13] OUZAN Françoise, « Föhrenwald, Dernier camp de personnes déplacées », in BENSOUSSAN Georges, Devant l’abîme. Le Yishouv et l’État d’Israël face à la Shoah (1933-1961), Revue d’histoire de la Shoah, Paris janvier-juin, 2005, p. 224. Nahum Goldman en mai 1948. Il deviendra président du Congrès juif mondial.

 

[14] Ibid. p. 218. ORT : Organisation de Réhabilitation et de Travail.

 

[15] RABKIN Yakov, L’opposition juive au sionisme. Au nom de la Torah. Presses de l’Université de Laval, Laval, 2005, p. 206. Une déclaration qu’il faut replacer dans le contexte insurrectionnel qui régnait avant guerre en 1938 en Palestine.

 

[16] SEGEV Tom, Le Septième Million : Les Israéliens et le Génocide, Liana Levi, Paris, 1993, p. 215.

 

Courrier diffusé le 02 avril 2016

Actualité de Roger Martin du Gard, par Jean-Noël Jeanneney

France Culture, samedi 2 avril 2016, 10-11 h

 

Courrier 31 mars 2016

Documentaire sur l’autisme

En bref.

Suivi hier soir à la TV documentaire très intéressant sur l’autisme.

Une inexactitude devenue habituelle, probablement due à l’ignorance délibérée des milieux psys médiatiques et de leur influence : manie de se référer à Freud pour dénigrer la clinique psychanalytique.

Freud, il suffit de le lire, a toujours affirmé honnêtement que l’autisme, le suicide, le crime, les psychoses... ne relevaient pas de la psychanalyse en tant que thérapeutique.

Le sujet n’est pas aujourd’hui de développer l’incontestable relais-accompagnement à la médecine de l’écoute analytique par des psychanalystes confirmés, médecins ou non.

L’engouement en France, en fille inféodée à l’Amérique, bien que s’en défendant (pourquoi ?), pour ces thèmes, et principalement pour ce fourre-tout que l’on désigne par “psychose” est une directive de Lacan, dont ses élèves, qui s’auto-intitulent “freudiens” sans avoir lu Freud, se sont sagement emparés.

Précisons encore que Françoise Dolto n’a, à aucun moment, prétendu guérir les autistes (il suffit de la lire et d’abord Le cas Dominiqueainsi que Mira Rothenberg pour les enfants et parents héritiers de la déportation, sur notre site). 

Par contre, outre son analyse des dessins d’enfants, Françoise Dolto fut la première en France à associer la pratique du piano chez les enfants autistes prédisposés, créée à leur intention selon la méthode Marie Jaëll par ses amis, le couple de psychanalystes Marie Charlette Benoit-Heu et Pierre Benoit.

De même Françoise Dolto n’a jamais prôné le slogan qui lui est attribué pour en discréditer l’enseignement : “Tout exclusif pour l’enfant” (il suffit de la lire), mais proposait très simplement que les adultes soient patiemment attentifs aux signes, gestuels, oraux, physiques, que manifeste l’infans dès la naissance et, au cours de son évolution, qu’ils écoutent la parole de l’enfant pour pouvoir l’interpréter et y répondre sans le condamner d’avance à répéter leurs comportements répétitifs, souvent délétères. M. W.

28 mars

Écouté Daniel Cohn-Bendit, invité par Ruquier le 26. Voilà que dans son discours enflammé, il met à égalité le problème des réfugiés sans distinction avec la fuite éperdue des Juifs d’Europe à partir de 1933 (“amalgame” !?). Ce qui témoigne de son intérêt, depuis qu’il est en âge de penser, pour la question. Ainsi, frivole, empile-t-il les Juifs, les Tziganes, terrorisés, objets d’un programme industriel d’extermination, itinérance, diaspora imposée, chassés de leurs localisations parfois ancestrales, indésirables partout où ils espèrent un accueil, avec le massacre des Syriens, Irakiens, demandeurs d’asile de par le monde, exsangues, épouvantés sous les bombes, torturés, dont les mères, les enfants, les vieux, les invalides... et comble de l’infamie, abusés à la fois par de sordides passeurs et par des terroristes infiltrés. N’a-t-il pas un instant songé à la mémoire de ses collatéraux juifs allemands, français, à celles et ceux qui, depuis des siècles, aspiraient à l’assimilation, avaient respecté la langue, la culture, le patrimoine, les droits et les devoirs du pays dans lequel ils avaient trouvé refuge, avaient loyalement combattu lors des conflits mondiaux ?

Novembre 2015 - Avril 2016

Les élections

Aux élections à venir, à condition que le ou la candidat-e corresponde à une éventuelle sympathie politique, je voterai au second tour pour celui ou celle qui ne commencera pas ses phrases par un ubuesque imbu MoiJe, pas plus que par Je veux (enfant dès 4 ans). A-t-on jamais entendu un chef d’État jusqu’alors, futur ou en exercice, De Gaulle, Pompidou, Giscard, Mitterrand, se présenter et définir ses objectifs, usant de pédanterie émaillée de vocables issus de la psychiatrie, de la philologie, dont ils connaissaient la signification et le sens, tels que, par exemple “schizophrénie”, “envie” (= besoin immédiat, envie d’aller au cinéma, de faire pipi, de manger un pain au chocolat, d’envoyer tout balader...), “décomplexé” (cf. définition du Complexe d’Œdipe), [sic] “d’autre alternative”, “égalité”, censée s’appliquer au droits qui, cela se saurait, ne sont encore actuellement pas respectés, vocable caméléon auquel je préfère équité, la seule égalité réelle n’existant que devant le phénomène de la mort, etc. ?

Devant un MoiJe, un Je Veux généralisés, je voterai blanc, ce à quoi, en bonne citoyenne tout de même, je me suis souvent résolue ces dernières années.

Au motif de réformer, de prendre le peuple pour un amas de débiles congénitaux en nivelant au plus bas, a-t-on jamais lu, stupéfaits, d’absconses abstractions empruntées aux sciences du langage, destinées aux programmes d’enseignement dès l’école primaire ?

L’antijudaïsme

Serait-il pertinent de nuancer ? L’antisémitisme ou mieux, l’antijudaïsme séculaire, n’est pas nouveau dans son fondement, contrairement à ce que l’on entend de la part des experts depuis quelques années. Il suffit de prêter attentivement l’oreille. De bons français de souche, d’autres de naturalisation récente ou plus ancienne, soutiennent ouvertement ou en silence les mahométans anti-juifs terroristes et à leur insu les manipulent, comme ils favorisent la lâcheté. Seuls les progrès techniques ont fourni des outils de diffusion de l’antisémitisme à échelle mondiale. L’exécration des Juifs implique toujours le racisme ; le racisme, juif ou non, n’est pas inéluctablement antisémite.

Encore une fois, l’être juif n’est ni une entité religieuse ni une entité confessionnelle.

Naître juif ou juive : ça s’est trouvé comme ça.

La pédagogie à mener sur tous les fronts et chez tous, quelles que soient leur provenance, leur idéologie interne : apprentissage du respect envers l’être humain, plutôt que psalmodier des giries compassionnelles, lesquelles incitent à la veulerie. Combattre des idées, des adversaires, ne dispense pas de la loyauté. Que leurs auteurs soient lâches, sournois, obscurantistes, ne regarde, ne discrédite, qu’eux-mêmes.

L’informatique

Outre son incontestable utilité dans de nombreux domaines, l’utilisation non maîtrisée de l’informatique, la vitesse vertigineuse de communication qu’elle a entraînée, ses sigles, sa phonétique, le tout images, son jargon, ont rendu les plus jeunes générations dyslexiques et dysorthographiques, ont bouleversé leur rythme biologique, ont élevé la paresse à la dignité d’une éthique ; quant à la syntaxe, à la grammaire, au vocabulaire, à la faculté de réfléchir ou plus simplement de penser, avalés sans avoir eu le temps d’assimiler, ils sont en voie d’effacement. De même, l’ingéniosité n’ayant pas été encouragée dès l’enfance, l’“on” tapote frénétiquement sur les outils informatiques sans plus savoir se servir de ses mains pour fabriquer un objet utilitaire ou esthétique, planter un clou, recoudre un bouton...

Le hollandisme

Pourquoi dit-on “gaullisme-gaullien ou -liste”, “mitterandisme-mitterandien ou -diste”, “stalinisme-stalinien ou -niste”, etc., et non “hollandisme-hollandien ou -diste” ?

Quelques courriers diffusés, non publiés sur le site

16 mars

La mémoire et le temps...

La révolution m’aurait entraîné si elle n’eût débuté par des crimes : je vis la première tête portée au bout d’une pique, et je reculai. Jamais le meurtre ne sera à mes yeux un objet d’admiration et un argument de liberté ; je ne connais rien de plus servile, de plus méprisable, de plus lâche, de plus borné qu’un terroriste. 

Chateaubriand

Cette citation de Chateaubriand figure depuis 2007 sur notre site, en exergue d’un texte intitulé La mémoire et le temps. Les lectrices et lecteurs intéressés pourront s’y reporter à l’adresse suivante :

http://www.psychanalyse.et.ideologie.fr/memletemps.html

 ψ [Psi] • LE TEMPS DU NON, publié en décembre 1998, sous le titre : 0 • Denise Baumann et la Mémoire des Oubliés

D. Baumann • La Mémoire des Oubliés

M. Weinstein • Post-scriptum

« Et, au dernier moment, il y avait toujours le gosse qui criait “Comment je m’appelle, je m’en souviens plus !”, avec un soldat allemand qui rôdait dans les parages... Eh bien Fernand, il m’a écrit ! Comment ? Avec quels sous il avait trouvé le timbre ? Il m’a écrit pour me dire “Je voudrais bien te revoir et je voudrais un canif.” Ce furent les dernières nouvelles que j’ai eues de Fernand, il a eu la vie sauve, mais je n’ai jamais su ce qu’il était devenu après... » • Denise Baumann

Le 14 mai 1988, Denise Baumann, en “Avant-première” de la parution de son livre, La Mémoire des Oubliés • Grandir après Auschwitz (Albin Michel, 1988), présenta son livre devant notre Association, au Centre culturel protestant de la rue Olivier Noyer (75014 Paris).

21 mars

Écouter les patients • La parole du malade, un outil parfois négligé

 

Ceux qui écoutent

le moins sont aussi ceux

qui prescrivent le plus

de médicaments”

Annette Révha-Lévy • Pédopsychiatre

21 janvier